PESHAWAR: Le Pakistan a libéré de prison une centaine de militants du mouvement taliban pakistanais, qui pour sa part a accepté de prolonger une trêve en cours depuis le début novembre, a-t-on appris jeudi auprès des deux parties.
Groupe distinct des talibans afghans, mais mû par la même idéologie et une longue histoire commune, le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) a mené d'innombrables attentats qui ont ensanglanté le Pakistan entre sa création, en 2007, et 2014.
Affaibli ensuite par d'intenses opérations de l'armée, il a dû se replier de l'autre côté de la frontière, dans l'est afghan, et réduire ses attaques sur le sol pakistanais.
Mais il est revenu en force depuis plus d'un an, et plus encore après le retour au pouvoir des talibans afghans en août, forçant Islamabad à ouvrir des négociations pour la première fois depuis 2014.
« Jusqu'à 100 combattants talibans ont été relâchés ces 10 ou 15 derniers jours. Ce sont des combattants de second plan et ils resteront sous observation », a indiqué un responsable gouvernemental basé à Peshawar, la grande ville du nord-ouest du Pakistan, proche des zones tribales frontalières de l'Afghanistan où le TTP est actif.
Un responsable sécuritaire local a confirmé que ces militants avaient été libérés de prisons situées dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, dont Peshawar est la capitale, et affirmé qu'ils ne seraient pas renvoyés en Afghanistan.
Un commandant du TTP basé dans l'est de l'Afghanistan a expliqué à l'AFP que ces remises en liberté avaient pour objectif de renforcer la confiance entre les deux camps et que le TTP avait ainsi accepté de prolonger un cessez-le-feu d'un mois devant prendre fin le 9 décembre.
« La direction du TTP a montré son intention de prolonger le cessez-le-feu pour une période illimitée » et les « discussions avec les officiels pakistanais continueront », a déclaré ce commandant.
Ces négociations de paix sont parrainées par les talibans afghans.
Né dans les zones tribales, le TTP a tué en moins d'une décennie des dizaines de milliers de civils pakistanais et membres des forces de sécurité.
Une opération militaire lancée par l'armée pakistanaise en 2014 a permis de chasser des zones tribales le TTP, déjà amoindri par les tirs de drones américains, les divisions internes et les ralliements au groupe Etat islamique.
Mais, sous une nouvelle direction, le TTP s'est redressé à partir de l'été 2020 en ralliant à lui une dizaine de factions dissidentes.
Il a revendiqué 93 attaques au Pakistan en août, septembre et octobre 2021, quand il n'en avait mené qu'une cinquantaine sur toute l'année 2019.