Zemmour jugé pour ses propos sur les migrants mineurs

Ses prises de position lui ont valu depuis une dizaine d'années une quinzaine de poursuites en justice. Plusieurs fois relaxé, Zemmour a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine. (Photo, AFP)
Ses prises de position lui ont valu depuis une dizaine d'années une quinzaine de poursuites en justice. Plusieurs fois relaxé, Zemmour a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 16 novembre 2021

Zemmour jugé pour ses propos sur les migrants mineurs

  • Eric Zemmour est cette fois cité à comparaître par le parquet pour complicité de provocation à la haine raciale et d'injure raciale pour des propos tenus sur la chaîne Cnews le 29 septembre 2020
  • «Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent»

PARIS : "Voleurs, assassins, violeurs": le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles pour 2022 mais ne s'est encore pas déclaré candidat, sera jugé mercredi pour ses propos sur les mineurs isolés.

"Pour la sérénité des débats" et éviter de transformer le tribunal correctionnel de Paris en "arène politique", le prévenu ne devrait pas être présent à l'audience, a indiqué son avocat, Olivier Pardo.

Habitué des sorties controversées, Eric Zemmour est cette fois cité à comparaître par le parquet pour complicité de provocation à la haine raciale et d'injure raciale pour des propos tenus sur la chaîne Cnews le 29 septembre 2020.

Lors d'un débat de l'émission "Face à l'info" sur les mineurs isolés après un attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, le chroniqueur avait déclaré: "ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".

M. Zemmour, qui a quitté l'émission quotidienne phare de Cnews mi-septembre, n'a fait que "redire avec des mots différents" les inquiétudes exprimées par les autorités sur la délinquance liée aux mineurs non accompagnés, estime Me Pardo.

L'audience aurait dû se tenir le 8 septembre mais a été renvoyée en raison du grand nombre de parties civiles.

Une trentaine d'entre elles se sont constituées, dont les associations SOS Racisme, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et la Maison des Potes, ainsi qu'une vingtaine de conseils départementaux, les mineurs non accompagnés étant pris en charge par l'aide sociale à l'enfance, gérée par les départements.

"Il s'agit de jeunes qui ont le droit à la protection et à un accueil digne", a déclaré le président (PS) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, constitué partie civile "car nous ne pouvons tolérer les amalgames et le racisme dont ce fossoyeur de la république est coutumier".

«Pure politique»

"Que viennent faire les conseils départementaux dans cette affaire ?", a critiqué la défense de M. Zemmour. "C'est de la pure politique s'ils sont là".

Les propos tenus à l'antenne sont "absolument intolérables" et laissent entendre que "tout mineur isolé est un délinquant en puissance qui vient en France pour commettre des exactions", a estimé l'avocat de SOS Racisme, Me Patrick Klugman. "C'est l'essence même du racisme".

Comme c'est l'usage dans les procès de presse, le patron de Canal+ sera jugé aux côtés de M. Zemmour, en tant que diffuseur des propos.

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a d'ores et déjà sanctionné en mars la chaîne d'information d'une amende de 200 000 euros, pour "incitation à la haine" et "à la violence". 

"Contrainte" par une décision du CSA, Cnews avait annoncé mi-septembre que M. Zemmour, locomotive des audiences depuis son arrivée sur la chaîne en 2019, n'interviendrait plus dans l'émission.

Plusieurs voix s'étaient auparavant élevées pour dénoncer la tribune offerte chaque jour à un potentiel candidat à la présidentielle.

Selon des sources proches du polémiste d'extrême droite, Eric Zemmour, 63 ans, devait annoncer sa candidature avant un premier meeting de campagne envisagé début décembre.

Il avait été recruté en pleine polémique après une violente diatribe contre l'islam et l'immigration lors d'un rassemblement politique, et les plaintes à son encontre pour des propos tenus pendant ses émissions se sont ensuite multipliées.

Le polémiste, qui a débuté en tant que journaliste, s'est fait connaître dans les années 2000 par ses interventions télévisées dans "On n'est pas couché" de Laurent Ruquier sur France 2.

Ses prises de position lui ont valu depuis une dizaine d'années une quinzaine de poursuites en justice. Plusieurs fois relaxé, il a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine.

Selon un rapport parlementaire publié en mars, environ 10% des mineurs isolés étrangers recensés en France ont commis des actes de délinquance.

Il s'agit surtout de vols de rue, dans les transports en commun, parfois avec violences, ou de vols par effraction, en premier lieu dans les pharmacies, beaucoup d'entre eux étant toxicomanes.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.