L'Américain Kyle Rittenhouse, qui a tué deux manifestants antiracistes, acquitté

Kyle Rittenhouse entre dans la salle d'audience pour entendre les verdicts de son procès avant d'être déclaré non coupable de tous les chefs d'accusation au palais de justice du comté de Kenosha le 19 novembre 2021 à Kenosha, Wisconsin. (Photo, AFP)
Kyle Rittenhouse entre dans la salle d'audience pour entendre les verdicts de son procès avant d'être déclaré non coupable de tous les chefs d'accusation au palais de justice du comté de Kenosha le 19 novembre 2021 à Kenosha, Wisconsin. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 20 novembre 2021

L'Américain Kyle Rittenhouse, qui a tué deux manifestants antiracistes, acquitté

  • Les douze jurés d'un tribunal de l'Etat du Wisconsin l'ont déclaré «non coupable» des cinq chefs d'accusation qui pesaient contre lui, dont celui de meurtre, au quatrième jour de leurs délibérations
  • Le jeune homme blanc de 18 ans, qui encourait la réclusion à perpétuité, avait plaidé la légitime défense. A la lecture du verdict, il s'est effondré en larmes avant de quitter rapidement la salle d'audience

KENOSHA, Etats-Unis : Le jeune Américain Kyle Rittenhouse, qui a tué deux personnes en marge de manifestations antiracistes en 2020 à Kenosha, a été acquitté vendredi à l'issue d'un procès qui a révélé les fractures des Etats-Unis sur les armes à feu et le mouvement Black Lives Matter.

Les douze jurés d'un tribunal de l'Etat du Wisconsin l'ont déclaré "non coupable" des cinq chefs d'accusation qui pesaient contre lui, dont celui de meurtre, au quatrième jour de leurs délibérations.

Le jeune homme blanc de 18 ans, qui encourait la réclusion à perpétuité, avait plaidé la légitime défense. A la lecture du verdict, il s'est effondré en larmes avant de quitter rapidement la salle d'audience. A l'extérieur, des cris de joie de ses supporteurs ont retenti.

Le président démocrate Joe Biden s'est dit "inquiet et en colère". Mais dans un communiqué, il a demandé aux Américains de respecter la décision des jurés. "J'appelle tout le monde à exprimer ses opinions pacifiquement, dans le respect de la loi."

L'ex-président Donald Trump, qui avait déjà publiquement pris la défense de M. Rittenhouse après les faits, lui a de son côté apporté à nouveau son soutien vendredi soir.

"Félicitations à Kyle Rittenhouse pour avoir été déclaré INNOCENT", a déclaré M. Trump dans un communiqué diffusé par sa porte-parole. "Si ça, ce n'est pas de la légitime défense, rien ne l'est!" a-t-il ajouté.

Pour éviter d'éventuels débordements, le gouverneur du Wisconsin, Tony Evers, a demandé à 500 soldats de la Garde nationale de se tenir prêts à intervenir. Joe Biden a précisé avoir offert le soutien de forces fédérales.

Devant le tribunal, seule une poignée de personnes ont manifesté leur écoeurement: "Coupable, coupable, le système est diablement coupable", ont-elles scandé. "C'est un triste jour pour l'Amérique", a dit à l'AFP Will Diaz, un ouvrier de 44 ans.

«Touriste du chaos»

Le 23 août 2020, alors que les Etats-Unis étaient traversés de manifestations géantes contre le racisme et les violences policières, cette ville de la région des Grands Lacs s'était enflammée après une bavure contre un Afro-Américain.

Alors âgé de 17 ans, Kyle Rittenhouse s'était équipé d'un fusil semi-automatique AR-15 et avait rejoint des groupes armés venus "protéger" les commerces. Dans des circonstances confuses, il avait ouvert le feu, tuant deux hommes et en blessant un troisième.

"Je n'ai rien fait de mal, je me suis juste défendu", a-t-il plaidé, en pleurs, lors de son procès, assurant avoir tiré après avoir été pris en chasse et attaqué par ces trois hommes -- tous blancs comme lui.

L'accusé était "un touriste du chaos" qui "cherchait l'excitation" et s'est "volontairement et en toute connaissance de cause mis dans une situation dangereuse", a rétorqué le procureur Thomas Binger dans son réquisitoire.

Pendant les deux semaines de procès, Kyle Rittenhouse a comparu libre, des soutiens ayant payé les deux millions de dollars de sa caution.

Le jeune homme est en effet devenu une égérie dans certains milieux de droite, pour qui les manifestations organisées sous la bannière Black Lives Matter (les vies noires comptent) étaient l'oeuvre d'"antifas" ou "d'anarchistes".

Il a été régulièrement qualifié de "héros" ou de "patriote" par les médias ultraconservateurs et, vendredi, plusieurs élus républicains se sont réjouis de son acquittement. "Justice a été rendue", a notamment tweeté le sénateur du Wisconsin Ron Johnson.

«Justice à deux vitesses»

A l'inverse, pour les partisans d'un meilleur encadrement des armes à feu, il incarne les excès du droit à l'auto-défense.

"Qu'un adolescent puisse (...) tirer sur trois personnes, en tuant deux, sans aucune conséquence pénale est un déni de justice", a estimé Shannon Watts, la fondatrice du groupe Moms demand action. "C'est aussi l'Amérique que la NRA a créée", a-t-elle ajouté, en référent au puissant lobby des armes National Rifle Association qui milite pour un droit illimité au port d'arme.

Parmi les défenseurs de la communauté afro-américaine, l'amertume était aussi palpable.

"C'est un nouvel exemple d'une justice à deux vitesses à l'oeuvre en Amérique", a estimé l'avocat Ben Crump, qui a défendu de nombreuses victimes de violences policières et leurs proches. Si Kyle Rittenhouse "avait été noir, les débats et leur issue auraient été très différents", a-t-il estimé.

"On vient d'assister à la validation d'actes terroristes par un système construit sur la suprématie blanche", a renchéri Colin Kaepernick, l'ancienne star du football américain connu pour s'être agenouillé pendant l'hymne national par solidarité avec les Afro-Américains tués par la police.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.