A quatre mois de la présidentielle, le nom de Taubira agite la gauche

L'ancienne ministre française de la Justice Christiane Taubira arrive pour assister à une commission parlementaire sur l'indépendance de la justice le 9 juillet 2020 à l'Assemblée nationale française à Paris. AFP / Thomas SAMSON
L'ancienne ministre française de la Justice Christiane Taubira arrive pour assister à une commission parlementaire sur l'indépendance de la justice le 9 juillet 2020 à l'Assemblée nationale française à Paris. AFP / Thomas SAMSON
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Publié le Jeudi 16 décembre 2021

A quatre mois de la présidentielle, le nom de Taubira agite la gauche

  • A quatre mois de la présidentielle, le nom de l'ancienne ministre Christiane Taubira agite la gauche, des entourages des candidats aux électeurs, en quête de rassemblement
  • Une possible candidature revient sur le devant la scène au moment où la gauche semble irrémédiablement divisée, quelques jours après le refus de Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon de participer à une primaire, désormais poussée aussi par Anne Hidalgo

PARIS : Candidature en approche ou emballement sans lendemain ? A quatre mois de la présidentielle, le nom de l'ancienne ministre Christiane Taubira agite la gauche, des entourages des candidats aux électeurs, en quête de rassemblement.


Depuis plusieurs jours, "il y a un certain nombre de signaux qui laissent à penser que la candidature n'est peut-être pas loin", glisse à l'AFP Mathilde Imer, porte-parole de la Primaire populaire, mouvement qui plaide depuis un an pour une candidature unique à gauche.


Le dernier échange entre ses organisateurs et Mme Taubira remonte au 29 novembre, explique Samuel Grzybowski, autre porte-parole: "Elle disait qu'elle réfléchissait", raconte-t-il, décrivant une ancienne garde des Sceaux "très curieuse", mais aussi "très mystérieuse" sur ses intentions.


Depuis, c'est silence radio dans son entourage. "La seule qui peut parler, c'est elle-même", confie à l'AFP une ancienne collaboratrice. "Elle écoute, mais beaucoup de gens lui prêtent des intentions sans savoir", ajoute un proche, alors des médias spéculent sur une prochaine communication.


Une chose est sûre: l'ancienne ministre de François Hollande "crée cet espoir de rassemblement chez certains électeurs", fait valoir Mme Imer.


Une possible candidature revient sur le devant la scène au moment où la gauche semble irrémédiablement divisée, quelques jours après le refus de Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon de participer à une primaire, désormais poussée aussi par Anne Hidalgo.

A Paris aussi, une fin d'année difficile pour Anne Hidalgo

Budget vilipendé par l'opposition, règlement sur le temps de travail et autres dossiers sensibles dans l'attente: à Paris aussi, la maire PS Anne Hidalgo, dont la campagne présidentielle ne décolle pas, connaît une fin d'année difficile.


Lundi, la maire de Paris a obtenu satisfaction lors de la présentation d'une cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques 2024 inédite et audacieuse: le défilé sur la Seine des athlètes, face à 600.000 spectateurs, aura bien lieu.


Mais au même moment, la cour administrative d'appel confirmait la suspension d'une disposition-clé du nouveau règlement du temps de travail des 52.000 agents de la Ville, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier.


La "pénibilité spécifique" liée au fait de travailler dans la capitale était synonyme de trois jours de RTT supplémentaires: en attendant le jugement sur le fond, la Ville a perdu une première bataille contre le gouvernement dans l'application de la loi du 6 août 2019, qui a mis fin aux situations dérogatoires et impose les 35 heures hebdomadaires aux agents publics.

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La maire de Paris et candidate du Parti socialiste français (PS) à l'élection présidentielle d'avril 2022, Anne Hidalgo salue ses partisans lors d'un meeting de campagne à Perpignan le 12 décembre 2021. Lionel BONAVENTURE / AFP


La mise en place de la police municipale, depuis cet automne, n'est pas non plus exempte d'embûches: mécontents des nouvelles conditions de travail, cinq syndicats ont lancé un appel à la grève jeudi.


Mardi, le débat budgétaire a donné à l'opposition une nouvelle occasion de critiquer la gestion de la majorité de gauche. Un budget 2022 "insincère" pour Rachida Dati (LR), dénonçant la pratique des loyers capitalisés "qui consiste à faire les poches des bailleurs sociaux".


Fin novembre, le gouvernement avait accordé à la Ville une ultime dérogation sur ces loyers capitalisés - 352 millions d'euros pour 2022, dont 150 inscrits en recettes de fonctionnement -, tout en soulignant le "risque budgétaire de fuite en avant".


"Le gouvernement acceptait" la dérogation depuis 2016, "il l'a une fois de plus acceptée", a répliqué le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire, "agacé" par ce "jugement moral".


Face aux cris redoublés de l'opposition, dont Florence Berthout (DVD), sur "l'endettement abyssal" de la Ville - 7,7 milliards d'euros projetés fin 2022 -, Mme Hidalgo répond que "le patrimoine de la Ville est passé de 25 à 40 milliards d'euros" depuis son élection en 2014.

Rapport de force

La maire évalue le coût de la crise sanitaire du Covid-19 "à 1,2 milliard d'euros" et reproche à l'Etat d'avoir "poursuivi voire accentué son désengagement" envers la capitale. Avec le système de péréquation, la Ville versera en 2022 "140 millions d'euros de plus qu'elle ne reçoit de l'Etat".


"Il y a une accumulation de problématiques dans le rapport avec le gouvernement", commente l'élu communiste Nicolas Bonnet-Oulaldj, qui l'explique par la candidature présidentielle d'Anne Hidalgo face à Emmanuel Macron. "C'est un rapport de force qui s'installe".


Le dossier des consommateurs de crack a pourtant connu une avancée en septembre avec l'annonce par le Premier ministre, Jean Castex, de la prorogation des salles de consommation à moindre risque (SCMR), rebaptisées haltes soin addiction (HSA), et son soutien à la création de nouveaux lieux pour les consommateurs de cette drogue dure dans la capitale.


Mais depuis, aucune annonce, les élus de gauche se heurtant à la rareté du foncier disponible et l'hostilité des riverains, qui a amené la Ville à abandonner le projet le plus proche d'aboutir rue Pelleport (XXe).


Échaudé, M. Grégoire demande désormais avant toute communication un "accord préalable explicite et assumé" de l'Etat.
Autre sujet sensible qui prend plus de temps qu'espéré: l'indemnisation des victimes de l'explosion au gaz de la rue de Trévise, que M. Grégoire avait annoncée pour la fin de l'année. L'accord-cadre permettant l'indemnisation "ne sera pas signé avant le mois de janvier dans le meilleur des cas", a déploré samedi une association de victimes.


Dans cette période délicate, la majorité parisienne de Mme Hidalgo semble solide, alors que l'appel de l'édile à une primaire de la gauche a essuyé une majorité de refus sur le plan national. "La majorité tient quand on arrive à se mettre d'accord", estime M. Bonnet-Oulaldj.

 

Malgré de rares apparitions médiatiques, le nom de la Guyanaise est régulièrement évoqué parmi les personnalités les plus appréciées.

Une étude Odoxa pour L'Obs publiée vendredi a révélé qu'elle est, à gauche, la figure jugée "la plus compétente", "convaincante" et "proche des préoccupations des Français". Devant Anne Hidalgo et Yannick Jadot.

"Pas de femme providentielle"

Ce n'est pas la première élection où le nom de Christine Taubira, 69 ans, est citée comme un potentiel recours à gauche. En 2002, elle s'était présentée à la présidentielle, recueillant 2,32% des voix au premier tour avant d'être accusée d'avoir contribué à la chute de Lionel Jospin.

Pour Sandrine Rousseau, finaliste de la primaire écologiste, "on reste sur de la spéculation permanente", tout en reconnaissant que "si elle arrive, ça change la donne".

"Il ne faut pas minimiser ce que ça pourrait être comme événement politique", indique-t-elle à l'AFP. "C'est quelqu'un que j'admire beaucoup notamment pour ce qu'elle a fait pour le +mariage pour tous+", enchaîne celle qui se dit "proche" idéologiquement de l'ancienne ministre.

"Mais il n'y a pas de femme providentielle", juge-t-elle, convaincue que, si elle se lançait dans la campagne, Mme Taubira devra surtout rapidement "faire savoir ce qu'elle veut, avec quel programme".
Au sein de la direction d'EELV, on assure toutefois qu'il "n'y a pas de discussion" à ce stade avec l'ancienne députée de la Guyane.


"C'est une femme à bien des égards exceptionnelle, mais moi je veux une candidature écologiste", a asséné Yannick Jadot mardi soir sur BFMTV.


Du côté des Insoumis, le ton se veut ferme: "C'est étrange, nous sommes à moins de quatre mois de l'élection et des gens rêvent d'une candidature imaginaire, dont on ne sait rien du programme", raille le député Alexis Corbière.


"Veulent-ils perdre? Pas moi!", lance-t-il encore, décrivant pourtant Mme Taubira comme une "belle oratrice", "intellectuelle", mais aussi "hors du jeu" politique "depuis le début du quinquennat Macron".


Dans la garde rapprochée de la socialiste Anne Hidalgo, on indique que les deux femmes "se sont parlées il y a une dizaine de jours", sans que l'ancienne ministre n'officialise à la maire de Paris sa candidature.


"Mais si nom sort, ce n'est pas par hasard", plaide-t-on. "C'est qu'elle doit y réfléchir", interprète-t-on.
L'ancien patron du PS Jean-Christophe Cambadélis loue auprès de l'AFP "un personnage symbolique d'une gauche des valeurs", mais avertit que "ça ne fait pas un programme".


"Quoi qu'il en soit, sa candidature mettrait un peu plus la pression sur Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon", ajoute toutefois M. Cambadélis.


Pour le Noël des armées, Macron fait cette année le choix des Emirats

La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
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  • En se rendant aux Émirats arabes unis pour le Noël des armées, Emmanuel Macron adresse un message de soutien aux militaires français tout en réaffirmant l’engagement stratégique de la France dans une région marquée par de fortes tensions géopolitiques
  • Ce déplacement met en lumière la solidité du partenariat de défense franco-émirien, pilier de la présence militaire française dans le Golfe et vecteur de stabilité régionale

En choisissant les Émirats arabes unis pour célébrer, les 21 et 22 décembre, le traditionnel Noël des armées françaises, le président Emmanuel Macron a voulu adresser un message clair à ses militaires engagés loin de leurs familles, mais aussi aux partenaires de la France dans une région marquée par de fortes turbulences géopolitiques.

Ce déplacement présidentiel, à la fois militaire et diplomatique, illustre la solidité d’un partenariat stratégique noué de longue date entre Paris et Abou Dhabi.

Comme le veut la tradition, le président de la République partagera un moment privilégié avec les forces françaises déployées sur place, après une séquence bilatérale avec les autorités émiriennes.

Selon le palais de l’Élysée, Emmanuel Macron se rendra directement auprès des militaires : il dînera avec eux, avant de consacrer la matinée suivante à des échanges de terrain et à des démonstrations opérationnelles, au plus près de la réalité de leur engagement en période de fêtes.

Si le choix des Émirats arabes unis n’a rien d’anodin, c’est parce que la région concentre aujourd’hui un grand nombre de crises majeures : conflits persistants au Moyen-Orient, tensions maritimes affectant le commerce mondial, instabilité chronique de plusieurs États.

Un déplacement stratégique dans une région sous tension

Le Golfe est devenu un carrefour stratégique où se croisent enjeux sécuritaires, diplomatiques et économiques et, en s’y rendant, le chef de l’État entend rappeler que la France demeure un acteur militaire et diplomatique engagé à l’échelle mondiale.

Mais ce déplacement est aussi l’occasion d’incarner la relation de confiance qui lie Paris et Abou Dhabi depuis plus de trente ans.

Le partenariat de défense franco-émirien, formalisé et renforcé par un accord signé en 2009, s’est progressivement imposé comme l’un des piliers de la présence française dans la région. Il repose sur une coopération étroite, une interopérabilité accrue des forces et un partage d’objectifs communs en matière de stabilité régionale.

Les Émirats arabes unis accueillent en effet un dispositif militaire français structurant. À Abou Dhabi se trouve un état-major interarmées, à la tête duquel est placé un amiral commandant à la fois les Forces françaises aux Émirats arabes unis (FFAU) et les forces françaises déployées dans l’océan Indien.

Cette implantation est complétée par une base navale française, ainsi que par une base aérienne située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, où sont notamment stationnés des avions de combat Rafale.

À environ 70 kilomètres à l’ouest d’Abou Dhabi, dans une zone désertique, est également déployé le 5ᵉ régiment de cuirassiers, équipé de matériels de dernière génération, dont des chars Leclerc et des véhicules blindés de combat.

C’est sur ce site que se déroulera l’essentiel de la séquence militaire du déplacement présidentiel, avec une démonstration interarmées illustrant les capacités opérationnelles françaises.

Au total, près de 900 militaires français sont stationnés aux Émirats arabes unis. Ils jouent un rôle clé dans plusieurs opérations majeures.

Un partenariat militaire franco-émirien au cœur de la présence française dans le Golfe

Les moyens aériens basés aux Émirats contribuent notamment à l’opération Chammal de lutte contre le terrorisme, tandis que les capacités maritimes participent à l’opération européenne Aspides, destinée à sécuriser le trafic international en mer Rouge, récemment menacé par des attaques visant la navigation commerciale.

Au-delà de la dimension opérationnelle, la présence française aux Émirats arabes unis constitue un symbole fort de coopération stratégique et traduit la volonté partagée de renforcer la stabilité régionale, de sécuriser les grandes routes maritimes internationales et de soutenir les efforts de paix dans des zones fragilisées comme l’Irak, le Yémen, la Libye ou encore le Soudan.

Tous ces sujets pourraient être abordés lors des échanges entre le président français et le président émirien, Cheikh Mohamed ben Zayed.

En se rendant auprès des forces françaises à Noël, accompagné de la ministre des Armées, Emmanuel Macron entend surtout témoigner de son attachement personnel aux militaires engagés loin de la métropole.

Le message qu’il veut leur adresser est autant humain que politique, puisqu’il s’agit d’exprimer la reconnaissance de leur engagement et d’affirmer la crédibilité militaire française.

Dans un contexte international tendu, le choix des Émirats arabes unis pour le Noël des armées apparaît ainsi comme un signal fort : celui d’une France fidèle à ses alliances, pleinement investie dans la sécurité internationale et consciente que sa présence militaire est indissociable de relations diplomatiques durables et de partenariats stratégiques solides.


Municipales à Paris: vers un accord historique à gauche dès le premier tour

A  Paris, socialistes, écologistes et communistes s'apprêtent à sceller pour la première fois leur union dès le premier tour des municipales, derrière l'ex-premier adjoint socialiste Emmanuel Grégoire. Une alliance arrachée au terme de négociations délicates, mais réclamée sur le terrain face à une droite revigorée autour de Rachida Dati. (AFP)
A Paris, socialistes, écologistes et communistes s'apprêtent à sceller pour la première fois leur union dès le premier tour des municipales, derrière l'ex-premier adjoint socialiste Emmanuel Grégoire. Une alliance arrachée au terme de négociations délicates, mais réclamée sur le terrain face à une droite revigorée autour de Rachida Dati. (AFP)
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  • Depuis 09H00 ce mercredi, les écologistes parisiens sont invités à voter pour cet accord afin de faire "une liste commune, une union très très large de toutes les forces de gauche qui le souhaitent. C'est nouveau, c'est vraiment quelque chose d'historique
  • Si socialistes et écologistes gouvernent ensemble la capitale depuis 2001, ils n'avaient encore jamais mené campagne commune dès le premier tour

PARIS: A Paris, socialistes, écologistes et communistes s'apprêtent à sceller pour la première fois leur union dès le premier tour des municipales, derrière l'ex-premier adjoint socialiste Emmanuel Grégoire. Une alliance arrachée au terme de négociations délicates, mais réclamée sur le terrain face à une droite revigorée autour de Rachida Dati.

Depuis 09H00 ce mercredi, les écologistes parisiens sont invités à voter pour cet accord afin de faire "une liste commune, une union très très large de toutes les forces de gauche qui le souhaitent. C'est nouveau, c'est vraiment quelque chose d'historique pour nous", a déclaré sur franceinfo le candidat écologiste David Belliard.

Si socialistes et écologistes gouvernent ensemble la capitale depuis 2001, ils n'avaient encore jamais mené campagne commune dès le premier tour.

Cet accord, qui prévoit le désistement de David Belliard et de son homologue communiste Ian Brossat, sera soumis au vote des trois formations politiques, dont les 2.500 adhérents écologistes.

"Ce soir, dans la nuit, on connaîtra la réponse et (...) dès demain (jeudi) moi je suis prêt, dans toutes les configurations, à continuer la campagne", a ajouté M. Belliard, disant souhaiter "bousculer cette élection en faisant quelque chose d'historique".

"Quand une droite extrémisée menace, nous avons le devoir d'unir nos forces", a posté sur X Ian Brossat.

Interrogé sur la possibilité d'une union au second tour avec LFI, David Belliard s'est dit favorable à une "candidature unique à gauche".

"On est dans une élection difficile, dans laquelle il y a des enjeux (...) énormes pour Paris (...)  Et nous avons face à nous une droite qui est une droite populiste, affairiste, qui aujourd'hui est très brutale", a-t-il souligné.

Selon l'accord consulté par l'AFP, les partenaires s'engagent "à tout faire pour qu'il n'y ait qu'une seule liste de gauche au second tour", excluant toute alliance avec le candidat Horizons soutenu par Renaissance Pierre-Yves Bournazel.

"Parfois douloureux" 

Initialement annoncée pour octobre, cette alliance, qui devrait également associer Place publique et possiblement L'Après (ex-LFI), est le fruit de plus de trois mois de tractations serrées.

"Si un accord historique comme celui-ci n'avait jamais été réalisé auparavant c'est d'abord parce que c'est difficile et parfois douloureux. Cela implique que certains sortent des listes", a glissé une source socialiste.

Les discussions achoppaient notamment sur la place des écologistes en lice pour le Conseil de Paris dans un contexte de changement de mode de scrutin. Cette réforme est vivement critiquée par l'exécutif sortant, qui y voit une manoeuvre visant à faire gagner la droite.

Selon l'accord, 36 écologistes seraient éligibles contre 28 élus actuellement.

Source de profondes crispations chez les militants socialistes, les écologistes ont également obtenu que David Belliard soit tête de liste dans le XIe arrondissement, où fut élu Léon Blum et où l'est l'actuelle maire socialiste Anne Hidalgo. Une troisième mairie verte en plus de celles du XIIe et du XIVe qu'ils administrent déjà.

"C'est une révolution du point de vue de la gouvernance car il prévoit un meilleur partage entre les différents membres de cette alliance au sein de laquelle personne n'aura la majorité seul", souffle un cadre écologiste.

Revendiquant leur rôle central dans la transformation de l'espace public, de l'essor des pistes cyclables aux "rues aux écoles", les écologistes conditionnaient de fait leur retrait à l'obtention de concessions significatives.

L'accord prévoit également un renforcement des pouvoirs des maires d'arrondissement.

Parmi les "marqueurs communs" figurent notamment la revalorisation du périscolaire, un service de garde d'enfant universel, l'objectif de 40% de logement public (dont 30% de logement social), ou encore la poursuite de la piétonnisation et du verdissement de la ville.

Parmi les points de divergence, on trouve l'avenir du Parc des Princes.

"C'est un rassemblement historique qui a un coût très important pour les socialistes", a reconnu une source à gauche, pour qui les écologistes en sortiront "renforcés" alors qu'ils "reculent partout en France".

"Avec cette liste d'union il y aura un effet vote utile (...) Ca va forcément ouvrir une dynamique", estime-t-on de même source.

A l'instar de Paris, la plupart des grandes villes dirigées par la gauche ont franchi le pas d'une alliance dès le premier tour.

 

 


Crise de la dermatose en France : les vétérinaires cibles de menaces

La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession. (AFP)
La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession. (AFP)
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  • La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins
  • "Il a essayé de péter ma vitre (de voiture) avec son poing", a raconté à l'AFP une vétérinaire libérale exerçant dans la Savoie (est), qui a requis l'anonymat à la suite de cet incident avec des éleveurs

PARIS: "Vétérinaires = assassins", cliniques taguées "vétos = collabos"... "On a le droit à tout", déplore David Quint, président du Syndicat français des vétérinaires libéraux, qui témoigne du malaise dans la profession, en première ligne dans la gestion de l'épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession.

"Il a essayé de péter ma vitre (de voiture) avec son poing", a raconté à l'AFP une vétérinaire libérale exerçant dans la Savoie (est), qui a requis l'anonymat à la suite de cet incident avec des éleveurs.

Durant l'été, elle a été mandatée pour abattre un cheptel dans une exploitation. "Deux voitures se sont garées au milieu de la route comme des cowboys pour nous bloquer le passage et on nous a demandé si nous étions +fiers de ce que nous avions fait+, mon confrère et moi", se souvient-elle.

"Ils étaient quatre, c'était stressant, j'ai appelé la gendarmerie et porté plainte le soir même", rapporte la vétérinaire.

"Pris en étau" 

"On est pris en étau entre la souffrance du monde agricole d'un côté et le fait de devoir faire notre métier de l'autre", a regretté auprès de l'AFP Jean-Yves Gauchot, président de la Fédération des syndicats vétérinaires.

Lundi, le vétérinaire a reçu cette menace: "dans un autre temps, votre tête aurait fini au bout d'une pique", après s'être exprimé sur la chaîne d'information BFMTV, une première en 35 années d'expérience.

Une enquête a été ouverte mardi par le parquet de Bergerac (sud-ouest) pour menaces de mort après la plainte du praticien.

"Il ne faut pas laisser passer", défend-il, appelant ses confrères à porter plainte en cas de menaces.

Il n'y a "rien qui justifie que l'on menace quelqu'un de mort", a réagi mardi David Quint, lors d'une conférence de presse de l'Ordre des vétérinaires et de plusieurs organisations syndicales, qualifiant ces intimidations d'"inacceptables".

La stratégie gouvernementale de lutte contre cette maladie animale très contagieuse, non transmissible à l'homme mais qui peut toucher très durement le cheptel, prévoit l'abattage systématique d'un troupeau dès la détection d'un cas, ce qui cristallise les tensions d'une partie des agriculteurs, notamment de la Coordination rurale (deuxième syndicat) et de la Confédération paysanne (3e).

"N'allez pas trop loin sinon vous n'aurez plus de vétérinaires !", a mis en garde le président du Conseil national de l'Ordre, Jacques Guérin, interrogé par l'AFP en marge de la conférence.

Droit de retrait ? 

Face à la pression qui a "monté d'un cran", il a appelé les vétérinaires à faire valoir leur droit de retrait "si les conditions ne réunissent pas leur sécurité et celle de leurs proches".

Cela signifie qu'un vétérinaire habilité et mandaté par une préfecture pour abattre un élevage pourrait refuser sa tâche, tout en argumentant les raisons auprès du préfet, explique l'Ordre, qui ne soutiendra toutefois pas les clauses de retrait "de principe".

Le standard de l'Ordre des vétérinaires est "submergé d'appels de personnes complotistes, antivax, anti-tout, qui déversent des tombereaux de bêtises à l'encontre de la profession. Cela finit par impacter fortement le moral des vétérinaires", déplorait son président il y a quelques jours auprès de l'AFP.

"C'est inadmissible de s'en prendre aux vétérinaires", a réagi auprès de l'AFP Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne, arguant que la "responsabilité du climat de défiance" est à "aller chercher du côté du ministère de l'Agriculture".

La Coordination rurale, syndicat concurrent, "condamne" également "toutes les menaces" envers les vétérinaires, selon François Walraet, secrétaire général du syndicat, joint par l'AFP.

"Ce sont nos partenaires (...) Ce n'est pas à eux qu'il faut s'adresser si on veut que le protocole évolue", abonde-t-il.

Les mesures actuelles sont "absolument ce qu'il faut faire" pour éradiquer ce "virus extrêmement résistant dans les milieux extérieurs", insiste par ailleurs la présidente de l'association de vétérinaires SNGTV, Stéphanie Philizot.