Trains de nuit: le Paris-Lourdes à nouveau sur les rails, après quatre ans d'absence

 Un passager arrivant à bord du train Nightjet entre Vienne et Paris à la gare centrale de Vienne, en Autriche, le 13 décembre 2021.(AFP)
Un passager arrivant à bord du train Nightjet entre Vienne et Paris à la gare centrale de Vienne, en Autriche, le 13 décembre 2021.(AFP)
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Publié le Vendredi 24 décembre 2021

Trains de nuit: le Paris-Lourdes à nouveau sur les rails, après quatre ans d'absence

  • Faute de rentabilité, ce train couchette avait été supprimé en 2017
  • Depuis le 12 décembre, un Paris-Lourdes nocturne embarque donc à nouveau des voyageurs vers les montagnes enneigées des Pyrénées

PARIS : Les voyageurs frissonnent dans le vent froid sur le quai de la gare d'Austerlitz, à Paris. Chargés de leurs bagages, ils prennent place à bord du train de nuit à destination de Lourdes, qui reprend du service cet hiver.

"Tarbes, Auterive, Saverdun, Pamiers...": les yeux rivés sur le panneau des départs, deux enfants, emmitouflés dans des doudounes bleues, énumèrent en coeur les villes étapes du Paris-Lourdes. 

Faute de rentabilité, ce train couchette avait été supprimé en 2017. Mais l'Etat a décidé de le réactiver dans le cadre du plan France Relance, qui vise à développer des modes de transport plus écologiques.

Depuis le 12 décembre, un Paris-Lourdes nocturne embarque donc à nouveau des voyageurs vers les montagnes enneigées des Pyrénées, à raison de quatre personnes par cabine de six, Covid oblige. 

Excité, Antton, 8 ans, s'empresse de grimper les hautes marches du wagon numéro 8 avec ses parents et son petit frère. A 21h14, le train s'ébranle.

"Ça va être un peu agité parce que ça va vite. Pour moi, c'est comme une attraction", s'exclame-t-il ensuite, depuis la couchette du haut, enthousiaste à l'idée de dormir pour la première fois dans un train.

Economique et écologique

"Avec des tarifs aussi intéressants que du low-cost, nous avons dans ces trains une surreprésentation des jeunes et des familles avec enfants", explique à l'AFP Paul Bilaine, attaché de presse de la SNCF. 

Les tarifs sont de 19 euros pour un siège inclinable, 29 pour une couchette. "Un choix écologique à un tarif bas", résume-t-il. 

Pour David toutefois, ce n'est pas vraiment un choix. Ce jeune homme, qui ne souhaite pas donner son identité, et ses deux amis prennent ce train parce qu'ils n'ont "rien trouvé d'autre". Mais ils sont décidés à profiter pleinement de l'"expérience". 

Les garçons marchent sur le quai, le long des rames, brosse à dents en poche. Direction les toilettes, seul lieu où une prise électrique leur permet de surcroît de charger leur ordinateur portable couvert d'autocollants. Au programme de la nuit: film et jeux de cartes.

"On va passer le temps comme on peut, ça va être sympa", espère David qui s'est "mis à l'aise". Tous trois ont revêtu chaussons douillets et survêtements. 

Cette ambiance paisible contraste avec la colère qui gronde lorsque le contrôleur annonce que le terminus sera en fait Toulouse, "à cause des conditions météorologiques" mauvaises.

Pour les voyageurs de la voiture 8, plongée en outre dans le noir en raison d'un "problème technique", c'en est trop. Par petits groupes, ils réclament des explications. Le ton monte. Puis ils se résignent et le calme revient.

Dormir, puis skier 

A 22h45, le silence règne à bord de l'inter-cité numéro 3741. Les couloirs sont déserts. Voiture après voiture, seul le bruit du train, qui file sur les rails, se fait entendre.

Des rires proviennent d'une cabine allumée. Six employés de la SNCF y sont assis face à face sur les deux couchettes du bas. Ils doivent rester éveillés jusqu'à Bordeaux. Leur service y prend fin à 02h40 et une autre équipe prend le relais. 

"On a des rondes à faire toutes les heures", explique Gildas Tordeux, contrôleur depuis 24 ans. Ce quadragénaire, souriant même face aux voyageurs en colère, est nostalgique: il évoque avec émotion des souvenirs d'enfance.

"C'était génial de pouvoir dormir dans un train et le matin, d'être sur les pistes de ski", se souvient-t-il, en racontant qu'il prenait le Paris-Lourdes avec son père pour rejoindre sa soeur. "Et aujourd'hui, pouvoir faire ce train en tant que contrôleur, c'est marrant. J'y pense à chaque fois", confie-t-il. 

Il est 05h04 lorsque le train entre en gare de Toulouse-Matabiau. Aucune annonce. Les 300 passagers cherchent les bus de substitution pour achever leur périple. La SNCF promet de les dédommager.

 


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.