Zemmour toujours pas candidat mais une campagne qui tangue déjà

Condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, Eric Zemmour n'est en outre pas toujours le bienvenu dans ses déplacements. (Photo, AFP)
Condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, Eric Zemmour n'est en outre pas toujours le bienvenu dans ses déplacements. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 19 novembre 2021

Zemmour toujours pas candidat mais une campagne qui tangue déjà

  • Le polémiste d'extrême droite s'apprête à plonger dans le grand bain d'une candidature, avec les premières embûches que cela implique
  • Dans les sondages, après une ascension continue depuis la rentrée, l'ancien éditorialiste est confronté à de premiers tassements

PARIS : Après un démarrage fulgurant, Eric Zemmour, qui pourrait annoncer sa candidature à la présidentielle fin novembre, est déjà en butte aux difficultés d'une campagne avec des sondages qui stagnent, des salles qui le refusent et une organisation fragile qui suscite des critiques en interne.

Au terme d'une série de conférences aux allures de meetings fiévreux, le polémiste d'extrême droite s'apprête à plonger dans le grand bain d'une candidature, avec les premières embûches que cela implique.

Dans les sondages, après une ascension continue depuis la rentrée, l'ancien éditorialiste est confronté à de premiers tassements. Il perd jusqu'à deux points et reste derrière la candidate du RN Marine Le Pen, selon deux instituts, Odoxa et Elabe, qui le donnent entre 13 et 15%.

Plusieurs de ses proches le poussent à se déclarer au plus vite pour sortir, selon l'un d'eux, de "la spirale infernale".

Condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, Eric Zemmour n'est en outre pas toujours le bienvenu dans ses déplacements. 

Une conférence à la Royal Institution à Londres vendredi a été annulée par cette dernière après "examen approfondi" de l'événement, qu'Eric Zemmour tiendra finalement à l'hôtel Ibis du centre de conférence Ilec.

Le maire de Londres, Sadiq Khan, interrogé jeudi par un élu Vert sur la venue du polémiste, a répondu que "toute personne désireuse de diviser nos communautés et d'inciter à la haine (...) n'était pas la bienvenue".

La maire de Genève, Frédérique Perlier, ne mettra aucune salle communale à la disposition du polémiste, qui doit s'y rendre les 24 et 25 novembre, pour ne pas se rendre "complice de la propagation de ses messages haineux".

«Frêle esquif»

Les propos radicaux, "ça finit par faire peur", a jugé jeudi sur BFMTV le maire de Béziers Robert Ménard, qui avait accueilli le polémiste dans sa ville le 16 octobre mais va parrainer la candidate du RN Marine Le Pen.

La venue controversée d'Eric Zemmour devant le Bataclan au soir des six ans des attaques, "bien sûr que non" ce n'est pas à la hauteur d'un candidat à la présidentielle, selon M. Ménard.

L'ancien président du FN Jean-Marie Le Pen salue, dans le Télégramme, ses "déclarations courageuses" qui "lui ont valu cette étonnante ascension", mais "il a brûlé ses cartes sans s’en rendre compte" et "il n’est pas à la hauteur de l’événement".

Plusieurs de ses soutiens s'inquiètent de l'organisation de la campagne, qu'ils jugent faible voire inexistante.

"C'est un frêle esquif", met en garde un de ses amis. "Il y a du monde et quelques jeunes matelots, mais avant d'appareiller, il faudrait s'assurer qu'il y ait un capitaine qui connaisse la navigation".

"Les législatives ça fait partie du package d’une campagne présidentielle. Il faut bâtir des coalitions électorales, des alliances", rappelle Jean-Frédéric Poisson, qui doit prendre la tête de la commission d'investiture du futur parti du candidat Zemmour.

«Occasion historique»

Mais "quand va-t-on s'y mettre" au parti ? se demande un ami du futur candidat. Il rapporte qu'Eric Zemmour et son éminence grise Sarah Knafo se comparent toujours à Donald Trump et à Emmanuel Macron, mais "ce sont des situations dans lesquelles ils ne sont pas".

L'influence de Sarah Knafo auprès du futur candidat fait particulièrement grincer des dents. Ils "se fascinent l'un l'autre. Ça finira mal", a confié Philippe de Villiers au journaliste Etienne Girard, auteur de "Zemmour, le radicalisé" (Seuil, octobre 2021).

"On a atteint la limite de l'exercice" de la campagne qui ne dit pas son nom, selon M. Poisson qui voudrait qu'Eric Zemmour se déclare "le plus tôt possible" pour avoir "des clarifications dans l'organisation et dans les propos".

Une autre source craint une prise de contrôle par les plus radicaux.

A l'instar de l'ancien cadre du Bloc identitaire et du Grece, l'ex-mégrétiste Philippe Milliau, actuel président de TV Libertés, chargé d'organiser la campagne en Bretagne. Ou de Tristan Mordrelle, proche de sphères néo-nazies chargé, selon Libération, de lever des fonds.

Tout tient grâce à l'ancien préfet Gilbert Payet mais la campagne à ce stade navigue à vue, selon cette source. 

"La métamorphose du vendeur de livres en candidat n'est pas faite. Il ne faut pas rater une occasion historique", prévient un ami.


L'Elysée a proposé un hommage pour Bardot, la famille n'a pas donné suite

 L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday
  • Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines"

PARIS: L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron à l'AFP.

"Il y a eu un échange avec la famille avec proposition qu’un hommage ait lieu sans que la famille ne donne suite", a déclaré ce proche, en rappelant qu'une telle démarche correspond à un "usage républicain" et que les hommages sont "systématiquement décidés d'un commun accord avec les proches du défunt".

Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines".

Emmanuel Macron ne se rendra pas aux obsèques, qui se tiendront dans l’intimité le 7 janvier à Saint-Tropez, a également indiqué le proche du président.

En 2023, l'actrice avait adressé une lettre incendiaire au chef de l'Etat, lui reprochant son manque d'action contre la souffrance animale. "Je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français, qui vous le rendent bien il est vrai", avait-elle notamment écrit.

Après une cérémonie à l'église retransmise sur grands écrans, l'inhumation privée de l'actrice et chanteuse au cimetière marin sera suivie d'"un hommage ouvert à tous les Tropéziens et à ses admirateurs", a précisé la Fondation de Brigitte Bardot, dédiée à la protection des animaux.

"À ce moment-là, tout le monde l'évoquera et partagera ses plus beaux souvenirs avec elle. Ce sera un grand moment de communion, simple, à son image", a précisé mardi la maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, dans une inteview au quotidien local Var-Matin.

"Mon rôle, c'est de lui organiser des obsèques dignes. Il faut tout mettre en œuvre pour que les Tropéziens et les admirateurs puissent se recueillir", a ajouté l'édile.

Interrogée sur le souhait exprimé il y a quelques années par Brigitte Bardot d’être enterrée à la Madrague, sa propriété en bord de mer, Sylvie Siri a affirmé avoir "respecté ses dernières volontés". "Seule la défunte avait décidé de son lieu d’enterrement", a souligné l'élue.

 


Agriculteurs: nouveaux rassemblements, bénédiction de tracteurs dans le Nord

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
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  • Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer
  • Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur

CAMBRAI: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Mgr Vincent Dollmann et plusieurs prêtres ont célébré une messe sur un autel de paille en périphérie de Cambrai, en soutien aux agriculteurs "qui font face à des épreuves".

Il a salué la "dignité" des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l'accord de libre échange du Mercosur ou contre l'abattage systématique de troupeaux de bovins touchés par la DNC.

Une petite centaine de tracteurs ont été mobilisés, arborant des panneaux comme "Mercosur = mort de l'agriculture".

Jean Camier, 24 ans, jeune agriculteur d'Hermies qui doit reprendre l'exploitation familiale d'engraissement de bovins d'ici deux ans, se réjouit d'avoir fait bénir son tracteur et participé à la célébration qui selon lui "montre que tout le monde est avec [eux]".

Si les Hauts-de-France ne sont pas touchés par la DNC, il se dit "de tout cœur" avec les agriculteurs des régions concernées, soulignant avoir "un peu peur que la maladie remonte" vers le nord.

Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer.

Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur", a expliqué à l'AFP Louis Lacheré, des Jeunes Agriculteurs.

En Occitanie, plusieurs barrages emblématiques, à Carbonne Haute-Garonne) sur l'A64, Sévérac (Aveyron) ou Le Buisson (Lozère) sur l'A75, tiennent toujours, tandis que d'autres agriculteurs se remobilisent.

Ainsi, à Foix, une douzaine de tracteurs bloquaient depuis lundi midi l'entrée sud du tunnel de contournement de la ville et commençaient à installer un campement, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On veut montrer à l’État qu'on est toujours autant mobilisés", a déclaré sur place Sébastien Durand, président de la Coordination rurale (CR) en Ariège. "Il n'y a pas de Noël, il n'y a pas de Premier de l'An; on sera là".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation par un abattage systématique des troupeaux touchés, la vaccination et les restrictions de mouvements.

Cette gestion fortement contestée par certains agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite, voire à l’extrême droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche).

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.