Présidentielle française: Le Pen en campagne défensive face à Zemmour

Marine Le Pen, leader du Rassemblement national (RN) et candidate à l'élection présidentielle de 2022, s'adresse à la presse alors qu'elle dévoile son siège de campagne dans le 16e arrondissement de Paris, le 15 novembre 2021. (Photo, AFP)
Marine Le Pen, leader du Rassemblement national (RN) et candidate à l'élection présidentielle de 2022, s'adresse à la presse alors qu'elle dévoile son siège de campagne dans le 16e arrondissement de Paris, le 15 novembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 17 novembre 2021

Présidentielle française: Le Pen en campagne défensive face à Zemmour

  • La percée dans les sondages d'Eric Zemmour, qui ne s'est toujours pas officiellement déclaré, compromet la présence de la candidate du Rassemblement national (RN) au second tour comme en 2017
  • Eric Zemmour «n'est ni un adversaire, ni un partenaire, c'est un concurrent», a-t-elle résumé lundi sur la radio France Info, quelques heures avant l'inauguration de son siège de campagne à Paris

PARIS : Concurrence inhabituelle à l'extrême droite avant l'élection présidentielle en France: Marine Le Pen, assurée il y a peu de figurer au second tour, se retrouve sur la défensive face au polémiste Eric Zemmour qui menace de la remplacer.

La percée dans les sondages d'Eric Zemmour, qui ne s'est toujours pas officiellement déclaré, compromet la présence de la candidate du Rassemblement national (RN) au second tour comme en 2017, lorsque Emmanuel Macron avait remporté l'élection présidentielle. Elle était de longue date donnée finaliste en 2022 dans les enquêtes d'opinion. 

Eric Zemmour "n'est ni un adversaire, ni un partenaire, c'est un concurrent", a-t-elle résumé lundi sur la radio France Info, quelques heures avant l'inauguration de son siège de campagne à Paris.

En raison de cette rivalité, le Rassemblement national "n'est pas du tout acteur de sa propre campagne, ce n'est pas lui qui dicte le tempo", relève Sylvain Crépon, maître de conférences en science politique à l'Université de Tours (centre).

Sa dirigeante "voulait parler de questions économiques, sociales, rassurer l'électorat qui est encore réticent à voter pour lui" mais se retrouve obligée de se positionner sur les thèmes développés par Eric Zemmour, comme la "théorie du grand remplacement" selon laquelle la population européenne se verrait supplantée par des vagues d'immigration, ajoute-t-il.

Un coin dans la stratégie de "dédiabolisation" et de normalisation du RN, la marque de fabrique de Mme Le Pen, à rebours de son père, le fondateur du mouvement qui avait fait de l'outrance un mode de fonctionnement, progressant constamment dans les scrutins sans toutefois conquérir le pouvoir.

"Marine Le Pen pensait avoir mis son père de côté et il ressort avec une nouvelle incarnation" pratiquement adoubée par Jean-Marie Le Pen, souligne M. Crépon.

Face à l'emballement autour du polémiste et des sondages dont plusieurs le placent devant elle, même si deux enquêtes parues la semaine dernière lui redonnent un léger ascendant, Mme Le Pen a tenté "de faire à Eric Zemmour un procès en incompétence", explique Sylvain Crépon.

"Mais c'est extrêmement compliqué parce qu'elle est amputée de la deuxième ressource fondamentale du Rassemblement national : la radicalité, puisque c'est Zemmour qui l'accapare", poursuit-il.

«Jouer la crédibilité et tenir»

Les propositions d'Eric Zemmour "sont plus immatures que celles que nous présentons parce que nous les travaillons depuis très longtemps", a affirmé la dirigeante du RN sur France Info.

Elle a de nouveau dénoncé son goût pour la transgression systématique du "politiquement correct", cette fois en réaction à ses propos controversés samedi soir devant le Bataclan, un des lieux des attentats du 13 novembre 2015 (130 morts), attribuant une responsabilité à la politique migratoire du président de l'époque, François Hollande.

"Le problème d'Éric Zemmour, c'est que c'est un polémiste et en réalité, il ne sait rien faire d'autre que de polémiquer. C'est ce qui différencie un polémiste et un homme d'État", a insisté Marine Le Pen.

Eric Zemmour lui reproche pour sa part "des réflexes de femme de gauche" et affirme qu'elle ne pourra jamais gagner une élection présidentielle.

Pour Virginie Martin, politologue à la Kedge Business School, "Marine Le Pen a tout intérêt à jouer le sérieux, le programme, la crédibilité, et à tenir" cette ligne.

"Il faut à la fois qu'elle reste sur ses positions et qu'elle s'adapte à cette nouvelle offre politique", précise-t-elle.

"Elle peut revenir sur ses fondamentaux économiques et sociaux, que son électorat aime et attend: c'est rendre aux Français l'argent et rendre aux Français leur pays", indique Virginie Martin, en référence aux slogans des dernières affiches de campagne du RN.

D'autant plus qu'Eric Zemmour, jusqu'à présent peu disert sur son éventuel programme économique ou social, "peut complètement exploser en vol", estime-t-elle.

Avant de s'interroger: "Est-ce que dans un monde ultramédiatique, la carte de la crédibilité est encore une bonne carte à jouer?".


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.