Le Royaume-Uni accusé de «tenter de passer à autre chose» après avoir laissé des centaines d'Afghans bloqués

Des gens tentent d'entrer à l'aéroport international Hamid Karzai de Kaboul, en Afghanistan, le 16 août 2021. (Photo, Reuters)
Des gens tentent d'entrer à l'aéroport international Hamid Karzai de Kaboul, en Afghanistan, le 16 août 2021. (Photo, Reuters)
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Publié le Dimanche 26 décembre 2021

Le Royaume-Uni accusé de «tenter de passer à autre chose» après avoir laissé des centaines d'Afghans bloqués

  • Le gouvernement admet que plus de la moitié des laissés-pour-compte continuent de se cacher
  • Un ancien ministre affirme que le vrai nombre pourrait se chiffrer en milliers

LONDRES : Plus de la moitié des 311 Afghans laissés pour compte par les forces britanniques lors du retrait d'Afghanistan, mais à qui l'on avait promis refuge au Royaume-Uni, sont toujours piégés dans ce pays déchiré par la guerre – certains affirmant que le vrai nombre pourrait se chiffrer en milliers.

De nombreux interprètes et autres Afghans qui ont travaillé avec la Grande-Bretagne au cours de sa mission dans le pays, ainsi que leurs familles qui s'étaient vu promettre un refuge en vertu de la politique britannique d'assistance et de réinstallation en Afghanistan, disent maintenant qu'ils vivent dans la peur des représailles des talibans après que le groupe militant a pris Kaboul en août.

Les ministres ont été accusés d'avoir « tenté de sortir » de la crise, malgré un récent rapport de Human Rights Watch affirmant que les forces talibanes traquaient et tuaient des centaines d’anciennes personnalités gouvernementales et militaires afghanes.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a admis en septembre que les Afghans avaient été laissés pour compte par l'opération Pitting, la mission du Royaume-Uni visant à évacuer les personnes de la capitale Kaboul en août, ajoutant que le gouvernement « ferait absolument tout » pour « s'assurer que ces personnes obtiennent le passage sûr qu'elles méritent. »

Plus tôt ce mois-ci, James Cleverly MP, ministre d'État pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a confirmé que 167 Afghans éligibles au programme ARAP se trouvaient toujours en Afghanistan, tandis que d'autres éligibles au refuge au Royaume-Uni sont toujours dans des pays tiers désignés.

« Aider tous ceux qui veulent quitter l'Afghanistan et qui sont éligibles pour venir au Royaume-Uni reste une priorité. Le gouvernement a clairement indiqué aux talibans la nécessité d'assurer le passage en toute sécurité à ceux qui ont le droit de se rendre dans un autre pays », déclare Cleverly, ajoutant : « Le programme ARAP reste ouvert. »

Jeudi, le ministère de l'Intérieur britannique a révélé que le programme de réinstallation des citoyens afghans, qui devait aider 20 000 personnes fuyant l'Afghanistan à partir d'août, ne serait opérationnel qu'en janvier 2022.

Plusieurs anciens interprètes ont déclaré au journal The Independent qu'ils vivaient cachés avec leurs familles. L'un d'eux a précisé que sa demande d'ARAP avait été approuvée, mais que lui et sa famille avaient reçu l'ordre de se rendre au Pakistan, ce qu'ils ne pouvaient pas faire sans passeport.

« Nous restons chez des parents à Helmand », a-t-il déclaré. « Il y a un risque élevé. C'est très dangereux ici. Chaque jour, nous sommes menacés par les talibans. Ils nous cherchent. Nous nous cachons. Nous ne sortons pas. C'est une situation difficile.

« Je ne sais pas pourquoi l'équipe ARAP travaille si lentement. Pourquoi ne font-ils pas attention à nous ? Nous sommes éligibles, nous attendons. Il n'y a aucune chance de survie. Il est clair que nos vies sont en danger. Nous mourrons, nous serons tués. »

 Le député Johnny Mercer, ancien ministre britannique de la Défense, a déclaré au journal qu'il pensait que les chiffres pourraient être beaucoup plus élevés que ceux annoncés.

« Nous avons laissé des milliers de personnes derrière nous, pas 167 », a-t-il déclaré. « Ces (167) sont simplement ceux qui ont eu une réponse au programme PARA. Ces chiffres représentent simplement ceux qui ont été appelés mais n’ont pas pu se rendre à l'aéroport.

« Le fait est que le programme ARAP était si inefficace que des milliers de personnes que nous aurions dû sauver n’ont même pas obtenu de réponse de leur part, et par conséquent, nous avons laissé derrière nous la grande majorité des personnes que nous devions évacuer.

« Beaucoup craignent maintenant pour leur vie. Tous les ministres le savent, mais ils sont déterminés à passer outre nos engagements envers ces personnes », a-t-il ajouté.

Plus tôt ce mois-ci, un ancien employé du ministère britannique des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement, Raphael Marshall, a révélé qu'au cours de l'opération Pitting, une panne de communication et des faiblesses dans le système avaient conduit à ignorer des milliers de demandes d'aide en provenance d'Afghanistan par le personnel du FCDO surmené. Certains de ceux qui demandaient de l'aide ont plus tard été tués par les talibans.

Le Dr Sara de Jong, co-fondatrice de l'Alliance Sulha, a déclaré à The Independent qu'elle était en contact avec des centaines d'Afghans éligibles à la réinstallation.

« Beaucoup de personnes avec lesquelles nous sommes en contact se cachent et ont quitté leur domicile. Elles ont peu de moyens pour subvenir à leurs besoins. Si elles ne détiennent pas un passeport, il est difficile d’en obtenir un en ce moment », dit-elle.

Elle a parlé au journal du cas d'un Afghan qui travaillait comme garde à l'ambassade du Royaume-Uni en Afghanistan, l'un des nombreux laissés-pour-compte, qui a déclaré à l'Alliance Sulha : « Les talibans peuvent venir dans la région où je vis à n'importe quel moment. Ils interrogent les voisins, et j'ai même peur d'éteindre les lumières. Je suis dans une très mauvaise situation sécuritaire. Je ne peux pas quitter la maison... aidez-moi s'il vous plaît. »

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.