Pénurie de main-d'œuvre au Canada, même les pères Noël manquent à l'appel

En moyenne, une PME au Canada a accumulé 170 000 dollars canadiens (119 000 euros) de dettes au cours de la pandémie. Et environ 180 000 entreprises, soit une sur six, risquent de mettre la clé sous la porte. (Photo, AFP)
En moyenne, une PME au Canada a accumulé 170 000 dollars canadiens (119 000 euros) de dettes au cours de la pandémie. Et environ 180 000 entreprises, soit une sur six, risquent de mettre la clé sous la porte. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 30 novembre 2021

Pénurie de main-d'œuvre au Canada, même les pères Noël manquent à l'appel

  • Jeff Gilroy de l'agence Just Be Claus s'arrache les cheveux: il a recruté seulement 24 pères Noël quant il lui en faudrait dix fois plus
  • Globalement, 55% des entrepreneurs affirment avoir des difficultés à recruter, ce qui les oblige à travailler de plus longues heures et à reporter ou à refuser des commandes, d'après une étude de la banque des entrepreneurs canadiens

MONTREAL : Des urgences partiellement fermées, des restaurants qui n'ouvrent plus le midi et des centres commerciaux sans père Noël: au Canada, de nombreux secteurs sont confrontés à une pénurie de main-d'œuvre sans précédent, qui handicape la reprise post-Covid.

A quelques semaines des fêtes de fin d'année, Jeff Gilroy de l'agence Just Be Claus s'arrache les cheveux: il a recruté seulement 24 pères Noël quant il lui en faudrait dix fois plus. "J'ai dû dire non à 200 événements, et je continue d'en refuser tous les jours", regrette-t-il.

De son côté, Eric Igari a tout tenté: faire appel à des amis et même à des clients réguliers pour combler les trous dans le tableau de service de son restaurant mexicain, Corazon de Maiz, à Ottawa. Sur sa devanture, comme devant beaucoup de commerces dans la capitale canadienne ou à Montréal, une affiche vante: "ici on embauche". 

"C'est très difficile", explique le restaurateur à l'AFP, pendant que sa femme lave des tomates en cuisine. Tous deux ont les traits tirés. 

Cet été, la levée des restrictions liée à la pandémie dans les restaurants a entraîné le retour des clients. Mais, avec deux employés toujours manquants, le couple n'est pas en mesure de répondre à la demande. Il y a peu, un cuisinier tout juste recruté a travaillé trois heures avant de démissionner, estimant que le travail était trop difficile et le salaire insuffisant.

"Maintenant, nous sommes contraints de fermer plus tôt parce que ma femme et moi sommes épuisés", déplore M. Igari. 

«Catastrophe»

Au total, le Canada recensait en août 871 600 postes vacants, dont 156 800 dans la restauration et 121 300 dans la santé, soit près de deux fois plus qu'en 2019, selon les chiffres de Statistiques Canada publiés en octobre.

Globalement, 55% des entrepreneurs affirment avoir des difficultés à recruter, ce qui les oblige à travailler de plus longues heures et à reporter ou à refuser des commandes, d'après une étude de la banque des entrepreneurs canadiens. Et plus du quart d'entre eux peinent à retenir leur personnel.

Les industries les plus touchées sont la santé, l'alimentation, les entreprises manufacturières et la construction, notamment en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique

Au Québec, les grandes fédérations patronales ont lancé la semaine dernière un cri d'alarme: parlant de "crise sans précédent" et de "catastrophe économique", elles ont appelé le gouvernement à ouvrir davantage les vannes de l'immigration.

Plusieurs facteurs expliquent la situation, dont le vieillissement de la population et la baisse récente de l'immigration en raison des restrictions de voyage liées à la pandémie, levées en septembre seulement, explique Travis Stratton, économiste chez Deloitte Canada.

Dans la restauration, comme ailleurs dans le monde, de nombreux employés ont opté pour une reconversion et sont "maintenant à la recherche de plus de stabilité", ajoute-t-il. 

Les tensions dans le secteur médical sont particulièrement problématiques. Dans le sud-ouest de Montréal, l'hôpital de Lachine a récemment fermé son service d'urgence après 19h30 en raison d'un "manque critique d'infirmières", explique à l'AFP une de ses porte-parole, Gilda Salomone.

Cette pénurie de main-d'oeuvre a poussé les provinces du Québec et de l'Ontario à renoncer à imposer aux soignants la vaccination contre le Covid.

Seuls des ados postulent

Dans certains secteurs, les salaires s'envolent pour attirer les candidats mais ce n'est "pas une option pour de nombreuses petites entreprises qui peinent encore à récupérer les pertes attribuables à la pandémie", estime Jasmin Guénette de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).

En moyenne, une PME au Canada a accumulé 170 000 dollars canadiens (119 000 euros) de dettes au cours de la pandémie, selon un sondage de cette fédération. Et environ 180 000 entreprises, soit une sur six, risquent de mettre la clé sous la porte.

"On n'est pas compétitif car on ne peut pas se le permettre", reconnaît Romain Beiso, patron du café Mère-Grand, dans le centre-ville de Montréal.

En 21 semaines, il a reçu à peine cinq candidatures, dont celles de trois adolescents, pour des postes de barista et de cuisinier. "Là, ça fait un moment que je n'en ai plus", déplore-t-il, évoquant "un "désastre".

Pour son établissement quatre étoiles, Benoit Pretet, directeur de l'hôtel Place d'Armes dans la métropole québécoise, recherche environ 25 employés à tous les postes, de la réception à l'entretien des chambres, en passant par les cuisines.

"On a du mal à ouvrir l'hôtel à 100% lorsque la clientèle est là", déplore M. Pretet, se disant "préoccupé par la saison des fêtes" et le printemps 2022. 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.