Le Premier ministre britannique Boris Johnson sur la corde raide

Le Premier ministre britannique Boris Johnson tient une conférence de presse pour la dernière mise à jour de Covid-19 dans la salle de briefing de Downing Street dans le centre de Londres le 8 décembre 2021. (AFP)
Le Premier ministre britannique Boris Johnson tient une conférence de presse pour la dernière mise à jour de Covid-19 dans la salle de briefing de Downing Street dans le centre de Londres le 8 décembre 2021. (AFP)
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Publié le Vendredi 10 décembre 2021

Le Premier ministre britannique Boris Johnson sur la corde raide

  • Le nouveau tour de vis passe mal auprès de dizaines de députés de la majorité conservatrice, inquiets de son impact économique et déjà échaudés par de précédents scandales impliquant le gouvernement
  • Depuis plusieurs jours, les révélations s'accumulent dans les journaux sur plusieurs fêtes qui auraient été organisées au cœur du pouvoir

LONDRES : Le Premier ministre britannique Boris Johnson était sur la corde raide jeudi, ridiculisé par la presse et vilipendé dans son propre camp pour l'instauration de nouvelles restrictions anti-Covid, au moment où son gouvernement est accusé de ne pas les avoir toujours respectées.

Depuis plusieurs jours, les révélations s'accumulent dans les journaux sur plusieurs fêtes qui auraient été organisées au cœur du pouvoir en novembre et décembre 2020, dans un Royaume-Uni bouclé en raison du coronavirus, où presque 146.000 personnes en sont mortes.

De supposées réjouissances arrosées qui auraient rassemblé une quarantaine de personnes à Downing Street le 18 décembre indignent d'autant plus l'opinion que les Britanniques étaient alors privés de retrouvailles familiales pour Noël. 

Quelques heures après s'être excusé pour la diffusion d'une vidéo dans laquelle une conseillère plaisantait sur cette fête, Boris Johnson a annoncé mercredi un durcissement des restrictions face au variant Omicron, dont la progression exponentielle pourrait faire vaciller le service public de santé. 

Les Britanniques vont devoir retourner au télétravail, montrer un passeport sanitaire dans des lieux de grand rassemblement comme les stades et les discothèques et porter un masque dans la plupart des lieux fermés, sauf les pubs et restaurants. 

Dans le même temps, alimentant la confusion avant les fêtes, Boris Johnson a estimé "OK" de maintenir les "Christmas parties", tradition très britannique, à condition de faire montre de prudence. 

Crédibilité en doute 

Le nouveau tour de vis passe mal auprès de dizaines de députés de la majorité conservatrice, inquiets de son impact économique et déjà échaudés par de précédents scandales impliquant le gouvernement, en matière de lobbying notamment. 

Certains de ces élus estiment aussi que le mauvais exemple donné par le pouvoir risque de mettre à mal le respect des restrictions par la population. 

"Pourquoi les personnes à la maison écoutant le Premier ministre et le ministre (de la Santé) devraient-elles faire des choses que les gens travaillant au 10, Downing Street ne sont pas disposés à faire?", s'est interrogé le député Mark Harper, pour qui "la crédibilité" du gouvernement en a "pris un coup". 

Les restrictions sont aussi tournées en ridicule dans la presse britannique, qui accuse le gouvernement d'hypocrisie. 

"Une règle pour eux, de nouvelles règles pour le reste d'entre nous", titrait jeudi le Daily Mail. Un autre tabloïd, The Sun, représente Boris Johnson comme le "Grinch": "Une règle pour eux. Faites comme vous voulez jusqu'à ce que vous vous fassiez prendre". 

"N'allez pas au travail, mais allez à des fêtes", ironisait le Daily Telegraph. Le quotidien de droite, proche du pouvoir et dont Boris Johnson a été un éditorialiste vedette, va même jusqu'à se demander si c'est "le début de la fin" pour le dirigeant conservateur.

"Il y a une intense odeur nauséabonde de fin de régime émanant de Downing Street que l'on ne peut plus ignorer. Pourquoi tous les gouvernements finissent-ils par prendre leurs électeurs pour des idiots?", écrit-il. 

Alors que certains députés d'opposition ont réclamé sa démission, Boris Johnson a annoncé une enquête interne et promis des "conséquences" pour ceux qui n'auraient pas respecté les règles, affirmant avoir été assuré "à plusieurs reprises" qu'il n'y avait pas eu de fête. 

Il s'est défendu d'avoir accéléré l'annonce des nouvelles restrictions afin de détourner l'attention. 

Cette nouvelle affaire est calamiteuse pour le dirigeant, déjà affaibli dans les sondages, avec une majorité favorable à sa démission. 

Jusqu'ici, de précédents scandales l'avaient seulement fait tanguer. Comme quand son gouvernement a été fustigé pour ses liaisons dangereuses avec les milieux d'affaires ou quand son ancien ministre de la Santé Matt Hancock avait dû démissionner en juin pour une liaison avec une conseillère, étalée dans tous les médias, en dépit des règles anti-Covid. 

Tuile supplémentaire, Boris Johnson a été rappelé à l'ordre jeudi par la Commission électorale, régulateur des comptes des partis politiques, pour la coûteuse rénovation de son logement de fonction, financée par un don privé dont le Parti conservateur n'avait pas déclaré le montant total. 

Seule note positive, le dirigeant et sa femme ont annoncé jeudi la naissance d'une petite fille, leur deuxième enfant et le septième pour lui. 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.