Les Afghans «ordinaires» du photographe américain Steve McCurry à Paris

Le photographe et photojournaliste américain Steve McCurry prend une photo avec son smartphone alors qu'il pose lors d'une séance photo à Paris, le 7 décembre 2021. (AFP)
Le photographe et photojournaliste américain Steve McCurry prend une photo avec son smartphone alors qu'il pose lors d'une séance photo à Paris, le 7 décembre 2021. (AFP)
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Publié le Mercredi 08 décembre 2021

Les Afghans «ordinaires» du photographe américain Steve McCurry à Paris

  • Près de 40 ans ont passé depuis le cliché iconique de Sharbat Gula à 12 ans, devenue l'emblème des réfugiés afghans et du monde, qu'il avait photographiée en 1984 dans un camp au Pakistan
  • « C'est une question de vie et de mort et nous devons agir et aider ces gens », insiste le photographe

PARIS: Son portrait de la petite Afghane aux yeux verts a fait le tour du monde. "Nous devons agir et aider" son peuple, dit à l'AFP Steve McCurry, photographe américain consacré par une grande rétrospective au musée Maillol à Paris.

Près de 40 ans ont passé depuis le cliché iconique de Sharbat Gula à 12 ans, devenue l'emblème des réfugiés afghans et du monde, qu'il avait photographiée en 1984 dans un camp au Pakistan. 

Le photographe américain Steve McCurry pose à côté de ses photos de la "Afghan Girl" nommée Sharbat Gula lors de l'ouverture de l'exposition "Overwhelmed by Life" de son travail au Museum for Art and Trade de Hambourg, dans le nord de l'Allemagne, le 27 juin 2013
Le photographe américain Steve McCurry pose à côté de ses photos de la "Afghan Girl" nommée Sharbat Gula lors de l'ouverture de l'exposition "Overwhelmed by Life" de son travail au Museum for Art and Trade de Hambourg, dans le nord de l'Allemagne, le 27 juin 2013.

"Ca devient insoutenable!", lance le photographe avant d'arriver au musée dans un taxi, en parlant des horreurs de la guerre et du quotidien des civils afghans. 

"Vous avez vu, on vient de me l'envoyer de Kaboul: rein à vendre!", annonce écrite sur un panneau en bois, "photographiée et traduite par un ami". 

"Quand ce cauchemar va-t-il finir? Je voudrais vraiment les appeler (les grandes organisations mondiales et les gouvernements, ndlr) à faire preuve d'humanité et de compassion pour les Afghans ordinaires et à laisser les Talibans de côté", dit le photographe au regard clair et vif, âgé de 71 ans, debout devant le célèbre portrait. 

Sharbat Gula aux yeux verts et au foulard rouge est exposée aux côtés d'un autre portrait d'elle à 30 ans, foulard violet, usée et comme résignée. Il l'avait retrouvée après de longues recherches en 2002.

"La vie de Sharbat a été très difficile dès le départ, elle a dû fuir son village, son pays très jeune et vivre réfugiée au Pakistan. Elle a été expulsée, emprisonnée, avant de retourner en Afghanistan. Elle a perdu son mari, sa fille, sa vie a été extrêmement dure comme pour des millions d'Afghans, dont beaucoup ont été tués ou ont dû se battre pour survivre".

La réfugiée afghane Sharbat Gula, 45 ans, regarde sa rencontre avec le président afghan Ashraf Ghani au palais présidentiel de Kaboul le 9 novembre 2016
La réfugiée afghane Sharbat Gula, 45 ans, regarde sa rencontre avec le président afghan Ashraf Ghani au palais présidentiel de Kaboul le 9 novembre 2016.

"C'est une question de vie et de mort et nous devons agir et aider ces gens", insiste le photographe qui explique avoir apporté de l'aide pendant des années en Afghanistan lorsque c'était possible et créé "une sorte de programme destiné aux jeunes femmes pour apprendre la photo". 

Sharbat Gula a été évacuée vers l'Italie fin novembre après la prise de Kaboul par les talibans.

 Journalistes cibles 

Avant l'invasion soviétique de l'Afghanistan en 1979, Steve McCurry, alors âgé d'une vingtaine d'années, avait traversé la frontière entre le Pakistan et ce pays dissimulé dans une tenue traditionnelle pachtoune. Il sera l'un des premiers à témoigner de ce conflit, grâce à des pellicules cousues dans son vêtement pour ressortir du territoire afghan, ce qui lancera sa carrière en tant que photojournaliste de guerre. Il a intégré la célèbre agence de presse photographique Magnum en 1986 et a été primé internationalement à de nombreuses reprises.

"C'était dangereux mais Depardon (le photographe français Raymond Depardon, ndlr) l'avait fait, alors ça devenait possible", poursuit-il en traversant les salles du musée où sont exposées en grand format, à partir de jeudi et jusqu'au 29 mai, 150 de ses photos les plus célèbres. 

Cette rétrospective inédite propose un voyage dans son oeuvre, de l’Afghanistan à l’Inde, de l’Asie du Sud-Est à l’Afrique, de Cuba aux États-Unis, du Brésil à l’Italie, où l’humain est toujours le protagoniste même s'il n'est qu'évoqué.

"Je pense qu'aujourd'hui les journalistes sont une cible, ils sont beaucoup plus exposés; les enlèvements, les décapitations, ce genre de choses sont courantes, ce qui n'était pas le cas avant", dit-il. 

 Covid 

La crise du covid a mis un coup d'arrêt à son travail mais son inspiration, ancrée dans sa "curiosité" et son "envie insatiable de découvrir le monde", lui a permis d'aller "dans un monde intérieur", plus intime, en photographiant sa femme, issue de la tribu amérindienne des Hopi d'Arizona, sa fille, son voisinage.

S'il regrette le manque d'accès à "nombre de régions du monde" désormais, une chose est sûre, dit-il: "nous sommes tous fondamentalement les mêmes, nous partageons la même planète et devons aller les uns vers les autres, nous n'avons pas d'autre option".


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com