Ruissellement de la misère: comment le gel des avoirs nuit à tous les Afghans

Sur cette photo prise le 18 décembre 2021, l'homme d'affaires afghan Shoaib Barak pose pour une photo devant son bureau à Kaboul.(AFP)
Sur cette photo prise le 18 décembre 2021, l'homme d'affaires afghan Shoaib Barak pose pour une photo devant son bureau à Kaboul.(AFP)
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Publié le Dimanche 26 décembre 2021

Ruissellement de la misère: comment le gel des avoirs nuit à tous les Afghans

  • La crise de trésorerie de l'entrepreneur illustre les problèmes touchant des dizaines de milliers d'Afghans
  • A l'arrivée au pouvoir des talibans mi-août, les Etats-Unis ont gelé près de 9,5 milliards de dollars d'avoirs, équivalent à la moitié du PIB 2020 du pays

 KABOUL : Entrepreneur afghan, Shoaib Barak peine à payer ses salariés et ses fournisseurs qui, à leur tour, ne peuvent payer leurs factures: une terrible mécanique provoquée par le gel des avoirs afghans à l'étranger, qui paralyse le système bancaire du pays.

"Je me sens vraiment honteux", confie celui qui, essentiellement via son entreprise de construction, employait récemment encore 200 personnes à travers le pays.

"Pour moi, pour chaque Afghan, c'est vraiment dégoûtant. Je n'ai même pas la capacité de payer mon équipe."

A l'arrivée au pouvoir des talibans mi-août, les Etats-Unis ont gelé près de 9,5 milliards de dollars d'avoirs -- équivalent à la moitié du PIB 2020 du pays -- de la banque centrale afghane pour éviter que l'argent ne tombe entre les mains du régime islamique.

Même partiellement libérés, ces fonds pourraient être réclamés par les victimes des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et bloqués par la justice américaine.

Le gel de ces réserves, qui d'ordinaire auraient servi à financer des projets d'infrastructures ou payer des factures gouvernementales, s'est répercuté au reste de l'économie: les banques afghanes et, au bout de la chaîne, les entreprises et les citoyens, n'ont désormais plus de dollars.

"Libérez les réserves !", plaide M. Barak. "Si vous avez un problème avec (...) les talibans, ne vous vengez pas sur la nation, le peuple."

Monnaie en chute libre 

La crise de trésorerie de l'entrepreneur illustre les problèmes touchant des dizaines de milliers d'Afghans.

M. Barak dit avoir sur ses comptes environ trois millions de dollars (2,6 millions d'euros), issus de contrats payés en monnaie américaine avec des groupes privés ou l'ancien gouvernement.

Mais comme les banques locales limitent les retraits hebdomadaires à 5% du solde d'un compte professionnel ou 5.000 dollars maximum, l'entrepreneur a plusieurs mois de factures en retard et rien pour payer ses employés, comme Ahmad Zia.

Cet ingénieur de 55 ans gagnait 60.000 afghanis par mois -- soit 620 euros avant que la monnaie ne chute de 25% avec la prise de pouvoir des talibans.

Quatre mois plus tard, il peine à joindre les deux bouts et craint que sa famille de six personnes, autrefois plutôt aisée, ne puisse "manger qu'une ou deux fois" par jour.

L'impact ne s'arrête pas aux employés: le cabinet d'avocats d'Ehsanullah Maroof dépendait largement de l'acompte mensuel versé par l'entreprise de BTP.

"Les enfants allaient dans une très bonne école", raconte M. Maroof, fier que sa fille de neuf ans, Rana, ait été première de sa classe.

Il n'a, aujourd'hui, plus les moyens d'acheter de bons médicaments pour son fils épileptique, et Rana a quitté l'école dont ses parents ne pouvaient payer les frais de scolarité.

La nourriture manque

Le cercle vicieux continue: la femme de ménage de la famille Maroof est désormais au chômage.

Principal soutien financier de sa famille de sept, Gulha, 42 ans, gagnait 8.000 afghanis par mois. Aujourd'hui, elle a deux mois de loyers en retard et manquera bientôt de nourriture.

"J'ai 14 kilos de riz, 20-21 kilos de farine et un peu d'huile", détaille-t-elle dans l'appartement d'une pièce où ses voisins profitent aussi de la chaleur d'un poêle à bois.

De quoi "tenir 10 jours", ajoute-t-elle. Une fois la nourriture et l'équivalent des deux semaines de bois de chauffage épuisée, elle rejoindra ses millions de compatriotes dépendants de l'aide ou de la charité.

Il reste quelques lueurs d'espoir. Mercredi, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution autorisant pour un an l'aide humanitaire à l'Afghanistan, assortie de mécanismes pour qu'elle ne tombe pas aux mains des talibans.

Mais que celà suffise à contenir la catastrophe humanitaire en cours dépendra en fin de compte de "la viabilité du système bancaire", explique Hanna Luchnikava-Schorsch, économiste pour l'Asie-Pacifique chez IHS Markit.

Beaucoup de banques afghanes sont "très proches de l'effondrement" et les institutions étrangères seront probablement "terrifiées" de tomber sous le coup des sanctions malgré la résolution, ajoute-t-elle.

Pour beaucoup d'Afghans, c'est de toute façon déjà trop tard. 

Les organisations internationales ont prévenu que jusqu'à un million d'enfants afghans pourraient mourrir cet hiver, relève Shoaib Barak.

"Qui sera blâmé selon vous", demande-t-il. "Les Etats-Unis ou les talibans?"

 


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.


Série de raids israéliens sur le Liban, Israël dit viser le Hezbollah

Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
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  • Israël a mené des raids aériens contre le sud et l’est du Liban, affirmant viser des infrastructures militaires du Hezbollah
  • Ces frappes surviennent à la veille d’une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, toujours fragile

BEYROUTH: L'aviation israélienne a lancé jeudi matin une série de raids contre le sud et l'est du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise, Israël affirmant viser des infrastructures du Hezbollah pro-iranien.

Ces frappes interviennent à la veille d'une réunion du groupe de surveillance du cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre 2024, qui comprend, outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, l'ONU et la France.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), des raids ont visé plusieurs régions du sud du Liban, frontalier d'Israël, ainsi que des zones montagneuses de la Békaa (est), un bastion du Hezbollah.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir frappé "plusieurs structures militaires du Hezbollah où des armes étaient stockées, et à partir desquelles les terroristes du Hezbollah ont continué d'opérer récemment".

Deux personnes avaient été tuées mardi dans deux frappes israéliennes qui avaient visé une camionnette au sud de Beyrouth et une voiture dans le sud du Liban. L'armée israélienne avait affirmé avoir visé des membres du Hezbollah.

Malgré le cessez-le-feu qui a mis fin il y a plus d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier poursuit ses frappes au Liban, qui ont fait environ 340 morts selon une compilation de l'AFP sur la base des chiffres du ministère de la Santé.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.