Kenya: les prêts en ligne virent à l'humiliation publique

Un homme montre sur son smartphone les différents types de services de prêt mobile affichés sur son écran, le 9 décembre, à Nairobi. (Simon Maina / AFP)
Un homme montre sur son smartphone les différents types de services de prêt mobile affichés sur son écran, le 9 décembre, à Nairobi. (Simon Maina / AFP)
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Publié le Dimanche 12 décembre 2021

Kenya: les prêts en ligne virent à l'humiliation publique

  • Dans ce pays d'Afrique de l'Est où seulement 41% de la population a accès à un compte bancaire, les prêts numériques ont connu un grand succès
  • Un homme qui ne pouvait payer ses dettes s'est suicidé en novembre 2019, après qu'un prêteur a appelé sa mère, sa grand-mère et sa tante

NAIROBI, Kenya : Quelques clics, aucune garantie exigée: il n'a fallu que quelques secondes à Ambrose Kilonzo, agent de sécurité kényan, pour obtenir un prêt sur une application mobile. Mais quand il n'a pas pu rembourser, ses bailleurs ont contacté son patron, menaçant son emploi.

Cette situation n'est pas rare au Kenya, où l'essor des prêts numériques a vu des milliers de personnes s'endetter à des taux d'intérêt élevés.

Ces applications offrent de l'argent rapidement et discrètement aux personnes qui n'ont pas de compte en banque. Mais le non-remboursement vire souvent à l'humiliation publique: les agents de recouvrement appellent amis, famille et même employeurs de l'emprunteur pour le forcer à payer.

Ambrose Kilonzo, qui gagne 23.000 shillings kényans par mois (178 euros environ), ne s'attendait pas à voir son emploi menacé pour un prêt de moins de 30 dollars.

"C'était comme un petit extra", raconte cet homme de 38 ans: "La façon dont c'était présenté, c'était si facile d'obtenir de l'argent. Ce n'était pas quelque chose d'important."

Dans ce pays d'Afrique de l'Est où seulement 41% de la population a accès à un compte bancaire, selon les données de 2019 de la Banque centrale du Kenya et de l'organisation financière à but non-lucratif FSD Kenya, les prêts numériques ont connu un grand succès.

Le pays ne comptait que cinq prêteurs numériques en 2015. Il en recense aujourd'hui plus de cent, dont les sociétés Tala, Okash et Opesa, dont les prêts atteignent au total jusqu'à 60 millions de dollars par mois.

- Données privées -

Mais ces applications sont de plus en plus surveillées pour certaines pratiques prédatrices, comme les taux d'intérêt atteignant jusqu'à 400%.

Elles sont aussi connues pour utiliser les données des téléphones de leurs emprunteurs pour humilier ceux qui ne remboursent pas.

Quand Patricia Kamene a pris du retard sur ses paiements, ses amis ont essuyé un déluge d'appels d'un agent de recouvrement.

Désespérément en besoin d'argent après avoir perdu son emploi dans un supermarché durant la pandémie de coronavirus, cette mère célibataire de 24 ans n'avait pas lu les mentions en petits caractères dans le contrat.

Comme la plupart des utilisateurs, elle ignorait qu'elle avait donné son consentement pour que les développeurs accèdent à son répertoire téléphonique, son journal d'appels et de SMS, sa liste d'amis Facebook...

"Quand vous avez faim, que vous n'avez rien et que ces applications vous donnent de l'argent, vous le prenez sans lire les conditions", explique-t-elle à l'AFP.

Un homme qui ne pouvait payer ses dettes s'est suicidé en novembre 2019, après qu'un prêteur a appelé sa mère, sa grand-mère et sa tante. Sa femme a raconté qu'il n'avait pas supporté l'humiliation.

- «Prêteurs voyous» -

Le directeur de la fédération des prêteurs numériques du Kenya (DLAK), Kevin Mutiso, assure que de telles pratiques se limitent à quelques "prêteurs voyous".

"Notre secteur a grandi très vite", déclare-t-il à l'AFP, soulignant que l'explosion de la demande avait contraint beaucoup de ces organismes de prêt à sous-traiter le recouvrement de créances à des tiers, au comportement parfois irresponsable.

"La DLAK a un code de conduite stipulant qu'aucun de nos membres ne doit humilier ses clients avec ses dettes", explique-t-il, ajoutant avoir mené une campagne contre les prêteurs malhonnêtes et offert une indemnisation aux victimes de harcèlement.

Le gouvernement a adopté mardi une nouvelle loi permettant à la banque centrale de surveiller tous les prêteurs, laissant ouverte la possibilité d'un plafonnement des taux d'intérêt proposés par les applications.

Le gouverneur de la banque centrale Patrick Njoroge avait mis en garde en juillet le Parlement sur la frénésie de crédit et les risques posés à l'ensemble de l'économie.

"Il y a un certain chaos dans les schémas d'emprunt et de prêt, où les gens vont parfois s'adresser à trois ou quatre prêteurs, emprunter à l'un pour rembourser l'autre. Et quand ils ont des problèmes, tout le processus s'effondre", expliquait-il.

Pour Ambrose Kilonzo, le prix du harcèlement et de l'humiliation n'en vaut pas la peine: "Je suis retourné à mes banques et j'essaie de vivre selon mes moyens".


Un nouvel organe de protection de la propriété intellectuelle permettra d’attirer davantage d’investissements

L’Arabie saoudite a mis en place un organe d’enquête spécialisé dans les litiges relatifs à la propriété intellectuelle. (Reuters)
L’Arabie saoudite a mis en place un organe d’enquête spécialisé dans les litiges relatifs à la propriété intellectuelle. (Reuters)
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  • Le Conseil du ministère public d’Arabie saoudite a approuvé la création du ministère public de la propriété intellectuelle à la mi-février
  • Dans son communiqué, le ministère de la Justice indique que la création de cet organe a été décidée en application de la Stratégie nationale sur la propriété intellectuelle

RIYAD: Des experts en innovation et en économie ont déclaré à Arab News que la mise en place par l’Arabie saoudite d’un organe d’enquête spécialisé dans les litiges relatifs à la propriété intellectuelle permettra de favoriser la réalisation de projets innovants et d’attirer des investissements étrangers dans le pays.

Le Conseil du ministère public d’Arabie saoudite a approuvé la création du ministère public de la propriété intellectuelle à la mi-février.

Dans son communiqué, le ministère de la Justice indique que la création de cet organe a été décidée en application de la Stratégie nationale sur la propriété intellectuelle lancée par le prince héritier Mohammed ben Salmane, «qui consiste à mettre en place un environnement distingué pour l’organisation et le développement de services judiciaires dans les domaines de la propriété intellectuelle».

Le communiqué décrit le ministère public de la propriété intellectuelle comme «l’un des principaux facteurs permettant d’atteindre les objectifs de la Vision 2030 du Royaume».

Cet organe est chargé d’enquêter et d’engager des actions pénales dans les cas de violation des droits de propriété intellectuelle stipulés dans le système du droit des marques et le système de protection des droits d’auteur, déférés par l’Autorité saoudienne de la propriété intellectuelle, ainsi que dans le système des brevets et de la topographie pour les circuits intégrés, les variétés végétales et les modèles industriels.

Selon le ministère, «ces poursuites favoriseront le développement du Parlement dans le domaine de la protection judiciaire globale de la propriété intellectuelle. Elles disposeront d’un cadre de procureurs qualifiés qui ont été formés et ont acquis les compétences nécessaires conformément aux normes de compétence juridique pour la protection pénale des cas de violation des droits de propriété intellectuelle, ce qui conduira à la croissance (de ce secteur).»

«La mise en place d’un ministère public de la propriété intellectuelle contribue à créer “un environnement qui attire les technologies internationales, les innovateurs et les inventeurs aux niveaux local et mondial», a affirmé Abdallah Alakeel, président de l’Association saoudienne pour la recherche scientifique et l’innovation.

«L’inventeur, l’innovateur ou le propriétaire d’une entreprise créative ou technique aura la garantie que ses droits dans le Royaume seront protégés et sécurisés grâce à la présence de lois et de règlements clairs», a-t-il souligné.

Abdallah al-Hamed, responsable du conseil en investissement chez GIB Capital, espère que la création de cet organe préservera positivement les droits et confirmera la capacité du détenteur de ces droits à en bénéficier financièrement et intellectuellement de manière claire et authentique. Cela donnera lieu à une nouvelle réflexion sur l’environnement de la propriété intellectuelle et sa capacité en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un «Davos des banlieues» en septembre pour les entreprises des quartiers populaires

Bobigny, banlieue nord-est de Paris, le 17 mars 2021. (AFP)
Bobigny, banlieue nord-est de Paris, le 17 mars 2021. (AFP)
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  • «C'est l'occasion de poser une vision, un plan de développement économique de ces banlieues», estime Aziz Senni, organisateur de «Davos des banlieues»
  • «On dit souvent que la banlieue coûte au budget de l'Etat, on nous dit toujours combien ça coûte sans jamais nous dire combien elle rapporte», dit l'entrepreneur

PARIS: Un forum économique ou "Davos" des banlieues, visant à favoriser l'activité des entreprises des quartiers populaires, sera organisé les 17 et 18 septembre à Paris, ont annoncé jeudi ses organisateurs.

"L'enjeu (...) est d'identifier des leviers pour engager une véritable dynamique économique au sein des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), où vivent plus de 5 millions de Français, dont la plupart sont exposés à un taux de chômage 2,7 fois supérieur à celui de la moyenne nationale", indique le Forum économique des banlieues (FEB).

Dans les locaux du Conseil économique, social et environnemental (Cese), le millier de participants attendus passeront d'abord une journée à plancher sur la situation économique des quartiers populaires et les solutions pouvant y être apportées.

La seconde journée sera consacrée à la mise en relation d'entrepreneurs des quartiers avec de grandes entreprises, avec pour objectif de décrocher 100 millions d'euros de commandes.

"C'est l'occasion de poser une vision, un plan de développement économique de ces banlieues", estime auprès de l'AFP l'entrepreneur Aziz Senni, organisateur de ce "Davos des banlieues", clin d'œil à la ville suisse où se tient chaque année le Forum économique mondial.

"On dit souvent que la banlieue coûte au budget de l'Etat, on nous dit toujours combien ça coûte sans jamais nous dire combien elle rapporte", poursuit-il. "On a là un tissu économique qu'on pourrait développer, en créant des emplois locaux, des stages, des alternances".

Chaque intervenant sera invité à formuler des propositions pour les entreprises des quartiers populaires, qui seront consignées dans un Livre blanc.

Le Premier ministre Gabriel Attal, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire ou les anciens ministres Jean-Louis Borloo et Najat Vallaud-Belkacem y sont attendus, selon le FEB.

Côté acteurs privés, le fondateur de Free Xavier Niel, la directrice générale de la Fédération bancaire française Maya Atig ainsi que l'ex-président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux ont confirmé leur participation, indique-t-on de même source.

Les organisateurs souhaitent mettre l'accent sur les TPE et PME créées depuis plus de deux ans et moins éligibles aux aides publiques à l'entrepreneuriat, a expliqué Aziz Senni.

Le Forum économique des banlieues souhaite faciliter l'accès de 250 000 de ces entreprises installées dans les QPV aux marchés publics et privés.


Saudi Mobily connaîtra la plus forte croissance dans le secteur des télécommunications au Moyen-Orient en 2024

Brand Finance a également placé le PDG de l'entreprise, Salman bin Abdulaziz Al-Badran, parmi les 10 premiers chefs d'entreprise de l'indice mondial de protection des marques. (Shutterstock)
Brand Finance a également placé le PDG de l'entreprise, Salman bin Abdulaziz Al-Badran, parmi les 10 premiers chefs d'entreprise de l'indice mondial de protection des marques. (Shutterstock)
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  • Saudi Mobily a été classée comme l'entreprise à la croissance la plus rapide dans le secteur des télécommunications au Moyen-Orient en 2024 par le cabinet de conseil en marketing Brand Finance.
  • Brand Finance évalue les labels sur la base de plusieurs critères principaux, notamment l'indice de force de la marque, l'impact de l'entreprise sur l'augmentation du chiffre d'affaires et des bénéfices, et les prévisions de croissance future

RIYADH : Saudi Mobily a été classée comme l'entreprise à la croissance la plus rapide dans le secteur des télécommunications au Moyen-Orient en 2024 par le cabinet de conseil en marketing Brand Finance.

La liste révèle que la valeur de l'entreprise a augmenté d'environ 18 % par rapport à l'année précédente, conservant ainsi sa position de leader parmi les plus grandes entreprises du secteur au Moyen-Orient.

Les classements et les chiffres récemment publiés s'alignent sur l'objectif de l'Arabie saoudite de développer et de promouvoir la transformation numérique dans le Royaume et d'améliorer les services fournis dans le domaine des technologies de l'information et de la communication.

"Mobily est devenue le meilleur choix pour les particuliers et les entreprises, car ses réalisations au niveau de la marque reflètent ses performances exceptionnelles dans la fourniture de services numériques intégrés et pionniers dans le Royaume et sa réalisation de grands progrès dans le développement de l'infrastructure numérique", a déclaré Noura Al-Shiha, vice-présidente principale de la marque et de la communication d'entreprise chez Mobily.

Brand Finance a également placé le PDG de l'entreprise, Salman bin Abdulaziz Al-Badran, parmi les 10 premiers chefs d'entreprise de l'indice mondial de protection des marques.

Cette place est principalement attribuée aux diverses initiatives qu'il a lancées depuis qu'il a rejoint la société, également appelée Etihad Etisalat Co, en 2019, et à son rôle central dans l'amélioration de la croissance de la marque de l'entreprise.

Al-Shiha a déclaré que l'inclusion du PDG de Mobily dans l'indice mondial de protection des marques reflète son intérêt à faire de l'entreprise l'un des noms commerciaux les plus forts au monde. 

Brand Finance évalue les labels sur la base de plusieurs critères principaux, notamment l'indice de force de la marque, l'impact de l'entreprise sur l'augmentation du chiffre d'affaires et des bénéfices, et les prévisions de croissance future.

La majorité des investissements de Mobily se concentrent sur le développement de l'infrastructure et l'adoption de nouvelles technologies telles que l'informatique en nuage et l'Internet des objets, l'augmentation des centres de données et l'élargissement de la portée du déploiement du réseau 5G. 

Cherchant à offrir une expérience moderne à ses clients, l'entreprise souhaite les placer au centre de son attention en adoptant l'approche "Customer First". Cette stratégie vise à atteindre les objectifs de la Saudi Vision 2030, qui s'efforce d'améliorer la qualité de vie des familles et des individus dans le Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com