L’artiste libano-américaine Etel Adnan s'éteint à l'âge de 96 ans

Etel Adnan, 2014. (Photo de Patrick Dandy, White Cube)
Etel Adnan, 2014. (Photo de Patrick Dandy, White Cube)
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Publié le Lundi 15 novembre 2021

L’artiste libano-américaine Etel Adnan s'éteint à l'âge de 96 ans

  • Reconnue depuis le début des années 70 pour son travail de poète et d’écrivaine engagée, elle est considérée aujourd’hui comme une figure emblématique de l’art contemporain
  • Encore tout récemment, le centre Pompidou-Metz a mis à l'honneur les œuvres de la poétesse et peintre libano-américaine, dans l'exposition «Écrire, c'est dessiner»

BEYROUTH: Icône de l’écriture, de l’art et de la gravure, Etel Adnan s’est éteinte à Paris dans la nuit de samedi 13 à dimanche 14 novembre, à l’âge de 96 ans. 

Née à Beyrouth en 1925, d’une mère grecque et d’un père syrien, elle baigne toute son enfance dans un milieu cosmopolite et partage sa vie entre le Liban, les États-Unis et l’Europe.

Elle grandit dans une société arabophone. Parlant grec et turc, elle est éduquée dans des écoles religieuses françaises : le français devient donc sa première langue d’écriture. Très jeune, elle apprend aussi l’anglais.

Jack Lang rend hommage à Etel Adnan

J’apprends avec une immense tristesse la disparition d’Etel Adnan. Cette âme poétique et colorée, d’une extrême douceur, chantait nos souffrances, nos joies et nos amours. Elle était une artiste rare et complète, au talent étincelant de vie et d’une intelligence chatoyante.

Cette voyageuse hors du commun nous faisait vibrer par des rimes audacieuses venant des quatre coins de la Méditerranée. Célébrant aussi bien le texte que l’image, cette artiste accomplie écrivait dans une infinité de langages.

Avec ses leporello, ses carnets en accordéon, elle reconstruisait le monde avec d’autres formes, des supports plus poétiques, telles des rivières de mots.

Ces ponctuations de couleurs, ces rythmes dansants et ces calligraphies en mouvement perpétuel sont de purs instants de lyrisme joyeux, proches d’une partition musicale.

Par sa curiosité et son talent d’observatrice remarquable et sensible, elle explorait les sentiments d’errance de l’homme, sa légèreté et ses exils successifs.

Etel Adnan portait un regard original sur notre monde et sur la nature. Elle voyait dans la mer, les montagnes, le visage le plus durable et constant de l’homme.

Depuis son Olympe, sa Montagne Sainte Victoire, son cher Mont Tamalpais où l’inspiration lui était soufflée elle nous invitait à la suivre dans son univers, sa quête.

Elle refusait de regarder les événements de l’histoire de sa fenêtre. Artiste engagée, représentante des plus importantes de la modernité arabe, éprise de liberté, elle n'a cessé d'épouser la cause des peuples opprimés dans leurs luttes et leurs déchirements.

A la seule force de ces mots, elle s'engageait contre les guerres, militait pour les causes indiennes et palestinienne, luttait contre la guerre civile qui enflamma son Liban natal.

À l’Institut du monde arabe, où j’ai d’ailleurs eu la chance de la décorer Chevalier des Arts et des Lettres, j’ai pris l’initiative de présenter son œuvre magique pour une première grande rétrospective en 2016. Ainsi pour la première fois, à Paris, cette figure lumineuse, ardente et humble était présentée dans un écrin à sa hauteur.

Rendons-lui hommage aujourd’hui. Je me joins à la tristesse de sa compagne, elle aussi une grande et fabuleuse artiste, Simone Fattal.

Seuls ses mots peignent avec perfection l’absence, son absence qui nous laisse sans voix. “Un jour, le soleil ne se lèvera pas à son heure, alors le jour ne sera pas. Et en l’absence de jour, il n’y aura pas de nuit non plus. Ainsi, la Révélation se sera accomplie."

Etel Adnan a étudié d'abord à Paris dans les années 1950 avant de partir s'installer en Californie, où elle s'est prise de passion pour la langue américaine.

Diplômée de la Sorbonne, de Berkeley et de Harvard, elle enseigne la philosophie de 1958 à 1972 en Californie et s’engage contre la guerre du Vietnam. Une autre guerre, celle du Liban où elle réside dans les années 1970, lui inspire « Sitt Marie-Rose » publié en 1977 et devenu un classique de la littérature de guerre.

L’artiste à multiples facettes se lance ensuite dans la peinture pour résoudre les rapports conflictuels des différentes langues qui la traversent.

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Tableaux D'Etel Adnan actuellement à l'IMA dans le cadre de l'exposition Lumières du Liban. (Photo, Lynn Tehini)

Pour Etel Adnan, la peinture abstraite est un moyen d'émettre ses idées, ses sensations diverses et ses émotions – ou, autrement dit, une façon de célébrer la beauté de la couleur. Ses premières œuvres sont des compositions abstraites faites de formes géométriques dans lesquelles elle tente de trouver un équilibre fragile. Plus tard, elle crée des leporellos, pliages où sont associés le dessin, la peinture et l’écriture.

Elle publie ensuite ses premiers poèmes en anglais.

Reconnue depuis le début des années 70 pour son travail de poète et d’écrivaine engagée, elle est considérée aujourd’hui comme une figure emblématique de l’art contemporain.

Encore tout récemment, le centre Pompidou-Metz a mis à l'honneur les œuvres de la poétesse et peintre libano-américaine, dans l'exposition « Écrire, c'est dessiner », où création littéraire et pratique picturale se révèlent indissociables. Chez l’artiste-poète, ces deux modes d’expression sont bel et bien issus d’un seul et même langage.

« L’Apocalypse arabe »

L'été dernier, le festival d’art lyrique d'Aix-en-Provence tournait un spectacle, avec l’ouvrage d’Adnan comme source d’inspiration. « Pas tout à fait un opéra. Plutôt un oratorio, une méditation sur un sujet (…), un geste de théâtre musical ». C’est en ces termes que Pierre Audi, metteur en scène et directeur du festival, décrit « L’Apocalypse arabe ».


Le 87ème prix Albert Londres sera remis le 25 octobre à Beyrouth

Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
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  • La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris
  • "Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association

PARIS: Le 87ème prix Albert Londres, qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel francophone de l'année, sera remis le 25 octobre à Beyrouth, a annoncé mercredi l'association.

La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris.

"Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association.

"Mais l'histoire en décida autrement. Quand le journaliste est revenu dans la région dix ans plus tard, les mots massacres et assassinats se sont imposés sous sa plume. Le conflit israélo-palestinien voyait ses premières victimes", poursuit le texte.

"Déjà ! Près de cent ans plus tard, la tragédie est massive. Informer est un enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs. Le Prix Albert Londres se devait d'aller y voir. Le propre du reportage, en somme".

L'association Albert Londres a dévoilé la liste des articles, films et livres pré-sélectionnés pour l'édition 2025, sur 134 candidatures.

Pour le 87ème prix de la presse écrite, ont été choisis : Eliott Brachet (Le Monde), Julie Brafman (Libération) , Emmanuel Haddad (L'Orient-Le Jour), Iris Lambert (Society, Libération), Ariane Lavrilleux (Disclose), Célian Macé (Libération), Matteo Maillard (Libération, Jeune Afrique) et Arthur Sarradin (Libération, Paris Match).

Pour le 41ème prix audiovisuel, ont été retenus : Solène Chalvon-Fioriti pour "Fragments de guerre" (France 5), Marianne Getti et Agnès Nabat pour "Tigré : viols, l'arme silencieuse" (Arte), Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour "Le Syndrome de La Havane" (Canal+), Julien Goudichaud pour "Calais-Douvres, l'exil sans fin" (LCP), Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye pour "Rachida Dati, la conquête à tout prix" (France 2) et Solène Oeino pour "Le Prix du papier" (M6).

Pour le 9ème prix du livre, ont été désignés Charlotte Belaich et Olivier Pérou pour "La Meute" (Flammarion), Siam Spencer pour "La Laverie" (Robert Laffont), Quentin Müller pour "L'Arbre et la tempête" (Marchialy) et Elena Volochine pour "Propagande : l'arme de guerre de Vladimir Poutine" (Autrement).

L'an dernier, la journaliste du Monde Lorraine de Foucher avait remporté le prix pour l'écrit pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et encore les victimes de l'industrie du porno.

Le prix de l'audiovisuel avait été décerné à Antoine Védeilhé et Germain Baslé pour leur film "Philippines: les petits forçats de l'or" (Arte) et le prix du livre avait couronné Martin Untersinger pour "Espionner, mentir, détruire" (Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyberespace.

Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5.000 euros pour chacun des candidats, qui doivent avoir moins de 41 ans.


Des projets architecturaux saoudiens parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA

Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
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  • Deux projets innovants situés à Riyad – le parc King Salman et le centre d’expérience de Wadi Safar – ont été sélectionnés parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA
  • Ce prix célèbre des projets ayant un impact social fort et une vision durable

DUBAÏ : Riyad s'impose comme un centre du design de pointe, alors que le Royal Institute of British Architects (RIBA) a dévoilé les 15 finalistes de son tout premier prix des bâtiments les plus transformateurs du Moyen-Orient.

Cette nouvelle distinction récompense les projets architecturaux récents ayant le plus d’impact social et de transformation à travers le Golfe, et deux des candidats les plus remarquables se trouvent dans la capitale saoudienne.

Au cœur de la contribution de Riyad figure le parc King Salman, une vaste opération de réhabilitation de l’ancien aéroport de la ville, réalisée par Gerber Architekten, Buro Happold et Setec. Ce projet ambitieux transforme une relique de l’ère aérienne en une oasis urbaine immense, offrant aux habitants et visiteurs un réseau de jardins, de plans d’eau et d’espaces de loisirs. Il met en œuvre des techniques novatrices de régénération des sols désertiques, d’utilisation durable de l’eau et de plantation résistante au climat.

Non loin de là, le centre d’expérience de Wadi Safar sert de porte d’entrée au développement plus large de Wadi Safar. Conçu par Dar Al Omran – Rasem Badran, il s’inspire du style vernaculaire najdi, avec des cours intérieures et un aménagement paysager en bermes de terre créant une atmosphère fraîche et contemplative tout en valorisant le patrimoine régional.

La liste des finalistes met également en lumière l’excellence dans tout le Moyen-Orient. Aux Émirats arabes unis, le sanctuaire des tortues et de la faune de Khor Kalba (Hopkins Architects) soutient la réhabilitation des tortues et oiseaux en danger dans la mangrove ancestrale de Sharjah, avec des pavillons arrondis se fondant dans le paysage côtier. À Dubaï, le centre Jafar du Dubai College (Godwin Austen Johnson) offre un espace STEM flexible, baigné de lumière naturelle, où l’acoustique et l’efficacité énergétique sont prioritaires.

À Doha, le centre Al-Mujadilah et sa mosquée pour femmes (Diller Scofidio + Renfro) réinterprètent de manière contemporaine un espace sacré, avec un toit percé de plus de 5 000 puits de lumière diffusant une lumière naturelle apaisante dans les salles de prière et les espaces communautaires.

Plusieurs projets revisitent les formes patrimoniales dans un contexte contemporain. À Sharjah, The Serai Wing, Bait Khalid Bin Ibrahim (ANARCHITECT) transforme deux maisons familiales des années 1950, autrefois propriétés d’un marchand de perles, en un hôtel boutique alliant préservation du patrimoine et design contemporain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cate Blanchett sera à l’honneur au Festival du film d’El Gouna

Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
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  • L’actrice australienne sera l’invitée d’honneur du festival égyptien et recevra le Champion of Humanity Award pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés en tant qu’ambassadrice du HCR
  • Reconnue pour ses rôles marquants au cinéma et son implication sur scène, Blanchett est aussi saluée pour son action sur le terrain dans des camps de réfugiés, incarnant la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité

DUBAÏ : L’actrice et productrice australienne Cate Blanchett sera mise à l’honneur lors de la 8e édition du Festival du film d’El Gouna, en Égypte, qui se tiendra du 16 au 24 octobre.

Elle sera l’invitée d’honneur de cette édition et recevra le Champion of Humanity Award (Prix de la Championne de l’Humanité).

« De ses rôles emblématiques dans Elizabeth, Blue Jasmine et TÁR, à ses collaborations remarquables avec les plus grands réalisateurs, Cate Blanchett a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma mondial », a publié le festival sur Instagram.

« Au-delà de son art, elle continue de défendre des causes humanitaires urgentes en tant qu’ambassadrice de bonne volonté mondiale pour le HCR, reflétant ainsi la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité », ajoute le communiqué. « Pour saluer son engagement en faveur des réfugiés et des personnes déplacées de force, Cate Blanchett recevra le Champion of Humanity Award du Festival du film d’El Gouna. »

Cate Blanchett est également connue pour son travail sur scène, ayant été co-directrice artistique de la Sydney Theatre Company. Elle est aussi cofondatrice de Dirty Films, une société de production à l’origine de nombreux films et séries récompensés.

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Depuis 2016, elle occupe le rôle d’ambassadrice de bonne volonté pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. À ce titre, elle utilise sa notoriété pour sensibiliser à la cause des réfugiés et encourager le soutien international. Elle a visité des camps de réfugiés et des communautés hôtes dans des pays comme la Jordanie, le Liban, le Bangladesh, le Soudan du Sud, le Niger et le Brésil.

En 2018, elle a reçu le Crystal Award lors du Forum économique mondial en reconnaissance de son engagement humanitaire.

Amr Mansi, fondateur et directeur exécutif du Festival d’El Gouna, a déclaré : « C’est un immense honneur d’accueillir une artiste du calibre de Cate Blanchett. Son talent exceptionnel fascine le public depuis des décennies, et son engagement humanitaire à travers le HCR est véritablement inspirant.

Ce partenariat avec le HCR et la Fondation Sawiris, ainsi que sa venue, illustrent parfaitement la mission essentielle de notre festival : utiliser la force du cinéma pour promouvoir un changement positif et soutenir l’humanité. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com