Caddie et ses chariots ont sept semaines pour trouver un repreneur

Les employés de l'usine de fabrication «Caddie» attendent le 27 octobre 2014 à Drusenheim, dans l'est de la France, le verdict du tribunal de commerce de Paris sur le rachat de l'entreprise qui prévoit de maintenir 128 emplois sur 380. (Photo, AFP)
Les employés de l'usine de fabrication «Caddie» attendent le 27 octobre 2014 à Drusenheim, dans l'est de la France, le verdict du tribunal de commerce de Paris sur le rachat de l'entreprise qui prévoit de maintenir 128 emplois sur 380. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 05 janvier 2022

Caddie et ses chariots ont sept semaines pour trouver un repreneur

  • Nom déposé en 1959, Caddie, dont les origines industrielles et alsaciennes remontent à 1928, est devenu un nom courant avec l'essor de la société de consommation
  • Depuis 2018, la société est détenue à 70% par le polonais Damix, qui a déplacé en Pologne la fabrication notamment des chariots d'aéroport

SAVERNE : En cessation de paiement, l'entreprise Caddie, dont le nom est devenu synonyme du chariot de supermarché, a été placée en redressement judiciaire avec sept semaines pour trouver un repreneur et sauver ses 140 emplois.

"Le tribunal met la société en redressement judiciaire (...) et il renvoie l'affaire au 22 février, espérant avoir pour cette date une solution avec un repreneur pour la société Caddie", a déclaré le président de l'entreprise Stéphane Dedieu, à l'issue de l'audience à huis clos qui s'est tenue devant la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Saverne (Bas-Rhin).

"Nous sommes pressés par le temps parce que la société a besoin de trésorerie pour continuer, donc c'est important que le processus soit rapide", a ajouté celui qui, entré au sein de Caddie au début des années 1990 comme vendeur, a repris l'entreprise en 2014 après un précédent redressement judiciaire.

"Actuellement je n'ai pas de piste, mais la procédure commence tout juste", a reconnu Stéphane Dedieu, appelant de ses vœux un repreneur "industriel" pour ce marché de niche et vantant "une belle marque, de beaux produits et des collaborateurs impliqués".

Maintien de l'emploi

De son côté, rassuré que les salaires de décembre soient finalement versés, Luc Strohmenger, secrétaire CFTC du Comité social et économique (CSE), veut que la priorité soit donnée au "maintien de l'emploi" sur le désormais unique site de production à Dettwiller (Bas-Rhin).

"L'objectif est de retrouver un repreneur le plus vite possible parce que l'état de la société est vraiment catastrophique. L'objectif est de maintenir l'emploi le plus longtemps possible", a insisté l'avocat du CSE Hervé Bertrand, évoquant sept millions d'euros de dettes rien qu'auprès des fournisseurs. "On espère que ce ne sera pas trop court et que les salariés ne vivront pas une nouvelle déception".

La société s'est déclarée lundi en cessation de paiement en raison d'une accumulation de difficultés qui ont épuisé sa trésorerie. 

"Tout ça a commencé peu ou prou au moment de la Covid, on a eu une forte baisse de chiffre d'affaires, ensuite on a eu plein de situations néfastes liées à la Covid, notamment difficultés d'approvisionnement, arrêts de production, augmentation des coûts de matières qui ont été multipliés par deux ou par trois", a expliqué M. Dedieu.

"On a des commandes, c'est ça le paradoxe, c'est un manque de trésorerie qui nous oblige à passer par la case tribunal", a-t-il ajouté, évoquant un carnet de commandes de 6,8 millions d'euros, correspondant à plusieurs mois de production.

Les syndicats CFTC et CFDT ont eux plutôt considéré qu'il y avait eu une "gestion pour le moins hasardeuse" des fonds de soutien de l’État versés pendant la pandémie, qui auraient dû permettre de maintenir l'entreprise à flot, ce que conteste le président de la société, dont le nom complet est "Les Ateliers réunis Caddie".

"On n'a pas trop le choix, il faut laisser venir le futur repreneur, si repreneur il y a, sinon ce sera la liquidation et forcément le licenciement qui va avec", a réagi Sébastien Mengus, agent de fabrication depuis 25 ans chez Caddie.

Si elle est "un peu triste" de cette nouvelle faillite, Corinne Strohm, 59 ans, dont 38 ans au sein de Caddie, se dit "sûre" qu'ils vont "y arriver". "Caddie est une très belle société", assure cette employée au service administration des ventes.

Renouvellement plus rapide

Nom déposé en 1959, Caddie, dont les origines industrielles et alsaciennes remontent à 1928, est devenu un nom courant avec l'essor de la société de consommation, indissociable du chariot métallique pour les grandes surfaces. 

"Certes, ce ne sera plus un produit d'avenir comme dans les années 1970, mais le renouvellement des chariots est désormais plus rapide, en moyenne cinq ans, et les ouvertures de magasins, en Inde ou au Moyen-Orient par exemple" restent une importante source de commandes, a détaillé M. Dedieu.

Depuis 2018, la société est détenue à 70% par le polonais Damix, qui a déplacé en Pologne la fabrication notamment des chariots d'aéroport. "Il a beaucoup investi dans Caddie, mais il a lui-même souffert de la Covid et n'est plus en mesure de continuer à soutenir sa filiale française", selon Stéphane Dedieu.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".