Liban : Un Noël maussade sur fond de crise monétaire

Vendredi, des apnéistes vêtus de costumes de Père Noël posent pour une photo alors qu'ils sont immergés sous l'eau au large des côtes de la ville de Batroun, au nord du Liban. (Photo, AFP)
Vendredi, des apnéistes vêtus de costumes de Père Noël posent pour une photo alors qu'ils sont immergés sous l'eau au large des côtes de la ville de Batroun, au nord du Liban. (Photo, AFP)
Michel Tawil, gérant d'une boutique de cadeaux, emballe un cadeau dans une boutique de Beyrouth, au Liban, le 22 décembre 2021. Photo prise le 22 décembre 2021. (Photo, Reuters)
Michel Tawil, gérant d'une boutique de cadeaux, emballe un cadeau dans une boutique de Beyrouth, au Liban, le 22 décembre 2021. Photo prise le 22 décembre 2021. (Photo, Reuters)
Short Url
Publié le Samedi 25 décembre 2021

 Liban : Un Noël maussade sur fond de crise monétaire

  • Le patriarche maronite Bechara Raï appelle les politiciens à visiter les maisons des personnes affamées
  • De nombreux parents contraints de dire à leurs enfants : «Le Père Noël ne viendra pas cette année»

BEYROUTH : Les chrétiens du Liban célébreront Noël cette année dans des conditions économiques parmi les plus difficiles de l'histoire du pays, a déclaré vendredi le patriarche maronite Bechara Boutros Raï.

Dans son message de Noël, Raï a blâmé les politiciens libanais pour «rester trop dans les désaccords».

Raï a conseillé : «Il vaudrait mieux que les fonctionnaires marchent parmi les gens, parcourent les rues, entrent dans les maisons, rendent visite aux malades, parlent aux parents, écoutent leurs souffrances et les cris de leurs enfants, et voient combien de personnes vont au lit affamé tous les soirs».

«Cela leur serait utile de voir combien de personnes sont actuellement sans abri, combien de filles et de garçons ne sont pas scolarisés».

«S'ils voyaient la situation dans les hôpitaux publics et les écoles, les orphelinats et les institutions pour personnes ayant des besoins spéciaux, ils auraient honte d'eux-mêmes et ils démissionneront», a-t-il souligné.

«Malgré tout cela, on voit les gens au pouvoir plongés dans leurs conflits, à la recherche d'astuces, de compromis et de bonnes affaires pour se venger, éloigner leurs opposants, nommer leurs complices, et comploter dans le but de reporter les élections législatives et présidentielles, uniquement pour servir leur intérêt personnel, au détriment du Liban et des Libanais», a précisé Raï.

L'appel du patriarche est venu alors que les décorations de Noël, tout comme l'activité du marché, semblaient timides dans la plupart des régions libanaises.

De nombreux Libanais ne célébreront pas un Noël festif cette année après l'effondrement financier du pays et les craintes d'une pandémie de la Covid-19 pendant les vacances.

Des milliers d'expatriés libanais, notamment ceux qui ont quitté le Liban au cours des deux dernières années, ont afflué chez eux pour les vacances.

«Rien que mercredi, 91 avions transportant des Libanais revenant passer les vacances avec leurs familles et renouveler leur confiance au Liban ont atterri à l'aéroport international de Beyrouth Rafic Hariri », a déclaré le ministre des Travaux publics et des Transports, Ali Hamia.

Les rues qui étaient autrefois lumineuses avec les lumières de Noël ont plongé dans l'obscurité au milieu des coupures de courant et des heures de rationnement.

Deux ans après le début de la crise économique sans précédent du pays, de nombreux Libanais ont oublié à quoi ressemble la joie des vacances.

Les gens dans les supermarchés se sont aussi plaints d'une augmentation supplémentaire des prix.

«Tout est évalué en dollars américains ou en livres libanaises sur la base du taux de change du marché noir, à l'exception de nos salaires. Comment pouvons-nous vivre comme ça ? a déclaré Rana, une femme au foyer, à Arab News.

 

« Il vaudrait mieux que les fonctionnaires marchent parmi les gens, parcourent les rues, entrent dans les maisons, rendent visite aux malades, parlent aux parents, écoutent leurs souffrances et les cris de leurs enfants, et voient combien de personnes vont au lit affamé tous les soirs. »

Le patriarche maronite, Bechara Boutros Raï

 

Le prix d'un kilogramme de châtaignes, un aliment populaire pendant la saison des vacances, a atteint LBP150 000 ($99), tandis que le prix d'une mangue importée a atteint LBP50 000.

Un aliment de base de Noël, le gâteau traditionnel, est également cher et il vendu dans de nombreux magasins pour plus de LBP300 000.

Les bijoutiers n'ont signalé presque aucune vente pendant la saison de Noël, et de nombreux parents ont dit à leurs enfants que le Père Noël ne viendrait pas le 25 décembre.

Pendant ce temps, un nombre croissant de mendiants implore les clients des restaurants pour les restes de nourriture, avec quatre Libanais sur cinq vivant désormais en dessous du seuil de pauvreté.

La scène la plus humiliante de Noël est survenue lorsque des employés du secteur public, des membres de l'armée et du personnel des services de sécurité ont été filmés faisant la queue pendant des heures devant les banques pour percevoir leurs salaires.

La Banque centrale libanaise avait publié une circulaire autorisant les travailleurs du secteur public à acheter des dollars auprès des banques à un taux de change fixe.

En prenant ces dollars et en les échangeant contre des livres libanaises au taux du marché noir, certains employés ont pu gagner LBP 450 000 supplémentaires pour chaque $100.

Sur la base du taux du marché noir, le personnel militaire gagne maintenant moins de $50. Avant la crise économique, leurs salaires étaient équivalents à environ $1 000.

Les images des scènes sont devenues virales en ligne, provoquant l'indignation de centaines de militants et de citoyens libanais.

«L'activité du marché est lente», a déclaré Nicolas Chammas, président de l'Association des commerçants de Beyrouth.

«Nous espérions que les choses reprendraient pendant les vacances, surtout après les pertes que le secteur a subies pendant l'été», a-t-il ajouté.

«Malheureusement, les acheteurs étaient peu nombreux et leur pouvoir d'achat a considérablement diminué. C'est la saison des fêtes la plus faible que nous ayons connue depuis 1975».

«Même en pleine guerre, le marché n'avait jamais connu une telle dépression. Très peu de personnes ont acheté des jouets, des appareils électroniques, des bijoux et des parfums cette année».

«Avant la crise économique, ces produits engendraient un revenu de $250 millions par semaine avant Noël. Aujourd'hui, nous estimons à seulement $10 à $15 millions par jour. C'est une vraie catastrophe».

Il a attribué ce changement à une baisse du pouvoir d'achat du peuple libanais.

Les gens doivent d'abord assurer leurs besoins de base en termes de nourriture et de carburant avant de pouvoir envisager d'acheter des cadeaux, a expliqué Chammas.

«Nous avons touché le fond. Seuls environ 50% des magasins ont survécu à la crise, mais tous ne survivront certainement pas à l'année», a-t-il ajouté.

«Les quelques personnes qui ont contribué à l'activité du marché ce Noël sont des expatriés qui sont rentrés au Liban pour les vacances».

Pierre Al-Ashkar, chef du Syndicat des hôteliers au Liban, a prévenu que le retour des expatriés pendant la saison des vacances ne parviendrait pas à raviver le secteur du tourisme.

Il a affirmé qu'environ 90% des expatriés possèdent des maisons au Liban. Très peu de touristes arabes arrivent également pour des vacances, a ajouté Al-Ashkar.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

Short Url
  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.