Marc Antoine d’Halluin, PDG de MBC Group: «Nous sommes des innovateurs de contenu»

L’expansion accélérée de MBC GROUP à travers la croissance phénoménale de la plate-forme Shahid VIP profitera à l’industrie de production du Royaume, déclare Marc Antoine d’Halluin, le nouveau PDG de MBC GROUP. (Photo Fournie)
L’expansion accélérée de MBC GROUP à travers la croissance phénoménale de la plate-forme Shahid VIP profitera à l’industrie de production du Royaume, déclare Marc Antoine d’Halluin, le nouveau PDG de MBC GROUP. (Photo Fournie)
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Publié le Jeudi 24 septembre 2020

Marc Antoine d’Halluin, PDG de MBC Group: «Nous sommes des innovateurs de contenu»

  • Avec le confinement lié au coronavirus, le nombre de clients payants de la plate-forme a bondi de 100 000 abonnés en janvier 2020 à 1,4 million en avril/mai 2020
  • « Nous allons bientôt annoncer une série de fiction, inspirée d’une véritable histoire saoudienne, au même titre que les séries policières internationales ; c'est une histoire qui a trait à la région et plonge dans les racines du Royaume »

LONDRES: Pour Marc Antoine d’Halluin, le nouveau PDG de Middle East Broadcasting Center (MBC GROUP), le contenu premium est roi, et cela est encore plus vrai pour Shahid VIP, la plateforme de streaming  par abonnement du groupe. 

« Le volume de ce que nous sommes en mesure de proposer sur Shahid VIP est unique, et je pense que le marché l'a découvert quand nous avons été capables de diffuser du contenu extrêmement fort sur nos différentes plateformes », explique dans une interview exclusive à Arab News le PDG de nationalité française.

Les premiers neufs mois du mandat de Marc Antoine d’Halluin, - qui a repris les rênes de l’entreprise en janvier 2020 - ont coïncidé avec l’une des périodes les plus mouvementées de l’histoire, mais également l’une des plus prometteuses pour les plateformes digitales.

La très forte croissance du groupe est liée à la stratégie qui a consisté à tirer profit d’une situation sans précédent pour fidéliser des millions de consommateurs bloqués chez eux en raison du coronavirus, avec peu d’autre choses à faire que de decouvrir la télévision à la demande.

Le confinement, qui a été imposé bien avant le mois du Ramadan,  habituellement le mois de plus forte consommation televisuelle, a permis le lancement d’une version améliorée, aux standards internationaux, de Shahid, la plate-forme de vidéo à la demande (AVOD & SVOD) qui a bénéficié d’un marketing parfaitement coordonné sur les medias du groupe.

Le nombre de clients payants de la plate-forme a ainsi bondi de 100 000 abonnés en janvier 2020 à 1,4 million en mai 2020, soit en moins de quatre mois.

« Nous avons pu ajouter d'autres services, comme par exemple, la possibilité d’accéder à nos chaînes linéaires dans notre offre OTT (over the top), qui fait partie de l'abonnement SVOD. Cela offre à nos abonnés la possibilité de regarder nos chaînes partout et d'accéder à tous nos contenus originaux exclusifs a la demande», affirme M. d'Halluin. Le sigle OTT fait référence aux médias qui sont directement accessibles aux téléspectateurs via Internet.

Alors que les restrictions générées par le confinement se sont assouplies dans la plupart des régions du monde et que les gens préfèrent rester à l'extérieur plutôt que de rester enfermés, le PDG explique que la stratégie du groupe a été pensée sur le long terme.

« Notre business plan s’étale sur plusieurs années et nous prévoyons d'atteindre deux millions d'abonnés d'ici le second semestre 2022, cinq millions d'ici quatre ans, et d'aller au-delà de cet objectif dans la région. Nous allons également fournir un effort spécifique pour augmenter le nombre des abonnés de Shahid VIP en dehors de la région », précise-t-il. L'une de nos innovations est le nouvel interface en anglais, qui a été lancé récemment et qui permet à MBC de cibler, avec Shahid VIP, les marchés américain, canadien et européen.

Bientôt un « House of cards » maison

Non seulement le contenu premium déjà existant est essentiel pour fidéliser les abonnés et en attirer de nouveaux, soutient M. d’Halluin, mais il est aussi capital de produire de nouvelles series innovantes qui trouvent une résonance dans toute la région. « Nous pensons que nous sommes des producteure et des innovateurs de contenu faisant preuve d'ouverture et de tolérance, et je pense que la télévision et les médias en général jouent un rôle clé pour accompagner les évolutions importantes et positives de la société au Moyen Orient. Nous avons l'intention de maintenir cette ligne éditoriale. »  

 

Marc Antoine d’Halluin (Photo fournie)
Marc Antoine d’Halluin (Photo Fournie)

Le PDG de MBC Group fournit des précisions sur les nouveaux projets en cours. « Nous sommes sur le point de finaliser notre ‘House of Cards’, ainsi que trois ou quatre autres series, qui seront lancées l’année prochaine. La plupart sont des series haut de gamme, produites en interne par MBC Studios, et certaines par des producteurs extérieurs qui ameliorent aussi considerablement leur qualité, raconte t-il. Nous sommes fiers de travailler avec les meilleurs producteurs de la région, qui apportent leur contribution pour imaginer des scénarios plus ambitieux et plus diversifiés. »

Sans divulguer trop d'informations sur ces nouvelles series, Marc Antoine d'Halluin laisse entendre que l'une d'entre elles serait dans le style de Narcos, le succès de Netflix qui raconte la montée du trafic de cocaïne en Colombie et la vie des caïds de la drogue dans la fin des années 80, notamment Pablo Escobar. « Nous allons bientôt lancer une série de fiction, inspirée d’une véritable histoire saoudienne, au même titre que les séries policières internationales. C'est une histoire qui a trait à la région et plonge dans les racines du Royaume. Il sera très intéressant d’observer comment nos abonnés y réagiront », explique aussi l’homme de médias. «Ce sera la plus grande série premium jamais produite dans la région, et la première de son genre. Nous savons que nos chaînes MBC et Shahid VIP présenteront bientôt à notre public de nombreuses autres séries haut de gamme de standard international. »

Un Français au Moyen-Orient

Le PDG de MBC Group ne recule pas devant les opportunités et les défis auxquels sont confrontés tous les grands croupes media.

Ayant collaboré avec Sony Pictures Entertainment et d’autres grands acteurs du secteur, dans des régions allant du Royaume-Uni au Moyen-Orient en passant par la Scandinavie, Marc Antoine d’Halluin est convaincu que son parcours professionnel lui a appris à respecter les différences et les cultures locales. « J’ai pu développer à travers les différentes expériences de ma vie professionnelle un savoir-faire que je peux mettre au service de l'effort collectif de MBC. »

Il a accepté le nouveau challenge de la direction de la MBC avec enthousiasme. « C’est une période très intéressante dans l’histoire des médias régionaux, qui peuvent atteindre une audience globale tout en faisant face à une redoutable concurrence des grands ´streamers’. C’est une aventure passionnante dont je suis fier de faire partie, car le groupe MBC possède tout ce qu’il faut pour rivaliser à l’échelle internationale avec les plus grands. Il peut s’appuyer sur 30 années d’excellence. Travailler avec Cheikh Waleed, notre Chairman, et avec les membres de notre conseil d'administration sur notre stratégie est très stimulant et nous permet de rester très concentrés. »

De nouveaux changements structurels 

Depuis le début de l’année, le groupe a consolidé sa présence en Arabie saoudite. En février, il a annoncé qu’il aurait un nouveau siège social à Riyad et augmentera progressivement sa production de programmes en Arabie saoudite. « Nous sommes heureux d'être un acteur local dans le Royaume où nous misons beaucoup sur les talents locaux ».

La chaine a ainsi lancé la MBC Academy, une initiative qui vise à former les jeunes talents saoudiens pour améliorer leurs compétences dans la production de contenus en se focalisant sur les scénaristes, les réalisateurs, les producteurs et les acteurs. « Nous voulons recevoir de nouveaux types de scénarios, et nous voyons arriver des éléments très prometteurs. La MBC Academy fait un excellent travail pour positionner MBC au sein de la tres dynamique communauté digitale saoudienne. Nous annoncerons bientôt une nouvelle initiative en ce sens. »

Autre étape importante: le groupe a annoncé le lancement de MBC Media Services, une régie publicitaire internalisée en partenariat avec le groupe Saoudien Engineer Holding Group (EHG). EHG détiendra une participation minoritaire dans MBC Media Services. Un changement qui marque la fin de la relation de MBC avec Choueiri group, qui durait depuis 17 ans. 

« Cela s’est fait naturellement, même si cela n'a pas été une décision simple à prendre. Nous avons pensé qu'il était non seulement important de prendre cette décision afin que nos ventes publicitaires se fassent en interne, mais aussi pour qu’elles soient plus profondément reliées à notre propre marché principal en Arabie Saoudite. Nous nous sommes associés coordination avec EHG qui, au fil des ans, a développé avec Al Arabia Outdoor un leader local. »

MBC Group a donc aussi décidé de prendre une participation minoritaire dans Al Arabia Outdoor, mais M. d’Halluin a expliqué que les deux groupes continueraient d’opérer séparément, avec des équipes de ventes publicitaires distinctes qui ne mettront à profit leur expérience réciproque que lorsque cela s’avérera nécessaire. « En fin de compte, cela nous rapprochera davantage du marché publicitaire du Royaume sans intention de changer pour autant notre modèle commercial qui reste un modèle pan-régional avec des executions locales. »

En attendant, MBC se concentre sur la production de contenu premium pour anticiper sur les evolutions du marché. Le Français estime ces nouvelles productions surprendront la région au cours des 18 prochains mois.

« Nous faisons des efforts considérables pour nous assurer que le Royaume garde un 'champion médiatique national, pan-régional et global' qui peut rivaliser à l'échelle mondiale avec les très gros streamers qui arrivent aussi au Moyen Orient. Je crois que ce sera bénéfique pour la région, sa culture, son industrie de production, et également son public, confie t-il. MBC a pivoté vers le digital de manière très coordonnée, avec toute sa puissance, et je suis heureux que soyons sur la bonne voie, mais le chemin est encore long. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

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L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com  


La "Tour des arts" redonne du sens et de la couleur au Boulevard des Sports de Riyad

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
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  • Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.
  • Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

RIYADH : Lorsque vous vous aventurez sur la promenade de la dernière attraction de la capitale, le Sports Boulevard, un nouveau point de repère ne manque pas d'attirer votre attention.

Une tour située à l'intersection de la route Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz et de la route Prince Turki bin Abdulaziz Al-Awwal est pleine de couleurs et de caractère.  

L'auteur de cette œuvre, baptisée "The Arts Tower", est l'artiste saoudien de renom Abdulnasser Gharem, qui, dès le début de sa carrière, a mis l'accent sur le quotidien dans le paysage architectural avec des œuvres telles que "Siraat" (Le chemin) et "Road to Makkah" (La route de La Mecque). 

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)

Gharem a déclaré à Arab News : "Cette œuvre est le témoin de la transformation qui s'opère ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle qui prouve l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Je pense que la tour représente cette transformation, en particulier parce qu'elle transforme l'un des symboles de l'énergie en un phare pour l'expression créative".

Anciennement l'un des nombreux pylônes électriques de 83,5 mètres, la tour devait être supprimée dans le cadre du projet du boulevard des sports.

"J'ai demandé si je pouvais en avoir une", a déclaré M. Gharem, expliquant qu'en tant qu'un des artistes nominés pour proposer une œuvre destinée à embellir le boulevard, il tenait à utiliser la structure existante.  

Points marquants

La proposition retenue comporte un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade animée de la tour.

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, notamment la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

L'auteur et conservateur Nato Thompson a déclaré à propos de l'œuvre dans un communiqué : "En réaffectant un symbole de l'infrastructure énergétique et en le transformant en phare de l'expression artistique, Gharem met en lumière l'évolution du rôle de la culture et de l'art dans le parcours de développement de l'Arabie saoudite.

"Elle est la preuve vivante de l'engagement du Royaume à entretenir son paysage culturel, en faisant des arts et de la créativité un élément indissociable de son identité, tout comme le pétrole et l'énergie l'ont été dans le passé".

La proposition sélectionnée comprend un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade vibrante de la tour.

Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)
Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)

Il utilise des éléments de l'architecture saoudienne et des motifs que nous reconnaissons dans nos anciennes maisons, principalement la forme triangulaire.  

"J'ai eu la chance que la tour soit composée de triangles, une forme géométrique qui rassemble les différentes régions du Royaume et les caractéristiques historiques de nos débuts, ce qui en fait un symbole d'unité", explique M. Gharem.  

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

Cette pièce est un témoin de la transformation qui se produit ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle, preuve de l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Abdulnasser Gharem, artiste saoudien.

"Les couleurs font allusion au lien entre notre histoire et notre patrimoine et les concepts de gaieté et d'hospitalité mentale. Une tour vous oblige toujours à lever les yeux".

Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

"L'œuvre est basée sur la lumière du soleil", a-t-il déclaré. "La lumière du jour donne une dimension complètement différente à l'œuvre par rapport à son éclairage urbain pendant la nuit. 

L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)
L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)

"Les couleurs ne se contentent pas d'apparaître ; elles changent, se transforment et s'animent de différentes manières tout au long de la journée. Ici, la nature devient un élément crucial de la structure".

Même le vent a joué un rôle dans la détermination du nombre et de l'emplacement des pièces colorées utilisées. "Il m'a appris qu'il fallait des espaces pour permettre à l'œuvre de respirer et m'a forcé à m'humilier devant le pouvoir de la nature.

"Le vent est devenu mon partenaire dans la conception", a-t-il déclaré.

La "Tour des arts" est conçue pour que les gens se sentent représentés et connectés.

Alors que le boulevard des sports encourage l'activité physique, ce point de repère créatif a un objectif plus profond : c'est un espace de réflexion destiné à inspirer l'interaction humaine et la communauté - et plus important encore, à inviter les gens à ralentir, à s'engager et à réfléchir à l'avenir.

"La culture est l'un des facteurs clés du développement de notre pays. En fin de compte, la culture est aussi importante que l'énergie. Cela vaut la peine d'investir dans ce domaine, et c'est un certificat attestant que le Royaume s'est engagé à nourrir sa scène culturelle", a déclaré M. Gharem. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Quand Pompidou "copie" le Louvre: 100 artistes exposent à Metz

Centre Pompidou (Photo AFP)
Centre Pompidou (Photo AFP)
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  • À partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».
  • Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

METZ, FRANCE : Faire revivre des œuvres du Louvre à travers le regard de 100 artistes : à partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».

Les commissaires de l'exposition, Donatien Grau, conseiller pour les programmes contemporains du musée du Louvre, et Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, ont voulu en faire « une radioscopie de l'art contemporain et une exposition pour les amoureux de l'histoire de l'art ».

L'exposition est le résultat d'une « invitation envoyée à 100 artistes, non copistes a priori, à réactiver des œuvres du patrimoine », résume Donatien Grau.

Ici, une sculpture romaine recouverte de ballons métalliques colorés attire l'œil du visiteur : il s'agit d'une copie réalisée par l'artiste américain Jeff Koons de L'Hermaphrodite endormi, une sculpture antique dont on ignore l'auteur.

Un peu plus loin, plusieurs artistes ont fait le choix de créer leur interprétation de La Liberté guidant le peuple (1830) d'Eugène Delacroix : c'est le cas de Bertrand Lavier avec Aux armes citoyens (2025), dans lequel il se concentre sur les armes et le drapeau peints dans la version originale.

« La Vierge et l'Enfant au chancelier Rolin » (XVe siècle), peint par Jan Van Eyck, a aussi été en partie copié par l'Irano-Américain Y.Z. L'artiste Kami, quant à lui, a décidé de s'emparer d'un petit détail de l'œuvre originale, les mains, qu'il a reproduit comme un symbole. 

On peut aussi découvrir « la Joconde » copiée par le collectif Claire Fontaine, qui a camouflé son visage d'une tache noire, lui ôtant son sourire énigmatique.

Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

Giulia Andreani a réalisé trois portraits de femmes, a aimé « se heurter à des œuvres du Louvre », « détourner la technique » et « exploser le format ».

Chiara Parisi note que certaines copies sont réalisées presque à l'identique : « On est un peu déstabilisés » dans un premier temps en les regardant, puis « après on reconnaît la patte de l'artiste ».

D'autres, au contraire, ont détourné les originaux pour en faire des créations où « les œuvres ne sont pas là pour être reconnues », précise-t-elle. 

L'artiste Neila Czermak Ichti a détourné le tableau Roger délivrant Angélique (1819) de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Dans sa version, « tout le monde a un peu changé de place. Le défi consistait à ce que le monstre n'ait pas la même place sans pour autant devenir une victime comme Angélique dans la version originale.

Donatien Grau a également mis en garde : « Le sujet de l'exposition n'est pas la copie, mais la pluralité des copistes. » « Copier, aujourd'hui, ce n'est pas se mettre face au tableau et le dupliquer. C'est mille autres choses » illustrées dans l'exposition.

Cela met aussi en valeur le patrimoine, qui « n'existe que quand on le recrée, qu'on le fait vivre, quand on l'habite », selon Donatien Grau.

Les œuvres originales n'ont pas été transportées à Metz : le visiteur peut les retrouver reproduites dans le catalogue d'exposition (25 euros) qui, selon Mme Parisi, « prolonge la visite ».

L'exposition « Copistes. En collaboration exceptionnelle avec le musée du Louvre » est visible jusqu'au 2 février 2026.