Décès de Desmond Tutu: pluie d'hommages pour l'icône de la lutte anti-apartheid

L'archevêque anglican sud-africain du Cap Thabo Makgoba prononce son discours après la mort de l'archevêque Desmond Tutu au Cap, le 26 décembre 2021. (Photo, AFP)
L'archevêque anglican sud-africain du Cap Thabo Makgoba prononce son discours après la mort de l'archevêque Desmond Tutu au Cap, le 26 décembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 27 décembre 2021

Décès de Desmond Tutu: pluie d'hommages pour l'icône de la lutte anti-apartheid

  • Dimanche soir, Joe et Jill Biden, disant avoir le «coeur brisé»
  • Plus tôt, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait exprimé «sa profonde tristesse» après le décès de ce «patriote sans égal»

LE CAP : "C'était un être humain extraordinaire. Un penseur. Un leader. Un berger": à l'unisson des réactions venues du monde entier, la Fondation Mandela a qualifié d'"incommensurable" la perte de Desmond Tutu, pour lequel une semaine de deuil est observée, de lundi jusqu'aux obsèques samedi au Cap.

Dimanche soir, Joe et Jill Biden, disant avoir le "coeur brisé", ont estimé dans un communiqué que "l'exemple" de l'archevêque anglican décédé dimanche à 90 ans "transcende les frontières et trouvera un écho à travers les âges". Le couple présidentiel américain a aussi évoqué le "pouvoir du message de justice, d'égalité, de vérité et de réconciliation" porté par Desmond Tutu.

Plus tôt, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait exprimé "sa profonde tristesse" après le décès de ce "patriote sans égal". Sa mort "est un nouveau chapitre de deuil dans l'adieu de notre nation à une génération de Sud-Africains exceptionnels qui nous ont légué une Afrique du Sud libérée", a-t-il dit, évoquant "un homme d'une intelligence extraordinaire, intègre et invincible contre les forces de l'apartheid".

L'ONU aussi a rendu hommage à Desmond Tutu, "une source d'inspiration pour des générations dans le monde entier" et dont le décès "laisse un vide immense", selon les mots de son secrétaire général, Antonio Guterres.

Obsèques samedi

D'innombrables pays du monde entier se sont associés à cette émotion par des messages au plus haut niveau, comme la reine Elizabeth II saluant le défenseur "inlassable" des droits humains ou le président français Emmanuel Macron assurant que le "combat" de Desmond Tutu "pour la fin de l'apartheid et la réconciliation sud-africaine restera dans nos mémoires".

Hommages également d'autorités religieuses, du pape François au chef spirituel des anglicans et archevêque de Canterbury, Justin Welby, en passant par le dalaï lama.

Hommages, enfin, de la part de Sud-Africains s'arrêtant devant la cathédrale Saint-Georges, au Cap, l'ancienne paroisse de "The Arch", comme il était affectueusement surnommé. "Il a tellement compté dans la lutte contre l'apartheid. Pour nous, les noirs...", confie ainsi à l'AFP Brent Goliath, 44 ans, avant d'éclater en sanglots. 

Dimanche soir, la fondation de Mgr Tutu a annoncé que ses funérailles se tiendraient samedi 1er janvier dans cette cathédrale.

Parmi les dispositions annoncées, la fondation indique que "les cloches de la cathédrale Saint-Georges seront sonnées chaque jour pendant dix minutes, à partir de midi", toute la semaine de lundi à vendredi, jour où le corps du défunt "reposera en chapelle ardente dans la cathédrale".

Desmond Tutu était la dernière des grandes figures de la lutte contre l'apartheid, la conscience de l'Afrique du Sud mais aussi un rire espiègle et puissant.

Jusqu'à récemment, le prix Nobel de la paix a imposé sa petite silhouette violette et son franc-parler légendaire pour dénoncer les injustices et écorner tous les pouvoirs.

L'Afrique du Sud va mettre ses drapeaux en berne

Les drapeaux dans tout le pays et devant les ambassades sud-africaines dans le monde seront en berne, a annoncé le président Cyril Ramaphosa.

"Il y aura une période de deuil pendant laquelle le drapeau national sera en berne", a-t-il affirmé lors d'un discours télévisé.

"Ceci sera observé dès l'annonce de la déclaration formelle de ses obsèques et jusqu'au soir précédant" ces cérémonies, a-t-il précisé, affirmant que la date serait connue "dans les prochains jours".

«Nation arc-en-ciel»

Après l'avènement de la démocratie en 1994 et l'élection de son ami Nelson Mandela, Desmond Tutu avait inventé le terme de "Nation arc-en-ciel". Il a présidé la Commission vérité et réconciliation (TRC) dont il espérait, grâce à la confrontation des bourreaux et des victimes, qu'elle permettrait de tourner la page de la haine raciale.

"The Arch" était affaibli depuis plusieurs mois. Souffrant depuis longtemps d'un cancer de la prostate, il est mort au Cap, sans doute de vieillesse, paisiblement dimanche matin, selon des proches interrogés par l'AFP.

Il ne s'exprimait plus en public mais saluait la presse présente à chacun de ses déplacements, d'un regard malicieux, d'un faible geste de la main, comme lors de sa vaccination contre la Covid ou, en octobre, à la cérémonie célébrant ses 90 ans.

Desmond Tutu s'était fait connaître aux pires heures du régime raciste de l'apartheid. Alors prêtre, il organise des marches pacifiques contre la ségrégation et plaide pour des sanctions internationales contre le régime blanc de Pretoria. Sa robe lui a épargné la prison.

Le combat non-violent de Tutu avait été couronné du prix Nobel de la paix en 1984.

Après l'apartheid, fidèle à ses engagements, il avait dénoncé les dérives de l'ANC au pouvoir, des errements dans la lutte contre le sida aux scandales de corruption.

La dernière fois que le pays a eu de ses nouvelles, c'était le 1er novembre. Loin des regards, il avait voté aux élections locales.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com