La légitime défense «n'est pas illégale», se félicite Kyle Rittenhouse, acquitté de meurtres

Kyle Rittenhouse (au centre) était jugé pour avoir tué deux hommes de 26 et 36 ans et blessé un troisième, le 23 août 2020 dans la ville de Kenosha (Wisconsin), avec un fusil semi-automatique AR-15 dont il s'était muni pour sortir avec des groupes armés "protéger" les commerces, lors de manifestations contre le racisme. Il avait plaidé la légitime défense, assurant avoir tiré après avoir été pris en chasse et attaqué par ces trois hommes, tous blancs comme lui. (Photo, AFP)
Kyle Rittenhouse (au centre) était jugé pour avoir tué deux hommes de 26 et 36 ans et blessé un troisième, le 23 août 2020 dans la ville de Kenosha (Wisconsin), avec un fusil semi-automatique AR-15 dont il s'était muni pour sortir avec des groupes armés "protéger" les commerces, lors de manifestations contre le racisme. Il avait plaidé la légitime défense, assurant avoir tiré après avoir été pris en chasse et attaqué par ces trois hommes, tous blancs comme lui. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 21 novembre 2021

La légitime défense «n'est pas illégale», se félicite Kyle Rittenhouse, acquitté de meurtres

  • Au bout d'un procès qui a passionné l'Amérique et une nouvelle fois souligné les fractures du pays sur les armes à feu et le mouvement BLM, les 12 jurés l'ont déclaré «non coupable» de meurtre
  • «Cela a toujours été ainsi. Si (Kyle Rittenhouse) avait été noir, il ne serait pas sorti» sous caution en attendant son procès

NEW YORK : Le jeune Américain Kyle Rittenhouse, tout juste acquitté après avoir abattu deux hommes lors d'une manifestation antiraciste en 2020, a justifié ses actes en se félicitant que la légitime défense ne soit "pas illégale", dans une interview après ce verdict qui laisse les Etats-Unis divisés.


"Le jury est parvenu au bon verdict: la légitime défense n'est pas illégale (...) Cela a été un parcours difficile mais nous l'avons fait. Nous avons fait le plus dur", a lancé sur Fox News Kyle Rittenhouse, devenu l'égérie d'une partie de la droite américaine.


En avant-goût de cette interview du jeune homme de 18 ans, qui doit passer lundi soir, la chaîne préférée des conservateurs a diffusé des extraits où il apparaît visiblement soulagé, dans une voiture le ramenant du tribunal. D'autres passages s'attardent sur les cauchemars dont Kyle Rittenhouse dit être victime aujourd'hui.


Un porte-parole de la famille Rittenhouse, David Hancock, a ensuite déclaré que celle-ci avait été transférée vers un endroit tenu secret.


"Ils se portent bien en ce moment, ils sont dans un endroit tenu secret, ils forment une famille et tout le monde est ravi", a-t-il déclaré à la chaîne CBS.


Kyle Rittenhouse était jugé pour avoir tué deux hommes de 26 et 36 ans et blessé un troisième, le 23 août 2020 dans la ville de Kenosha (Wisconsin), avec un fusil semi-automatique AR-15 dont il s'était muni pour sortir avec des groupes armés "protéger" les commerces, lors de manifestations contre le racisme. Il avait plaidé la légitime défense, assurant avoir tiré après avoir été pris en chasse et attaqué par ces trois hommes, tous blancs comme lui.

«S'il avait été noir...»
Au bout d'un procès qui a passionné l'Amérique et une nouvelle fois souligné les fractures du pays sur les armes à feu et le mouvement Black Lives Matter, les douze jurés d'un tribunal de l'Etat du Wisconsin l'ont déclaré "non coupable" des cinq chefs d'accusation qui pesaient contre lui, dont celui de meurtre.


"Nous sommes toujours sous le choc de ce résultat. Nous ne pouvons pas y croire (...) il aurait dû prendre 40 ans de prison", a déclaré samedi John Huber, le père d'une des victimes, sur CNN. A l'écran, l'homme tenait une petite urne funéraire et une photo, lançant "voilà mon fils".


"Cela a toujours été ainsi (...) Si (Kyle Rittenhouse) avait été noir, il ne serait pas sorti" sous caution en attendant son procès, a ajouté John Huber.

"Si Kyle avait été noir, RIP", peut-on lire sur la pancarte brandie par une protestataire lors d'une manifestation réclamant justice pour les victimes de Kyle Rittenhouse, le 20 novembre 2021 à Minneapolis (Photo, AFP)


Plusieurs centaines de personnes ont défilé samedi à Chicago, derrière le révérend Jesse Jackson, militant américain des droits civiques, pour protester contre l'acquittement de Kyle Rittenhouse, selon des médias locaux. "Il a le droit constitutionnel de s'opposer. Il n'a pas le droit de nous tuer", a déclaré M. Jackson au Chicago Sun Times.


"Arrêtez la guerre contre l'Amérique noire", "Combattez le pouvoir blanc", proclamaient vendredi de leur côté à New York les banderoles des manifestants se revendiquant du mouvement "Black Lives Matters". Des marches de protestation ont également eu lieu dans d'autres villes, comme à Portland où elles ont tourné à l'affrontement avec la police. 


Plusieurs vedettes comme la chanteuse Lady Gaga ou l'ancien footballeur américain Colin Kaepernick ont dénoncé le verdict et le président démocrate Joe Biden s'est dit "inquiet et en colère", tout en demandant aux Américains de respecter la décision de justice.


Mais de l'autre côté du champ politique, son prédécesseur Donald Trump a salué, toujours sur Fox News, la décision des jurés, en jugeant que le jeune homme n'aurait même pas dû être poursuivi.


Un lobby pro armes, "Gun Owners of America", a également promis sur Twitter d'offrir un fusil AR-15 en récompense à Kyle Rittenhouse pour sa défense du "droit d'être armé en Amérique". 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.