«27 morts mais combien ont réussi ?»: à Calais, le rêve anglais plus fort que la tragédie

Des membres d'associations d'aide aux migrants se rassemblent à côté d'une pancarte indiquant le nombre de morts (303) et les noms des disparus, place Richelieu à Calais, le 25 novembre 2021. Au moins 27 migrants sont morts le 24 novembre en traversant la France vers l'Angleterre lorsque leur bateau a coulé au large du port de Calais, ont déclaré les autorités françaises, la catastrophe la plus meurtrière depuis que la Manche est devenue une partie importante de la route des migrants. FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Des membres d'associations d'aide aux migrants se rassemblent à côté d'une pancarte indiquant le nombre de morts (303) et les noms des disparus, place Richelieu à Calais, le 25 novembre 2021. Au moins 27 migrants sont morts le 24 novembre en traversant la France vers l'Angleterre lorsque leur bateau a coulé au large du port de Calais, ont déclaré les autorités françaises, la catastrophe la plus meurtrière depuis que la Manche est devenue une partie importante de la route des migrants. FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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Publié le Vendredi 26 novembre 2021

«27 morts mais combien ont réussi ?»: à Calais, le rêve anglais plus fort que la tragédie

  • «On sait que c'est vraiment risqué de traverser sur des bateaux, tout le monde le sait ici, mais c'est le risque, ça ne me décourage pas»
  • «C'est très triste mais c'est la vie ici à Calais, des personnes meurent en traversant, des personnes ratent et des personnes passent»

CALAIS : Emmanuel D'Mulbah hausse les épaules. Le Libérien a bien le "cœur brisé" par le naufrage qui a coûté la vie à 27 migrants mercredi dans la Manche. Mais dès que la mer se calmera, il la prendra à son tour: "C'est mon rêve" de rallier l'Angleterre.


"C'est démoralisant, je suis effrayé, mais je continuerai" à tenter cette traversée risquée en "small boat", explique-t-il à l'AFP, planté en ce jeudi matin avec ses baskets en toile dans la boue de Calais, où il vit dans l'espoir de passer côté anglais.


Il y a deux jours, il avait tenté une première fois sa chance, mais les passeurs avaient entassé 23 personnes dans son bateau pneumatique prévu pour 12 et l'équipée a été appréhendée par la police avant même d'avoir pu prendre le large.


"On sait que c'est vraiment risqué de traverser sur des bateaux, tout le monde le sait ici, mais c'est le risque, ça ne me décourage pas", raconte-t-il, lors d'une distribution alimentaire dans cette ville-frontière avec le Royaume-Uni.


De là, comme du reste du littoral nord, les tentatives de traversée vers la Grande-Bretagne à bord de petites embarcations ont explosé depuis 2019. 

«Ils étaient avec moi»
Les migrants morts dans un naufrage mercredi seraient partis, plus au nord, de Dunkerque. Leur embarcation s'est-elle dégonflée ? Ont-ils été percutés ?


Les circonstances du drame, qui secoue l'Europe, ne sont pas encore éclaircies, mais Mohamed, un Syrien de 22 ans, affirme être l'un des derniers à les avoir côtoyés: "Ils étaient avec moi ici à Calais il y a trois jours encore".


"Ils étaient Kurdes irakiens, Iraniens et Afghans. On a vécu dans les campements, dans la rue, on a même dormi dans la gare de Calais. Il y a trois jours, le groupe nous a dit +on part en Angleterre+, et ils sont partis", assure-t-il, entouré de plusieurs compatriotes qui opinent du chef.


"Hier, c'était très dangereux" de traverser, regrette-t-il. "Moi je n'essaierais pas dans ces conditions. En plus ils ont pris la mer sans équipement", dit-il.

(Photo, AFP)


A Grande-Synthe, ville du littoral proche du lieu de départ possible des naufragés, Armat vit dans un camp sous une route départementale. C'est ici, affirme cet Irakien de 28 ans, que certaines des victimes ont passé leurs dernières nuits, près d'un canal.


Lui aussi a déjà tenté plusieurs fois la traversée, souvent au départ de Loon Plage. Lui aussi continuera d'essayer, car il n'a "nulle part ailleurs où aller". 

«Destin»

Il a déjà payé 3.500 euros aux "boss", comprendre aux passeurs, qui lui ont dit qu'ils allaient faire profil bas "quelques jours", après la tragédie. 


En chaussettes dans la boue, Mohamed, 22 ans, est lui aussi prêt à se remettre à l'eau, malgré la peur.


"C'est comme ça, c'est la vie", lâche-t-il.


Des mots qui reviennent comme un refrain, de Calais à Grande-Synthe, où rien ne semble pouvoir briser les rêves de Grande-Bretagne de ces exilés souvent en bout de course, en Europe.


"C'est très triste mais c'est la vie ici à Calais, des personnes meurent en traversant, des personnes ratent et des personnes passent. C'est tous les jours comme ça. Ça ne me décourage pas et je ne suis pas effrayé, parce que c'est mon destin", philosophe même Osman, un Soudanais de 25 ans.


Caché le long d'un terrain broussailleux de la ville limitrophe de Coquelles, Samir, un Tchadien de 17 ans, porte toujours les mêmes vêtements mouillés que la veille: il a tenté sa première traversée mercredi, comme les naufragés. Il a eu la "chance" que le moteur de son zodiac ait pris l'eau, qu'il ait dû faire demi-tour avec ses compagnons d'infortune.


Dans sa tente posée sur une palette en bois, le long d'un grillage barbelé où pullulent les rats, il n'hésite pas une seconde: "j'aurais pu mourir, mais je recommencerai demain. Regarde autour de moi. On a quoi d'autre, ici ?"


"On est tous là avec le même rêve. Que ce soit caché dans un camion, par bateau, ou même à la nage, je passerai", promet Abdo Mohamed, un autre Soudanais de 23 ans. "Et puis, vous nous parlez tous des 27 morts, mais combien ont réussi ? Des milliers !"

Naufrage de la Manche : Paris et Londres plus que jamais dans la tourmente 

PARIS : Le naufrage dramatique d'une embarcation de migrants dans la Manche plombe un peu plus une relation déjà exécrable entre Paris et Londres, plus que jamais au défi de trouver une réponse commune dans la crise migratoire qui les oppose.


Cette tragédie qui s'est soldée mercredi par la mort de 27 hommes, femmes et enfants, "va accroître les tensions puisque chacun se renvoie la balle", estime Antoine Capet, professeur à l'Institut d'études anglophones de l'Université de Rouen (ouest de la France).


Le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui a fait de la lutte contre l'immigration son cheval de bataille dans la foulée du Brexit, a aussitôt pointé la responsabilité de la France, laissant entendre que son action n'était pas "à la hauteur de la situation".


Le président français Emmanuel Macron a rétorqué attendre des Britanniques "qu'ils coopèrent pleinement et s'abstiennent d'instrumentaliser une situation dramatique à des fins politiques".


Les deux dirigeants ont finalement affiché leur volonté d'intensifier leur coopération pour stopper les traversées illégales qui se multiplient des côtes françaises vers l'Angleterre.


"Ils vont devoir travailler ensemble. Mais peuvent-il y arriver quand les relations sont si mauvaises, avec toujours le risque que l'un dise que l'autre n'en fait pas assez ?", s'interroge John Springford, expert au Center for European Reform (CER) à Londres.


Le gouvernement britannique a réitéré jeudi sa proposition de patrouilles de police communes côté français afin d'empêcher les migrants d'embarquer. Une offre de services déjà rejetée par Paris avant le drame, pour des raisons de souveraineté.

«Taper sur les Français»

"Il y a les électorats aussi derrière. Chacun regarde derrière son épaule", souligne Antoine Capet, en pointant le poids de l'extrême droite en France, particulièrement sur ce sujet, à six mois de la présidentielle.


Boris Johnson se retrouve lui aussi sous pression alors que la côte sud de l'Angleterre est confrontée depuis des mois à des arrivées massives de migrants. Dans un tel contexte, "taper sur les Français et l'UE apparaît pour lui comme la meilleure stratégie politique", renchérit John Springford.


Les tensions se sont accumulées des deux côtés de la Manche depuis le Brexit, en premier lieu sur la pêche. La France agite la menace de sanctions si ses pêcheurs n'obtiennent pas plus de licences pour opérer dans les eaux britanniques.


Paris se montre aussi très insistante sur le respect par Londres de ses autres engagements post-Brexit, y compris la mise en œuvre du protocole nord-irlandais visant à préserver la paix en Irlande.


Face à Boris Johnson, déterminé à montrer que le Brexit est un succès, Emmanuel Macron se pose en gardien du temple de la construction européenne, a fortiori à l'approche de la présidence française de l'UE au premier semestre 2022.


"Il est très +vocal+ sur l'Europe et a été très net sur l'exigence de respect du traité post-Brexit par Boris Johnson", relève Sylvie Bermann, ex-ambassadrice de France à Londres.

«Vieilles chamailleries»

La crise de confiance bilatérale s'est en outre aggravée lorsque Paris a découvert en septembre que Washington, Londres et Canberra avaient négocié en secret un accord de partenariat stratégique. 


La France a perdu par ricochet un méga-contrat de vente de sous-marins à l'Australie. Emmanuel Macron s'est expliqué depuis avec son homologue américain Joe Biden. Mais Paris ne décolère pas vis-à-vis de Londres et Canberra.


Les relations franco-britanniques sont, enfin, historiquement pétries de conflits et rivalités.


"Au Moyen-Âge on disait +always blame the French !+ (blâmez toujours les Français). Effectivement quand il y a une difficulté, on est les premiers à être critiqués", rappelle Sylvie Bermann.


"En France, on est un peu au centre de l'Europe. On a plusieurs voisins, on critique les uns, les autres. Les Britanniques sont focalisés sur la France parce qu'on est leur premier grand pays voisin", dit-elle.


Pour l'écrivain britannique Julian Barnes, "la France et la Grande-Bretagne sont retombées dans leurs vieilles chamailleries". "Pourtant, cette fois, la querelle n’est plus anglo-française, mais anglo-européenne", a-t-il lancé jeudi dans le quotidien français Le Monde.

 Les périlleuses traversées migratoires de la Manche

PARIS : Le naufrage meurtrier de migrants survenu mercredi dans la Manche illustre les dangers de ces tentatives de plus en plus nombreuses de rallier l'Angleterre par la mer, entre embarcations fragiles, densité du trafic, et passeurs déterminés.   

Envolée des traversées

Depuis fin 2018, les traversées de la Manche à bord de petits bateaux ont explosé, face à la sécurisation renforcée du port de Calais et du tunnel sous la Manche, que les migrants empruntaient jusque-là pour tenter de gagner le Royaume-Uni cachés dans camions ou voitures. 


Elles se sont encore accélérées cet automne. Ces trois derniers mois, les tentatives ont doublé, selon le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Philippe Dutrieux. 


Dans le détroit du Pas-de-Calais, la proximité des côtes anglaises distantes de quelque 30 kilomètres et visibles à l’œil nu par beau temps constitue "une incitation au départ, parce qu'on n'imagine pas le danger", a-t-il souligné.


Et cette année les températures hivernales ne freinent pas les passages. Entre le 1er janvier et le 20 novembre, 31.500 migrants avaient quitté les côtes et 7.800 avaient été sauvés.  


Selon l'agence britannique Press Association, plus de 25.700 migrants ont réussi le passage sur les onze premiers mois de l'année. En 2020, ces traversées et tentatives avaient concerné quelque 9.500 personnes (2.300 en 2019, 600 en 2018).


Embarcations précaires

Les traversées se font le plus souvent sur des canots pneumatiques, avec une utilisation croissante par les passeurs de "long boat", de longues embarcations gonflables au fond souple, ne résistant pas à la surcharge et à une grosse mer. 


"Des embarcations de fortune" qui "font à peu près 10 mètres de long mais malheureusement surchargés, où ils sont 50 à bord", souligne le sauveteur Charles Devos, patron de la vedette SNSM de Calais. Selon les sauveteurs, il n'y a pas toujours de gilets de sauvetage pour tout le monde, parfois remplacés par des bouées de plage. 


Les passeurs tendent aussi à multiplier les départs simultanés, pour déborder les forces de l'ordre.


Les tarifs, eux, "ont tendance à baisser avec une offre importante et très organisée des passeurs, autour de 2.000 euros par passager", selon le président de l'association l'Auberge des migrants, François Guennoc. 


Navigation à haut-risque

Pour les petites embarcations, la navigation est délicate dans une zone maritime parmi les plus fréquentés au monde, où "environ 600 navires  transitent chaque jour, soit 25% du trafic mondial", selon la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord.


Les conditions météorologiques y sont aussi "souvent difficiles (120 jours de vent supérieur ou égal à force 7 en moyenne annuelle par exemple)", soit selon la préfecture un secteur "particulièrement dangereux, notamment en période hivernale où la température de l'eau chute" (12 degrés). 


L'étroit détroit du Pas-de-Calais est en outre traversé de courants importants, avec des bancs de sable changeants et une visibilité souvent réduite par la brume, souligne le Cross Gris Nez, centre du sauvetage dans la zone. 


Passeurs très organisés

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a affirmé jeudi que 1.500 personnes liées aux filières de passeurs avaient été arrêtées depuis le 1er janvier.


Ces réseaux fonctionnent selon lui comme des "organisations mafieuses" qui "relèvent du grand banditisme", avec l'utilisation notamment de "téléphones cryptés".


Lundi, l'interpellation d'un réseau de passeurs issus de plusieurs pays a été annoncée de source policière. Ils allaient chercher des migrants dans des camps à Grande-Synthe (Nord) et faisaient passer vers le Royaume-Uni "a minima 250 personnes par mois".


Ces embarcations étaient acheminées sur le littoral français en provenance de Chine, via la Turquie puis l'Allemagne.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.