Mi-policiers, mi-journalistes, les limiers du Net traquent les assaillants du 6 janvier

Des supporters participent à une veillée parrainée par le groupe pro-trump Look Ahead America pour protester contre le traitement des prisonniers inculpés dans le cadre de l'attaque du 6 janvier contre le Capitole des États-Unis, à l'extérieur du centre de détention central le 06 janvier 2022 à Washington, DC. (Photo, AFP)
Des supporters participent à une veillée parrainée par le groupe pro-trump Look Ahead America pour protester contre le traitement des prisonniers inculpés dans le cadre de l'attaque du 6 janvier contre le Capitole des États-Unis, à l'extérieur du centre de détention central le 06 janvier 2022 à Washington, DC. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 janvier 2022

Mi-policiers, mi-journalistes, les limiers du Net traquent les assaillants du 6 janvier

  • Parmi les 704 dossiers d'inculpation du FBI compilés par le programme, 77% contiennent des éléments à charge obtenus en ligne, soit par l'entremise des citoyens détectives ou du public, soit par les enquêteurs
  • Plus de 725 personnes ont été arrêtées et inculpées à des degrés divers pour leur participation aux violences du Capitole, avait affirmé mercredi le ministre de la Justice Merrick Garland

"On est quelque part entre journalistes et policiers": depuis un an, Kay traque derrière son ordinateur les partisans de Donald Trump ayant attaqué le Capitole le 6 janvier, grâce aux montagnes d'informations en accès libre sur les réseaux sociaux.

Habitante de l'Etat du Washington, dans l'ouest des Etats-Unis, la jeune maman de 34 ans n'a jamais mis les pieds dans la capitale fédérale.

Mais le 6 janvier 2021, elle a regardé avec "horreur" les centaines de manifestants prendre d'assaut le Congrès, frapper policiers et journalistes et commettre des dégradations dans le temple de la démocratie américaine.

"C'était comme un sacrilège, le Capitole est un symbole et le voir attaqué, c'était terrifiant", dit-elle à l'AFP, la voix cassée par l'émotion.

Ayant travaillé dans la production vidéo, elle commence alors à visionner les milliers d'heures d'images diffusées à la télévision, sur YouTube ou les réseaux sociaux, des informations "en source ouverte" accessibles à tous et non classifiées.

Elle traque aussi les profils des utilisateurs de Facebook ou de plateformes plus obscures et plus conservatrices comme Bitchute.

"J'ai trouvé des gens qui étaient fiers de ce qu'ils avaient fait et qui s'en vantaient", raconte-t-elle.

Elle compile les images des assaillants, leur donne des surnoms, établit des listes qu'elle partage bientôt avec d'autres détectives en ligne.

Ces derniers se retrouvent sur des groupes nommés Sedition Hunters, Capitol Hunters ou encore Deep State Dogs, aux côtés de sites d'investigation comme Bellingcat ou des cellules d'enquête des grands journaux américains.

Kay travaille avec Sedition Hunters, qui compte un noyau d'une vingtaine de membres, épaulés par des centaines d'internautes.

Les auteurs de violences sont aussi identifiés par leurs signes distinctifs (vêtements, tatouages...), par des outils de géolocalisation ou de reconnaissance faciale comme PimEyes, et grâce aux appels à témoins lancés sur le compte Twitter du groupe qui demande aux internautes de contacter directement le FBI.

Le groupe s'interdit de nommer les suspects et les photos font l'objet de plusieurs vérifications avant d'être rendues publiques, assure Kay.

La police fédérale, qui publie également sur son site les photos des suspects, s'appuie aussi sur les informations du public et des citoyens détectives dans ses rapports d'enquête.

Plus de 725 personnes ont été arrêtées et inculpées à des degrés divers pour leur participation aux violences du Capitole, a affirmé mercredi le ministre de la Justice Merrick Garland.

"Nous avons reçu plus de 300.000 renseignements de la part des citoyens ordinaires, qui ont été des partenaires indispensables" pour la justice, a-t-il souligné.

Devorah Margolin, membre du programme de recherche sur l'extrémisme à l'université George Washington, souligne que les réseaux sociaux ont joué un "rôle énorme" dans la traque des auteurs de violences le 6 janvier.

"La plupart de ceux ayant posté des messages sur les réseaux sociaux ne pensaient pas qu'ils faisaient quelque chose d'illégal", explique-t-elle à l'AFP. Mais "ils commettaient un délit pénal, le filmaient et la preuve était sur internet".

Parmi les 704 dossiers d'inculpation du FBI compilés par le programme, 77% contiennent des éléments à charge obtenus en ligne, soit par l'entremise des citoyens détectives ou du public, soit par les enquêteurs eux-mêmes, selon Devorah Margolin.

Aiden Bilyard, 19 ans, a été arrêté fin novembre, accusé d'avoir aspergé des policiers de gaz irritant, brisé une vitre du Congrès avec une batte de baseball et d'être entré illégalement dans l'édifice.

Le rapport d'enquête du FBI l'identifie par son surnom, "Pull Harvard", et contient plusieurs photos diffusées par Sedition Hunters.

Ronald Loehrke, 30 ans, a été arrêté dans l'Etat de Géorgie début décembre sur la base de photos publiées par le groupe.

Surnommé "MaroonPB" pour sa veste à carreaux et sa présence à Washington avec des membres du groupe d'extrême droite Proud Boys, il est poursuivi pour avoir agressé des policiers et être entré dans le bureau d'un sénateur.

"C'est gratifiant" que le travail de fourmi des limiers du Net mène à des inculpations, affirme Kay.

"Beaucoup de ces gens sont violents et ont déjà un casier judiciaire chargé", explique-t-elle. "C'est important pour moi de savoir que j'ai aidé à mettre ces gens en prison, et que j'ai peut-être empêché d'autres violences".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.