Pour les migrants musulmans, les préjugés religieux aggravent les horreurs du périple vers l’Amérique latine

Les migrants voyagent vers le nord dans des «caravanes» le long de routes dangereuses à travers l’Amérique latine et l’Amérique centrale. (AFP)
Les migrants voyagent vers le nord dans des «caravanes» le long de routes dangereuses à travers l’Amérique latine et l’Amérique centrale. (AFP)
Les migrants voyagent vers le nord dans des «caravanes» le long de routes dangereuses à travers l’Amérique latine et l’Amérique centrale. (AFP)
Les migrants voyagent vers le nord dans des «caravanes» le long de routes dangereuses à travers l’Amérique latine et l’Amérique centrale. (AFP)
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Publié le Mardi 04 janvier 2022

Pour les migrants musulmans, les préjugés religieux aggravent les horreurs du périple vers l’Amérique latine

  • La plupart des migrants musulmans trouvent peu de soutien au sein de la communauté islamique et doivent compter sur l’aide apportée par des catholiques ou des organisations civiques
  • Certains immigrés appartenant à des pays subsahariens affirment qu’ils font l’objet de discrimination par les musulmans arabes qui dirigent des mosquées dans les pays d’Amérique latine

SÃO PAULO, Brésil: Parmi les milliers de migrants qui tentent d’atteindre la frontière entre le Mexique et les États-Unis chaque mois, la présence de musulmans – dont la plupart quittent les pays africains et asiatiques à la recherche d’un avenir meilleur – est à la fois continue et importante.

Il n’y a pas de données officielles quant aux flux de migrants musulmans qui empruntent les routes de l’Amérique latine, mais les organisations qui apportent un soutien aux immigrés dans la région signalent que le nombre est en augmentation.

Ceux-là ne font pas uniquement face aux rudes épreuves qu’un tel périple vers le nord impose, comme l’exploitation par les coyotes, mais aussi à des difficultés spécifiques, y compris les préjugés religieux tout au long du chemin et les obstacles concernant la pratique de leur foi.

L’une des principales portes d’entrée pour les immigrés et réfugiés musulmans en Amérique latine, São Paulo, a accueilli, ces dernières années, des personnes venues de l’Asie du Sud-Est, du Moyen-Orient et de pays africains.

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Au Brésil, une peinture murale représente Alan Kurdi, le garçon syrien décédé en 2015 avec sa famille, lorsque leur embarcation de fortune a fait naufrage. (AFP)

«Je pense que 20% de toutes les personnes que nous avons accueillies en 2020 étaient musulmanes», déclare le père Paolo Parise, qui dirige un centre catholique pour immigrés, appelé Mission pour la paix, dans la plus grande ville du Brésil.

Il ajoute que la plupart des étrangers musulmans aidés par l’institution viennent de pays comme le Nigéria, le Mali et le Sénégal, en plus de certains groupes en provenance du Moyen-Orient.

«Nous avons récemment accueilli des Afghans», poursuit-il.

Ces migrants et réfugiés ont traditionnellement considéré le Brésil comme un pays de transit, en particulier au cours des cinq dernières années – une période marquée par le déclin économique et la diminution des possibilités d’emploi.

«Ils entrent au Brésil avec un visa touristique et, plus tard, demandent le statut de réfugié», précise le père Parise.

Quelques mois plus tard, la plupart d’entre eux tentent d’entrer aux États-Unis, en empruntant les routes traditionnelles utilisées par les Haïtiens, les Vénézuéliens et d’autres groupes.

Chaque itinéraire a son lot d’obstacles et de déceptions. En juillet 2021, 70% des demandes d’asile déposées au Mexique étaient concentrées dans la ville frontalière du Chiapas, qui accueille des vols quotidiens au bord desquels se trouvent des personnes expulsées des États-Unis en vertu du titre 42.

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Des migrants défilent dans la capitale mexicaine, réclamant «justice et dignité». (AFP)

 

L’arrêté en matière de santé publique, émis en mars 2020 par l’administration Trump, justifie les expulsions par l’existence d’une maladie transmissible, à savoir la Covid-19, dans le pays d’origine du migrant.

Prenons le cas d’Ahmed Usman, 34 ans, un jeune homme d’origine ghanéenne qui réside actuellement dans la ville mexicaine de Tijuana, à la frontière avec les États-Unis. Usman a vécu au Brésil pendant un an et huit mois.

«J’ai travaillé dans une usine à Criciuma (une ville située au sud du Brésil). Après avoir payé mon loyer et mes charges, et envoyé un peu d’argent à ma famille, il ne me restait plus rien», déclare-t-il à Arab News.

Il existe une petite communauté musulmane à Criciuma, mais Usman affirme qu’il a reçu plus de soutien de la part des chrétiens.

En 2016, il décide de se rendre aux États-Unis et entame un long voyage à travers le Pérou, l’Équateur, la Colombie, le Panama, le Costa Rica, le Nicaragua et le Guatemala, jusqu’à son arrivée au Mexique.

«Nous manquions d’argent. Nous avons vu de nombreuses personnes tomber malades et mourir au cours du périple», dit-il avec une pointe d’épuisement et d’incrédulité dans le regard.

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Les migrants voyagent vers le nord dans des «caravanes» le long de routes dangereuses à travers l’Amérique latine et l’Amérique centrale. (AFP)

Usman a passé huit mois au Costa Rica, où il a reçu le soutien d’une église catholique et d’une mosquée de la ville de San José.

«Nous avons également été aidés par un homme qui nous a nourris plusieurs fois. Il a compris que nous ne mangions pas de porc», précise-t-il.

En 2017, il arrive enfin au Mexique. Il finit par trouver du travail à Tijuana et n’a toujours pas essayé de traverser la frontière.

L’histoire d’Usman ressemble à celle de nombreuses autres personnes désespérées qui se rendent au Mexique, considéré de plus en plus comme un pays de transit et d’asile.

En 2014, 2 100 personnes arrivent dans le pays pour demander le statut de réfugié; en 2019, ce chiffre passe à plus de 70 000.

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Un agent de la Garde nationale américaine surveille une opération de patrouille frontalière à La Joya, au Texas. (Image Getty via AFP)

Ce chiffre a baissé en 2020, parce que les restrictions de voyage imposées dans le cadre de la pandémie de Covid-19 ont ralenti la migration au niveau mondial mais, entre janvier et novembre 2021, le pays a reçu plus de 123 000 demandes d’asile de personnes venant des Caraïbes, ainsi que des pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud comme Haïti, le Honduras, Cuba, le Salvador, le Chili, le Venezuela, le Guatemala, le Nicaragua, le Brésil et la Colombie.

L’histoire d’Usman est également un bon exemple du sort des migrants musulmans le long de la route d’Amérique latine.

La plupart d’entre eux trouvent peu de soutien au sein de la communauté islamique et doivent compter sur l’aide apportée par des catholiques ou des organisations civiques.

«La plupart des communautés musulmanes de la région considèrent ces immigrés comme des concurrents ou comme un problème. Certaines d’entre elles ont les ressources nécessaires pour les aider, mais préfèrent éviter ce qu’elles considèrent être un danger», affirme le cheikh d’origine marocaine, Abderrahman Agdaou, qui vit au Salvador et est intervenu dans de nombreux cas d’immigrés au cours des dernières années.

À plusieurs reprises, le cheikh a aidé des réfugiés ouïghours, syriens et irakiens qui n’avaient pas les documents nécessaires pour poursuivre leur périple vers les États-Unis, en coordonnant l’aide avec les organisations catholiques et l’ONU.

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Des membres de la Latina Muslim Foundation construisent un refuge pour les migrants au Mexique. (Photo fournie)

Il a également dû apporter son soutien aux anciens détenus de la prison de Guantanamo qui ont réussi à obtenir le statut de réfugié au Salvador grâce à lui.

«Un jour, une famille syrienne ayant quatre enfants a été conduite au Salvador par un coyote qui en a abandonné tous les membres à l’aéroport. La personne a simplement disparu et ils ne savaient pas quoi faire», explique-t-il.

Le cheikh est alors intervenu et a aidé la famille à rentrer en Syrie.

 


 

EN BREF

  • En juillet 2021, 70% des demandes d’asile déposées au Mexique étaient concentrées dans la ville frontalière du Chiapas.
  • Chiapas accueille des vols quotidiens au bord desquels se trouvent des personnes expulsées des États-Unis en vertu du titre 42.
  • Le titre 42 justifie les expulsions par l’existence d’une maladie transmissible, à savoir la Covid-19, dans le pays d’origine du migrant.

 

Selon lui, les organisations islamiques offrent plus de soutien aux immigrés et exercent une plus grande influence dans les pays relativement riches avec de grandes communautés musulmanes, notamment le Brésil, le Chili et l’Argentine.

«Cependant, dans de nombreux pays, les musulmans se sentent étrangers et ne devraient donc pas se mêler de politique», dit-il.

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Des membres de la Latina Muslim Foundation posent le temps d’une photo, alors qu’ils travaillent dans un centre pour migrants au Mexique. (Photo fournie)

Le cheikh souhaite que les organisations islamiques régionales améliorent le niveau de coordination avec les organisations civiques qui aident les immigrés.

D’autres problèmes semblent être de nature plus grave. Certains immigrés appartenant à des pays subsahariens affirment qu’ils font l’objet de discrimination par les musulmans arabes qui dirigent des mosquées dans les pays d’Amérique latine.

Avec tant de difficultés, la plupart des immigrés musulmans finissent par se tourner vers les institutions catholiques pour obtenir une aide humanitaire en cours de route.

«Nous n’accueillons pas autant de musulmans en Amérique latine que nos homologues européens le font dans leurs pays, mais un certain nombre d’entre eux visitent souvent nos refuges en route vers les États-Unis», déclare Elvy Monzant, secrétaire exécutif du Réseau des Caraïbes et de l’Amérique latine sur la migration, les réfugiés et la traite des êtres humains de l’Église catholique.

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Des migrants musulmans sont accueillis dans un refuge à Tijuana, au Mexique. (Photo fournie)

M. Monzant confie à Arab News que les maisons d’immigrés catholiques essayent de respecter les traditions islamiques et sont heureuses d’accueillir des musulmans.

La plupart d’entre eux font attention aux interdictions alimentaires et certains d’entre eux ont même des salles spéciales pour la prière.

«Cependant, il est possible que nous commettions des erreurs indésirables. Ainsi, les lieux gérés par la communauté musulmane pourraient les aider à se sentir mieux», conclut M. Monzant.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.