Plombée par la Covid, la politique à l'aune d'une élection présidentielle incertaine

L'ancienne ministre française de la Justice Christiane Taubira s'entretient avec des journalistes devant l'hôpital lors d'une visite à Vierzon le 20 décembre 2021.(AFP)
L'ancienne ministre française de la Justice Christiane Taubira s'entretient avec des journalistes devant l'hôpital lors d'une visite à Vierzon le 20 décembre 2021.(AFP)
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Publié le Mercredi 29 décembre 2021

Plombée par la Covid, la politique à l'aune d'une élection présidentielle incertaine

  • Le scrutin, pourtant longtemps présenté comme décisif moins d'un an avant la présidentielle n'a en fait qu'accentué un statu quo
  • Après la décomposition de l'échiquier politique de 2017, avant une potentielle recomposition jamais vraiment aboutie, la stagnation: objet de toutes les ambitions, les élections régionales de juin n'ont finalement offert ni conquêtes ni revanche

PARIS : Plombée par la pandémie de Covid, l'année politique qui se termine a conforté les positions des uns et des autres lors d'élections régionales à l'abstention record, sans véritablement donner le "la" pour l'élection présidentielle d'avril, de plus en plus incertaine.

Après la décomposition de l'échiquier politique de 2017, avant une potentielle recomposition jamais vraiment aboutie, la stagnation: objet de toutes les ambitions, les élections régionales de juin n'ont finalement offert ni conquêtes ni revanche et reconduit toutes les majorités sortantes au terme d'une campagne morne qui n'a pas même mobilisé 35% des électeurs.

Le scrutin, pourtant longtemps présenté comme décisif moins d'un an avant la présidentielle, n'a en fait qu'accentué un statu quo aux multiples paradoxes.

Pour la majorité, en quête perpétuelle d'implantation, le revers - seule l'élection de Renaud Muselier, à l'époque LR mais soutenu par LREM, lui a permis de brandir une "victoire" - a pourtant été minimisé, tant la popularité d'Emmanuel Macron s'est maintenue et ne semble obérer ses chances de réélection, s'il se représente.

De même pour le Rassemblement national, auquel plusieurs sondages avaient promis à tort des succès, mais dont la contre-performance n'a pas atteint Marine Le Pen.

A contrario, chez LR et le PS, jugés moribonds, le maintien des positions a été perçu comme un ballon d'oxygène. Voire la promesse de nouveaux avenirs lumineux, a fortiori pour les socialistes qui tenaient leur revanche sur les écologistes après s'être fait damer le pion l'année précédente lors des municipales.

Une élection intermédiaire pour rien? L'immense désintérêt pour les régionales ne fut pour les observateurs que l'énième conséquence de la pandémie de Covid, puissant anesthésiant de la vie politique depuis mars 2020 et qui continue à produire ses effets aujourd'hui.

"La fragmentation politique contribue aussi à ça: les électeurs n'y comprennent plus rien, on est dans une telle période de décomposition politique que ça assèche tout", note le directeur général opinion de l'Ifop, Frédéric Dabi.

La surprise Pécresse 

Résultat: jusqu'au cœur de l'automne, les études d'opinion relevaient la persistance d'une élection présidentielle à venir dominée par le duel Emmanuel Macron versus Marine Le Pen.

A gauche, la candidature d'Anne Hidalgo, vaguement concurrencée par Arnaud Montebourg, désespère de dépasser la barre des 5% d'intentions de vote. L'écologiste Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon font à peine mieux, loin des 19% recueillis par l'Insoumis en chef en 2017 qui reconnaît que son accession au round final s'apparente désormais à un "trou de souris".

Au point que Mme Hidalgo a proposé en fin d'année une primaire pour désigner un candidat unique à gauche, une invitation aussitôt déclinée par les insoumis et les communistes. Mais que pourrait saisir Christiane Taubira qui "envisage" une candidature pour 2022. 

A droite, le jeu s'est soudainement élargi ces dernières semaines. 

Version extrême, avec l'arrivée d'Eric Zemmour,virtuellement qualifié au second tour selon plusieurs instituts de sondage, avant de stagner désormais sous la barre des 15%.

Version "républicaine" ensuite, avec l'investiture de Valérie Pécresse par LR, et dont la dynamique de campagne interne a propulsé la patronne de la région Île-de-France à 20% d'intentions de vote au premier tour, juste derrière Emmanuel Macron qu'elle battrait au second, selon certains sondages.

Un sérieux problème pour le président de la République sortant, toujours pas candidat, qui avait longtemps vu sa désormais rivale comme une alliée potentielle.

"La présidentielle, c'est une élection à part, qui a sa logique interne", rappelle Frédéric Dabi, alors que chacun se prend soit à rêver, soit à redouter du retour de la proverbiale "surprise" supposément inhérente au scrutin suprême, en rappelant qu'Edouard Balladur en 1995 ou Lionel Jospin en 2002 furent favoris avant de s'effondrer.

En Macronie, on préfère convoquer la réélection de François Mitterrand de 1988. Sans oublier que la reconduction d'Emmanuel Macron en avril prochain relèverait de l'exploit: ce serait alors le premier président de la République élu deux fois au suffrage universel hors cohabitation.

 


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".