Violences en Guadeloupe: appel au calme de Macron, Castex annonce une «instance de dialogue»

La Guadeloupe est secouée depuis une semaine par un mouvement, qui a dégénéré en crise sociale émaillée de nombreuses violences dans la nuit de jeudi à vendredi, quand ont débuté des violences et des pillages. (AFP)
La Guadeloupe est secouée depuis une semaine par un mouvement, qui a dégénéré en crise sociale émaillée de nombreuses violences dans la nuit de jeudi à vendredi, quand ont débuté des violences et des pillages. (AFP)
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Publié le Mardi 23 novembre 2021

Violences en Guadeloupe: appel au calme de Macron, Castex annonce une «instance de dialogue»

  • Les troubles se sont cependant poursuivis durant le week-end, conduisant le rectorat à suspendre lundi l'accueil des élèves "dans les écoles, collèges et lycées"
  • Castex «condamne avec la plus extrême fermeté» les violences et «appelle au calme»

POINTE-A-PITRE: L'exécutif a vivement condamné lundi les violences urbaines et pillages et appelé au calme face à la "crise très explosive" en Guadeloupe, en proie à une contestation sociale liée à l'obligation vaccinale contre le Covid, en reconnaissant "un dialogue nécessaire" avec les élus.


Après avoir "condamné avec la plus extrême fermeté" les violences, le Premier ministre Jean Castex a annoncé la création d'une "instance de dialogue" afin de "convaincre et d'accompagner individuellement, humainement" les professionnels concernés par l'obligation vaccinale. Finalement testé positif au Covid-19, il s'exprimait à l'issue d'une réunion qui s'est tenue en visioconférence avec les élus de l'île antillaise.


"Une mission du ministère de l'Intérieur sera à pied d'œuvre sur place dès demain pour examiner avec eux les voies et moyens pour permettre les conditions de déploiement de l'obligation vaccinale et discuter aussi des sujets propres au fonctionnement du service départemental d'incendie et de secours de Guadeloupe", a poursuivi le chef du gouvernement, alors que les pompiers font partie des forces vives de la contestation. 

«La seule solution pour être entendu!»

Des carcasses et pneus de voitures brûlées, des débris variés et des palissades dressées pour faire barrage: pour Pascal, le blocage des routes de Guadeloupe, en proie à une crise sociale depuis une semaine, constitue "la seule solution pour être entendu" jusqu'à Paris.


Avec d'autres habitants de Mare-Gaillard, cet homme de 55 ans, qui préfère conserver l'anonymat, participe depuis une semaine au barrage qui entrave ce bourg situé sur la nationale 4.


Sur cette route qui longe la côte sud de Grande-Terre, les stigmates d'une semaine de mobilisation et de violences sont visibles: à proximité du Gosier, une voiture retournée au milieu de la chaussée. D'autres sur les bas-côtés, également calcinées.

Pascal se désolidarise des violences et pillages, dénoncés par les habitants de l'île interrogés par l'AFP à proximité des barrages, qui cependant soutiennent la contestation.


"Il n'y a pas de réaction (des autorités NDLR) tant qu'on n'emploie pas la manière forte", déplore Pascal. "Vous seriez venus de Paris, vous, sinon?", ajoute-il à l'adresse des journalistes de l'AFP.


En ce lundi matin, Pascal et les autres laissent passer les voitures, enlevant les débris déblayés la veille au soir par les forces de l'ordre pendant le couvre-feu instauré entre 18H00 et 05H00 jusqu'au 23 novembre.


"Les policiers n'avaient pas fait 10 kilomètres qu'on les avait déjà remis! Ils le savaient d'ailleurs: ils nous ont dit à plus tard!" lance Pascal.


Si le barrage de Mare-Gaillard est filtrant, en d'autres endroits de l'île c'est interdiction d'avancer. 


Comme au "rond-point Perrin", important point de passage à proximité des Abymes.


Samuel Louis, 31 ans et intérimaire dans le BTP, y tient à peu près le même discours: "On n'est pas là pour commettre des violences, juste qu'on nous respecte. On ne fout pas le bordel, on empêche juste les gens de passer."


Les raisons avancées de la contestation sont également similaires.


L'opposition à l'obligation vaccinale des soignants, déclencheur de la crise, en est une, alors que 85% des soignants et près de 50% de la population de plus de 18 ans ont reçu au moins une dose de vaccin en Guadeloupe, frappée de plein fouet cet été par l'épidémie de Covid-19.


"Qui dit que le vaccin ne va pas être exigé pour tout le monde pour travailler?" avance Samuel Louis, évoquant aussi des rumeurs infondées selon lesquelles "le RSA serait supprimé aux allocataires refusant de se vacciner." 

«La goutte d'eau»
Mais l'obligation vaccinale "n'est que la goutte d'eau qui fait déborder le vase" guadeloupéen, selon Pascal.


Il évoque principalement le coût croissant de la vie, avec une "bouteille de gaz coûtant 28 euros et un litre d'essence autour d'1,60 euros", "des gens qui n'arrivent plus à payer leurs assurances ni à manger".


"On se bat aussi pour de meilleurs salaires. On travaille beaucoup pour peu" abonde Samuel Louis, pointant le "manque de travail" dans un département au taux de chômage bien supérieur à la métropole, notamment chez les jeunes (35% en 2020 contre une moyenne nationale de 20%).


Les contestataires "demandent la parole mais se sentent délaissés, pas écoutés. Alors ils font comme ils peuvent", explique Patrice Angel.


Il rejette les pillages et violences - "les grévistes sont les grévistes, les casseurs, les casseurs" - mais dit comprendre les revendications des manifestants.


De même que Philippe Manioc, 60 ans, qui travaille dans le BTP à son compte: "Cela me dérange car je ne peux pas aller bosser mais en même temps je les comprends."


Dans ses revendications, Patrice pointe aussi du doigt une "différence de traitement par rapport à la métropole", notamment selon lui pour les hôpitaux: "Ils (l'Etat) ne peuvent pas nous ouvrir 50 lits supplémentaires ni envoyer de l'oxygène mais peuvent envoyer 2.000 flics supplémentaires?", s'indigne-t-il?


Face à la situation tendue, 200 policiers et gendarmes, ainsi que 50 membres des unités du GIGN et du Raid, ont été dépêchés de Paris, portant à 2.250 les forces mobilisées sur place.


"S'ils commencent à tabasser les gens, ça va mal aller" pense Pascal. Et pour Samuel Louis, "s'il n'y a pas de réponse de l'Etat à la crise, la situation va empirer".

«Nuit plus calme»

Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron a assuré la Guadeloupe de la "solidarité" de la nation et demandé de "ne rien céder au mensonge et à la manipulation par certains de cette situation" en marge d'un déplacement à Amiens.


"On ne peut pas utiliser la santé des Françaises et des Français pour mener des combats politiques" et "il faut que "l'ordre public soit maintenu", a-t-il souligné sur un ton apaisant, insistant sur "une adhésion croissante à la vaccination" sur l'île, malgré l'opposition d'une "toute petite minorité".


La Guadeloupe, qui connaît un fort taux de chômage qui atteint 35% chez les jeunes, et frappée de plein fouet par l'épidémie du Covid-19 cet été, est secouée depuis une semaine par un mouvement, ayant pour origine la contestation de l'obligation vaccinale des soignants, qui a dégénéré en crise sociale émaillée de nombreuses violences dans la nuit de jeudi à vendredi, quand ont débuté des violences et des pillages.


Menace avec un "fusil à pompe", médecin "tenu en joue", l'Agence régionale de santé de Guadeloupe a fustigé "les agressions physiques que les professionnels de santé ont subies ces derniers jours alors qu'ils allaient soigner les pères, les mères et les enfants de Guadeloupe".


Face à une situation se détériorant rapidement, le gouvernement a envoyé 200 policiers et gendarmes, ainsi que 50 membres des unités du GIGN et du Raid - déployés dès leur descente d'avion -, portant à 2.250 les forces mobilisées sur place, tandis que le préfet a instauré un couvre-feu entre 18H00 et 05H00, jusqu'au 23 novembre.

«Nuit plus calme»
Les troubles se sont cependant poursuivis durant le week-end, conduisant le rectorat à suspendre lundi l'accueil des élèves "dans les écoles, collèges et lycées". Les cours n'ont déjà pas eu lieu vendredi.


La nuit de dimanche à lundi a cependant été plus calme que la précédente selon la préfecture, pour qui la mobilisation des forces de l'ordre "a permis d'empêcher dans les centres villes et en zone rurale, la majorité des tentatives de regroupement et d'atteinte aux biens".


"Il y a eu beaucoup de barrages mais peu de pillages", confirme une source policière qui ne note pas de "faits marquants".


Le procureur de la République Patrick Desjardins a confirmé à l'AFP des informations de presse sur le vol d'armes et de munitions à la station des gardes-côtes de la Douane de Pointe-à-Pitre, dans la nuit du 19 au 20 novembre, sans donner plus de détail.


En Martinique voisine, l'appel à la grève générale lancé par 17 organisations syndicales aux revendications variées dont la fin de l'obligation vaccinale pour les soignants, a conduit à des blocages qui ont paralysé une bonne partie de l'activité économique.


Des manifestants à Fort-de-France ont envahi lundi le village d’arrivée de la transat Jacques Vabre.


"Je condamne les violences, mais il y a une situation extrêmement éruptive dans nos pays en ce moment", a déclaré lundi la sénatrice PS de Martinique Catherine Conconne, pour qui "la vie chère constitue l'élément le plus compliqué à gérer et l'élément de récrimination le plus fort de nos populations".


Depuis l'été, le taux de vaccination a progressé en Guadeloupe, avec désormais un taux de près de 90% des soignants vaccinés, et approchant 50% dans la population générale - loin toutefois des plus de 75% de vaccinés en métropole.


Pour le Noël des armées, Macron fait cette année le choix des Emirats

La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
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  • En se rendant aux Émirats arabes unis pour le Noël des armées, Emmanuel Macron adresse un message de soutien aux militaires français tout en réaffirmant l’engagement stratégique de la France dans une région marquée par de fortes tensions géopolitiques
  • Ce déplacement met en lumière la solidité du partenariat de défense franco-émirien, pilier de la présence militaire française dans le Golfe et vecteur de stabilité régionale

En choisissant les Émirats arabes unis pour célébrer, les 21 et 22 décembre, le traditionnel Noël des armées françaises, le président Emmanuel Macron a voulu adresser un message clair à ses militaires engagés loin de leurs familles, mais aussi aux partenaires de la France dans une région marquée par de fortes turbulences géopolitiques.

Ce déplacement présidentiel, à la fois militaire et diplomatique, illustre la solidité d’un partenariat stratégique noué de longue date entre Paris et Abou Dhabi.

Comme le veut la tradition, le président de la République partagera un moment privilégié avec les forces françaises déployées sur place, après une séquence bilatérale avec les autorités émiriennes.

Selon le palais de l’Élysée, Emmanuel Macron se rendra directement auprès des militaires : il dînera avec eux, avant de consacrer la matinée suivante à des échanges de terrain et à des démonstrations opérationnelles, au plus près de la réalité de leur engagement en période de fêtes.

Si le choix des Émirats arabes unis n’a rien d’anodin, c’est parce que la région concentre aujourd’hui un grand nombre de crises majeures : conflits persistants au Moyen-Orient, tensions maritimes affectant le commerce mondial, instabilité chronique de plusieurs États.

Un déplacement stratégique dans une région sous tension

Le Golfe est devenu un carrefour stratégique où se croisent enjeux sécuritaires, diplomatiques et économiques et, en s’y rendant, le chef de l’État entend rappeler que la France demeure un acteur militaire et diplomatique engagé à l’échelle mondiale.

Mais ce déplacement est aussi l’occasion d’incarner la relation de confiance qui lie Paris et Abou Dhabi depuis plus de trente ans.

Le partenariat de défense franco-émirien, formalisé et renforcé par un accord signé en 2009, s’est progressivement imposé comme l’un des piliers de la présence française dans la région. Il repose sur une coopération étroite, une interopérabilité accrue des forces et un partage d’objectifs communs en matière de stabilité régionale.

Les Émirats arabes unis accueillent en effet un dispositif militaire français structurant. À Abou Dhabi se trouve un état-major interarmées, à la tête duquel est placé un amiral commandant à la fois les Forces françaises aux Émirats arabes unis (FFAU) et les forces françaises déployées dans l’océan Indien.

Cette implantation est complétée par une base navale française, ainsi que par une base aérienne située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, où sont notamment stationnés des avions de combat Rafale.

À environ 70 kilomètres à l’ouest d’Abou Dhabi, dans une zone désertique, est également déployé le 5ᵉ régiment de cuirassiers, équipé de matériels de dernière génération, dont des chars Leclerc et des véhicules blindés de combat.

C’est sur ce site que se déroulera l’essentiel de la séquence militaire du déplacement présidentiel, avec une démonstration interarmées illustrant les capacités opérationnelles françaises.

Au total, près de 900 militaires français sont stationnés aux Émirats arabes unis. Ils jouent un rôle clé dans plusieurs opérations majeures.

Un partenariat militaire franco-émirien au cœur de la présence française dans le Golfe

Les moyens aériens basés aux Émirats contribuent notamment à l’opération Chammal de lutte contre le terrorisme, tandis que les capacités maritimes participent à l’opération européenne Aspides, destinée à sécuriser le trafic international en mer Rouge, récemment menacé par des attaques visant la navigation commerciale.

Au-delà de la dimension opérationnelle, la présence française aux Émirats arabes unis constitue un symbole fort de coopération stratégique et traduit la volonté partagée de renforcer la stabilité régionale, de sécuriser les grandes routes maritimes internationales et de soutenir les efforts de paix dans des zones fragilisées comme l’Irak, le Yémen, la Libye ou encore le Soudan.

Tous ces sujets pourraient être abordés lors des échanges entre le président français et le président émirien, Cheikh Mohamed ben Zayed.

En se rendant auprès des forces françaises à Noël, accompagné de la ministre des Armées, Emmanuel Macron entend surtout témoigner de son attachement personnel aux militaires engagés loin de la métropole.

Le message qu’il veut leur adresser est autant humain que politique, puisqu’il s’agit d’exprimer la reconnaissance de leur engagement et d’affirmer la crédibilité militaire française.

Dans un contexte international tendu, le choix des Émirats arabes unis pour le Noël des armées apparaît ainsi comme un signal fort : celui d’une France fidèle à ses alliances, pleinement investie dans la sécurité internationale et consciente que sa présence militaire est indissociable de relations diplomatiques durables et de partenariats stratégiques solides.


Municipales à Paris: vers un accord historique à gauche dès le premier tour

A  Paris, socialistes, écologistes et communistes s'apprêtent à sceller pour la première fois leur union dès le premier tour des municipales, derrière l'ex-premier adjoint socialiste Emmanuel Grégoire. Une alliance arrachée au terme de négociations délicates, mais réclamée sur le terrain face à une droite revigorée autour de Rachida Dati. (AFP)
A Paris, socialistes, écologistes et communistes s'apprêtent à sceller pour la première fois leur union dès le premier tour des municipales, derrière l'ex-premier adjoint socialiste Emmanuel Grégoire. Une alliance arrachée au terme de négociations délicates, mais réclamée sur le terrain face à une droite revigorée autour de Rachida Dati. (AFP)
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  • Depuis 09H00 ce mercredi, les écologistes parisiens sont invités à voter pour cet accord afin de faire "une liste commune, une union très très large de toutes les forces de gauche qui le souhaitent. C'est nouveau, c'est vraiment quelque chose d'historique
  • Si socialistes et écologistes gouvernent ensemble la capitale depuis 2001, ils n'avaient encore jamais mené campagne commune dès le premier tour

PARIS: A Paris, socialistes, écologistes et communistes s'apprêtent à sceller pour la première fois leur union dès le premier tour des municipales, derrière l'ex-premier adjoint socialiste Emmanuel Grégoire. Une alliance arrachée au terme de négociations délicates, mais réclamée sur le terrain face à une droite revigorée autour de Rachida Dati.

Depuis 09H00 ce mercredi, les écologistes parisiens sont invités à voter pour cet accord afin de faire "une liste commune, une union très très large de toutes les forces de gauche qui le souhaitent. C'est nouveau, c'est vraiment quelque chose d'historique pour nous", a déclaré sur franceinfo le candidat écologiste David Belliard.

Si socialistes et écologistes gouvernent ensemble la capitale depuis 2001, ils n'avaient encore jamais mené campagne commune dès le premier tour.

Cet accord, qui prévoit le désistement de David Belliard et de son homologue communiste Ian Brossat, sera soumis au vote des trois formations politiques, dont les 2.500 adhérents écologistes.

"Ce soir, dans la nuit, on connaîtra la réponse et (...) dès demain (jeudi) moi je suis prêt, dans toutes les configurations, à continuer la campagne", a ajouté M. Belliard, disant souhaiter "bousculer cette élection en faisant quelque chose d'historique".

"Quand une droite extrémisée menace, nous avons le devoir d'unir nos forces", a posté sur X Ian Brossat.

Interrogé sur la possibilité d'une union au second tour avec LFI, David Belliard s'est dit favorable à une "candidature unique à gauche".

"On est dans une élection difficile, dans laquelle il y a des enjeux (...) énormes pour Paris (...)  Et nous avons face à nous une droite qui est une droite populiste, affairiste, qui aujourd'hui est très brutale", a-t-il souligné.

Selon l'accord consulté par l'AFP, les partenaires s'engagent "à tout faire pour qu'il n'y ait qu'une seule liste de gauche au second tour", excluant toute alliance avec le candidat Horizons soutenu par Renaissance Pierre-Yves Bournazel.

"Parfois douloureux" 

Initialement annoncée pour octobre, cette alliance, qui devrait également associer Place publique et possiblement L'Après (ex-LFI), est le fruit de plus de trois mois de tractations serrées.

"Si un accord historique comme celui-ci n'avait jamais été réalisé auparavant c'est d'abord parce que c'est difficile et parfois douloureux. Cela implique que certains sortent des listes", a glissé une source socialiste.

Les discussions achoppaient notamment sur la place des écologistes en lice pour le Conseil de Paris dans un contexte de changement de mode de scrutin. Cette réforme est vivement critiquée par l'exécutif sortant, qui y voit une manoeuvre visant à faire gagner la droite.

Selon l'accord, 36 écologistes seraient éligibles contre 28 élus actuellement.

Source de profondes crispations chez les militants socialistes, les écologistes ont également obtenu que David Belliard soit tête de liste dans le XIe arrondissement, où fut élu Léon Blum et où l'est l'actuelle maire socialiste Anne Hidalgo. Une troisième mairie verte en plus de celles du XIIe et du XIVe qu'ils administrent déjà.

"C'est une révolution du point de vue de la gouvernance car il prévoit un meilleur partage entre les différents membres de cette alliance au sein de laquelle personne n'aura la majorité seul", souffle un cadre écologiste.

Revendiquant leur rôle central dans la transformation de l'espace public, de l'essor des pistes cyclables aux "rues aux écoles", les écologistes conditionnaient de fait leur retrait à l'obtention de concessions significatives.

L'accord prévoit également un renforcement des pouvoirs des maires d'arrondissement.

Parmi les "marqueurs communs" figurent notamment la revalorisation du périscolaire, un service de garde d'enfant universel, l'objectif de 40% de logement public (dont 30% de logement social), ou encore la poursuite de la piétonnisation et du verdissement de la ville.

Parmi les points de divergence, on trouve l'avenir du Parc des Princes.

"C'est un rassemblement historique qui a un coût très important pour les socialistes", a reconnu une source à gauche, pour qui les écologistes en sortiront "renforcés" alors qu'ils "reculent partout en France".

"Avec cette liste d'union il y aura un effet vote utile (...) Ca va forcément ouvrir une dynamique", estime-t-on de même source.

A l'instar de Paris, la plupart des grandes villes dirigées par la gauche ont franchi le pas d'une alliance dès le premier tour.

 

 


Crise de la dermatose en France : les vétérinaires cibles de menaces

La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession. (AFP)
La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession. (AFP)
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  • La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins
  • "Il a essayé de péter ma vitre (de voiture) avec son poing", a raconté à l'AFP une vétérinaire libérale exerçant dans la Savoie (est), qui a requis l'anonymat à la suite de cet incident avec des éleveurs

PARIS: "Vétérinaires = assassins", cliniques taguées "vétos = collabos"... "On a le droit à tout", déplore David Quint, président du Syndicat français des vétérinaires libéraux, qui témoigne du malaise dans la profession, en première ligne dans la gestion de l'épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession.

"Il a essayé de péter ma vitre (de voiture) avec son poing", a raconté à l'AFP une vétérinaire libérale exerçant dans la Savoie (est), qui a requis l'anonymat à la suite de cet incident avec des éleveurs.

Durant l'été, elle a été mandatée pour abattre un cheptel dans une exploitation. "Deux voitures se sont garées au milieu de la route comme des cowboys pour nous bloquer le passage et on nous a demandé si nous étions +fiers de ce que nous avions fait+, mon confrère et moi", se souvient-elle.

"Ils étaient quatre, c'était stressant, j'ai appelé la gendarmerie et porté plainte le soir même", rapporte la vétérinaire.

"Pris en étau" 

"On est pris en étau entre la souffrance du monde agricole d'un côté et le fait de devoir faire notre métier de l'autre", a regretté auprès de l'AFP Jean-Yves Gauchot, président de la Fédération des syndicats vétérinaires.

Lundi, le vétérinaire a reçu cette menace: "dans un autre temps, votre tête aurait fini au bout d'une pique", après s'être exprimé sur la chaîne d'information BFMTV, une première en 35 années d'expérience.

Une enquête a été ouverte mardi par le parquet de Bergerac (sud-ouest) pour menaces de mort après la plainte du praticien.

"Il ne faut pas laisser passer", défend-il, appelant ses confrères à porter plainte en cas de menaces.

Il n'y a "rien qui justifie que l'on menace quelqu'un de mort", a réagi mardi David Quint, lors d'une conférence de presse de l'Ordre des vétérinaires et de plusieurs organisations syndicales, qualifiant ces intimidations d'"inacceptables".

La stratégie gouvernementale de lutte contre cette maladie animale très contagieuse, non transmissible à l'homme mais qui peut toucher très durement le cheptel, prévoit l'abattage systématique d'un troupeau dès la détection d'un cas, ce qui cristallise les tensions d'une partie des agriculteurs, notamment de la Coordination rurale (deuxième syndicat) et de la Confédération paysanne (3e).

"N'allez pas trop loin sinon vous n'aurez plus de vétérinaires !", a mis en garde le président du Conseil national de l'Ordre, Jacques Guérin, interrogé par l'AFP en marge de la conférence.

Droit de retrait ? 

Face à la pression qui a "monté d'un cran", il a appelé les vétérinaires à faire valoir leur droit de retrait "si les conditions ne réunissent pas leur sécurité et celle de leurs proches".

Cela signifie qu'un vétérinaire habilité et mandaté par une préfecture pour abattre un élevage pourrait refuser sa tâche, tout en argumentant les raisons auprès du préfet, explique l'Ordre, qui ne soutiendra toutefois pas les clauses de retrait "de principe".

Le standard de l'Ordre des vétérinaires est "submergé d'appels de personnes complotistes, antivax, anti-tout, qui déversent des tombereaux de bêtises à l'encontre de la profession. Cela finit par impacter fortement le moral des vétérinaires", déplorait son président il y a quelques jours auprès de l'AFP.

"C'est inadmissible de s'en prendre aux vétérinaires", a réagi auprès de l'AFP Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne, arguant que la "responsabilité du climat de défiance" est à "aller chercher du côté du ministère de l'Agriculture".

La Coordination rurale, syndicat concurrent, "condamne" également "toutes les menaces" envers les vétérinaires, selon François Walraet, secrétaire général du syndicat, joint par l'AFP.

"Ce sont nos partenaires (...) Ce n'est pas à eux qu'il faut s'adresser si on veut que le protocole évolue", abonde-t-il.

Les mesures actuelles sont "absolument ce qu'il faut faire" pour éradiquer ce "virus extrêmement résistant dans les milieux extérieurs", insiste par ailleurs la présidente de l'association de vétérinaires SNGTV, Stéphanie Philizot.