Réponse de l'IMA au collectif Artists for Palestine

L'objectif de l'IMA est "de faire rayonner le patrimoine du monde arabe dans toute sa diversité". (AFP).
L'objectif de l'IMA est "de faire rayonner le patrimoine du monde arabe dans toute sa diversité". (AFP).
Short Url
Publié le Mardi 14 décembre 2021

Réponse de l'IMA au collectif Artists for Palestine

  • Dans sa lettre ouverte, le collectif pro-palestinien a estimé que plusieurs des récentes activités de l'IMA sont en réalité une mise en œuvre des accords dits « d’Abraham »
  • Et l'IMA de rétorquer qu'il a été décidé, "il y a des années, d’organiser une trilogie consacrée aux religions monothéistes dans le monde arabe

PARIS: Dans une réponse à la lettre ouverte publiée le 6 décembre dernier par un collectif de personnalités défendant la cause palestinienne et répondant à l'appellation Artists for Palestine, l'Institut du Monde arabe a affirmé par le biais d'un communiqué que l’institut entend, entre autres tâches, faire rayonner le patrimoine du monde arabe dans toute sa diversité. 

Dans sa lettre ouverte, le collectif pro-palestinien a estimé que la nouvelle exposition de l’IMA « Juifs d’Orient. Une histoire plurimillénaire », ou encore l’invitation faite à la chanteuse israélo-marocaine Neta Elkayam, sont une mise en œuvre des accords dits « d’Abraham », d’autres une trahison du peuple palestinien. 

Et l'IMA de rétorquer qu'il a été décidé, "il y a des années, d’organiser une trilogie consacrée aux religions monothéistes dans le monde arabe : les expositions « Hajj, le pèlerinage à La Mecque » en 2014, « Chrétiens d’Orient, 2000 ans d’histoire » en 2017 et cette année « Juifs d’Orient. Une histoire plurimillénaire », dédiée à l’histoire multiséculaire des communautés juives d’Orient".  

Et de souligner que cette exposition a été conçue et organisée par Benjamin Stora en qualité de commissaire général, accompagné par un conseil scientifique pluraliste à tous points de vue. Pas plus que les autres, elle ne prétend apporter un point final à la recherche historique sur une histoire séculaire. "À ce titre, elle peut évidemment être critiquée : l’IMA et son président se veulent des acteurs du débat démocratique dont le monde arabe, mais aussi la France, ont besoin. Dans ce contexte, des hypothèses et opinions peuvent s’exprimer qui ne relèvent pas de la responsabilité de l’IMA". 

Revenant sur l'invitation faite à la chanteuse Neta Elkayam, l'IMA relève que cette dernière "est une remarquable ambassadrice de la langue arabe, autant que des cultures juive et arabe entremêlées dont elle est héritière. L’IMA, en cohérence avec ses critères programmatiques, l’a invitée à ce titre. Il ne saurait essentialiser les artistes qu’il accueille en les réduisant à leur nationalité".  

La lettre ouverte du collectif Artists for Palestine dans son intégralité

Lettre ouverte à l’Institut du Monde Arabe de Paris
La culture est le sel de la terre et nous ne permettrons pas qu’elle soit utilisée pour normaliser l’oppression

6 décembre 2021

Nous, soussignés, intellectuels et artistes du monde arabe, demandons à l’Institut du Monde Arabe de Paris de revenir sur les prises de position de son festival "Arabofolies" et de son exposition "Juifs d’Orient" qui donnent des signes explicites de normalisation, cette tentative de présenter Israël et son régime de colonialisme de peuplement et d’apartheidcomme un État normal. Pour rappel, un rapport de Human Rights Watch publié en avril dernier condamne Israël qu'il décrit comme un État d’apartheid, ainsi que l’avait fait auparavant B'Tselem, la plus importante organisation de défense des droits de l'homme israélienne. 

L'Institut du Monde Arabe a montré les premiers signes de sa politique de normalisation au début de cette année, quand le président de l'Institut a déclaré saluer les dits « Accords d’Abraham ». Ces accords conclus par des régimes arabes non élus ou autoritaires d’un côté et le régime colonial israélien de l’autre ont été imposés par l’administration raciste de l’ex-président des États-Unis, Donald Trump, au mépris des droits du peuple palestinien.

Puis sont venues les dangereuses déclarations de Denis Charbit, un des membres du comité scientifique de l’exposition « Juifs d’Orient » qui se tient à l’Institut. Il a dévoilé que l’Institut du Monde Arabe coopère avec des institutions israéliennes impliquées dans l’appropriation de la culture arabo-palestinienne et de la culture juive-arabe. Il a déclaré son intention sans équivoque d’imposer Israël comme un fait accompli et comme une présence « normale » dans les programmes de l’Institut. Charbit s’est ainsi réjoui : "Cette exposition est le premier fruit des "Accords d’Abraham" et cela commence par la normalisation…Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête…. si nous établissons une coopération avec Israël". 

L’Institut du Monde Arabe, qui a joué un rôle majeur en accueillant la culture arabe et en la présentant au public français, trahirait sa mission intellectuelle en adoptant cette approche normalisatrice – une des pires formes d’utilisation coercitive et immorale de l’art comme outil politique pour légitimer le colonialisme et l’oppression. Il s'agit aussi d'un manque d'honnêteté intellectuelle et morale, car il amalgame délibérément les Juifs arabes et les Juifs d'"Orient" avecle régime colonial et d'apartheid israélien.Israël, avec l'aide du mouvement sioniste mondial, s'est non seulement rendu coupable du nettoyage ethnique de la majorité de la population palestinienne indigène, en colonisant sa terre et en pillant une partie de sa culture et de son patrimoine arabes. Il s’est aussi approprié la composante juive de la culture arabe, en la présentant comme sioniste, puisisraélienne, avant del'arracher à ses véritables racines pour l’employer au service de son projet colonial dans la région. Pourtant la culture des Juifs arabes fait partie intégrante de la culture arabe et la couper de ses racines est la négation d’une partie de la mémoire et de l’histoire arabes.

Persister dans cette approche de normalisation ferait perdre à l'Institut non seulement les intellectuels et les artistes dont il accueille la production culturelle créative depuis des décennies, mais aussi le public arabe en général.

Grâce à certains régimes arabes autoritaires qui ont soutenu et financé cette déplorable tendance à la normalisation dans l’Institut, le ciel n’est pas tombé sur nos têtes en effet. Mais la culture est le sel de la terre et nous ne permettrons à personne d’utiliser notre apport culturel au service d’un programme de normalisation qui sape la lutte du peuple palestinien pour la justice, la liberté et l’autodétermination, une lutte soutenue par tous les peuples de la région arabe et les gens de conscience de par le monde. Ce chemin d’émancipation, profondément ancré dans le sol, est l’horizon de la culture.

Enfin, et concernant le soutien au peuple palestinien et à la paix, la position de l'IMA est "sans faille". "Parce que cela est au cœur de sa mission, l’IMA s’attache constamment à mettre en lumière la vitalité de la scène artistique et culturelle palestinienne. Il accueille depuis 2017 le « Musée de la Palestine en exil », constitué de dons d’artistes issus de nombreux pays. Dans quelques semaines, il publiera en coédition avec la grande maison d’édition du Seuil, un ouvrage dont le titre est un signe clair et fort d’engagement : « Ce que la Palestine apporte au monde »".  

Le communiqué souligne en outre que "les débats qui se sont fait jour ces dernières semaines autour de l’exposition « Juif d’Orient » et de ses actions culturelles, l’IMA en est conscient, sont extrêmement sensibles et touchent profondément chacun d’entre nous. Il se propose de les aborder en toute transparence dans le cadre d’un « Jeudi de l’IMA »".  

 Prévue le 13 janvier 2022, cette table ronde réunira un panel de chercheurs, historiens, activistes et artistes qui ouvriront la discussion sur le rôle de l’artiste et de la culture dans les luttes et mouvements politiques. 


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
Short Url
  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

Short Url
  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Short Url
  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).