Aux Antilles, Mélenchon prend le large sur les remous de la gauche

Le chef du parti et candidat à la présidentielle du mouvement de gauche français La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon (à droite) réagit alors qu'il visite le moulin hydroélectrique du Gros-Morne à Le Gros-Morne sur l'île des Caraïbes françaises de la Martinique le 17 décembre , 2021. (Photo, AFP)
Le chef du parti et candidat à la présidentielle du mouvement de gauche français La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon (à droite) réagit alors qu'il visite le moulin hydroélectrique du Gros-Morne à Le Gros-Morne sur l'île des Caraïbes françaises de la Martinique le 17 décembre , 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 18 décembre 2021

Aux Antilles, Mélenchon prend le large sur les remous de la gauche

  • Le candidat Insoumis entendait marquer une différence avec une «ancienne gauche» qui «se ridiculise»
  • L'Insoumis affecte depuis le début de son voyage aux Antilles, mardi, un profond détachement vis-à-vis des interrogations qui taraudent une partie de la gauche, ces derniers jours

FORT DE FRANCE : Quand le décalage horaire redouble un décalage d'atmosphère: Jean-Luc Mélenchon "mène campagne" et déroule sa stratégie en Guadeloupe et en Martinique au moment où le reste de la gauche est en ébullition autour des appels à l'union.

Christiane Taubira et lui? "On n'est pas du même monde". En faisant mine de se désintéresser de l'hypothèse d'une candidature de l'ancienne ministre socialiste, mercredi soir après son meeting au Gosier en Guadeloupe, le candidat Insoumis entendait marquer une différence avec une "ancienne gauche" qui "se ridiculise".

Et c'est à contre-coeur qu'il a dû s'interrompre vendredi, lors de la visite d'un moulin hydraulique en plein coeur de la Martinique pour répondre aux questions des journalistes, après l'adresse de Mme Taubira annonçant qu'elle "envisageait d'être candidate".

"Ne sont concernés par l'entonnoir (des discussions à gauche) que ceux qui veulent y rentrer, pas moi. Total respect pour tout le monde, mais battez-vous entre vous et laissez-moi tranquille", a-t-il balayé, avant d'entamer la dégustation de mets locaux.

L'Insoumis affecte depuis le début de son voyage aux Antilles, mardi, un profond détachement vis-à-vis des interrogations qui taraudent une partie de la gauche, ces derniers jours: face au morcellement des candidatures, faut-il comme la socialiste Anne Hidalgo prôner une primaire, ou parier sur une figure sur le retour comme Christiane Taubira?

L'embarras de l'écologiste Yannick Jadot, le seul à même pour l'instant de rivaliser dans les sondages avec lui à gauche, mais qui n'en finit plus de justifier son refus d'une primaire, amuse en tout cas M. Mélenchon: "En ce moment pas mal de monde est encalminé, je ne vais pas vous dire que ça me rend triste".

Le voyage aux Antilles tombe bien pour lui. Il peut rester dans son couloir et dérouler sa stratégie à l'abri de l'agitation. D'autant que les outremers occupent une place importante dans son soutien tous azimuts aux luttes sociales.

Mais aussi sur les valeurs. Le concept de "créolisation", repris au poète martiniquais Edouard Glissant et signifiant une nouvelle forme d'universalisme basé sur le métissage de fait des cultures, est devenu central dans sa campagne.

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"Je m'ennuie si je ne me mets pas des objets théoriques sur la table", a-t-il expliqué. "La créolisation, je m'en veux de ne pas y avoir pensé plus tôt. Que faire de l'universalisme abstrait? J'en avais marre de n'en traiter que ce qui ne marche pas. Même si pour moi c'est dur" de s'en éloigner.

Que ce soit en Guadeloupe ou en Martinique, le député des Bouches-du-Rhône a mis un point d'honneur à faire ressentir à leurs habitants que ces territoires sont non pas "ultra-périphériques" mais des "loupes" sur la situation de la France entière, comme il l'a dit en meeting.

Les Insoumis se targuent d'ailleurs de faire les meetings les plus courus à gauche: après celui de La Défense (près de 5 000 personnes) il y a deux semaines, ils ont rassemblé plusieurs centaines de soutiens en Guadeloupe.

Selon l'eurodéputé Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, "Jadot a eu tort de ne pas mieux penser son meeting de lancement à Laon", le weekend dernier, un événement de petit calibre et assumé comme tel. 

Le stratège insoumis utilise aussi un autre "signal", la plateforme de soutien numérique à la candidature de Jean-Luc Mélenchon, qui affiche désormais 266 000 signatures avec un rythme d'inscriptions plus élevé ces dernières semaines.

Reste que les sondages créditent le candidat d'entre 7 et 13% des voix, un score encore largement insuffisant pour espérer rallier le second tour. "J'ai un moral de vainqueur, je me vois à l'Elysée dans quatre mois", a-t-il lancé malgré tout.

Jean-Luc Mélenchon ne peut cependant se repaître des difficultés à trouver l'union entre les autres candidats. "Cela désespère et démobilise les électeurs", y compris ceux qui pourraient voter pour lui, confie un de ses proches.

Le risque est aussi pour le candidat de se laisser leurrer par le terrain du moment, qui lui est favorable: en 2017, il avait obtenu 24% des voix en Guadeloupe et 27% en Martinique.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.