La Bulgarie élit son président, sur la voie du changement

Salué par beaucoup pour son rôle décisif dans la chute de Boïko Borissov après une décennie au pouvoir, Roumen Radev est au contraire accusé par ses détracteurs d'outrepasser ses fonctions. (Photo, AFP)
Salué par beaucoup pour son rôle décisif dans la chute de Boïko Borissov après une décennie au pouvoir, Roumen Radev est au contraire accusé par ses détracteurs d'outrepasser ses fonctions. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 21 novembre 2021

La Bulgarie élit son président, sur la voie du changement

  • Le scrutin se déroule en pleine vague meurtrière de la pandémie de Covid-19. Moins de 25% des 6,9 millions d'habitants sont complètement vaccinés et la mortalité y est une des plus élevées au monde
  • Dans cette république parlementaire, c'est le gouvernement qui définit la politique, le président ayant un rôle essentiellement protocolaire

SOFIA: Les Bulgares, de retour aux urnes dimanche, devraient sauf surprise renouveler leur confiance à leur président, devenu une figure clef du mouvement anti-corruption dans ce pays, le plus pauvre de l'UE.


Le scrutin se déroule en pleine vague meurtrière de la pandémie de Covid-19. Moins de 25% des 6,9 millions d'habitants sont complètement vaccinés, la mortalité y est une des plus élevées au monde et les vétustes hôpitaux sont débordés.


Dans cette république parlementaire des Balkans, c'est le gouvernement qui définit la politique, le président ayant un rôle essentiellement protocolaire.


Mais Roumen Radev, novice quand il a gagné en 2016, a donné à la fonction une autre ampleur et s'est imposé au fil des ans comme un personnage incontournable du jeu politique.


Arrivé en tête du premier tour le 14 novembre avec plus de 49% des voix, cet ancien pilote de chasse et ex-chef des forces armées de 58 ans espère, s'il est réélu, achever sa mission de "changement".

«Président du changement»
"Prenons notre destin en main, ne laissons pas les autres saper notre avenir", a-t-il déclaré dimanche en votant.


Une semaine après les législatives qui ont donné la victoire à un jeune parti anti-corruption, il s'agit de transformer l'essai, selon Kiril Petkov, qui brigue le poste de Premier ministre.


"Le choix du président influera sur tout le développement de la Bulgarie", a-t-il insisté, après avoir appelé cette semaine à voter pour celui "qui a commencé le changement". 


A l'été 2020, M. Radev s'était clairement rangé du côté des manifestants réclamant la démission du Premier ministre conservateur Boïko Borissov.


Puis, après les élections du 4 avril qui ont scellé la chute de son ennemi juré mais débouché sur une impasse politique, le général s'est de nouveau retrouvé en pleine lumière.


Il a choisi de nouveaux visages pour composer le gouvernement intérimaire, lequel a acquis une large popularité pour avoir mis au jour des pratiques de corruption de l'ère Borissov.

Apathie
Et ce sont deux ex-ministres de cette équipe qui ont remporté le scrutin législatif à la tête de leur nouvelle formation, "Continuons le changement".


M. Petkov et son acolyte, Assen Vassilev, ont entamé cette semaine les tractations pour sortir d'une crise inédite depuis la fin du régime communiste.


Dans la capitale Sofia, des électeurs confiaient leur désir d'un "nouveau départ".


"Tout va de travers. Je veux que cela change pour mes enfants, petits-enfants et anciens élèves", a confié à l'AFP une professeure à la retraite, Dobrinka Nakova, descendue dans la rue l'an dernier.


Mais la plupart des Bulgares étaient peu enthousiastes après déjà trois élections cette année: selon la Commission électorale, le taux de participation était de 24% à 16H00 (14H00 GMT), en net retrait comparé à 2016.

«Ne pas diviser la nation»
Salué par beaucoup pour son rôle dans la marginalisation de Boïko Borissov après une décennie au pouvoir, Roumen Radev est accusé par ses détracteurs d'outrepasser ses fonctions et de "prendre parti".


"Le rôle du président est d'unir la nation, non de la diviser", a lancé son adversaire du second tour Anastas Guerdjikov, qui avait recueilli moins de 23% dimanche dernier.


Le recteur de l'université de Sofia, lui aussi âgé de 58 ans, se présente avec le soutien de Gerb, le parti de M. Borissov. Il peut aussi compter sur le parti de la minorité turque MDL.


M. Guerdjikov a également attaqué son rival sur ses supposées sympathies pro-russes, qui lui avaient valu le sobriquet de "général rouge".


"La Russie ne peut pas être notre modèle de développement, mais ne peut être notre ennemie non plus", a répondu ce président proche des socialistes.


Le politologue Evgueni Daynov appelle à ne pas se tromper de débat. La priorité, y compris de la droite, doit être de barrer la route au candidat appuyé par Gerb/MDL, deux mouvements jugés indissociables de la corruption qui gangrène le pays, estime-t-il. "C'est une question de survie nationale".


Les bureaux de vote ferment à 20H00 (18H00 GMT), quand seront dévoilées les premières estimations de sortie des urnes.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.