Biden plaide avec une gravité inédite pour la démocratie, Trump répond avec fureur

Aucun ténor républicain n'a assisté à la veillée sur les marches du Capitole, qui a conclu la journée de commémorations. (Photo, AFP)
Aucun ténor républicain n'a assisté à la veillée sur les marches du Capitole, qui a conclu la journée de commémorations. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 07 janvier 2022

Biden plaide avec une gravité inédite pour la démocratie, Trump répond avec fureur

  • Le démocrate de 79 ans a livré une charge en règle contre son prédécesseur, l’accusant d’être responsable de l'assaut du Capitole il y a un an
  • Preuve de l'ampleur de la désinformation: selon un récent sondage, seulement 55% des Américains estiment que l'élection de Biden est légitime

"Je ne laisserai personne mettre le couteau sous la gorge de la démocratie" américaine: Joe Biden a livré jeudi un discours d'une gravité inédite, et a chargé son prédécesseur Donald Trump pour sa responsabilité dans l'assaut du Capitole il y a un an.

Il l'a accusé d'avoir "tenté d'empêcher un transfert pacifique du pouvoir" lors de cette "insurrection armée", qui visait à bloquer la certification de l'élection par le Congrès américain.

L'ancien président républicain a répliqué par trois communiqués furieux, montrant que cet anniversaire, loin de réconcilier les Américains, exacerbe les antagonismes politiques.

Joe Biden "a utilisé mon nom pour tenter de diviser encore plus l'Amérique", a affirmé Donald Trump. "Ce théâtre politique ne fait que détourner l'attention du fait que Biden a complètement et totalement échoué."

En réalité, le président démocrate n'a pas nommé une seule fois Donald Trump, qu'il n'a désigné que par "l'ancien président" ou "l'ancien président perdant", bien conscient que cette formulation ferait enrager le milliardaire.

Joe Biden avait abandonné sa bonhomie coutumière pour un ton extrêmement solennel, et parfois sombre, dans l'imposant "hall des statues" du Capitole, là même où, le 6 janvier 2021, paradaient des partisans de l'ancien président.

Le démocrate de 79 ans a livré une charge en règle contre son prédécesseur, qui "a créé et répandu un tissu de mensonges à propos de l'élection de 2020, il l'a fait car il préfère le pouvoir aux principes" et parce que "son ego blessé lui importe plus que notre démocratie".

L'ancien président a pour sa part maintenu jeudi que la dernière élection était "truquée", ce dont il n'a jamais apporté la preuve.

"N'oubliez jamais le crime de l'élection présidentielle de 2020. N'abandonnez jamais", a exhorté Donald Trump.

"Allons-nous être une nation qui accepte que la violence politique devienne la norme?", s'est pour sa part interrogé Joe Biden, estimant que les Etats-Unis étaient engagés, à l'intérieur de leurs frontières ainsi qu'à l'extérieur, dans une "lutte" opposant la démocratie à l'autocratie.

"Je n'ai pas cherché cette bataille" a assuré Joe Biden, alors que selon un récent sondage seulement 55% des Américains estiment que son élection est légitime.

Mais "je ne laisserai personne mettre le couteau sous la gorge de la démocratie" américaine, a-t-il dit.

A des journalistes qui lui demandaient s'il ne craignait pas d'aggraver encore les divisions avec ce discours, le président a lancé: "Quand on veut guérir, il faut reconnaître la gravité de la blessure."

Dans le ton au moins, c'est une rupture pour Joe Biden. Depuis le début de son mandat, il traitait Donald Trump et ses partisans par l'ignorance voire le mépris, pariant sur le pragmatisme et sur un ambitieux programme de réformes économiques pour réconcilier les Américains.

Mais voilà, sa présidence semble embourbée: les réformes sont pour certaines bloquées, le retour de la pandémie de Covid-19 et une forte inflation démoralisent les Américains, et le président, dont la cote de confiance est très basse, peine à exploiter une majorité parlementaire trop mince, faute de cohésion dans les rangs démocrates.

Quant à la réconciliation qu'il appelait de ses voeux, elle parait bien lointaine.

Dans le camp adverse, l'absence jeudi de la totalité ou presque des élus républicains aux commémorations organisées par le Congrès, à majorité démocrate, témoigne de l'ascendant immense de Donald Trump sur le parti.

Aucun sénateur républicain n'a ainsi participé à un moment de silence organisé au Sénat. Dans l'autre chambre du Congrès, celle des représentants, seuls deux conservateurs de premier rang, l'ancien vice-président Dick Cheney et sa fille Liz Cheney, en rupture ouverte avec Donald Trump, se sont montrés.

Aucun ténor républicain non plus à la veillée sur les marches du Capitole, qui a conclu cette journée de commémorations.

C'est donc à distance que plusieurs responsables du parti ont repris en choeur la même critique: celle d'une "instrumentalisation" de l'événement par la Maison Blanche.

Le chef du parti au Sénat, Mitch McConnell, avait parlé en février 2021 d'une "responsabilité morale" de l'ancien président dans les événements du 6 janvier.

Mais il a publié jeudi un communiqué accusant les démocrates d'"exploiter" cet anniversaire "pour promouvoir des objectifs politiques".

Le gouverneur de Floride Ron DeSantis a lui dit jeudi que les commémorations prévues par le Congrès donnaient "la nausée".


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Short Url
  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Short Url
  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Short Url
  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.