Des images de Peng Shuai sur internet sèment le trouble

Peng Shuai, 35 ans, ex N.1 mondiale du double et star dans son pays, ne s'est pas manifestée publiquement depuis qu'elle a accusé Zhang Gaoli, un puissant ex-responsable du Parti communiste de 40 ans son aîné, de l'avoir contrainte à un rapport sexuel. (AFP)
Peng Shuai, 35 ans, ex N.1 mondiale du double et star dans son pays, ne s'est pas manifestée publiquement depuis qu'elle a accusé Zhang Gaoli, un puissant ex-responsable du Parti communiste de 40 ans son aîné, de l'avoir contrainte à un rapport sexuel. (AFP)
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Publié le Dimanche 21 novembre 2021

Des images de Peng Shuai sur internet sèment le trouble

  • Un des clichés montre la joueuse souriante avec un chat dans les bras dans ce qui semble être son domicile. En arrière-plan, des peluches, un trophée, un drapeau chinois et des accréditations sont visibles
  • Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la France, se sont dit vendredi «préoccupés» par le sort de la joueuse chinoise

PEKIN: Deux vidéos et des clichés: une Peng Shuai souriante a fait son apparition samedi soir sur les réseaux sociaux, au moment où la pression internationale s'accroît sur la Chine pour obtenir des informations sur le sort de la joueuse chinoise.

Peng Shuai, 35 ans, ex N.1 mondiale du double et star dans son pays, ne s'est pas manifestée publiquement depuis qu'elle a accusé Zhang Gaoli, un puissant ex-responsable du Parti communiste de 40 ans son aîné, de l'avoir contrainte à un rapport sexuel.

Dans ce message initial, brièvement posté début novembre sur le compte Weibo officiel de la joueuse avant d'être censuré sur l'internet chinois, était décrite une relation sentimentale contrariée avec M. Zhang, marié, avant qu'il n'occupe de hautes fonctions.

Dans cet écrit attribué à Peng Shuai mais dont l'AFP n'avait pu vérifier l'authenticité, la joueuse expliquait que Zhang Gaoli avait repris contact avec elle lorsqu'il a pris sa retraite en 2018. Un rapport sexuel "forcé" est évoqué. 

Depuis ces affirmations, le sort de Peng Shuai fait l'objet de nombreuses interrogations.

"Ces derniers jours, elle est restée chez elle en toute liberté et ne voulait pas être dérangée", a affirmé samedi Hu Xijin, influent rédacteur en chef du Global Times, un quotidien chinois au ton résolument nationaliste.

Peng Shuai "se montrera bientôt en public", a-t-il écrit en anglais à la mi-journée (heure de Pékin) sur Twitter, bloqué en Chine.

M. Hu, qui revendique une certaine proximité avec le pouvoir, a dans la soirée publié deux vidéos de la joueuse "dînant avec son entraîneur et des amies dans un restaurant" à Pékin et tournées le jour même, selon ses dires.

L'AFP n'était pas en mesure de confirmer le lieu ni les conditions dans lesquelles les images ont été tournées. Et Hu Xijin n'en faisait aucune référence sur son compte Weibo en chinois.

Dîner et convivialité

Sur les images, Peng Shuai est entourée de deux femmes avec lesquelles elle partage un repas et du vin dans un lieu bruyant. Un homme est assis face à la joueuse et la conversation concerne "des matches". 

"Demain c'est le 20 novembre" (samedi), dit-il, avant de se voir interrompre par l'une des convives: "C'est le 21" (demain dimanche). 

L'échange, qui semble mis en scène, est filmé en soirée au téléphone portable par une personne non identifiée. Peng Shuai apparaît détendue. 

Dans un communiqué publié samedi, le président de la WTA Steve Simon a trouvé "positif" de voir l'athlète, mais "la vidéo seule n'est pas suffisante" pour montrer qu'elle est "libre de ses décisions et de ses actions", a-t-il estimé, toujours "préoccupé par la santé et la sécurité de Peng Shuai".

Le Royaume-Uni a exhorté samedi soir la Chine à "fournir de toute urgence des preuves vérifiables de sa sécurité et de sa localisation". 

Affaire Peng Shuai: ce que l'on sait des accusations et de la situation

Voici ce que l'on sait:


L'accusation

Le 2 novembre, un message publié brièvement sur le compte officiel Weibo de la joueuse (équivalent à Twitter en Chine) décrit une relation sentimentale contrariée avec Zhang Gaoli, marié, avant qu'il n'occupe de hautes fonctions.

M. Zhang a été de 2013 à 2018 l'un des sept hommes politiques les plus puissants de Chine. Mais l'affaire ne concerne pas la période pendant laquelle il était à ce poste.

Dans cet écrit attribué à Peng Shuai, la joueuse explique que Zhang Gaoli a repris contact avec elle en 2018 lorsqu'il a pris sa retraite. Un rapport sexuel contraint est évoqué. 

M. Zhang, aujourd'hui septuagénaire, n'a pas réagi à ces déclarations. 

Il n'est pas clair si le message a été personnellement publié par Peng Shuai.

 

La censure

Le message de la championne a rapidement été effacé mais des captures d'écran ont été faites. Ces dernières ont rapidement été censurées sur l'internet chinois et le sont toujours. 

L'accusation portée par Peng Shuai a cependant été publiée sur Twitter - bloqué en Chine - ce qui lui a permis de connaître un écho mondial. 

En Chine, le nom Peng Shuai apparaît toujours dans les résultats de recherche sur internet, mais l'affaire ainsi que les recherches associant la joueuse et M. Zhang ne donnent aucun résultat.

 

Le tollé

Sur Twitter, le hashtag #WhereIsPengShuai a pris de l'ampleur. Les plus grands joueurs de tennis mondiaux l'ont utilisé pour exprimer leur inquiétude à son sujet. 

L'ancienne N.1 mondiale Naomi Osaka s'est ainsi dite "choquée par la situation". 

"Honnêtement, c'est choquant qu'elle ait disparu", a également déclaré à la presse le N.1 mondial Novak Djokovic.

L'Américaine Serena Williams s'est dite "bouleversée et choquée". "Ça doit faire l'objet d'une enquête et nous ne devons pas rester silencieux", écrit l'Américaine sur Twitter.

"J'espère qu'elle sera bientôt retrouvée, parce que l'on ne parle pas ici d'un match de tennis ou d'une compétition, mais on parle de vie humaine", a pour sa part déclaré l'Allemand Alexander Zverev.

L'organisation Amnesty International fait part de sa "profonde préoccupation" en l'absence d'apparition publique de Peng Shuai.

 

La réponse officielle

La WTA, qui gère le circuit professionnel féminin de tennis, a appelé à "une enquête approfondie, juste et transparente concernant les accusations de violences sexuelles à l'encontre de Peng Shuai". 

En début de semaine, le patron de la WTA, Steve Simon a dit "avoir reçu confirmation, de plusieurs sources incluant la fédération chinoise, qu'elle est en sécurité et pas menacée physiquement". 

Sollicitée par l'AFP, cette dernière n'a pas souhaité faire de déclarations à ce sujet, tout comme le ministère chinois des Affaires étrangères.

Le tournant diplomatiquePlusieurs pays dont les Etats-Unis et la France se sont dit vendredi "préoccupés" par le sort de la joueuse chinoise. 

L'ONU a demandé des preuves qu'elle se porte bien.

 

Des clichés

Dans la foulée, quatre clichés de la championne de tennis sont publiés vendredi par le compte Twitter @shen_shiwei, libellé "média affilié à l'Etat chinois" par le réseau social.

Le compte Twitter en question -- réseau social bloqué en Chine -- affirme en anglais que ces photos ont été postées en privé par la joueuse pour souhaiter "bon week-end" à ses contacts. 

Hu Xijin, influent rédacteur en chef du quotidien chinois Global Times, affirme avoir confirmation que ces clichés sont "bien des photos actuelles" de Peng Shuai.

"Ces derniers jours, elle est restée chez elle en toute liberté et ne voulait pas être dérangée", affirme-t-il en anglais sur Twitter, précisant que Peng Shuai "se montrera bientôt en public".

Un email

Mercredi, la télévision publique chinoise CGTN avait publié la capture d'écran d'un courriel attribué à Peng Shuai et qu'elle aurait envoyé personnellement à la direction de la WTA. 

La chaîne de langue anglaise et destinée au public étranger en dévoile son contenu supposé: les accusations "sont fausses" et Peng Shuai affirme qu'elle "se repose". "Tout va bien. Merci encore d'avoir pris de mes nouvelles" conclut l'email.

Le contenu du message et son authenticité laissent perplexe Steve Simon.

L'ONU a aussi demandé des preuves qu'elle se porte bien, et plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la France, se sont dit "préoccupés", alors que le hashtag #WhereisPengShuai (#OùestPengShuai) s'est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.

Quatre clichés prétendument récents de la championne de tennis avaient dans la foulée été publiés par le compte Twitter @shen_shiwei, libellé "média affilié à l'Etat chinois" par le réseau social.

L'AFP n'a pas été en mesure d'établir de manière indépendante à quel moment ces photos ont été prises et les demandes d'explication auprès de l'auteur du compte sont restées sans réponse.

Un des clichés montre la joueuse souriante avec un chat dans les bras dans ce qui semble être son domicile. Une autre photo montre un selfie de Peng Shuai avec une figurine de Kung Fu panda, film d'animation pour enfants.

Le compte Twitter en question affirme en anglais que ces photos ont été postées en privé par la joueuse sur un réseau social pour souhaiter "bon week-end" à ses contacts. 

Perplexité

Twitter est bloqué en Chine et seules des personnes disposant d'un logiciel de contournement type VPN peuvent y accéder. 

Ces dernières années, de nombreux diplomates chinois et médias officiels y ont cependant créé des comptes pour défendre, avec opiniâtreté parfois, le point de vue de la Chine.

Mercredi déjà, la télévision publique chinoise CGTN avait semé le trouble, en dévoilant une capture d'écran d'un courriel attribué à Peng Shuai. 

La chaîne destinée à un public étranger affirmait alors que la joueuse chinoise l'avait personnellement envoyé à la direction de la WTA, qui gère le circuit professionnel féminin de tennis.

Sur CNN, son patron Steve Simon a fait part jeudi de sa perplexité vis-à-vis du message dans lequel la championne déclare "fausses" ses accusations contre Zhang Gaoli.

"Je ne crois pas du tout que ce soit la vérité", indiquait M. Simon, qualifiant de "mise en scène" l'email en question.

L'affaire Peng Shuai est censurée en Chine et l'entourage de la joueuse n'a souhaité faire aucun commentaire.

L'ancien vice-Premier ministre Zhang Gaoli, qui a été de 2013 à 2018 un des sept hommes politiques les plus puissants de Chine, n'a jamais réagi publiquement aux accusations. 


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.