Covid: l'Allemagne durcit les restrictions face à la flambée des infections

Le nombre de nouvelles infections a bondi de 65 371 en 24 heures, selon les données de l'institut de veille sanitaire Robert Koch (RKI), du jamais vu depuis le début de la pandémie (AFP)
Le nombre de nouvelles infections a bondi de 65 371 en 24 heures, selon les données de l'institut de veille sanitaire Robert Koch (RKI), du jamais vu depuis le début de la pandémie (AFP)
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Publié le Jeudi 18 novembre 2021

Covid: l'Allemagne durcit les restrictions face à la flambée des infections

  • Dans le détail, les dirigeants ont préconisé de limiter drastiquement la vie sociale des non-vaccinés
  • Signe de l'urgence qui sévit dans le pays, les dirigeants ont décidé d'introduire une vaccination contre le Covid-19 obligatoire pour le personnel des hôpitaux et maisons de retraite

BERLIN: Les responsables allemands ont décidé jeudi d'imposer de sévères restrictions aux non-vaccinés et ouvert la voie à une obligation vaccinale pour les personnels soignants afin endiguer l'emballement de la pandémie de Covid-19 dans le pays.

"Nous avons besoin de mettre rapidement un frein à la hausse exponentielle" des nouvelles infections et de l'occupation des lits en soins intensifs, a déclaré la chancelière sortante Angela Merkel, au terme d'une réunion de crise avec les chefs de gouvernement régionaux, compétents en matière sanitaire.

La rencontre s'est tenue alors que le nombre de nouvelles infections a bondi de 65 371 en 24 heures, selon les données de l'institut de veille sanitaire Robert Koch (RKI), du jamais vu depuis le début de la pandémie.

La quatrième vague de pandémie, qualifiée de "hautement dramatique" par la dirigeante sur le départ, a frappé la première économie européenne en pleine vacance de pouvoir, avec d'un côté le gouvernement d'Angela Merkel chargé d'expédier les affaires courantes, tandis que les trois partis SPD, Verts et Libéraux négocient pour former un nouvel exécutif début décembre. 

Mais le virus, "cela lui est égal", a constaté celle qui va passer les rênes du pays après 16 ans au pouvoir, lors d'une conférence de presse.

- "Mesures particulières"

Dans le détail, les dirigeants ont préconisé de limiter drastiquement la vie sociale des non-vaccinés.

Des mesures les visant sont déjà en vigueur dans les régions les touchées. Elles vont être étendues à l'ensemble du territoire.

La règle dite du "2G", qui autorise seulement les vaccinés ("geimpfte") et les guéris ("genesene") à accéder à des lieux publics comme des restaurants ou salles de concert sera appliquée dès que le seuil d'hospitalisation dépasse trois malades du Covid pour 100 000 habitants, ce qui est déjà le cas dans douze des seize Etats régionaux du pays.

Selon cette disposition, la présentation d'un test négatif ne suffit plus si la personne n'est pas vaccinée. La ville-Etat de Berlin applique déjà cette mesure.

Lorsque le seuil d'hospitalisation dépasse la valeur de six, les vaccinés et les guéris devront, en plus de leur certificat, avoir un test négatif pour accéder à une liste d'établissements. Des fermetures de magasins, restaurants ou bars dans les régions ne sont pas exclus en dernier recours. 

En revanche les écoles resteront ouvertes, mais les élèves soumis à des tests réguliers.

Les responsables ont aussi décidé un retour massif au télétravail partout où cela est possible et une obligation de pass sanitaire dans les transports et sur le lieu de travail.

L'accès aux centres de soins ou maison de retraite pour les visiteurs et les personnels soignants ne sera accordé que sur présentation d'un test de moins de 24 heures, y compris pour les personnes vaccinées ou guéries.

Récemment, au moins 11 personnes âgées sont décédées, et plusieurs ont été infectées dans un centre de soin dans le Brandebourg, où seulement la moitié des soignants était vaccinée.

- "Protéger les plus vulnérables" -

Signe de l'urgence qui sévit dans le pays, les dirigeants ont décidé d'introduire une vaccination contre le Covid-19 obligatoire pour le personnel des hôpitaux et maisons de retraite, ce à quoi le gouvernement d'Angela Merkel s'était jusqu'ici refusé.

Mais le calendrier d'application de cette mesure est encore flou.

"La vaccination est et reste le moyen de sortir de la pandémie", ont insisté les responsables allemands, encourageant vivement les indécis à faire preuve de "solidarité" et à sauter le pas.

La vaccination a vocation à devenir obligatoire pour les footballeurs professionnels, ont-ils encore annoncé.

En Allemagne, seulement 67,8% de la population est complètement vaccinée, selon les derniers chiffres du RKI.

Les vaccinations de rappel, recommandées depuis jeudi par la commission vaccinale STIKO pour toute la population adulte après six mois, en sont à leurs balbutiements.

La mise en oeuvre rapide de ces mesures reste encore suspendue à la validation vendredi par le Bundesrat, la chambre haute du parlement, d'une nouvelle loi épidémiologique, qui en fixe le cadre légal. 

Elaborée par le SPD, les Verts et les libéraux, elle a déjà été adoptée jeudi par les députés du Bundestag au terme d'un débat houleux, les conservateurs jugeant le texte "insuffisant" pour lutter efficacement contre la pandémie.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.