La droite française désigne son candidat à l'élection présidentielle

Philippe Juvin et Xavier Bertrand du parti de droite Les Républicains réagissent lors du débat entre les candidats Les Républicains (LR) sur la chaîne de télévision nationale "FRANCE 2" et la radio France Inter, à Paris, le 30 novembre 2021. (AFP)
Philippe Juvin et Xavier Bertrand du parti de droite Les Républicains réagissent lors du débat entre les candidats Les Républicains (LR) sur la chaîne de télévision nationale "FRANCE 2" et la radio France Inter, à Paris, le 30 novembre 2021. (AFP)
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Publié le Mercredi 01 décembre 2021

La droite française désigne son candidat à l'élection présidentielle

  • A 18H00 (17H00 GMT) le taux de participation au premier premier tour de ce scrutin électronique atteignait 52,8 %, selon le parti
  • Les cinq candidats à l'investiture, qui ont proclamé leur unité, se sont davantage distingués sur le style que sur le fond de leurs propositions

PARIS: Les militants du principal parti de la droite française, Les Républicains (LR), ont commencé à voter mercredi pour désigner leur candidat à l'élection présidentielle, avec l'espoir de créer une dynamique permettant à leur champion de se hisser au second tour.

Le parti, héritier du mouvement gaulliste de l'après-guerre qui a été pendant près de 60 ans la principale formation de gouvernement, ne s'est pas encore remis de son élimination du second tour de l'élection présidentielle de 2017, une première sous la Ve République.

À un peu plus de quatre mois du premier tour, les sondages lui prédisent une nouvelle déconvenue, plaçant son candidat, quel qu'il soit, derrière les deux finalistes de 2017, le président sortant Emmanuel Macron et la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen, et même le controversé polémiste d'extrême droite Éric Zemmour, tout juste entré en lice.

Avec seulement quelque 140 000 votants, dont environ 40% de nouveaux adhérents, cette primaire, dont le résultat sera connu samedi après-midi, s'annonce très ouverte, aucun favori ne se dégageant parmi les cinq prétendants.

Il s'agit de l'ex-négociateur européen du Brexit Michel Barnier, des présidents de la région Hauts-de-France (Nord), Xavier Bertrand et de la région parisienne Valérie Pécresse, du député des Alpes-Maritimes (Sud) Éric Ciotti et de l'outsider, Philippe Juvin, chef des urgences d'un grand hôpital parisien.

A 18H00 (17H00 GMT) le taux de participation au premier premier tour de ce scrutin électronique atteignait 52,8 %, selon le parti. La plupart des fédérations disposent d'un point de vote physique en soutien.

- "Vite et bien" -

Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Michel Barnier ont diffusé sur les réseaux sociaux des photos d'eux en train de voter, rappelant aux adhérents qu'ils avaient jusqu'à jeudi à 14H00 (13H00 GMT) pour faire leur choix.

Le second tour est prévu de vendredi à samedi à 14H00 (13H00 GMT).

"On ne veut pas de tractations, de couteaux sous la gorge, il faut que ça aille vite et bien", a déclaré le porte-parole des LR, Gilles Platret, sur la chaîne BFMTV, pour expliquer le très court délai entre les deux tours.

La compétition interne, dominée par les thèmes privilégiés de l'extrême droite comme l'immigration, l'autorité ou la sécurité, et rythmée par quatre débats télévisés, s'est révélée moins acrimonieuse qu'il y a cinq ans.

La campagne de l'ancien Premier ministre François Fillon, donné favori par les sondages après la primaire qu'il avait largement remportée, avait été minée par sa mise en examen pour des emplois "fictifs ou surévalués" confiés à son épouse, aux frais du contribuable. Condamné en juin à deux ans de prison ferme, il a fait appel.

Les cinq candidats à l'investiture, qui ont proclamé leur unité, se sont davantage distingués sur le style que sur le fond de leurs propositions.

- Disqualifier Zemmour -

Xavier Bertrand, crédité dans les sondages pour la présidentielle d'un léger avantage par rapport à Valérie Pécresse et Michel Barnier, s'est ainsi posé en opposant le plus mordant face à Emmanuel Macron.

Valérie Pécresse s'est, elle, affirmée par le sérieux de son programme, Michel Barnier a joué sur sa stature internationale et Éric Ciotti a développé une ligne très droitière, affichant ses affinités avec l'extrême droite.

Avant la fin de la campagne officielle, mardi soir, les candidats ont pu exposer leurs programmes lors d'un ultime débat et tenté de disqualifier la candidature d'Éric Zemmour, annoncée le jour même, comme pour parasiter leur propre campagne.

"Il n'a pas la stature pour rassembler les Français", a lancé Xavier Bertrand, tandis que Michel Barnier énumérait les qualités indispensables à un homme d'État qui font selon lui défaut au polémiste d'extrême droite: "Du sérieux, de la dignité, du respect".

Valérie Pécresse a dénoncé un "homme de provocations". Si Éric Ciotti l'a crédité de "constats que partagent beaucoup de Français", il a déploré un manque d'espoir dans le discours d'Éric Zemmour.

Lors de ce dernier débat, Michel Barnier a prôné une "grande politique familiale", Xavier Bertrand une aide au logement pour les soignants en zone tendue, Valérie Pécresse le recrutement de 25 000 soignants et Philippe Juvin l'obligation pour les jeunes médecins de passer un an dans les déserts médicaux.

Les prétendants sont désormais astreints au silence jusqu'à l'annonce des résultats du premier tour. Ils devront de nouveau se mettre en retrait jeudi soir, jusqu'à l'annonce du nom du vainqueur samedi.

 


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".