«Où va la France ?» : Macron défend son bilan et n'exclut pas sa candidature

Une photo prise le 15 décembre 2021 montre un écran de télévision diffusant la chaîne de télévision française TF1 alors que le président français Emmanuel Macron répond aux questions des journalistes Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin lors d'une interview à l'Elysée à Paris. (Photo, AFP)
Une photo prise le 15 décembre 2021 montre un écran de télévision diffusant la chaîne de télévision française TF1 alors que le président français Emmanuel Macron répond aux questions des journalistes Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin lors d'une interview à l'Elysée à Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 16 décembre 2021

«Où va la France ?» : Macron défend son bilan et n'exclut pas sa candidature

  • Le président français Emmanuel Macron a accordé un long entretien-bilan à TF1
  • Interrogé sur l'éventualité d'une obligation vaccinale, M. Macron a expliqué que «c'est une hypothèse qui existe, quand on a déjà vacciné 90% de ceux qui y sont éligibles»

PARIS : A 4 mois du premier tour de l’élection présidentielle 2022, en pleine cinquième vague du Covid  en France et à quelques jours des fêtes de fin d’année, le président français Emmanuel Macron a accordé un long entretien-bilan à TF1 et LCI. Une interview intitulée "Où va la France?", enregistrée dans les conditions du direct.

Si le président français ne s'est toujours pas déclaré candidat à la prochaine élection présidentielle, il a confié qu'il avait "de l'ambition pour le pays, les Françaises et les Français au-delà du mois d'avril prochain". Interrogé sur la question, il a botté en touche, estimant que le moment n'était pas venu d'annoncer sa candidature : "Oui, j'ai de l'ambition pour notre pays, l'envie de faire, mais le moment où nous nous parlons est un moment où je dois encore assumer la responsabilité qui est la mienne, l'assumer dans la fonction qui est celle de président de la République."

Interrogé sur l'éventualité d'une obligation vaccinale, M. Macron a expliqué que le pass sanitaire a déjà institué "quasiment une obligation vaccinale". "On en est quasiment là", a-t-il répété, "quand plus de 90% de ceux qui devaient se faire vacciner se sont fait vacciner".

Quant à la vaccination des enfants, il a assuré qu'"il n'y a pas d'obligation" à vacciner ses enfants.

"Entre 5 et 11 ans, les autorités sanitaires ont expliqué que cela protégerait", a-t-il dit sur TF1, "et donc je pense que c'est souhaitable", mais "après, c'est le choix de parents". 

Les enfants "ont rarement des formes graves même si ces dernières semaines, on a eu plusieurs dizaines de cas d'enfants, parfois jeunes, qui sont à l'hôpital avec des formes graves", a-t-il précisé. 

"Celui qui dicte le rythme, c'est le virus" a affirmé le président français. Emmanuel Macron pense que beaucoup de gens seront hospitalisés pendant la période des fêtes, et a invité tout le monde à prendre rendez-vous pour une vaccination de rappel. Il a appelé ainsi "à la responsabilité" ceux qui ne se sont pas encore fait vacciner.

"Beaucoup de nos compatriotes sont fatigués de cette situation" a-t-il reconnu, "je suis comme vous". Mais il s'est défendu d'avoir instauré en raisons de l'épidémie une "société de contrôle permanent", et préféré parler d'une "société de vigilance" ou de "responsabilité". 

Le pass restera provisoire, a-t-il aussi assuré : "c'est évident puisque je ne pense pas qu’on aille pour toute éternité avec ce virus".

Entretien Macron: président «égocentré», exercice de «propagande», dénoncent les oppositions

"Interview Potemkine" d'un président "égocentré", "propagande" hors décompte du temps de parole des candidats à la présidentielle: les oppositions continuent de critiquer jeudi l'entretien télévisé la veille d'Emmanuel Macron, qui n'a pas officialisé sa candidature à la présidentielle.

"Un moulin à paroles égocentré, tiède et sans souffle. Sans un mot sur la catastrophe en cours en Outre-mer. Sans un mot sérieux sur les crises écologiques et sociales. Ni la paix dans le monde, ni la guerre du Mali. Bavardage hors-sol", a jugé le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon dans un tweet.

"Macron devait parler de la France. Il parle de Macron. 67 millions d'absents ce soir: les Français, leurs colères, leurs attentes, leurs espoirs", a déploré Ian Brossat, porte-parole du candidat PCF à la présidentielle Fabien Roussel.

"+Où va la France ?+ Il ne l'a pas dit", a déploré le député et porte-parole du PS Boris Vallaud en référence au titre de l'émission. "Demain, on va passer du +quoi qu'il en coûte+ à une question simple: qui va payer?", s'est-il inquiété.

Le premier secrétaire Olivier Faure a accusé le chef de l'Etat de "réinvente(r) l'interview Potemkine", avec un discours: "+J'ai appris, j’ai changé et c’est pour ça que je vais continuer comme avant+", a-t-il raillé dans un tweet.

"On attendait le Président sur l’essentiel: la France. On l’a eu sur l’accessoire: lui-même", a lâché le candidat d'extrême droite Eric Zemmour, sur Twitter également.

Pour le maire d'extrême droite de Béziers (Hérault) Robert Ménard, "c'était le +en même temps+: en même temps président et en même temps candidat", a-t-il estimé sur RMC vendredi en relevant "l'envie" selon lui du président de "faire une espèce de mea culpa, mais ça sonne faux, et il n'y a pas une réflexion sur le fond".

A droite, le député LR Eric Ciotti a critiqué "une émission de propagande de la part d'un candidat", une "interview (qui) pose un vrai problème démocratique".

Le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a critiqué "Jupiter convoquant les Français à venir le voir se contempler dans le miroir des caméras", ou "l’évidence d’une candidature".

"Vive l’ORTF", a lancé le secrétaire général des Républicains Pierre-Henri Dumont, qui y a vu une "grande opération de désamorçage de tout ce qui sera potentiellement reproché à Emmanuel Macron durant sa future campagne présidentielle", le tout "en prime time sur la 1ere chaîne de France et en dehors du temps de parole dévolu par le CSA à chaque candidat". 

M. Macron est aussi revenu sur l'épisode des masques au début de la crise du Covid-19 et particulièrement le stock insuffisant pour répondre aux besoins. "Il y avait une tradition de stockage des masques, nous nous disions que nous en aurions toujours, car ils viennent en 24 heures" depuis l'Asie, a rappelé Emmanuel Macron.

Pour le chef de l'Etat, la pénurie de masques a révélé "notre seconde vulnérabilité, après celle du vivant" : celle induite par la mondialisation.

 "Pas la loi de la jungle"

Le chef de l'Etat, élu en 2017 avec la promesse de dépasser le clivage droite-gauche, explique que son projet était bâti sur "le triptyque libérer/protéger/ unifier". "Je ne crois pas dans la sauvagerie, je ne suis pas pour la loi de la jungle! Je suis pour la responsabilité, le mérite, mais également l’entraide et la solidarité lorsque les coups durs sont là", détaille-t-il.

Emmanuel Macron justifie ainsi le "quoi qu'il en coûte" mis en place en 2020 après l'explosion de la pandémie. Cette politique a été possible "parce que nous avions une crédibilité, une solidité, liées aux réformes du marché du travail, à l’attractivité rebâtie".

Stoppée par la crise sanitaire, la réforme des retraite devra être relancée, a-t-il jugé, mais en allant "vers un système simplifié" avec "grosso modo trois grands régimes", pour la fonction publique, pour les salariés du privé et pour les indépendants. Il a reconnu que les faire passer de 42 à un seul, comme il en avait l'intention initialement, était "trop anxiogène".

M. Macron a vigoureusement rejeté l'image de "président des riches" qui lui colle à la peau, affirmant être au contraire un président qui "protège" et "unifie".

Emmanuel Macron a réuni 3,8 millions de téléspectateurs sur TF1

L'interview d'Emmanuel Macron diffusée sur TF1 mercredi soir a rassemblé 3,8 millions de téléspectateurs, selon les données de Médiamétrie, un score d'audience bien en-deçà de ceux enregistrés lors des précédentes allocutions du chef de l'Etat.

Cet entretien, d'une durée de deux heures, durant lequel le président de la République a notamment exposé son bilan de quinquennat aux journalistes Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin a réalisé une part d'audience de 18,3% sur la première chaîne.

Au plus haut, les téléspectateurs ont été jusqu'à 4,6 millions à regarder l'entretien, mentionne dans un tweet le groupe TF1. L'émission intitulée "Emmanuel Macron, où va la France ?" était également diffusée sur LCI, chaîne d'information en continu du groupe.

Sa diffusion, à quatre mois de l'élection présidentielle, a suscité de vifs débats entre opposants et soutiens au chef de l'Etat sur le respect du principe d'équité du temps de parole entre candidats, Emmanuel Macron ne s'étant pas déclaré officiellement candidat.

Ce score d'audience est bien inférieur à celui des précédentes allocutions du chef de l'Etat liées à la gestion de la crise sanitaire. Sa dernière intervention du 10 novembre avait ainsi été suivie par 8,1 millions de téléspectateurs uniquement sur TF1.

Par ailleurs, Emmanuel Macron est revenu sur ses propos les plus mal perçus, comme "ceux qui ne sont rien" ou le travail qu'on trouverait "en traversant la rue". Il a reconnu avoir "blessé des gens", en cherchant à "bousculer les choses".

Le président de la République a également été interrogé sur le sujet de l'immigration, un thême central aux débats de la campagne. « Je ne crois pas au grand remplacement, ça n'existe pas », a-t-il martelé. Concernant la laïcité : « Ce n’est pas l’effacement des religions, ce n’est le combat contre telle ou telle religion. C’est faux. C’est le respect de la dignité de chacun ».

Cette émission intitulée "Où va la France?", enregistrée dimanche dans la salle des fêtes de l'Elysée, a mis en fureur adversaires et partisans du président à moins de quatre mois de la présidentielle. L'opposition a dénoncé une atteinte à l'"équité" du temps de parole tandis que la majorité défendait le droit du président à s'expliquer face aux Français.

Plusieurs prétendants à l'Elysée ont fait appel à l'arbitre, en saisissant le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

Réagissant à chaud, le socialiste Boris Vallaud a déclaré voir dans cette émission un "confessionnal à ciel ouvert et pas une idée neuve".

(Avec AFP)


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".


La France rapatrie treize femmes et enfants depuis les camps en Syrie, une première depuis deux ans

La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
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  • La France a rapatrié dix enfants et trois femmes détenus dans des camps jihadistes en Syrie, marquant la première opération du genre depuis deux ans
  • Deux femmes ont été placées en garde à vue, et une troisième présentée à un juge antiterroriste

PARIS: La France a rapatrié tôt mardi matin dix enfants et trois femmes âgées de 18 à 34 ans qui étaient détenus dans des camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie, une première depuis deux ans.

Parmi les femmes, "deux ont été placées en garde à vue, sur commission rogatoire du juge d'instruction", a annoncé le Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un communiqué.

"Une autre femme, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt, sera présentée à un juge d'instruction dans la journée" en vue d'une possible mise en examen, a-t-il ajouté.

"Les mineurs sont pris en charge dans le cadre de procédures d'assistance éducative sous la responsabilité du parquet" de Versailles, a indiqué le Pnat, qui "assurera le suivi centralisé des mineurs concernés, en lien avec les parquets territoriaux".

"La France remercie les autorités syriennes de transition ainsi que l'administration locale du Nord-Est syrien qui a rendu possible cette opération", a déclaré de son coté le porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

Cette opération est une première depuis juillet 2023 en France, où ces retours restent une question sensible, dix ans après la vague d'attentats jihadistes sur le sol national.

Au total, 179 enfants et 60 femmes adultes ont été rapatriées depuis 2019, précise une source diplomatique.

Mais ces opérations avaient cessé à l'été 2023, faute de volontaires selon les autorités, et ce malgré des condamnations internationales dont celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en 2022.

- "Arbitraire" -

"Pour les familles qui attendaient leurs petits-enfants, neveux et nièces depuis plus de six ans, c'est un immense et indescriptible soulagement", a déclaré l'avocate des femmes rapatriées, Marie Dosé, dans un communiqué transmis à l'AFP.

Mais "la France laisse derrière elle 110 autres enfants français, toujours détenus dans le camp Roj", l'un des camps contrôlés comme d'autres centres et prisons par les forces kurdes, depuis plus de six ans, dénonce-t-elle.

Des dizaines de milliers de personnes, d'une cinquantaine de nationalités et soupçonnées de liens avec l'organisation jihadiste État islamique, sont retenues dans ces camps.

En juin, quelque 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises y étaient encore retenus, selon le Collectif des Familles unies, qui rassemble leurs proches.

Après ce rapatriement nocturne, ce collectif a rediffusé sur X mardi matin son message habituel dénonçant la détention sur place d'enfants "coupables de rien" dans "des conditions indignes".

Car pour ces familles, rien n'est encore réglé. "Une nouvelle fois, la France fait le choix de l'arbitraire", regrette Marie Dosé.

"La France, qui refusait de rapatrier des enfants tant que leurs mères n'avaient pas donné leur accord, refuse aujourd'hui leur retour alors qu'ils sont devenus majeurs. Ce faisant et plus que jamais, la France décide donc de faire payer à ces enfants le choix de leurs parents", estime-t-elle aussi.

Elle dénonce également le sort de femmes sans enfant ou dont les enfants sont décédés, et que la France refuse désormais de rapatrier, ainsi que d'enfants nés en France et "conduits de force en Syrie" avant de pouvoir acquérir la nationalité, ou de jeunes majeurs enfermés dans d'autres lieux de détention syriens.

Pour Matthieu Bagard, responsable du pôle expertise Syrie de l'ONG Avocats sans frontières France, "ce rapatriement démontre une nouvelle fois que la France a la possibilité d'organiser ces opérations". Mais il déplore lui aussi la situation des femmes et jeunes majeurs toujours "illégalement détenus".

En février, l'administration kurde a annoncé, en coordination avec l'ONU, son intention de vider d'ici fin 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de jihadistes.


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
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  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.