Liban: où en sont les discussions avec le FMI?

 Une photo fournie par l'agence photo libanaise Dalati et Nohra montre le président libanais Michel Aoun (CL) rencontrant Ernesto Ramirez-Rigo (CR), le chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) pour le Pakistan, le Moyen-Orient et l'Asie centrale, et sa délégation qui l'accompagne au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, le 7 décembre 2021.(AFP)
Une photo fournie par l'agence photo libanaise Dalati et Nohra montre le président libanais Michel Aoun (CL) rencontrant Ernesto Ramirez-Rigo (CR), le chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) pour le Pakistan, le Moyen-Orient et l'Asie centrale, et sa délégation qui l'accompagne au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, le 7 décembre 2021.(AFP)
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Publié le Mercredi 29 décembre 2021

Liban: où en sont les discussions avec le FMI?

  • Les négociations ont repris en septembre 2021 mais le flou règne autour des discussions
  • Il s'agit de la première estimation depuis le début de la crise économique du pays, l'une des pires au niveau mondial depuis 1850

BEYROUTH : Frappé par la pire crise socio-économique de son histoire, le Liban est en négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour aboutir à un plan visant à sauver un pays à la dérive depuis deux ans.

Entamées en mai 2020, les premières discussions avaient déraillé deux mois plus tard en raison de divisions politiques. 

Les négociations ont repris en septembre 2021 mais le flou règne autour des discussions, et le scénario de sortie de crise n'a pas encore été déterminé.

Où en est l'économie ? 

Le vice-Premier ministre Saadé Chami, qui dirige l'équipe de négociations du Liban avec le FMI, a déclaré à l'AFP que les responsables libanais évaluaient les pertes du secteur financier à "environ 69 milliards de dollars", sans autres précisions.

Il s'agit de la première estimation depuis le début de la crise économique du pays, l'une des pires au niveau mondial depuis 1850, selon la Banque mondiale (BM).

Cette dernière indique que le PIB du Liban est passé d'environ 55 milliards de dollars en 2018 à 20,5 milliards de dollars en 2021. Une "contraction brutale" qui est "généralement associée à des conflits ou des guerres", selon la BM.

Conséquence de cette dépression: la livre libanaise a perdu 90% de sa valeur sur le marché noir, le salaire minimum ne dépasse pas l'équivalent de 25 dollars par mois et quatre libanais sur cinq sont considérés en situation de pauvreté, selon l’ONU.

Pour tenter de freiner l'effondrement de la monnaie nationale, la Banque centrale adopte plusieurs taux de change. Elle estime que l'unification de ces taux "n'est pas envisageable avant un accord avec le FMI et une stabilité politique".    

Selon Riad Salamé, le gouverneur de cette institution, le Liban aurait besoin "de 12 à 15 milliards de dollars pour relancer son économie". 

Quels sont les enjeux d’un accord avec le FMI ?

Une délégation du FMI s’est rendue au Liban début décembre pour discuter "des politiques économiques" du pays avec les responsables libanais, selon M. Chami. Il a dit s'attendre "à des résultats concrets en janvier 2022", sans écarter d'éventuels retards liés à l'évolution de l'épidémie du Covid-19.

Mardi, le Premier ministre libanais a déclaré que la première réunion officielle avec le FMI aurait lieu le 15 janvier.

La délégation du FMI examinera les progrès réalisés par le gouvernement et pourrait revenir début février pour finaliser un accord, a ajouté M. Mikati.

Selon M. Chami, un "plan de sauvetage économique" sera préparé avec le FMI et envoyé au conseil de l'institution pour approbation. 

Mais il faudra démontrer "que le gouvernement est vraiment engagé dans les réformes", a précisé le vice-Premier ministre libanais ajoutant qu'un éventuel programme devra être approuvé par le gouvernement.

Or, le gouvernement Mikati, formé en septembre, ne s'est plus réuni depuis le 12 octobre, en raison de tensions autour de l'enquête sur l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth.

Où en est l’audit de la Banque centrale?

Depuis le début de la crise, un audit de la Banque centrale fait l'objet de tractations politiques et n'a toujours pas abouti. "Nous ne savons pas" si un audit sera nécessaire pour un accord avec le FMI, a déclaré M. Chami.

Mais pour l'ancien vice-gouverneur de la Banque centrale, Nasser Saidi, un tel audit est indispensable avant tout accord avec le FMI. "Il y a une absence totale de transparence", a-t-il dit. 

Le gouverneur de la Banque centrale a révélé mardi à l'AFP que les réserves obligatoires en devises étrangères du Liban, qui s'élevaient à 32 milliards de dollars avant la crise de 2019, avaient chuté à 12,5 milliards de dollars.

Ces réserves, que la Banque centrale n'a en principe pas le droit d'utiliser, sont constituées en partie de dépôts des épargnants. 

Avant d'espérer obtenir un programme de financement du FMI le Liban "doit mettre de l'ordre dans sa maison fiscale", poursuit M. Saidi. "En fin de compte, le FMI cherchera avant tout des promesses de bonne gouvernance", a-t-il conclu.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.