En Albanie, les bunkers de la Guerre froide dévorés par la mer

Un château d'eau submergé sur la rive adriatique à Seman le 18 novembre 2021. Les rives du petit pays des Balkans sont parmi les plus touchées en Europe par l'érosion, selon les experts, qui blâment le changement climatique et l'urbanisation incontrôlée. (Gent Shkullaku / AFP)
Un château d'eau submergé sur la rive adriatique à Seman le 18 novembre 2021. Les rives du petit pays des Balkans sont parmi les plus touchées en Europe par l'érosion, selon les experts, qui blâment le changement climatique et l'urbanisation incontrôlée. (Gent Shkullaku / AFP)
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Publié le Dimanche 05 décembre 2021

En Albanie, les bunkers de la Guerre froide dévorés par la mer

  • Les rivages du petit pays des Balkans figurent parmi les plus touchés d'Europe par l'érosion due au changement climatique et à l'urbanisation sauvage
  • Sur les plages, des troncs d'arbres arrachés et des toits effondrés témoignent de l'impuissance face à l'avancée inexorable de la mer

SEMAN, Albanie: Les bunkers érigés par la dictature communiste sur les côtes albanaises étaient censés résister aux bombes atomiques. L'attaque ennemie n'est jamais venue mais ces monuments de la Guerre froide sont aujourd'hui dévorés par la mer.

Selon les scientifiques, les rivages du petit pays des Balkans figurent parmi les plus touchés d'Europe par l'érosion due au changement climatique et à l'urbanisation sauvage.

Sur les côtes de Seman, en Albanie centrale, les bunkers d'Enver Hoxha, défunt tyran qui s'était fâché avec l'Occident, l'ex-URSS, l'ex-Yougoslavie, la Chine et se préparait à être attaqué de toutes parts, sont sous l'eau.

Idem pour le poste de police, les terrains de sport, le puits de pétrole.

Sur les plages, des troncs d'arbres arrachés et des toits effondrés témoignent de l'impuissance face à l'avancée inexorable de la mer.

"Les bunkers étaient censés résister à tout mais ils ont échoué dans leur seule et unique bataille - contre la mer", dit Ilir Zani, 80 ans.

Selon les habitants, l'Adriatique a avancé ici de 800 mètres en trois décennies. Izmir Mernica, 47 ans, a peur de voir disparaître son petit bar qui fait vivre sa famille.

Il montre l'ancien château d'eau partiellement submergé. "Nous sommes inquiets, la mer est en train de tout engloutir. Regardez cette tour devant laquelle on garait jadis les voitures".

- «Deux mètres par an» -

En 2009, les autorités avaient tiré sur la plage sept bunkers submergés avec des chars T-59, après la mort de vacanciers noyés dans les tourbillons créés par le courant autour des structures. Las, la mer "les a pris à nouveau", poursuit Izmir, amer.

D'après des rapports des experts du changement climatique pour le programme de l'ONU pour le développement (PNUD), "plus d'un tiers" des 427 kilomètres de côtes sont "touchés par l’érosion, à un rythme d’un à deux mètres par an".

D'après Abdulla Diku, spécialiste de l'environnement, pour chaque hectare, environ 27 tonnes de terre partent à la mer chaque année, soit environ onze fois plus la moyenne des pays européens.

A Qerret, vers le nord, Vlash Moçi, 64 ans, a toujours son bunker, qui abritait autrefois des canons anti-aériens.

Il l'a transformé en bar qui attire les touristes étrangers curieux d'en savoir plus sur le règne paranoïaque d'Hoxha, qui avait fait construire plus de 170.000 bunkers et de nombreux tunnels souterrains anti-atomiques.

Mais il est angoissé. Le bunker voisin, structure vert pâle aux allures de soucoupe volante, a les pieds dans l'eau.

"Nous avons peur qu’un jour les grosses vagues nous avalent, c'est terrible", déclare-t-il.

Pour tenter de lutter, les propriétaires de villas et d'hôtels de Qerret ont construit illégalement des jetées de rochers perpendiculaires à la mer. Mais elles modifient les courants et empirent la situation, selon les spécialistes.

- Egoïsme -

"Il s’agit de solutions individuelles qui aggravent le problème et nuisent à la biodiversité et aux écosystèmes marins", avertit Mirela Kamberi, spécialiste pour le PNUD.

Tout se ligue pour favoriser la conquête de la mer. Il y a le changement climatique, avec l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes et l'élévation des températures et du niveau de la mer. Les experts prévoient en Albanie une augmentation du niveau des eaux de 40 à 105 cm d'ici 2100 par rapport aux années 1986-2005.

Il y a aussi la déforestation, l'extraction du sable des rivières qui en accélère le cours, l'urbanisme sauvage sur le littoral.

"Le problème, c'est que les gens ont coupé presque tous les sapins pour construire des immeubles, endommageant les systèmes de la nature", peste Besnik Zara, 66 ans, en lançant sa canne à pêche dans l'eau. "Ici, même les poissons ont disparu".

Sur la montagne de Shupal, près de Tirana, il est facile de constater les dégâts de l'érosion, la dégradation des terres et de l'eau des rivières qui finissent dans le lac de Bovilla.

Ce lac, qui alimente la capitale en eau potable, "est déjà considéré comme un point chaud de l'érosion", souligne Abdulla Diku.

Pour faire face, les autorités ont interdit en 2016 l'exploitation des ressources forestières et adopté les engagements des conférences de l'ONU sur le climat de Paris puis Glasgow.

Tirana vient aussi de renforcer la législation. "Le crime environnemental sera traité par le code pénal comme un crime contre la vie, la propriété ou en bande organisée", a averti le ministre de l'Intérieur Blendi Cuçi.

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.