Une campagne d'arrestations vise les alliés d’un député palestinien

Sur cette photo prise le lundi 28 août 2017, le siège nouvellement construit de l'Autorité palestinienne, à la périphérie de la ville de Ramallah en Cisjordanie. (AP)
Sur cette photo prise le lundi 28 août 2017, le siège nouvellement construit de l'Autorité palestinienne, à la périphérie de la ville de Ramallah en Cisjordanie. (AP)
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Publié le Mardi 29 septembre 2020

Une campagne d'arrestations vise les alliés d’un député palestinien

  • L'Autorité palestinienne estime que Dahlan a joué un rôle majeur dans la conclusion de l'accord de paix entre les Émirats arabes unis et Israël
  • Le Comité mixte de sécurité a pour instruction de prendre des mesures strictes contre les partisans de Dahlan

GAZA: Les services de sécurité de l'Autorité palestinienne ont récemment lancé une campagne pour arrêter des membres de l'opposition en Cisjordanie.

La campagne cible des militants du Bloc de réforme démocratique dont fait partie le député Muhammad Dahlan, un critique de haut niveau du président Mahmoud Abbas.

Des figures emblématiques du Conseil révolutionnaire du Fatah, d'anciens responsables de la sécurité et des professeurs d'université ont été arrêtés. On parle notamment de Haitham Al-Halabi, membre du Conseil révolutionnaire de Naplouse, et du général de division Salim Abu Safiya, ancien responsable de la sécurité dans la bande de Gaza.

Quelques jours auparavant, le journaliste palestinien Jayab Abu Safiya, basé à Londres, a publié des photos du domicile de son oncle, le major général Abu Safiya, et qui montre des agents de sécurité fouillant la demeure.

La famille d’Abu Safiya a déclaré dans un communiqué que les services de sécurité l’avaient arrêté à 2 heures du matin, sans motif valable. Abu Safiya est un ancien détenu des prisons israéliennes et l’un fondateur du Service de sécurité préventive.

Si un tribunal l’a libéré après sept jours de détention ce lundi, la peine d’Haïtham Al-Halabi par contre a été prolongée de 15 jours, dans le cadre de l’enquête en cours.

Une source officielle du parquet palestinien de Ramallah a déclaré à Arab News que les prisonniers font face à deux chefs d'accusation liés à la possession d'armes et au transfert de fonds illégaux vers la Cisjordanie.

Cependant, une source haut-placée parmi les rangs du Fatah a déclaré sous le couvert de l’anonymat que les ordres d’arrestation viennent directement du président Abbas, et que le Comité mixte de sécurité a pour instruction de prendre des mesures strictes contre les partisans de Dahlan.

L'Autorité palestinienne estime que Dahlan, qui a résidé aux Emirats Arabes Unis après qu'un différend avec le président Abbas Dahlan l'ait contraint à quitter la Cisjordanie, a joué un rôle majeur dans la conclusion de l'accord de paix entre les Émirats arabes unis et Israël. Il avait trouvé refuge en Cisjordanie après que le Hamas ait pris le contrôle de Gaza en 2007.

Dès lors, Dahlan, 58 ans, qui entretient de solides liens régionaux comme internationaux, a été pressenti comme successeur potentiel d'Abbas, 84 ans.

Le porte-parole des forces de sécurité en Cisjordanie, le général Adnan Al-Dameiri, a nié que les arrestations soient politiques. «Les services de sécurité ont arrêté 4 ou 5 personnes accusées d’enfreindre la loi», a-t-il déclaré.

La campagne d'arrestation coïncide avec les déclarations de l'ambassadeur américain en Israël David Friedman, qui a dit au journal hébreu Israel Hayom que les États-Unis envisagent de remplacer le président Abbas par Dahlan. Le journal a rétracté sa déclaration par la suite.

Une source du Fatah a confié à Arab News que cette affirmation a suscité l’ire du président Abbas et de son équipe, après que Friedman ait également affirmé que Dahlan a joué un rôle «important» dans l'accord EAU-Israël.

Le porte-parole du Bloc de réforme démocratique et membre du Conseil révolutionnaire du Fatah Dimitri Diliani a déclaré à Arab News que Dahlan a rejeté les propos de l'ambassadeur avant Abbas lui-même. Il a ajouté que Dahlan a également rejeté l'accord avec Israël, par le biais d'un communiqué officiel publié depuis Abu Dhabi.

Diliani a rejeté les accusations dirigées contre les prisonniers et a déclaré qu'ils n'avaient «aucun rapport ou lien avec l'argent ou les méthodes de financement actuelles en Cisjordanie».

Il a affirmé qu'il existe une «structure distincte» pour l'argent et le financement, et que la méthode d'acheminement de l'argent en Cisjordanie est tenue secrète.

"Abbas et le groupe de bénéficiaires qui l'entourent craignent le pouvoir du bloc Dahlan, qui est aujourd'hui devenu une majorité au sein du Fatah dans le pays et à l'étranger", a-t-il ajouté.

Highlight Une source officielle du parquet palestinien de Ramallah a déclaré à Arab News que les prisonniers font face à deux chefs d'accusation liés à la possession d'armes et au transfert de fonds illégaux en Cisjordanie.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.