Quel risque pour l’économie mondiale face au défaut d’Evergrande ?

Cette photo d'archive prise le 17 septembre 2021 montre une femme passant devant un complexe immobilier du promoteur immobilier chinois Evergrande à Guangzhou, dans la province du Guangdong, dans le sud de la Chine. (Noël Celis / AFP)
Cette photo d'archive prise le 17 septembre 2021 montre une femme passant devant un complexe immobilier du promoteur immobilier chinois Evergrande à Guangzhou, dans la province du Guangdong, dans le sud de la Chine. (Noël Celis / AFP)
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Publié le Vendredi 10 décembre 2021

Quel risque pour l’économie mondiale face au défaut d’Evergrande ?

  • La Banque centrale américaine (Fed) s'est inquiétée du fait que les déboires d'Evergrande puissent poser des risques pour l'économie mondiale
  • Un certain nombre de mesures d'apaisement prises par les autorités chinoises depuis l'automne ont selon elle déjà eu un effet positif sur les ventes de logements réalisées

PARIS : Onde de choc ou courant d'air sur l'économie mondiale? Le défaut du géant chinois de l'immobilier Evergrande interroge sur ses conséquences pour la santé économique internationale, déjà soumise à de nombreuses incertitudes.

- La Chine ralentit déjà

Locomotive de la croissance mondiale, la Chine a déjà vu son moteur se gripper depuis plusieurs mois, poussant l'OCDE à abaisser début décembre ses prévisions de croissance dans le pays cette année et l'an prochain, à 8,1% et 5,1%, dans le sillage du FMI en octobre.

Davantage que les difficultés rencontrées dans son secteur immobilier qui représente environ un quart de son PIB, c'est en raison de l'impact de la pandémie sur l'économie et les actuelles difficultés d'approvisionnement que Pékin connaît ce coup de mou.

S'agissant de la pierre, "les événements récents ont mis en évidence les risques persistants sur le marché immobilier chinois, avec de potentiels effets importants entre secteurs et au-delà des frontières", s'est inquiété début décembre l'OCDE, remarquant "l'affaiblissement de l'investissement immobilier, un important moteur de croissance".

Il faut dire que certains chiffres liés à Evergrande donnent le vertige: son ardoise de 260 milliards d'euros, ses 200.000 employés (3,8 millions en comptant les emplois indirects), le défaut sur des emprunts totalisant 1,2 milliard de dollars officialisé jeudi par l'agence de notation Fitch...

- Le risque de contagion est encore mesuré

Dans son rapport sur la stabilité financière publié en novembre, la Banque centrale américaine (Fed) s'est inquiétée du fait que les déboires d'Evergrande puissent poser des risques pour l'économie mondiale, déjà soumise au spectre du ralentissement après une forte reprise cette année, sur fond de reprise épidémique et d'inflation élevée.

Mais pour l'heure, l'économie mondiale semble épargnée par un effet de contagion et une crise d'envergure. 

"Le ralentissement de l'immobilier en Chine sera important mais contenu, en raison du faible stock de logements invendus, de la possibilité d'assouplir les politiques publiques, de l'urbanisation et de la croissance significative des revenus", estime le cabinet Oxford Economics dans des prévisions économiques de novembre.

Le cabinet a toutefois établi deux scénarios de crise, l'un où la croissance mondiale se verrait amputée de 0,7% à l'horizon de fin d'année prochaine si les déboires immobiliers chinois devaient ressembler à ceux de la période 2014-2015 dans le pays, et l'autre où le PIB mondial chuterait de 1,6 point fin 2022 si ce trou d'air ressemblait à la crise immobilière américaine ou espagnole des années 2000.

L'un des enjeux importants de la crise actuelle est l'engagement des autorités chinoises, et les récentes prises de positions ont apaisé les craintes d'incendie. Lundi la banque centrale a abaissé le taux de réserve obligatoire des banques, et le même jour le bureau politique du Parti communiste chinois (PCC) a affirmé son soutien au secteur immobilier.

"La pression concernant un ralentissement chinois est très grande, il ne serait pas rationnel d'adopter des contraintes trop fortes de désendettement" sur les acteurs de l'immobilier, souligne Xiaodong Bao, gérant de portefeuille pour Edmont de Rothschild AM, en référence aux fortes contraintes réglementaires imposées par Pékin depuis l'an dernier pour assainir ce secteur.

Économiste spécialiste de l'Asie-Pacifique pour le cabinet Euler Hermes, Françoise Huang anticipe qu'"on risque de continuer à avoir des défauts mais leur impact devrait être contenu pour que le ralentissement économique chinois ne soit pas excessivement inquiétant pour le reste du monde".

Un certain nombre de mesures d'apaisement prises par les autorités chinoises depuis l'automne ont selon elle déjà eu un effet positif sur les prêts accordés par les banques et les ventes de logements réalisées, ainsi que sur les niveaux de taux d'intérêts, apportant "un coussin au choc économique" actuel.

Les marchés financiers mondiaux sont restés de leur côté relativement épargnés après l'annonce officielle du défaut de paiement d'Evergrande par Fitch, et ont été assez peu ébranlés depuis les débuts des déboires d'Evergrande, en dehors d'une volatilité accrue sur certains secteurs.

Les taux d'intérêt sur la dette chinoise jugée à risque ("high yield") ont toutefois connu un certain emballement ces dernières semaines et ont encore progressé jeudi.


Évolution du financement des banques saoudiennes face à la hausse de la demande de prêts hypothécaires, selon S&P Global

Le financement hypothécaire représentait 23,5 % du total des crédits alloués par les banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019. (AFP)
Le financement hypothécaire représentait 23,5 % du total des crédits alloués par les banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019. (AFP)
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  • l'agence de notation a déclaré que les profils de financement des institutions financières du Royaume devraient subir des changements, principalement en raison d'une initiative soutenue par l'État pour stimuler l'accession à la propriété
  • Les besoins de financement continus de l'initiative économique Vision 2030 et la croissance relativement faible des dépôts, sont susceptibles d'inciter les banques à rechercher d'autres sources de financement

RIYAD : Les banques saoudiennes devraient poursuivre des stratégies alternatives de financement pour faire face à l'expansion rapide des prêts, alimentée par la demande de nouveaux prêts hypothécaires, selon S&P Global.

Dans son dernier rapport, l'agence de notation a déclaré que les profils de financement des institutions financières du Royaume devraient subir des changements, principalement en raison d'une initiative soutenue par l'État pour stimuler l'accession à la propriété.

Selon l'analyse, le financement hypothécaire représentera 23,5 % de l'allocation totale de crédit des banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019.

« Les besoins de financement continus de l'initiative économique Vision 2030 et la croissance relativement faible des dépôts, sont susceptibles d'inciter les banques à rechercher d'autres sources de financement, y compris l’externe », a déclaré S&P Global. 

Le rapport prévoit également que cette recherche de financement externe pourrait potentiellement avoir un impact sur la qualité de crédit du secteur bancaire saoudien.

Selon l'agence de notation basée aux États-Unis, la croissance des prêts parmi les banques saoudiennes a dépassé celle des dépôts, avec un ratio prêts/dépôts supérieur à 100 % en 2022, contre 86 % à la fin de 2019.

S&P Global s'attend à ce que cette tendance persiste, en particulier avec les prêts aux entreprises jouant un rôle plus important dans la croissance au cours des prochaines années. « Nous considérons que les banques saoudiennes se tourneront probablement vers des stratégies de financement alternatives pour soutenir cette expansion », indique le rapport. 


Espagne: la maison mère de Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier se lance en Bourse

 Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
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  • Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur
  • C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig

MADRID: Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe.

Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur comme Estée Lauder, Hermès, Kering et LVMH.

C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig, en assurant viser une "approche de long terme".

Fondé en 1914 à Barcelone par l'entrepreneur Antonio Puig Castellò, le groupe de parfums et cosmétiques espagnol s'est fait une place ces dernières années parmi les géants du luxe et de la mode, en multipliant les acquisitions de marques de prestige.

La maison catalane contrôle ainsi les griffes Paco Rabanne, Nina Ricci, Charlotte Tilbury, Carolina Herrera, Dries Van Noten et Jean Paul Gaultier. Il a également noué des contrats de licence avec Prada, Christian Louboutin et Comme des Garçons.

Contrôle familial

L'introduction en Bourse de Puig se fera vendredi au prix de 24,50 euros par action. Elle est présentée par les analystes comme le plus gros lancement boursier de l'année en Espagne et comme l'un des principaux en Europe.

Le montant fixé pour l'action Puig valorise le groupe barcelonais à près de 14 milliards d'euros. Cela lui permettra d'intégrer directement l'Ibex 35, indice vedette regroupant les 35 plus grosses entreprises espagnoles.

Cette opération d'envergure se déclinera en deux phases: une émission de nouvelles actions, devant rapporter 1,25 milliard d'euros, et la vente de parts détenues par Exea, la holding de la famille Puig, pour près de 1,36 milliard d'euros.

Cette double opération pourrait être complétée par une vente de titres réservée à certains investisseurs pour un total de 390 millions d'euros, selon le groupe. De quoi lever au total quelque 3 milliards d'euros.

Malgré cette opération, la famille Puig assure qu'elle restera l'actionnaire majoritaire de l'entreprise avec 71,7% des parts. Elle conservera, en outre, une très large majorité des droits de vote (92,5%) au sein de son conseil d'administration.

« Muscle financier »

L'introduction en Bourse du groupe catalan avait été officialisée le 8 avril, après avoir été évoquée pour la première fois le 20 octobre par Marc Puig en personne dans un entretien au quotidien économique Financial Times.

Le PDG de 62 ans avait alors estimé qu'elle permettrait d'imposer une "discipline" de marché à l'entreprise et d'éviter les possibles "difficultés" auxquelles les sociétés familiales sont confrontées lors du passage de témoin entre générations.

Il arrive, en effet, "que les entreprises familiales perdent leur position sur le marché. Elles peuvent commencer à mourir lentement et personne au sein de l'entreprise n'en est conscient", avait insisté le petit-fils d'Antonio Puig, à la tête du groupe depuis 2004.

Selon Javier Cabrera, analyste chez XTB, ce lancement boursier devrait permettre à la maison de beauté catalane d'acquérir du "muscle financier", en profitant de la "bonne dynamique boursière du secteur".

De fait, le contexte est actuellement porteur pour le luxe, dont les poids lourds ont enregistré des niveaux de ventes record en 2023, malgré un léger ralentissement après deux années de croissance à deux chiffres.

Puig a, pour sa part, réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros et dégagé un bénéfice net de 465 millions d'euros, en hausse de 16% sur un an. Et cette dynamique pourrait s'accélérer.

Les acquisitions réalisées ces dernières années permettent "une forte croissance" et une "diversification des revenus" du groupe, observe Javier Cabrera, qui insiste sur ses bons résultats en Chine, marché devenu incontournable pour le secteur du luxe.


Liban: l'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour soutenir l'économie

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
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  • Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés
  • Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens

BEYROUTH: La cheffe de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban et appelé ce pays à bien coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Les fonds seront "disponibles à partir de cette année jusqu’en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen, ajoutant "compter sur une bonne coopération" des autorités libanaises dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus grand ratio par habitant au monde.

Le petit pays méditerranéen, frontalier de la Syrie, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale de les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau à la recherche d'une vie meilleure en Europe se dirigent souvent vers Chypre qui affirme être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'UE.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre libanais Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme. von der Leyen et du président chypriote Nikos Christodoulides.

Augmentation des ressortissants syriens à Chypre 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE, (...) d’aider les personnes déplacées dans leur pays (d'origine et non au Liban), pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi.

De son côté, Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Chypre avait conclu il y a des années avec le Liban un accord pour le retour de migrants en situation irrégulière.

Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés et de la manière de contrôler le flux migratoire vers son pays.