Les Arts de l’Islam s’exposent pour la première fois dans 18 villes françaises

Les Arts de l’Islam s’exposent pour la première fois dans 18 villes françaises, ici à Limoges, à la Galerie des Hospices. Photo Anne Ilcinkas.
Les Arts de l’Islam s’exposent pour la première fois dans 18 villes françaises, ici à Limoges, à la Galerie des Hospices. Photo Anne Ilcinkas.
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Publié le Vendredi 19 novembre 2021

Les Arts de l’Islam s’exposent pour la première fois dans 18 villes françaises

  • «Nous avons sélectionné des œuvres issues des collections locales, des différents territoires, puis nous complétions avec des œuvres du Louvre»
  • L’entrée aux dix-huit expositions est gratuite, pour qu’un maximum de personnes puissent les découvrir et que l’argent ne soit pas un frein

PARIS: Yannick Lintz s’en souvient parfaitement. Tout a commencé par un appel téléphonique, un jour de novembre 2020. Au bout du fil, Matignon, et une convocation pour la directrice du département des arts de l’Islam du Louvre. Le Premier ministre, Jean Castex, veut organiser une grande action culturelle et éducative sur l’Islam en réaction à l’assassinat de Samuel Paty, ce professeur d’histoire décapité quelques semaines plus tôt par un terroriste islamiste. L’attentat avait choqué la France, quelques jours après le discours du 2 octobre d’Emmanuel Macron dit «des Mureaux», dans lequel le président français exhortait au «réveil républicain» face au «séparatisme islamique» et appelait à développer des actions éducatives et culturelles.

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Cecile Dupré, directrice des Musées et du Patrimoine à Clermont Auvergne Métropole, devant les oeuvres exposées au musée d'art Roger-Quilliot. Photo Anne Ilcinkas

Matignon souhaite «faire quelque chose pour parler autrement» de l’Islam et consulte la conservatrice «pour la première fois» depuis qu’elle est à son poste. Depuis sa nomination en 2013 à la tête du département des arts de l’Islam nouvellement créé, Yannick Lintz souhaitait faire une grande exposition sur les arts de l’Islam. «C’était avant l’émergence de Daech, les attentats de novembre 2015», se rappelle-t-elle. «Si j’ai candidaté à ce poste en 2013, c’est parce qu’il y a un enjeu de société, mais j’ai été étonnée de voir que pas grand-chose n’avait été décidé au niveau politique.  Comme tout le monde, j’ai vécu un traumatisme avec la mort de Samuel Paty. Et l’État a compris: il fallait accoucher de quelque chose. Frapper fort, partout et en même temps.»

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Oiseau, Iran. Une céramique du XVe siècle exposée à Clermont-Ferrand. Photo Anne Ilcinkas

 

Que sont les arts de l’Islam ?

C’est une terminologie créée par les Européens au XIXe siècle pour parler de l’art oriental mais aussi d’Afrique. C’est donc à l’origine un regard occidental qui désigne l’art qui vient de pays où il y a des musulmans.

L’art islamique est un art profane et religieux, comme l’art européen: il est religieux quand il s’agit de l’inscrire dans un monument religieux ou dans une pratique religieuse, comme un Coran enluminé, mais il est profane quand il s’agit de décorer son palais ou son salon avec une scène de genre, une nature, ou un portrait.

Depuis une trentaine d’années, il y a une réflexion internationale pour donner un autre nom à cette collection. Au Louvre, nous avons décidé d’assumer le nom, mais en l’expliquant, c’est-à-dire séparer la religion musulmane, l’islam, de la civilisation, l’Islam. Mais les historiens de l’art se posent toujours la question du nom à donner à leurs collections.

 

Yannick Lintz

Commissaire générale de l’exposition arts de l’Islam

Un an plus tard, le projet est devenu réalité et l’exposition intitulée «Arts de l’Islam, un passé pour un présent», ouvrira ses portes dans dix-huit villes de France, ce samedi 20 novembre 2021, à 14 h (sauf à Saint-Louis – La Réunion –, à cause du décalage horaire), qui resteront ouvertes jusqu’au 27 mars. «Ils avaient très peur des attentats car il y a le mot “Islam” dans le titre de l’expo, mais je préfère faire le pari de la banalisation culturelle», souligne Yannick Lintz, à quelques jours de l’inauguration, à laquelle devrait assister Jean Castex, à Blois.

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A Clermont-Ferrand. Photo Anne Ilcinkas.

Elle atteint en tout cas son objectif, puisque, comme l’écrit le Premier ministre dans l’éditorial du dossier de presse, «cette exposition qui “élève les mots” et les choses est une réponse directe à tous les discours de haine et les tentations anxiogènes».

Pourtant, au début, Yannick Lintz a douté. «Et si mon idée n’est pas bonne», s’est-elle demandé, début janvier 2021, quand son projet a été accepté. «Il fallait que de janvier à mi-février, on ait les dix-huit villes avec nous», poursuit-elle. «Donc pendant six semaines, j’ai fait les VRP dans les villes. J’ai vu les réactions et réalisé que je n’étais pas folle, puisque des responsables politiques locaux voulaient suivre.»

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Lampe décorative, attribuée à Philippe-Joseph Brocard, France, vers 1867. Photo Anne Ilcinkas

Pour choisir une ville, il fallait un maire partant, un conservateur de musée, et un lieu (de plus de 150 m2). «Toutes les villes ont accepté car elles sont concernées avec leurs communautés musulmanes», explique la conservatrice.

À quelques jours de l’inauguration, là voici, baskets aux pieds, veste argentée, lunettes vertes et chouchou orange dans les cheveux, pénétrant dans les espaces scénographiés par Jean-Julien Simonot. Murs gris, fenêtres occultées, musique berçante, et ce film, qui entraîne dans les rues d’Alger, du Caire ou de Boukhara: à Clermont-Ferrand, Limoges, Angoulême, comme dans les quinze autres villes, «dans une scénographie digne du Louvre», dix trésors des arts de l’Islam sont exposés; ivoires, figurines en cristal, tapis en soie, parchemins rares, plateaux ciselés, lampes, céramiques...

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A Limoges. Photo Anne Ilcinkas

Exposer dix œuvres seulement, est également un choix: «C’est une question de réception mentale», explique la conservatrice. «C’est aussi pour retrouver le plaisir que peut avoir un collectionneur privé chez lui, qui privilégie la qualité, plutôt que la quantité. Et puis, dix œuvres, ça fait moins peur que venir dans un grand palais pour en voir trois mille.»

Pour le choix de ces œuvres, Yannick Lintz et ses équipes ont fait du «tricot». «Tout est dans le dosage», explique la conservatrice. «Sur les dix œuvres présentées à chaque fois, il faut qu’il y ait un peu tous les types d’objets, témoignant de différentes régions géographiques (de l’Espagne à l’Inde), époques (sur treize siècles), matériaux, autant d’œuvres religieuses que profanes... Nous avons sélectionné des œuvres issues des collections locales, des différents territoires, puis nous complétions avec des œuvres du Louvre.»

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Au total, deux cent dix œuvres sont exposées, prêtées par soixante-six prêteurs, dont le Louvre. Photo Anne Ilcinkas.

En 2016, le réseau d’art islamique en France avait fait une cartographie des collections. «Mais ça ne suffisait pas», explique Yannick Lintz qui contacte alors des collègues conservateurs.

Au total, deux cent dix œuvres sont exposées, prêtées par soixante-six prêteurs, dont le Louvre, qui en prête soixante, dont certaines pour la première fois. «J’ai beaucoup fait souffrir mes conservateurs», reconnaît ainsi Yannick Lintz, au sujet du prêt à Angoulême d’un panneau de revêtement à la joute poétique d’Ispahan. Dans chaque lieu, une œuvre d’art contemporain fait également partie de la sélection. Dix-huit artistes, autant de femmes que d’hommes, exposent ainsi leur travail sur l’exil, la migration, le statut de la femme...

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A Angoulême. Photo Anne Ilcinkas

L’entrée aux dix-huit expositions est gratuite, pour qu’un maximum de personnes puissent les découvrir et que l’argent ne soit pas un frein. De nombreux scolaires sont également attendus, des médiateurs étant formés pour les accompagner, grâce au ministère de l’Éducation. «Le pari, c’est d’accueillir trois cents groupes scolaires par exposition sur quatre mois, sans compter les entrées individuelles», soutient la conservatrice.

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Coran marocain exposé à Angoulême. Photo Anne Ilcinkas

Le ministère de la Culture finance à 100 % l’opération, à hauteur de quatre millions d'euros, «alors que le Louvre apporte la matière grise et les œuvres», selon les mots de la commissaire générale. «Ce n’est pas une expo qu’on vient poser et puis on part. Pour moi, la chose commence dimanche», affirme la commissaire, investie dans sa mission. Et pour elle, l’exposition ne s’inscrit en aucun cas dans le calendrier de l’élection présidentielle prévue en mai 2022, marqué par l’émergence du candidat d’extrême droite – pas encore déclaré – Éric Zemmour, et ses polémiques sur l’Islam et l’immigration. «On parle de quelque chose de tellement sérieux», dit-elle. «On n’est plus dans le théâtre politique.»


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.


Layali Diriyah réchauffe le cœur historique du Royaume

Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
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  • L’événement constitue un pilier de la Diriyah Season, célébration vibrante de la culture saoudienne
  • La gastronomie y occupe une place majeure, avec un large éventail de cuisines saoudiennes et internationales

​​​​​​RIYAD : Layali Diriyah est de retour comme pièce maîtresse de la Diriyah Season de cette année, attirant les visiteurs vers un Al-Murayih transformé en une célébration en plein air de la culture, de la cuisine et de l’artisanat saoudiens.

L’événement se tient tous les jours de 17h à 2h du matin jusqu’en mars 2026. Des allées bordées de palmiers illuminées de guirlandes scintillantes instaurent une atmosphère mêlant l’héritage traditionnel najdi à la créativité saoudienne contemporaine.

Pour de nombreux visiteurs, le cadre lui-même fait partie de l’expérience. Shatha Abdulaziz, une visiteuse, a confié à Arab News : « Mon expérience a été merveilleuse et très agréable. Ce qui m’a réellement impressionnée, c’est l’atmosphère paisible, le thème traditionnel, l’organisation et les détails.

« Bien que je sois déjà venue lors des saisons précédentes, je pense qu’il y a eu une amélioration significative cette année. »

La gastronomie est un attrait majeur, avec un large choix de cuisines saoudiennes et internationales, dont des spécialités italiennes et méditerranéennes proposées par des restaurants exclusifs présents cette année.

« Ce fut une excellente expérience », a déclaré le visiteur Mohammed Fahad, ajoutant que l’attention portée aux détails était remarquable, tout comme « l’authenticité historique dans chaque recoin de Diriyah Nights ».

Il a ajouté : « Cela mêle véritablement le présent et le passé avec une touche raffinée et artistique. »

Des boutiques et stands proposent des articles en édition limitée à ceux en quête d’une expérience de shopping singulière.

Rawan Alsubaie, habituée de Diriyah mais présente à Layali Diriyah pour la première fois, a souligné le caractère exclusif des produits.

Elle a expliqué : « J’ai regardé certaines boutiques et stands et je les ai trouvés uniques, avec des produits introuvables en dehors de Diriyah Nights.

« Il y a des parfums que je n’ai trouvés nulle part ailleurs. J’ai même demandé aux commerçants s’ils avaient d’autres points de vente, mais ils m’ont dit que non, ce que je trouve remarquable.

« Je suis venue en m’attendant à découvrir quelque chose d’exceptionnel et, effectivement, l’endroit est magnifique, surtout durant la saison hivernale. C’est parfait. »

La Diriyah Season de cette année continue de mettre en valeur la richesse de l’héritage najdi tout en embrassant la créativité qui façonne l’Arabie saoudite moderne.

À travers des spectacles, des expositions et des expériences immersives, les visiteurs découvrent les traditions qui définissent Diriyah, ainsi que l'énergie qui anime son renouveau culturel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La durabilité à l’honneur à Médine pour la Journée mondiale des sols

Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
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  • Médine renforce ses efforts de conservation des sols face à la salinisation et au changement climatique grâce à des programmes durables et une meilleure gestion des ressources
  • La Journée mondiale des sols rappelle l’importance de protéger le patrimoine agricole et de soutenir les objectifs environnementaux de la Vision 2030

MÉDINE : Médine s’est jointe au monde pour célébrer la Journée mondiale des sols le 5 décembre, mettant en lumière l’importance de la conservation des sols pour la sécurité alimentaire et les écosystèmes, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La journée revêt une importance particulière à Médine en raison de sa riche histoire agricole, de la diversité de ses sols — allant de l’argile au sable en passant par les formations volcaniques Harrat — et de son lien historique avec la production de dattes.

Le sol de la région fait face à plusieurs défis, notamment la salinisation due à un déséquilibre de l’irrigation et au changement climatique, ajoute la SPA.

Les autorités y répondent par des programmes de protection des sols, l’amélioration des techniques d’irrigation et la promotion de pratiques agricoles durables.

Le sol joue un rôle essentiel dans la purification de l’eau, agissant comme un filtre naturel. Avec l’arrivée de l’hiver, c’est une période opportune pour préparer les sols en vue du printemps, étendre les cultures et favoriser les récoltes, rapporte la SPA.

Le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture à Médine met en œuvre des initiatives visant à améliorer l’efficacité des ressources, renforcer la sensibilisation des agriculteurs et lutter contre la désertification. Les agriculteurs contribuent également en utilisant des fertilisants organiques et en recyclant les déchets agricoles.

La Journée mondiale des sols souligne la nécessité d’une collaboration entre les organismes gouvernementaux, les agriculteurs et les parties prenantes pour assurer la durabilité des sols, préserver le patrimoine agricole et soutenir les objectifs de développement durable de la Vision 2030.

Approuvée par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture en 2013, la Journée mondiale des sols vise à sensibiliser au rôle crucial des sols dans la santé des écosystèmes et le bien-être humain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com