GP d'Abu Dhabi: Max Verstappen arrache sa première étoile dans le dernier tour

Le champion du monde en titre de Formule 1 Max Verstappen a remporté le Grand Prix d'Arabie saoudite dimanche (Photo, AN /Mohammed Albaijan).
Le champion du monde en titre de Formule 1 Max Verstappen a remporté le Grand Prix d'Arabie saoudite dimanche (Photo, AN /Mohammed Albaijan).
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Publié le Lundi 28 mars 2022

GP d'Abu Dhabi: Max Verstappen arrache sa première étoile dans le dernier tour

  • Jusqu'au dernier tour, le titre semblait promis à Hamilton, en tête de la course
  • Sept saisons après ses débuts, le Néerlandais, né en Belgique le 30 septembre 1997, n'est toutefois que le quatrième plus jeune à remporter un titre mondial à 24 ans

ABU DHABI: Un miracle pour réaliser enfin son destin: le Néerlandais Max Verstappen (Red Bull) a arraché à 24 ans son premier titre mondial en Formule 1 en dépassant son grand rival Lewis Hamilton dans le dernier tour de l'ultime Grand Prix de la saison, dimanche à Abou Dhabi dimanche.

Hamilton (Mercedes), qui termine à huit points du nouveau champion du monde au bout d'une saison "dont on se souviendra dans 10 ou 20 ans" selon Verstappen, devra attendre pour un huitième titre mondial record.

A l'image de cette saison, la dernière manche que les deux rivaux ont abordée à égalité de points (369,5 chacun) -- ce qui n'était arrivé qu'une fois auparavant, en 1974 -- a été intense et a connu son lot de controverses, d'incidents et de rebondissements.

Jusqu'au dernier tour, le titre semblait promis à Hamilton, en tête de la course. Mais une violente sortie de piste du Canadien Nicholas Latifi (Williams), à cinq tours de l'arrivée, a changé complétement la donne.

Le temps que la monoplace de Latifi soit dégagée de la piste, la course a été placée sous drapeau jaune et lorsque les commissaires ont redonné le départ, Hamilton et Verstappen se sont retrouvés roue dans roue. 

Le Néerlandais n'a pas laissé passer l'occasion de doubler Hamilton, médusé, profitant de pneus changés récemment, contrairement au Britannique. 

"C'est fou, j'ai enfin eu de la chance, je veux revivre ça avec cette équipe pour les dix à quinze années à venir", s'est enflammé Verstappen.

EN BREF

Nom: Verstappen

Prénom: Max

Date de naissance: 30 septembre 1997 (24 ans)

Lieu de naissance: Hasselt (Belgique)

Nationalité: néerlandais, de mère belge et de père néerlandais (Jos Verstappen, ex-pilote de F1)

Ecurie: Red Bull Racing (moteur Honda)

Numéro de course: 33

Palmarès en F1 

  • Champion du monde 2021
  • Grand Prix disputés: 141
  • Ecuries: Toro Rosso (2015-2016, jusqu'au GP de Russie), Red Bull (depuis 2016, à partir du GP d'Espagne)
  • Débuts: Australie 2015
  • Premiers points: Malaisie 2015 (7e)
  • Première victoire: Espagne 2016
  • Dernière victoire: Abou Dhabi 2021 
  • Victoires: 20 (dont 10 en 2021)
  • Podiums (victoires comprises): 60 (dont 18 en 2021)
  • Pole positions: 13 (dont 10 en 2021)
  • Première pole position: Hongrie 2019
  • Meilleurs tours: 15 (dont 5 en 2021)
  • Points marqués: 1556,50 
  • Classement au Championnat du monde des pilotes: 1er (2021), 3e (2019, 2020), 4e (2018), 5e (2016), 6e (2017), 12e (2015)

Records en F1

  • Plus jeune pilote en GP à 17 ans, 5 mois et 15 jours (Australie 2015) 
  • Plus jeune pilote à marquer des points à 17 ans, 5 mois et 29 jours (Malaisie 2015) 
  • Plus jeune pilote vainqueur d'un GP (et aussi à monter sur un podium et à mener un GP) à 18 ans, 7 mois et 15 jours (Espagne 2016) 
  • Plus jeune pilote à réaliser un meilleur tour en course à 19 ans, 1 mois et 14 jours (Brésil 2016) 
  • Quatrième plus jeune pilote à décrocher une pole position à 21 ans, 10 mois et 5 jours (Hongrie 2019), derrière Sebastian Vettel (21 ans, 2 mois et 11 jours), Charles Leclerc (21 ans, 5 mois et 15 jours) et Fernando Fernando (21 ans, 7 mois et 23 jours)
  • Quatrième plus jeune pilote à remporter un titre de champion du monde à 24 ans, 2 mois et 12 jours, derrière Sebastian Vettel en 2010 (23 ans, 4 mois et 11 jours), Lewis Hamilton en 2008 (23 ans, 9 mois et 26 jours) et Fernando Alonso en 2005 (24 ans, 1 mois et 27 jours)

Hamilton part mieux 

Piètre consolation pour Mercedes, l'écurie britannique, à la lutte avec Red Bull, a remporté le titre des constructeurs pour la huitième fois de suite.

Le Britannique, deuxième sur la grille, avait pris un meilleur départ que Verstappen qui avait tenté rapidement de le repasser avec une manoeuvre osée, en plongeant à l'intérieur du virage 6.

Les monoplaces des deux pilotes se sont alors touchées, obligeant Hamilton à sortir au large et à couper la chicane, pour repartir en tête provoquant la colère de son jeune rival néerlandais.

Malgré les réclamations de Red Bull qui estimait que le Britannique avait bénéficié d'un avantage indu et devait laisser Verstappen repasser en tête, les commissaires ont jugé qu'il n'y avait pas lieu d'ouvrir une enquête.

Verstappen ne parvenait pas à perturber Hamilton. Pas même quand son coéquipier Sergio Perez, alors en tête, a ralenti pendant un tour le Britannique, passé par les stands.

Fils d'un ancien pilote de F1, le Néerlandais Jos Verstappen, et d'une ancienne pilote de karting, la Belge Sophie Kumpen, Verstappen était prédestiné. 

Verstappen titré: les réactions

Sir Jackie Stewart, triple champion du monde de F1 (1969, 1971, 1973), sur Canal Plus:

"C'est fantastique, c'était une course incroyable, à la fin du championnat le plus excitant depuis longtemps. Je suis heureux pour le sport automobile et on avait besoin de changement, on avait besoin d'un nouveau champoin du monde".

Carlos Sainz (Ferrari), 3e dimanche à Abou Dhabi, sur Canal Plus, et 5e du championnat: "Je tiens à féliciter les deux pilotes et à adresser des félicitations toutes particulières à Max, qui devient champion du monde. Je suis heureux pour lui car nous avons passé du temps ensemble chez Toro Rosso (en 2015 et début 2016, ndlr). C'était ma course la plus solide chez Ferrari, et ça me donne beaucoup de confiance pour 2022. Mais je ne sais pas si les gens se souviendront de mon podium (à côté de Verstappen et Hamilton)".

Esteban Ocon (Alpine)

"Aujourd'hui, Red Bull a fait des choix agressifs, et il y a eu des décisions tardives par la FIA, notamment sur la voiture de sécurité, et ça a fait moins de gap (d'écart) entre Lewis et Max à la fin. Un grand bravo à lui". 

Pierre Gasly (AlphaTauri), 5e de la course

"Max est un très grand pilote, de notre génération, on s'est bagarrés tous ensemble, avec Charles aussi, et ça allait arriver à un moment ou à un autre (un titre mondial), donc on va tous fêter ça ensemble. De notre côté, c'était un peu difficile aujourd'hui mais je suis très content, c'était une belle course, j'ai pu passer Fernando (Alonso), même si ce n'était pas facile, et j'ai doublé Bottas dans le dernier tour, donc on finit une très belle saison de la plus belle des manières, et je suis très content pour l'équipe". 

Checo Pérez (Red Bull): "Je suis très heureux pour Max et pour l'équipe, ils méritent vraiment ce titre, on a perdu le titre constructeurs mais j'ai dû abandonner car mon moteur était sur le point d'exploser. J'ai fait une bonne saison, j'ai eu besoin de temps pour m'adapter et j'ai beaucoup progressé en deuxième partie de saison, donc j'ai pu aider Max. C'était dur contre Lewis, mais c'était fair-play, je ne voulais pas être impliqué comme ça mais je devais jouer pour mon équipe, et je suis sûr que Lewis comprendra". 

Sebastian Vettel (Aston Martin), quatre fois champion du monde de F1, sur Canal Plus: "Je pense qu'à la fin, si on regarde toute la saison, ils méritaient tous les deux de remporter le titre. Je suis content pour Max et je suis allé voir Lewis à la fin de la course, pour lui dire que la manière dont il a géré cette saison est remarquable, surtout à la fin de la saison, avec la voiture qu'il avait".

Fabio Quartararo, champion du monde de MotoGP, sur Canal Plus: "C'était incroyable, j'étais dans le box Mercedes, ils ne l'ont pas vécu super bien, mais pour le show c'était super beau. Pour moi, c'est la meilleure des choses, de se bagarrer côte à côte en F1. C'était aussi une belle bataille entre Lewis (Hamilton) et Pérez, surtout pour une dernière course où les deux, Max et Lewis, jouaient le championnat. Moi c'était différent, j'avais quelques points d'avance avant la dernière manche, mais là le feeling doit être incroyable pour Max et il faut le féliciter car il a fait une super saison". 

Daniel Ricciardo (McLaren): "Je n'ai pas de mots, j'ai besoin de comprendre ce qui s'est passé devant moi: ils ont d'abord dit aux retardataires de ne pas dépasser le safety car, puis ils ont changé d'avis. Je dois féliciter Max et j'aurais horreur de ressentir ce que Lewis doit ressentir maintenant. Ca doit être très dur pour lui. Heureusement, je n'étais pas impliqué dans tout ça, même si d'habitude j'aime être impliqué..."

Jos Verstappen, ancien pilote de F1, père de Max Verstappen, sur Canal Plus: "Max pleurait, il était tellement heureux, il mérite tellement ce titre. C'est difficile de décrire mes émotions, elles m'ont traversé tout le corps. Il y a eu toutes ces années de travail ensemble pour en arriver là et remporter un titre de champion du monde. On ne se doutait pas que ça se jouerait au dernier tour, c'est bon pour la F1 et je suis extrêmement fier qu'on ait remporté le championnat, en gardant la voiture à ce niveau, en prenant les bonnes décisions, en gardant les pneus tendres pour la fin, et les gars de l'équipe méritent ce titre".

Quatrième plus jeune champion 

Sept saisons après ses débuts, le Néerlandais, né en Belgique le 30 septembre 1997, n'est toutefois que le quatrième plus jeune à remporter un titre mondial à 24 ans, 2 mois et 12 jours, derrière Sebastian Vettel en 2010 (23 ans, 4 mois et 11 jours), Lewis Hamilton en 2008 (23 ans, 9 mois et 26 jours) et Fernando Alonso en 2005 (24 ans, 1 mois et 27 jours).

Son âge ne doit toutefois pas faire oublier son expérience: sur désormais 34 champions du monde depuis 1950, seuls trois ont pris le départ de plus de GP que Max (141) avant d'être sacrés: Jenson Button (169), Nigel Mansell (176) et Nico Rosberg (206) !

Mais on ne peut pas lui en tenir rigueur. Cette saison était la première lors de laquelle Red Bull lui confiait une monoplace capable de rivaliser avec les Mercedes, sacrées chaque année depuis l'introduction des moteurs hybrides en 2014. 

Les chiffres le démontrent: sur ses vingt victoires, dix ont été acquises en 2021, sur ses 13 pole positions, 10 ont été décrochées cette année.

La saison 2022, qui débutera le 20 mars à Bahreïn et comporte le nombre record de 23 GP, offrira-t-elle à Hamilton l'occasion d'une revanche contre Verstappen ? "J'espère beaucoup d'autres saisons comme ça", disait en tout cas le Britannique samedi.

Tous les espoirs sont permis car ce sont des monoplaces complètement nouvelles qui prendront la piste, à la suite d'un profond changement du règlement technique. La F1 n'en a pas fini avec le suspense !


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.