«Sérieuses craintes» pour les réfugiés afghans au Royaume-Uni avec la crise Omicron

Si la propagation d’Omicron est une mauvaise nouvelle pour tout le monde en Grande-Bretagne, elle représente une menace particulièrement grave pour les quelque 7000 demandeurs d’asile afghans qui vivent dans des hôtels fournis par le gouvernement. (Photo, AFP)
Si la propagation d’Omicron est une mauvaise nouvelle pour tout le monde en Grande-Bretagne, elle représente une menace particulièrement grave pour les quelque 7000 demandeurs d’asile afghans qui vivent dans des hôtels fournis par le gouvernement. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 21 décembre 2021

«Sérieuses craintes» pour les réfugiés afghans au Royaume-Uni avec la crise Omicron

  • Quelque 7000 demandeurs d’asile afghans vivent dans des hôtels temporaires en Grande-Bretagne en attendant un logement permanent
  • Le Royaume-Uni a enregistré plus de 80 000 nouveaux cas de Covid-19 dimanche, dont la plupart seraient dus au variant Omicron très infectieux

LONDRES : Il existe de «sérieuses craintes» quant au risque potentiel que pose le variant Omicron de la Covid-19 pour la santé des milliers de demandeurs d’asile afghans hébergés par les autorités britanniques dans des hôtels temporaires, ont déclaré des experts à Arab News.

Le Royaume-Uni est confronté à l’une des pires épidémies d’Omicron au monde. Dimanche, le pays a enregistré plus de 80 000 nouveaux cas de Covid-19. La plupart d’entre eux seraient dus au variant Omicron, qui, selon les experts, est beaucoup plus infectieux que le variant Delta, précédemment dominant.

Si la propagation d’Omicron est une mauvaise nouvelle pour tout le monde en Grande-Bretagne, elle représente une menace particulièrement grave pour les quelque 7000 demandeurs d’asile afghans qui vivent dans des hôtels fournis par le gouvernement.

«Nous avons eu des épidémies de Covid-19 dans les hôtels où étaient logés les demandeurs d’asile lors des premières vagues (de la pandémie), et bien sûr le variant Omicron serait beaucoup plus infectieux», a indiqué Jenny Phillimore, professeure de migration et de superdiversité à l’Université de Birmingham au Royaume-Uni, à Arab News.

Elle a ajouté que des informations non confirmées provenant d’autres pays font déjà état de la transmission du variant Omicron entre des personnes se trouvant dans des chambres séparées dans des hôtels utilisés pour la quarantaine, même si elles n’ont pas été en contact direct, ce qui est de mauvais augure pour les milliers d’Afghans qui attendent un logement permanent au Royaume-Uni.

Environ 12 000 personnes ont été évacuées de Kaboul par les autorités britanniques en août, durant les derniers jours de la mission de l’Otan en Afghanistan. Beaucoup d’entre elles avaient travaillé aux côtés des troupes britanniques dans divers rôles de soutien, et le Premier ministre britannique, Boris Johnson, leur avait promis un «accueil chaleureux». Plus de trois mois après les évacuations, cependant, on estime que des milliers de personnes attendent toujours un logement à long terme.

Le Bureau de l’Intérieur a refusé de confirmer à Arab News le nombre exact d’Afghans encore hébergés dans des hôtels, mais a assuré qu’il prenait leur bien-être «très au sérieux».

Mme Phillimore a mené des recherches approfondies sur l’accès aux soins de santé parmi les demandeurs d’asile vivant dans des logements temporaires. Elle a prévenu que si une épidémie se déclarait parmi les nombreuses familles résidant actuellement dans des hôtels temporaires, il serait «très improbable» qu’elles soient en mesure de protéger les autres contre l’infection.

«Au début (de la pandémie), il était impossible de pratiquer la distanciation sociale (dans les hôtels)», a précisé Mme Phillimore. Au cours de ses recherches, elle a appris que lors des précédentes vagues d’infection, «il n’y avait pas de mesures d’hygiène supplémentaires» et que les demandeurs d’asile «n’étaient pas munis de masques».

Maintenant, dit-elle, «les hôtels sont bondés; nous avons de sérieuses craintes sur ce qu’il adviendra des personnes confinées dans une seule chambre d’hôtel avec leur famille durant une pandémie».

«À partir de maintenant, quoi que nous fassions, nous devons planifier tout ce que nous faisons comme s’il y avait une pandémie. Nous devons mettre en place des plans d’urgence; nous ne pouvons pas laisser ces personnes dans des hôtels parce qu’il y a une pandémie», a-t-elle ajouté.

Cette planification doit également inclure l’accès à des services de santé adéquats, a souligné Mme Phillimore. Ses propres recherches et des études menées par le Conseil des réfugiés ont mis en évidence les difficultés rencontrées par les demandeurs d’asile pour accéder au système de santé tentaculaire du Royaume-Uni.

Lorsqu’on vit dans des hôtels, «il est difficile d’accéder à certains types de soins, à moins de pouvoir consulter un médecin généraliste», explique-t-elle.

Les besoins de services de santé mentale, qui sont particulièrement importants pour les personnes fuyant des décennies de guerre, sont d’autant plus pressants.

«C’est un cauchemar. L’accès aux soins de santé mentale pour l’ensemble de la population est un désastre absolu», a lancé Mme Phillimore avant de poursuivre que tout le monde au Royaume-Uni doit «faire des pirouettes» pour accéder à un soutien en matière de santé mentale en Grande-Bretagne, «mais c’est beaucoup, beaucoup plus difficile depuis un logement temporaire».

«Nous demeurons profondément préoccupés par le nombre de réfugiés afghans qui sont toujours bloqués dans des hôtels, attendant que l’on sache clairement ce qu’il adviendra d’eux et où ils finiront par vivre», a indiqué à Arab News Judith Dennis, responsable des politiques au Conseil des réfugiés.

«Bien que nous comprenions que le gouvernement ait dû travailler rapidement pour soutenir ceux qui ont évacué Kaboul, les hôtels ne sont tout simplement pas assez bons pour que les gens y vivent à long terme.»

Elle a noté que l’attente de la réinstallation «ne fait qu’ajouter une détresse mentale intense à de nombreux hommes, femmes et enfants qui ont déjà subi un traumatisme inimaginable et qui cherchent désespérément à reconstruire leur vie ici. Si les gens sont bloqués dans des hôtels, nous craignons qu’ils ne puissent pas accéder au soutien et aux services de santé vitaux dont ils ont besoin pour se rétablir.»

«Nous prenons très au sérieux le bien-être des personnes dont nous avons la charge; nous veillons à ce que tous les logements respectent les normes de sécurité et les réglementations relatives à la Covid-19, et nous avons proposé le vaccin contre la Covid-19 à tous les arrivants afghans», a déclaré un porte-parole du Bureau de l’Intérieur à Arab News.

«Nous nous attendons à des normes élevées de la part de tous nos fournisseurs d’hébergement, et toute personne ayant des soucis peut s’adresser aux agents de liaison du Bureau de l’Intérieur sur le terrain.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.