Dans le conflit du Tigré, l'armée éthiopienne poussée dans ses retranchements

Des manifestants acclamant l'arrestation de soldats rebelles à Tigré. (AFP)
Des manifestants acclamant l'arrestation de soldats rebelles à Tigré. (AFP)
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Publié le Jeudi 02 décembre 2021

Dans le conflit du Tigré, l'armée éthiopienne poussée dans ses retranchements

  • Depuis l'arrivée la semaine dernière du Premier ministre Abiy Ahmed dans la zone de combats, le gouvernement a revendiqué avoir repris plusieurs villes aux rebelles.
  • Dans son combat contre le TPLF, l'armée fédérale a reçu l'appui de milices locales, en particulier celles de la région de l'Amhara.

Malgré une puissance de feu supposée supérieure et de vastes campagnes de recrutement, l'armée fédérale éthiopienne est engagée dans un féroce combat pour tenter de contenir la progression des rebelles tigréens vers la capitale Addis Abeba.

Depuis l'arrivée la semaine dernière du Premier ministre Abiy Ahmed dans la zone de combats, le gouvernement a revendiqué avoir repris plusieurs villes aux rebelles, dont le célèbre site de Lalibela, classé au patrimoine mondial de l'Unesco.

Voici quelques données sur l'armée éthiopienne, qui a connu des fortunes diverses dans le conflit qui ravage le nord de l'Ethiopie depuis plus d'un an.

Comment les combats ont-ils commencé ? 

Les combats ont éclaté après qu'Abiy Ahmed a annoncé le 4 novembre 2020 l'envoi de troupes dans la région septentrionale du Tigré pour y destituer les autorités locales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui défiaient son autorité depuis des mois et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.

Réputée comme l'une des plus grandes armées permanentes d'Afrique, forte d'environ 140.000 hommes, la Force de défense nationale éthiopienne (ENDF) s'est emparée de la capitale régionale Mekele le 28 novembre. Abiy Ahmed a proclamé la victoire.

Mais sept mois plus tard, les rebelles ont renversé la situation, repris la majeure partie du Tigré, dont Mekele le 28 juin, puis avancé dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara.

Pourquoi la situation s'est-elle inversée ? 

Malgré un armement de meilleure qualité, l'armée déploie d'intenses efforts pour contenir les rebelles du TPLF, qui ont une longue histoire de lutte face à des armées régulières.

Ses combattants ont renversé le régime autocratique du Derg en 1991 après plus de 15 ans d'insurrection, puis participé à la guerre frontalière entre l'Ethiopie et l'Erythrée de 1998 à 2000.

Le TPLF disposait d'une importante force paramilitaire et d'une milice locale bien entraînée, estimées à 250.000 hommes par l'International Crisis Group (ICG).

Selon plusieurs experts, l'armée fédérale n'était ni préparée, ni équipée pour affronter une insurrection de ce type.

"L'armée éthiopienne a été conçue pour combattre l'armée érythréenne, pas une rébellion. Alors, elle l'a fait   épouvantablement", explique un analyste, sous couvert d'anonymat.

Par ailleurs, des réformes au sein de l'armée ont entraîné la mise à la retraite de nombreux hauts gradés avant le conflit, la privant d'une direction expérimentée. Après le début des combats, une purge des officiers tigréens l'a encore affaiblie.

"A la veille de la guerre, 18% de l'armée était composée de Tigréens, qui occupaient souvent les postes les plus techniques et les plus pointus, et environ la moitié des officiers étaient tigréens. Avec leur départ, l'ENDF a perdu sa colonne vertébrale", résume l'historien René Lefort.

 Les soutiens de l'armée sont-ils efficaces ?  

Dans son combat contre le TPLF, l'armée fédérale a reçu l'appui de milices locales, en particulier celles de la région de l'Amhara.

L'armée a aussi enrolé -et continue d'enrôler- massivement des civils dans le cadre de campagnes de recrutement. Mais cela se retourne parfois contre elle.

"Ils ont envoyé des recrues à peine entraînées au combat, aux côtés des milices locales. Cela a conduit à des problèmes de commandement et de contrôle, et à une approche plutôt désordonnée", explique William Davison, analyste principal à l'ICG.

L'aviation et les drones armés, qui ont mené des frappes aériennes au Tigré ces derniers mois, n'ont pour l'instant pas produit de changement majeur.

"Tout ce nouveau matériel et ces nouvelles recrues ne semblent jusqu'à présent pas à la hauteur de la motivation et de la réflexion stratégique des forces tigréennes", estime William Davison.

L'armée peut-elle reprendre l'avantage ?

Malgré de récents revers, un renversement en faveur de l'armée éthiopienne n'est pas à exclure dans ce conflit jalonné de rebondissements.

Elle a jusqu'à présent défendu avec succès Mille, ville de l'Afar située sur une route cruciale tant pour l'acheminement d'aide humanitaire au Tigré que pour l'approvisionnement d'Addis Abeba. 

Depuis la semaine dernière, le Premier ministre Abiy Ahmed est présent, selon plusieurs médias d'Etat, dans la zone de combats pour mener en personne la "contre-offensive".

Le gouvernement a depuis revendiqué avoir repris plusieurs localités, notamment Shewa Robit, située à 220 kilomètres au nord d'Addis Abeba, et celle située plus loin de la capitale mais très emblématique de Lalibela, célèbre pour ses églises monolithiques taillées dans la roche.


Ukraine: 24 morts lors d'une frappe russe sur une distribution d'allocations de retraite

Au moins 24 personnes ont été tuées et 19 autres blessées, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Un précédent bilan faisait état d'au moins 20 morts. (AFP)
Au moins 24 personnes ont été tuées et 19 autres blessées, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Un précédent bilan faisait état d'au moins 20 morts. (AFP)
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  • Au moins 24 personnes ont été tuées et 19 autres blessées, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Un précédent bilan faisait état d'au moins 20 morts
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a diffusé une vidéo montrant des corps jonchant le sol, près d'une camionnette très endommagée de la poste publique ukrainienne, Ukrpochta

KIEV: Un bombardement russe en Ukraine a tué mardi au moins 24 personnes venues percevoir leurs allocations de retraite dans un village proche du front de la région de Donetsk, dans l'est du pays, selon les autorités.

"Les Russes ont largué une bombe aérienne guidée sur le centre du village alors qu'une file de civils s'étaient rassemblés" pour recevoir leurs allocations de retraite, a écrit sur Telegram le ministre de l'Intérieur, Igor Klymenko.

Au moins 24 personnes ont été tuées et 19 autres blessées, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Un précédent bilan faisait état d'au moins 20 morts.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a diffusé une vidéo montrant des corps jonchant le sol, près d'une camionnette très endommagée de la poste publique ukrainienne, Ukrpochta.

La poste utilise notamment ce type de véhicules pour distribuer les allocations de retraite dans des zones rurales.

Cette frappe, dont il a dénoncé la "brutalité", visait des "civils ordinaires", a souligné Volodymyr Zelensky.

"De telles frappes russes ne doivent pas être laissées sans une réponse appropriée", a-t-il dit, exhortant notamment l'Europe et les Etats-Unis à réagir.

L'attaque s'est produite dans le village de Iarova, situé à moins de dix kilomètres du front et qui comptait environ 1.800 habitants avant l'invasion russe de l'Ukraine à grande échelle déclenchée en février 2022.

La région de Donetsk forme avec celle, voisine, de Lougansk le Donbass, un bassin industriel limitrophe de la Russie et vu comme une priorité par le Kremlin.

Elle est l'une des quatre régions ukrainiennes dont Moscou revendique l'annexion, en plus de la péninsule de Crimée annexée en 2014.

Enquête pour crime de guerre 

Le parquet général ukrainien a annoncé avoir ouvert une enquête pour crime de guerre.

Au moins 13 corps, placés dans des sacs mortuaires noirs, ont été acheminés vers une morgue de la région de Donetsk, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.

A l'intérieur du bâtiment, des proches endeuillés tentent de se consoler, tandis que d'autres quittent le bâtiment en pleurs.

Une postière a été blessée et hospitalisée, a dit à l'AFP le directeur de la branche d'Ukrpochta dans la région de Donetsk, Maksym Soutkovy.

En Ukraine, la poste distribue les retraites à plus de deux millions de personnes.

Les postiers peuvent être chargés de procéder au paiement des retraites dans la campagne, y compris dans les zones près du front, où les services publics et les banques ont dû fermer face au danger.

La distribution peut être organisée par groupes dans une rue du village, par souci d'efficacité par rapport à un passage maison par maison.

L'arrivée du postier, qui n'est généralement pas quotidienne, est souvent très attendue par la population, selon des journalistes de l'AFP.

En plus de la distribution des retraites, des lettres et des colis, les employés de la poste vendent nourriture et produits de première nécessité dans ces localités où les magasins sont rares.

Attaques sur les zones civiles 

La région industrielle de Donetsk est la zone où les combats entre les forces russes et ukrainiennes sont les plus intenses.

Les troupes russes en tiennent à ce jour environ 79%, selon une analyse de l'AFP.

Le président Zelensky a affirmé fin août que "jusqu'à 100.000" soldats russes étaient concentrés près de Pokrovsk, une ville clé de la région de Donetsk, tandis que les initiatives internationales en faveur de la paix semblent dans l'impasse.

Depuis le début de l'invasion, les zones d'habitation ukrainiennes sont régulièrement bombardées.

Dans la nuit de samedi à dimanche, l'Ukraine a subi la plus grande attaque de drones et de missiles depuis le début de la guerre, qui a fait au moins cinq morts - dont une jeune femme et son bébé à Kiev - et a touché pour la première fois le siège du gouvernement.

L'attaque sur Iarova rappelle une frappe russe qui avait tué plus de cinquante personnes venues participer à une cérémonie funéraire dans le petit village de Groza, en octobre 2023.


Trump menace la Russie de nouvelles sanctions après l'attaque record contre l'Ukraine

L'Ukraine compte "sur une réponse forte de la part des Etats-Unis", a souligné sur les réseaux sociaux le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "De tels meurtres aujourd'hui, quand la diplomatie réelle aurait pu commencer il y a longtemps, sont un crime délibéré et une prolongation de la guerre", avait-il auparavant déclaré. (AFP)
L'Ukraine compte "sur une réponse forte de la part des Etats-Unis", a souligné sur les réseaux sociaux le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "De tels meurtres aujourd'hui, quand la diplomatie réelle aurait pu commencer il y a longtemps, sont un crime délibéré et une prolongation de la guerre", avait-il auparavant déclaré. (AFP)
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  • Interrogé à la Maison Blanche par un journaliste sur le fait de savoir s'il était prêt à lancer une nouvelle phase de sanctions contre la Russie, le président américain a répondu: "Oui, je le suis"
  • "Je ne suis pas content. Je ne suis pas content de la situation dans son ensemble", a par la suite insisté M. Trump auprès de journalistes qui l'interrogeaient sur l'attaque survenue dimanche matin

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump s'est déclaré prêt dimanche à imposer de nouvelles sanctions contre la Russie après une attaque aérienne d'une ampleur sans précédent contre l'Ukraine qui a touché pour la première fois le siège du gouvernement.

Interrogé à la Maison Blanche par un journaliste sur le fait de savoir s'il était prêt à lancer une nouvelle phase de sanctions contre la Russie, le président américain a répondu: "Oui, je le suis".

"Je ne suis pas content. Je ne suis pas content de la situation dans son ensemble", a par la suite insisté M. Trump auprès de journalistes qui l'interrogeaient sur l'attaque survenue dimanche matin, ajoutant: "Je ne suis pas ravi de ce qui se passe là-bas".

Dans la nuit de samedi à dimanche, la Russie a tiré 810 drones et 13 missiles sur l'Ukraine, selon l'armée de l'air ukrainienne. Il s'agit de l'attaque aérienne la plus importante depuis le début de la guerre en février 2022.

Plusieurs autres régions du pays ont été touchées. Au total, six personnes ont été tuées, dont trois à Kiev. Au moins deux autres personnes ont trouvé la mort dans des attaques locales séparées, selon les autorités.

L'attaque contre Kiev a endommagé pour la première fois le bâtiment où siège le gouvernement ukrainien, au coeur de la capitale.

L'armée russe, comme elle le fait généralement, a assuré n'avoir visé que "des sites du complexe militaro-industriel ukrainien et des infrastructures de transport".

Elle a affirmé avoir frappé des sites de production de drones et des aérodromes militaires dans l'est, le sud et le centre de l'Ukraine, ainsi que deux entreprises industrielles à la périphérie de Kiev.

"Crime délibéré" 

L'Ukraine compte "sur une réponse forte de la part des Etats-Unis", a souligné sur les réseaux sociaux le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "De tels meurtres aujourd'hui, quand la diplomatie réelle aurait pu commencer il y a longtemps, sont un crime délibéré et une prolongation de la guerre", avait-il auparavant déclaré.

La Première ministre ukrainienne, Ioulia Svyrydenko, a dit que "le monde doit répondre à cette destruction non seulement par des mots, mais par des actions."

"Nous devons renforcer la pression des sanctions, principalement contre le pétrole et le gaz russes", a-t-elle plaidé, réclamant également des "armes".

Dimanche, le ministre américain des Finances Scott Bessent a assuré que les Etats-Unis étaient "prêts à faire monter la pression" sur la Russie, appelant les Européens à faire de même.

Donald Trump a notamment menacé de s'en prendre aux pays qui achètent des hydrocarbures à la Russie afin de saper le financement de son effort de guerre, et a déjà frappé l'Inde de surtaxes douanières importantes pour ce motif.

Le président américain est "très mécontent" des achats de pétrole russe par des pays de l'UE, a par ailleurs affirmé Volodymyr Zelensky jeudi.

"Si les Etats-Unis et l'UE peuvent se mettre d'accord sur davantage de sanctions, sur des droits de douane sur les pays qui achètent le pétrole russe, l'économie russe va s'effondrer. Et cela va mener le président Poutine à la table des négociations", a insisté Scott Bessent dimanche.


En Tunisie, un millier de personnes accueillent la flottille partie de Barcelone vers Gaza

Plus d'un millier de personnes, parmi lesquelles l'eurodéputée Rima Hassan, ont accueilli dimanche à Tunis la flottille partie de Barcelone avec à son bord des militants et de l'aide humanitaire pour Gaza. (AFP)
Plus d'un millier de personnes, parmi lesquelles l'eurodéputée Rima Hassan, ont accueilli dimanche à Tunis la flottille partie de Barcelone avec à son bord des militants et de l'aide humanitaire pour Gaza. (AFP)
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  • La flottille dit avoir pour objectif  "d'ouvrir un corridor humanitaire et de mettre fin au génocide en cours du peuple palestinien"
  • A Sidi Bou Saïd, près de Tunis, plus d'un millier de personnes munies de drapeaux palestiniens, de banderoles de soutien à la flottille et de fumigènes se sont rassemblées pour accueillir les bateaux dans la ferveur

TUNIS: Plus d'un millier de personnes, parmi lesquelles l'eurodéputée Rima Hassan, ont accueilli dimanche à Tunis la flottille partie de Barcelone avec à son bord des militants et de l'aide humanitaire pour Gaza.

Plusieurs bateaux devaient quitter Tunis dimanche pour rejoindre la "Global Sumud Flotilla", mais leur départ a été reporté à mercredi pour des "raisons techniques et logistiques" selon les organisateurs.

La flottille dit avoir pour objectif  "d'ouvrir un corridor humanitaire et de mettre fin au génocide en cours du peuple palestinien".

A Sidi Bou Saïd, près de Tunis, plus d'un millier de personnes munies de drapeaux palestiniens, de banderoles de soutien à la flottille et de fumigènes se sont rassemblées pour accueillir les bateaux dans la ferveur.

Lors d'une conférence de presse sur la plage, Rima Hassan a insisté sur "le rôle que jouent aujourd'hui les peuples face à la lâcheté des Etats (...) qui empêchent toute solidarité envers le peuple palestinien".

"Quand nous étions sur le Madleen, on a été interceptés par plusieurs dizaines de militaires, et on s'est fait la promesse dès notre arrivée de renvoyer immédiatement un maximum de bateaux", a ajouté l'eurodéputée.

Le voilier Madleen, avec 12 militants à bord, avait été intercepté le 9 juin par les forces israéliennes à environ 185 kilomètres à l'ouest des côtes de Gaza.

"Nous savons tous pourquoi nous sommes ici. De l'autre côté de la mer, il y a un génocide en cours, une famine de masse provoquée par la machine à tuer d'Israël", a dénoncé la militante suédoise Greta Thunberg aux côtés de Rima Hassan, juste après son arrivée en bateau de Barcelone.

130 personnes de différents pays se sont inscrites pour monter à bord des bateaux de la flottille devant partir de Tunisie, ont déclaré les organisateurs à l'AFP.

Les Nations unies ont déclaré en août l'état de famine à Gaza, avertissant que 500.000 personnes se trouvent en situation "catastrophique".