Poutine à New Delhi, défense et énergie au menu avec Modi

Un accord décennal de coopération militaire et un contrat pétrolier ont été signés en marge de la rencontre de Vladimir Poutine avec le Premier ministre Narendra Modi. (Photo, AFP)
Un accord décennal de coopération militaire et un contrat pétrolier ont été signés en marge de la rencontre de Vladimir Poutine avec le Premier ministre Narendra Modi. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 07 décembre 2021

Poutine à New Delhi, défense et énergie au menu avec Modi

  • Dans son deuxième voyage à l'étranger depuis le début de la pandémie, Le président russe a loué en l'Inde une «grande puissance et un allié sûr» de Moscou
  • L'annonce de la livraison de systèmes russes de défense antiaérienne longue portée S-400 est très mal vue par les USA

Le président russe Vladimir Poutine a loué en l'Inde une "grande puissance" et un allié "sûr" de Moscou, au cours d'une visite centrée sur l'énergie et la défense, avec l'annonce de la livraison de batteries de missiles sophistiqués, très mal vue par Washington.

La Russie a commencé à fournir à l'Inde ces systèmes de défense antiaérienne longue portée S-400, a annoncé la diplomatie indienne.

Un accord décennal de coopération militaire et un contrat pétrolier ont par ailleurs été signés en marge de la rencontre de M. Poutine avec le Premier ministre Narendra Modi.

"Nous considérons l'Inde comme une grande puissance, une nation amie et un allié sûr", a déclaré le président russe aux journalistes avant la rencontre, qui visait à renforcer les liens avec un allié traditionnel, mais courtisé par Washington.

Les Etats-Unis, qui s'efforcent de parer la montée en puissance de la Chine, ont instauré le Quad, un dialogue sur les questions de sécurité avec l'Inde, le Japon et l'Australie, non sans éveiller des inquiétudes à Pékin et Moscou.

L'Inde fut proche de l'Union soviétique pendant la Guerre froide et ces relations qui perdurent aujourd'hui sont qualifiées par New Delhi de "partenariat stratégique spécial et privilégié".

Ce n'est que le deuxième voyage à l'étranger de Vladimir Poutine depuis le début de la pandémie provoquée par le coronavirus et le sommet en juin avec son homologue américain Joe Biden à Genève.

Cette visite en Inde est d'autant plus notable qu'il n'avait pas participé à d'importantes réunions telles que les sommets du G20 et de la COP26 et avait également reporté une visite prévue en Chine.

"C'est extrêmement symbolique", a estimé Nandan Unnikrishnan, du groupe de réflexion Observer Research Foundation, dont le siège est à New Delhi, "cela indique à quel point ils ne veulent pas que les relations stagnent ou ralentissent".

Cependant, M. Poutine est confronté à une dynamique régionale complexe, avec des tensions croissantes entre l'Inde et la Chine, depuis des affrontements meurtriers en 2020 entre ces deux puissances nucléaires sur la ligne de contrôle dans la région himalayenne.

"L'influence de la Russie dans la région est très limitée, principalement en raison de ses liens étroits avec la Chine et de son refus d'agir en désaccord avec les intérêts régionaux chinois", a expliqué à l'AFP le Dr Tatiana Beloussova, professeur de politique internationale à l'Université OP Jindal dans l'Haryana (nord de l'Inde).

Le géant russe de l'énergie Rosneft, dont le patron Igor Setchine était dans la délégation, a annoncé dans un communiqué qu'il allait livrer à l'Inde jusqu'à deux millions de tonnes de pétrole via le terminal de Novorossiïsk sur la mer Noire.

La Russie est par ailleurs depuis longtemps un pourvoyeur d'armes majeur pour l'Inde, en pleine modernisation de ses forces armées, dont l'un des derniers contrats signés en 2018 portait sur des systèmes de défense antiaérienne S-400 d'une valeur de plus de cinq milliards de dollars.

"Les livraisons ont commencé ce mois-ci et vont se poursuivre", a souligné lundi à ce propos le secrétaire indien aux Affaires étrangères Harsh Vardhan Shringla.

L'Inde a donc fait fi de la loi américaine Countering America's Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA) qui sanctionne les achats d'armements russes par tout pays ou toute entité.

"Nos amis indiens ont clairement expliqué qu'ils étaient un pays souverain et qu'ils décideraient à qui acheter des armes et qui sera partenaire de l'Inde", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov aux journalistes lundi.

Le département d'Etat américain a quant à lui dit la semaine dernière n'avoir pris aucune décision concernant l'Inde.

L'Inde prévoit aussi d'augmenter sa propre production d'armements, grâce notamment à une collaboration avec Kalachnikov pour la fabrication d'AK-203.

Ce groupe russe a annoncé lundi avoir conclu un accord en vue de la fourniture de plus de 600.000 fusils d'assaut, qui seraient fabriqués sur place.

"Nous sommes prêts à commencer la production (...) dans les mois qui viennent", a assuré le PDG de Kalachnikov Vladimir Lepine.

Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays se sont également entretenus, le Russe Sergueï Lavrov soulignant que "la Russie et l’Inde (…) promeuvent des positions identiques ou proches concernant les questions les plus importantes pour le monde et la sécurité".


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et intervention de la police sur le campus de la UCLA à Los Angeles

Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
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  • Manifestants et contre-manifestants se sont opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles
  • Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne

LOS ANGELES : Des affrontements ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi en marge d'un rassemblement étudiant dénonçant la guerre menée par Israël à Gaza à l'Université UCLA, à Los Angeles, dernier épisode d'un mouvement étudiant qui secoue les Etats-Unis.

Les heurts ont éclaté quand un important groupe de contre-manifestants, pour beaucoup masqués, a attaqué un campement pro-palestinien installé sur une pelouse de l'UCLA, selon un photographe de l'AFP sur place.

Les assaillants ont tenté d'enfoncer une barricade improvisée autour du campement, composée de barrières métalliques et de panneaux de contreplaqué. Manifestants et contre-manifestants se sont ensuite opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles.

«La violence en cours à l'UCLA est absolument abjecte et inexcusable», a fustigé la maire de Los Angeles, Karen Bass, ajoutant que la police de la ville était déployée sur le campus.

Cette dernière a indiqué avoir été appelée en renfort par la direction après «de nombreux actes de violence commis dans le campement à l'intérieur du campus».

Tôt mercredi, les policiers étaient toujours présents en grand nombre sur le site universitaire.

Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, intervenant manu militari sur le campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne.

Le campement de tentes installé sur la pelouse du site a été démantelé, a pu constater une journaliste de l'AFP dans la nuit de mardi à mercredi.

Environ 300 personnes ont été interpellées, a indiqué la police new-yorkaise.

Dans le sud-ouest du pays, la police de l'Université de l'Arizona a annoncé mercredi matin avoir utilisé du gaz lacrymogène pour disperser «un rassemblement illégal».

En Caroline du Nord, sur la côte est, la police est intervenue mardi pour évacuer un campement sur un campus de Chapel Hill, arrêtant plusieurs manifestants dans un face-à-face tendu.

- Accord -

Depuis deux semaines, les mobilisations de soutien à Gaza se multiplient à travers les campus américains, de la Californie aux grandes universités du nord-est, en passant par le sud et le centre du pays -- rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam.

Les étudiants appellent les établissements à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, et dénoncent le soutien de Washington à son allié israélien.

Se distinguant ainsi des autres institutions, l'université Brown dans l'Etat de Rhode Island a annoncé mardi avoir trouvé un accord avec les manifestants, prévoyant le démantèlement de leur campement en échange d'un vote de l'université en octobre sur d'éventuels «désinvestissements dans des +sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+».

A Columbia, les négociations entre direction et groupes étudiants n'avaient pas abouti. «Les événements de la nuit dernière sur le campus ne nous ont pas donné le choix», avait écrit la présidente de l'université, Minouche Shafik, dans une lettre rendue publique demandant à la police de New York d'intervenir sur le campus.

A Los Angeles, le président de l'UCLA Gene Block avait mis en garde avant les heurts de la nuit contre la présence de personnes extérieures à l'université.

Dimanche, des militants pro-palestiniens et pro-israéliens, soutenus par de nombreux manifestants extérieurs au campus, en étaient venus aux mains, avec des bousculades et des insultes.

«Beaucoup de manifestants et de contre-manifestants pratiquent leur militantisme de manière pacifique. Mais d'autres emploient des méthodes franchement choquantes et honteuses», avait écrit M. Block dans un message posté mardi sur le site de l'université.

«Ces incidents ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur», a-t-il ajouté.

- A 6 mois de la présidentielle -

Depuis le début du mouvement, des centaines de personnes - étudiants, enseignants et militants - ont été interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités du pays.

Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde et on fait vivement réagir le monde politique, à six mois de la présidentielle dans un pays polarisé.

Joe Biden «doit faire quelque chose» contre ces «agitateurs payés», a déclaré mardi soir sur Fox News le candidat républicain Donald Trump. «Il nous faut mettre fin à l'antisémitisme qui gangrène notre pays aujourd'hui», a-t-il ajouté.

«Occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche» et ne représente «pas un exemple de manifestation pacifique», avait tonné avant l'intervention de la police John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.


Royaume-Uni: Premiers migrants arrêtés avant leur expulsion vers le Rwanda, d'autres campent à Dublin

Des demandeurs d'asile dormant dans des tentes à Dublin affirment que la vie sous les bâches est meilleure et plus sûre que le risque d'être envoyé par le Royaume-Uni au Rwanda  (Photo, AFP).
Des demandeurs d'asile dormant dans des tentes à Dublin affirment que la vie sous les bâches est meilleure et plus sûre que le risque d'être envoyé par le Royaume-Uni au Rwanda (Photo, AFP).
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  • L'adoption d'une loi permettant l'expulsion des migrants vers le Rwanda a déclenché leur départ du Royaume-Uni
  • Une centaine de tentes ont poussé devant l'Office, depuis que le gouvernement irlandais a cessé il y a quelques mois de fournir un hébergement aux demandeurs d'asile

LONDRES: Les premiers migrants susceptibles d'être expulsés par le Royaume-Uni vers le Rwanda ont été arrêtés et placés en détention, a annoncé mercredi le ministère britannique de l'Intérieur, sans préciser le nombre de personnes concernées.

"Les premiers migrants en situation irrégulière devant être expulsés vers le Rwanda ont été placés en détention à la suite d'une série d'opérations menées cette semaine à l'échelle nationale", écrit le Home Office dans un communiqué.

Davantage d'arrestations "devraient être menées dans les semaines à venir", a-t-il ajouté.

"Cette action est un élément clé du plan visant à assurer des vols vers le Rwanda dans les neuf à onze semaines à venir", a poursuivi le ministère.

Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak a promis de mettre un terme aux traversées de la Manche par les migrants clandestins.

Le Parlement a adopté la semaine dernière une loi très controversée permettant d'expulser vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni.

Leur demande d'asile sera examinée dans ce pays d'Afrique de l'Est et ils ne pourront pas revenir au Royaume-Uni, quelle que soit l'issue de leur démarche.

Le gouvernement compte commencer les expulsions au début de l'été et espère qu'elles dissuaderont d'autres migrants de venir au Royaume-Uni.

Cette politique "montrera clairement que si vous venez ici illégalement, vous ne pouvez pas rester", redit le ministère de l'Intérieur dans son communiqué.

"Nos équipes (...) travaillent à un rythme soutenu pour arrêter rapidement les personnes qui n'ont pas le droit d'être ici, afin que nous puissions faire décoller les vols", a déclaré le ministre de l'Intérieur James Cleverly, cité dans le communiqué.


L'ONG HRW critique l'application mobile pour demander l'asile à la frontière mexicano-américaine

Des migrants de différentes nationalités demandant l'asile aux États-Unis voyagent à bord des wagons de marchandises du train mexicain connu sous le nom de « La Bête » alors qu'ils arrivent à la ville frontalière de Ciudad Juarez, dans l'État de Chihuahua, au Mexique, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Des migrants de différentes nationalités demandant l'asile aux États-Unis voyagent à bord des wagons de marchandises du train mexicain connu sous le nom de « La Bête » alors qu'ils arrivent à la ville frontalière de Ciudad Juarez, dans l'État de Chihuahua, au Mexique, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Depuis mai 2023, avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d'asile, sauf les mineurs isolés, sont censés obtenir un rendez-vous sur l'application téléphonique de la police américaine des frontières
  • Beaucoup des personnes interrogées ont fait état de nombreux problèmes pour utiliser l'application

WASHINGTON: L'obligation pour les demandeurs d'asile aux Etats-Unis d'obtenir un rendez-vous sur une application mobile avant de se présenter à la frontière avec le Mexique livre les migrants à la violence des cartels, déplore mercredi Human Rights Watch (HRW).

Depuis mai 2023, avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d'asile, sauf les mineurs isolés, sont censés obtenir un rendez-vous sur l'application téléphonique de la police américaine des frontières ou s'être vu refuser l'asile dans un des pays traversés. Autrement, leur demande est présumée illégitime et ils risquent une procédure d'expulsion accélérée, leur interdisant pendant cinq ans l'entrée aux Etats-Unis.

Cette réglementation fait suite à la levée par l'administration du président démocrate Joe Biden d'une mesure de son prédécesseur républicain Donald Trump qui verrouillait depuis trois ans l'accès au territoire américain.

"Mais un résultat pratique reste le même pour les demandeurs d'asile", affirme HRW dans un rapport publié mercredi : pendant de longues semaines, voire des mois, "ils sont forcés d'attendre dans le nord du Mexique, ainsi que dans beaucoup d'autres villes ailleurs au Mexique par lesquelles transitent les migrants".

Systématiquement visés 

Ils y sont "systématiquement visés par les cartels qui, parfois avec l'aide de responsables des autorités mexicaines, les enlèvent, les rackettent, les agressent sexuellement et les dévalisent", énumère l'ONG.

L'exigence de prise de rendez-vous sur l'application crée un "filtrage numérique", qui livre "aux cartels une population vulnérable", selon le rapport, établi à partir d'interviews avec 128 demandeurs d'asile, des employés de centres d'accueil, des responsables mexicains et des employés d'organisations humanitaires.

Bien que l'inscription pour un rendez-vous sur l'application ne soit en principe pas obligatoire, dans les faits, les demandeurs qui se présentent à la frontière sans l'avoir préalablement obtenue sont éconduits par les autorités frontalières mexicaines et américaines, indique HRW.

Beaucoup des personnes interrogées ont fait état de nombreux problèmes pour utiliser l'application, notamment matérielles, techniques, ou linguistiques. L'application n'est ainsi disponible qu'en anglais, en espagnol et en créole haïtien.

Ces pratiques "violent le principe juridique fondamental de non-refoulement" des demandeurs d'asile vers des pays où leur vie ou leur liberté serait en danger, souligne l'ONG.

Elle exhorte donc l'administration Biden à donner instruction à la police des frontières de traiter toutes les demandes d'asile, indépendamment de la façon ou du lieu de dépôt, ainsi que de l'obtention d'un rendez-vous via l'application "CBP One" de la police des frontières.

Human Rights Watch lui suggère en outre d'en améliorer l'accessibilité et la facilité d'utilisation, y compris par l'ajout d'autres langues, comme l'arabe, le français, le russe, le chinois, le portugais, et de langages amérindiens.