France 2021: L'épreuve de force entre le pouvoir politique et la pandémie

Les contaminations dues au nouveau variant se sont aggravées ces derniers jours en France, atteignant le niveau de cent mille cas par jour, et la menace d’un nouvel engorgement des services hospitaliers a refait surface. Cette photo d'avril 2020 rend hommage aux soignants, en première ligne de la pandémie(Photo, AFP)
Les contaminations dues au nouveau variant se sont aggravées ces derniers jours en France, atteignant le niveau de cent mille cas par jour, et la menace d’un nouvel engorgement des services hospitaliers a refait surface. Cette photo d'avril 2020 rend hommage aux soignants, en première ligne de la pandémie(Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 29 décembre 2021

France 2021: L'épreuve de force entre le pouvoir politique et la pandémie

  • Après de longs mois de gel, le pouvoir mettait à nouveau sur la table son calendrier des réformes, particulièrement celle de l’assurance chômage et des retraites
  • La fièvre de la précampagne est tombée d’un coup car la pandémie a frappé de nouveau

PARIS: L’année qui est sur le point de s’achever était censé être une année de remise en forme avec la levée des contraintes sanitaires qui ont plombé son premier semestre.

La pandémie de Covid-19 avait mis le moral des Français en berne, le pays pataugeait dans la morosité et l’incertitude.

La vie oscillait entre des périodes de confinement qui cédaient la place au couvre-feu imposé par le président, Emmanuel Macron, pour freiner la propagation du virus.

Il a fallu tenir jusqu’au 19 mai 2021, date à laquelle la France amorçait le retour d’un semblant de vie normale avec la réouverture des bars, restaurants et autres lieux de loisir.

Le pays reprenait des couleurs même si le couvre-feu était toujours en vigueur mais repoussé à 23 heures.

Ce n’est que le 20 juin avec la levée du couvre-feu que les Français ont retrouvé la liberté, et l’espoir d’un véritable retour à la normalité renaissait.

Les rues fourmillaient à nouveau de passants, les terrasses des cafés et restaurants débordaient sur les trottoirs.

L’air était empreint d’une sorte de joie, l’ambiance était presque festive comme à la fin d’une guerre.

 

Face à la pandémie, le «quoi qu’il en coûte» initié par le chef de l’État a fonctionné.

Arlette Khouri

C’est d’ailleurs une guerre que les autorités françaises ont dû mener contre la pandémie qui a été circonscrite et à peu près vaincue grâce au vaccin.

Les mesures de protection telles que le masque dans les lieux publics étaient maintenues, mais l’embellie sanitaire était là, de même que le redémarrage économique.

Le «quoi qu’il en coûte» – initié par le chef de l’État pour injecter des aides massives dans les entreprises et notamment les PME pour les empêcher de sombrer à cause du ralentissement économique imposé par la pandémie – a fonctionné. 

Les salariés ont repris leurs activités sur leurs lieux de travail, et le pays a recommencé à fonctionner à une cadence normale.

Mieux encore, l’embellie sanitaire s’est accompagnée d’une embellie sur le marché du travail.

Selon la Banque de France, l’activité économique a retrouvé son niveau d’avant-pandémie et la reprise s’est manifestée par une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 6,7 % en moyenne alors que le chômage a régressé pour se stabiliser à 8 % de la population active.

Parallèlement, la vie politique, un temps dominée par les aléas de la pandémie, redémarrait à son tour.

Après de longs mois de gel, le pouvoir mettait à nouveau sur la table son calendrier des réformes, particulièrement celle de l’assurance chômage et des retraites.

L’opposition – toutes tendances confondues – fourbissait en parallèle ses armes pour mettre en échec les aspirations de l’exécutif.

Entre-temps, la France vaccinait largement, la vaccination étant devenue le cœur de la stratégie gouvernementale pour contrer la pandémie.

Les Français ont reçu une première dose de vaccin, puis une deuxième s’est avérée nécessaire face au variant Alpha venu du Royaume-Uni.

 

Avec ses variants multiples et imprévisibles, la pandémie nourrissait les peurs et les tentations de repli, provoquant une faille sociétale entre vaccinés et ceux qui refusent le vaccin.

Arlette Khouri

Vinrent ensuite le variant Delta venu d’Inde puis, au cours des dernières semaines, le variant Omicron venu d’Afrique du Sud qui ont rendu nécessaire l’injection d’une troisième dose vaccinale.

La pandémie n’était jamais loin, mais toujours en embuscade, jouant de mauvais tours au pouvoir et aux citoyens. 

Avec ses variants multiples et imprévisibles, elle nourrissait les peurs et les tentations de repli, provoquant une faille sociétale entre les vaccinés et ceux qui refusent le vaccin.

Pendant plusieurs mois, ces derniers se sont mobilisés, ils ont manifesté dans la plupart des grandes villes de France pour exprimer leur rejet du vaccin et du passe sanitaire qui va avec.

 

Au milieu de ce tumulte, la France a glissé dans une ambiance de précampagne présidentielle sous l’impulsion du polémiste et chroniqueur d’extrême droite, Éric Zemmour.

Arlette Khouri

Ce rejet des mesures gouvernementales qualifiées par eux de «discriminatoires et liberticides», tombait à point nommé pour l’extrême droite et l’extrême gauche en leur fournissant un angle d’attaque de la politique suivie par Emmanuel Macron.

Au milieu de ce tumulte, la France a glissé dans une ambiance de précampagne présidentielle sous l’impulsion du polémiste et chroniqueur d’extrême droite, Éric Zemmour.

Dès la rentrée, il s’est propulsé sur la scène politique par le biais de la promotion de son livre La France n’a pas dit son dernier mot, sillonnant le pays pour décliner ses propos sur l’islamisation rampante et mettant en garde contre une guerre civile inévitable à ses yeux.

Malgré l’étroitesse de son discours et son manque d’envergure présidentielle, il est parvenu à échauder les instituts de sondages et les médias qui suivaient pas à pas ces faits et gestes.

Par effet de mimétisme et même avant l’officialisation de la candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle le 30 novembre dernier, de nombreux politiques ont cru bon de devoir se positionner par rapport à lui, d’autant plus que certains sondages le donnaient présent au second tour face à Emmanuel Macron.

Avant Éric Zemmour, la maire de Paris, Anne Hidalgo, avait annoncé sa candidature à la présidentielle prévue en avril prochain sans susciter de remous.

D’ailleurs, depuis cette annonce, Anne Hidalgo, candidate du parti socialiste, peine à faire décoller sa campagne, étant conspuée à droite comme à gauche, pour son autoritarisme et son incapacité supposée à diriger le pays.

Ses déboires se sont aggravés le 17 décembre lorsque l’ancienne ministre socialiste Christiane Taubira a annoncé qu’elle envisageait d’être candidate à la présidentielle, fragilisant encore plus sa position.

Pendant ce temps, alors que les analystes et les sondeurs s’acharnaient à deviner qui d’Éric Zemmour ou de la dirigeante du Rassemblement national, Marine Le Pen, va affronter Emmanuel Macron au second tour, une surprise de taille leur est tombée dessus.

 

La fièvre de la précampagne est tombée d’un coup car la pandémie a frappé à nouveau.

Arlette Khouri

Les résultats des primaires de la droite républicaine ont débouché sur le choix de la présidente du Conseil régional d’Île-de-France, Valérie Pécresse, pour porter les couleurs de son parti au scrutin présidentiel.

Avec ce choix, le parti Les Républicains retrouve son A.D.N. après des années de dérive et d’opération de séduction à l’adresse de l’électorat d’extrême droite, sous le fameux slogan de «la droite décomplexée».

Il est vrai que Valérie Pécresse manque de charisme, qu’elle est considérée comme trop parisienne et trop scolaire, mais elle incarne une droite traditionnelle caractérisée par un penchant pour le libéralisme économique et la fermeté sécuritaire.

Sa présence parmi les candidats à la course présidentielle a rebattu les cartes avec des sondages la donnant présente au second tour de l’élection.

Mais la fièvre de la précampagne est tombée d’un coup car la pandémie a frappé de nouveau.

Les contaminations dues au nouveau variant se sont aggravées, atteignant le niveau de cent mille cas par jour, et la menace d’un nouvel engorgement des services hospitaliers a refait surface.

Il n’est plus question de faire des pronostics électoraux ni de s’interroger sur le timing que choisira Emmanuel Macron pour annoncer la confirmation de sa candidature.

Encore une fois, la pandémie met l’exécutif à l’épreuve et des décisions doivent être prises.

Aux dernières nouvelles, le gouvernement a choisi de miser une fois de plus sur la vaccination pour ménager les vies des citoyens sans paralyser de nouveau la vie économique.

L’année 2021 se termine comme elle avait commencé, par une épreuve de force entre le pouvoir politique et la pandémie.

La nouvelle année nous dira-t-elle qui aura gain de cause?

 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.