Le Nagorny Karabakh déserté, manifestations à Erevan

Des réfugiés arméniens du Haut-Karabakh au centre de la ville de Goris le 30 septembre 2023 avant d'être évacués dans différentes villes arméniennes (Photo de Diego Herrera Carcedo / AFP).
Des réfugiés arméniens du Haut-Karabakh au centre de la ville de Goris le 30 septembre 2023 avant d'être évacués dans différentes villes arméniennes (Photo de Diego Herrera Carcedo / AFP).
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Publié le Samedi 30 septembre 2023

Le Nagorny Karabakh déserté, manifestations à Erevan

  • Dans la ville la plus proche de Goris, des centaines de réfugiés attendent qu'on leur propose un hébergement sur la place centrale, au milieu de leurs bagages
  • Bakou a accusé Erevan de le mort d'un soldat posté à la frontière entre les deux pays samedi, une allégation immédiatement démentie par l'Arménie

KORNIDZOR: La république séparatiste du Nagorny Karabakh est samedi presque entièrement désertée par ses habitants après la victoire éclair de Bakou, avec plus de 100 000 réfugiés ayant fui en Arménie par crainte de représailles de l'Azerbaïdjan.

Alors que leur accueil s'organise difficilement et que l'ONU est attendue dans l'enclave ce week-end, les opposants au Premier ministre Nikol Pachinian, accusé de passivité et lâché par Moscou, ont donné à nouveau de la voix dans la rue.

"100 437 personnes" sont maintenant "entrées en Arménie" depuis la capitulation du 20 septembre, selon Nazeli Baghdassarian, la porte-parole du Premier ministre, soit plus de 80% des 120 000 Arméniens qui vivaient officiellement dans l'enclave avant l'offensive azerbaïdjanaise.

"Il reste quelques centaines de fonctionnaires, d'urgentistes et de personnes ayant des besoins spéciaux, qui se préparent également à partir", a écrit sur X (ex-twitter) l'ancien médiateur des droits du Nagorny Karabakh, Artak Beglarian, précisant que ces informations ne sont "pas officielles".

Au point de passage de Kornidzor, un journaliste de l'AFP n'a vu arriver que quelques ambulances, les gardes-frontières indiquant prévoir encore les derniers bus transportant des civils.

Dans la ville la plus proche de Goris, des centaines de réfugiés attendent qu'on leur propose un hébergement sur la place centrale, au milieu de leurs bagages. Plus de 36 600 personnes ont utilisé les hébergements fournis par l'Etat selon le gouvernement.

Soldat azerbaïdjanais tué

L'ONU a annoncé avoir reçu le feu vert pour l'envoi ce week-end d'une mission dans le territoire afin d'évaluer principalement les besoins humanitaires.

Au total, près de 600 morts sont à déplorer dans le sillage de l'offensive militaire. Les combats eux-mêmes ont tué environ 200 soldats dans chaque camp.

Bakou a accusé Erevan de le mort d'un soldat posté à la frontière entre les deux pays samedi, une allégation immédiatement démentie par l'Arménie.

L'enclave a décrété jeudi la dissolution spectaculaire "de toutes les institutions gouvernementales (...) au 1er janvier 2024", une annonce historique signant la fin de l'existence de "la République du Nagorny Karabakh".

Ses habitants paniqués ont quitté leur foyer par peur de représailles en brûlant leurs effets personnels avant de s'engager dans la colonne des réfugiés de tous âges.

Peur des arrestations

Cette région à majorité chrétienne avait fait sécession de l'Azerbaïdjan à majorité musulmane à la désintégration de l'URSS. Elle s'est opposée pendant plus de trois décennies à Bakou, notamment lors de deux guerres entre 1988 et 1994 et à l'automne 2020.

Elle a été massivement militarisée et tous les hommes y ont eu l'expérience des combats.

Leur peur est nourrie, selon Erevan, par une série d'"arrestations illégales", bien que les autorités azerbaïdjanaises se soient engagées à permettre de partir aux rebelles qui rendraient leurs armes.

Plusieurs responsables de l'enclave ont été placés en détention, accusés de "terrorisme" et d'autres crimes, à l'image de l'ancien responsable des affaires étrangères David Babaïan, arrêté vendredi.

Environs 2 000 personnes ont défilé dans le centre de Erevan samedi en solidarité avec Rouben Vardanian, qui a dirigé le gouvernement séparatiste de l'enclave de novembre 2022 à février 2023 et a été arrêté mercredi alors qu'il tentait de rejoindre l'Arménie.

"J'espère que la communauté internationale ne fermera pas les yeux sur son sort", a déclaré à l'AFP l'une des manifestantes, Alina Dadaïan, 48 ans, institutrice.

Dans leur fuite sur l'unique route montagneuse reliant le territoire à l'Arménie, au moins 170 personnes ont par ailleurs péri dans l'explosion lundi d'un dépôt de carburant. L'accident a aussi fait 349 blessés, la plupart souffrant de graves brûlures.

Manifestation en Arménie

Le flux chaotique a ravivé les accusations d'un "nettoyage ethnique", Erevan ayant lancé un nouvel appel à la Cour internationale de justice (CIJ), réclamant des mesures urgentes pour protéger les habitants de l'enclave.

Et les opposants au Premier ministre Nikol Pachinian, jugé responsable de la débâcle, ont rassemblé 3 000 personnes en fin de journée devant son bureau à Erevan, après avoir mis en sourdine ces derniers jours leurs critiques pour accueillir les réfugiés.

Beaucoup portaient les drapeaux des séparatistes arméniens et du Nagorny Karabakh, brandissant des pancartes: "L'Artsakh (le Nagorny Karabakh) est notre terre", "Nikol, démissionne !" et "On a besoin d'une révolution".

"Nous avons perdu l'Artsakh, maintenant nous ne voulons pas perdre l'Arménie. Tant que Pachinian reste au pouvoir, la situation va empirer", a déclaré l'une des manifestantes, la linguiste Maria Asatrian, 38 ans, à l'AFP.

Erevan rejette la faute sur la Russie, son alliée traditionnelle censé garantir depuis 2020 le plein respect du cessez-le-feu et qui n'est pas intervenue.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.