La chasse, un débat très français qui s'envenime à l'approche de l'élection

Les chasseurs à Cognocoli-Monticchu, sur l'île méditerranéenne française de Corse, le 21 août 2021. (Photo, AFP)
Les chasseurs à Cognocoli-Monticchu, sur l'île méditerranéenne française de Corse, le 21 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 janvier 2022

La chasse, un débat très français qui s'envenime à l'approche de l'élection

  • Un parti politique, Chasse Pêche Nature et Traditions (CPNT), a même existé en France, recueillant plus de 4% des voix à la présidentielle de 2012
  • Le conflit, récurrent, n'a fait que s'envenimer ces dernières années, avec l'importance croissante dans le débat public des questions liées à l'écologie

POUQUES-LORMES : Dans la brume froide et matinale d'une campagne du centre de la France, Michel s'accroupit, scrute, touche le sol gelé. Et se redresse, les yeux brillants, après avoir repéré les traces fraîches du sanglier ou du chevreuil que ses amis chasseurs vont traquer quelques heures plus tard.

"J'adore, j'adore. Je préfère presque trouver que tuer, savoir que je ne me suis pas trompé et que les animaux sont bien là", chuchote cet agriculteur de 62 ans, qui chasse depuis des décennies, tous les dimanches, dans sa région du Morvan.

Toute la journée, lui et ses compagnons, huit "enfants du pays" et deux citadins, vêtus de leurs vestes orange, vont mener la battue au sanglier. "Une passion", "une émotion", indéfectiblement liées à "l'amour de la nature", clament-ils, très conscients d'être au cœur d'un débat de société tendu, qui s'exacerbe toujours en France à l'approche d'une élection.

Si le nombre de chasseurs (1,2 million actifs, sur quelque 4 millions possédant un permis) est en baisse constante, la France reste le pays européen qui en compte le plus, devant l’Espagne et l’Italie.

Un électorat très hétérogène, cajolé -à l'exception des écologistes- par tous les prétendants à la fonction suprême, le président sortant Emmanuel Macron en tête.

Peu après son arrivée au pouvoir en 2017, il avait diminué de moitié le prix du permis national de chasse (passé de 400 à 200 euros) et participé à un "tableau de chasse", l'exposition du gibier après une battue, au château de Chambord. Son ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot avait théâtralement démissionné en 2018, protestant contre le poids des "lobbies", dont celui des chasseurs.

Un parti politique, Chasse Pêche Nature et Traditions (CPNT), a même existé en France, recueillant plus de 4% des voix à la présidentielle de 2012.

"Il y a bien sûr un contexte électoral, on prend beaucoup plus soin des chasseurs que des randonneurs ou des cueilleurs de champignons, parce qu'ils pèsent plus dans le débat et qu'ils sont très bien organisés", soupire Guy Hervé, président de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) de l'Yonne (centre).

"Evidemment que nous sommes un poids. Et on vendra notre vision des choses pour 2022", assénait récemment Willy Schraen, le tout puissant patron de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), appuyant sur l'image d'une France rurale, de terroirs et de traditions, que cherchent à récupérer les candidats à la fonction suprême.

Crispations

Une partie des chasseurs pourtant sont des citadins ou des néo-ruraux. A l'instar de Thierry, Parisien en voie d'installation définitive dans le Morvan, venu à la chasse il y a cinq ans, qui regrette aujourd'hui "l'incompréhension totale et les crispations" entre pro et anti-chasse.

"On a des représentations complètement fausses des chasseurs, on les voit comme des viandards qui cherchent à tuer, tuer, tuer. Moi, ce que je vois, c'est du respect, et des journées entre copains dans la nature", défend cet ancien professeur.

Le conflit, récurrent, n'a fait que s'envenimer ces dernières années, avec l'importance croissante dans le débat public des questions liées à l'écologie, au bien-être animal, au partage de la nature.

Dans la forêt domaniale de Branches, dans l'Yonne, des pancartes sauvages sont piquées sur les arbres à chaque entrée de chemin: "Chasse les samedi, dimanche et jours fériés. Promenades dangereuses". Et l'exaspération monte chez les opposants, eux aussi très organisés, confortés par une série d'accidents en France ces derniers mois, qui a relancé le débat sur la sécurité.

Leur nombre a certes baissé régulièrement depuis 20 ans mais sept personnes ont encore été tuées sur la saison de chasse 2020/2021 (peu active du fait de la crise sanitaire) contre 11 en 2019/2020.

Pas de chasse le week-end ?

Une pétition réclamant l'interdiction de la chasse le mercredi et le dimanche a recueilli plus de 120.000 signatures cet automne et poussé le Sénat à créer une commission sur la sécurité.

Le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a proposé une interdiction pendant le week-end et les vacances scolaires, suscitant un tollé. "Moi, je suis comme tout le monde, je travaille la semaine. La chasse, c'est le week-end", s'exaspère Christian, un membre de la battue de Pouques-Lormes.

La France est le seul pays permettant de pratiquer tous les jours pendant la saison, alors que la Grande-Bretagne, l'Italie, les Pays-Bas ou encore le Portugal ont instauré un ou plusieurs jours de non-chasse.

Par ailleurs, le nombre d'espèces chassées en France (90), dont certaines classées comme menacées, est le plus important d'Europe, au grand dam des protecteurs des animaux.

Ceux-ci se battent depuis des années pour obtenir l'interdiction de certaines chasses traditionnelles ou non sélectives, comme celle à la glu. Le Conseil d'Etat leur a donné raison mais "c'est un combat de chaque instant, pour chaque espèce", explique Guy Hervé, de la LPO.

"La LPO n'est pas anti-chasse, elle est contre certaines chasses cruelles ou visant des espèces en danger", insiste-t-il, disant en revanche comprendre l'argument de "régulation" avancé par les chasseurs de sangliers, une espèce proliférante qui ravage les cultures en France.

Mais pour le militant Pierre Rigaux, ancien membre de la LPO prônant, lui, l'interdiction totale de la chasse, "les positions sont définitivement irréconciliables".

"On peut négocier à la marge et enrober le débat avec du blabla sur la régulation, sur l'éthique du chasseur, sur le fait que l'animal combat à armes égales... Mais au fond, le débat ne peut pas aboutir. On ne peut pas demander à un torero de trouver un accord avec un anti-corrida".

En France, la controverse sur la chasse tourne à «la guerre de religion», selon un anthropologue

Le débat très virulent entre pro et antichasse en France tourne quasiment à la "guerre de religion", estime l'anthropologue italien Sergio dalla Bernardina, déplorant que les deux parties ne parviennent plus à trouver un langage commun.

Q: Comment évoluent les représentations sur la chasse ?

R: "La figure du chasseur a été extrêmement populaire pendant des siècles: que l'on pense aux traités de chasse au Moyen Age, aux peintres animaliers des XVIIe et XVIIIe siècles, aux écrivains comme Karen Blixen, Ernest Hemingway, Jack London...

C'était toujours vrai il y a encore une quarantaine d'années. Je pense par exemple à l'Almanach du chasseur, représenté comme un homme joyeux et honnête, qui faisait le tour du village pour montrer son gibier, dans la liesse. Dans l'imaginaire collectif, le chasseur, c'est celui qui éloigne la sauvagerie, celui qui sauve le Petit Chaperon Rouge.

Tout a changé à partir du moment où nous avons commencé à comprendre que la nature est en danger. La nature sauvage, pendant des siècles, c'était l'ennemi, la pourriture, la vermine, une entité envahissante et proliférante mettant en danger le travail de domestication des hommes.

Et puis c'est devenu quelque chose de rare et de précieux, qu'il faut protéger.

Et le chasseur est devenu une figure très négative".

Q: Comment expliquez-vous la tension en France entre pro et antichasse ?

R: "Le débat devient de plus en plus hystérique, quasiment une guerre de religion. Les deux camps se caricaturent, ne sont plus capables de trouver un langage commun. Or, derrière ce conflit il y a toute une série de questions fondamentales.

Quelle est la bonne manière de gérer la nature sauvage?

Les chasseurs, qui se prétendent +les premiers écolos de France+, disent: pour protéger il faut intervenir, réguler, gérer, alors que les +écologistes+ au sens large disent, non, la nature a besoin d'être laissée tranquille, elle s'autogère, s'il y a trop de cerfs ou de chevreuils, on va laisser les loups s'en charger.

L'autre sujet fondamental, c'est le thème de la souffrance animale, le fait que la frontière entre humain et animal est devenue très ténue.

Toute mise à mort devient un +animalicide+. Il y a aussi une sorte de +mise en religion+ de la nature sauvage. Désormais, les animaux sauvages sont aussi vénérés, idolâtrés. Lorsqu'on repère dans les Alpes italiennes un bouquetin albinos, ah, miracle, c'est comme si on avait vu apparaître la Sainte Vierge. Entendre le chant du loup la nuit ou le brame du cerf devient une expérience mystique.

Enfin il y a la question de la mise en tourisme et du commerce de la nature sauvage, et de savoir qui en est propriétaire".

Q: Les tensions autour de la chasse constituent-elles un débat très français ?

R: "Je dirais qu'au niveau européen, il y a de grandes différences entre le Nord et le Sud. Le Sud a été plutôt sylvophobe, un peu hostile à la forêt, alors que les sociétés germaniques l'ont toujours considérée davantage comme une ressource. Dans le Sud, le gibier est considéré comme n'appartenant à personne, on peut faire ce qu'on veut. Dans le Nord, c'est un bien, une ressource commune. Ce sont des différences de culture.

Les tensions entre pro et antichasse existent bien sûr dans les autres pays, comme chez moi en Italie, mais j'ai l'impression que l'association de la chasse et du pouvoir est très présente dans l'imaginaire français. C'est un argument électoral important.

Derrière cet enjeu de "la chasse", il y a aussi l'identification à la ruralité, le terroir, l'authenticité, face à des urbains ou des "néo-ruraux" parfois perçus comme des néocolonialistes".


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
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  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.

 


La mère du journaliste français Christophe Gleizes a adressé une demande de grâce au président algérien

Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche. (AFP)
Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche. (AFP)
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  • Dans un communiqué publié lundi, l'association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce "afin de mettre fin à une grave injustice"
  • La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné début décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre consultée lundi par l'AFP

PARIS: La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné début décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre consultée lundi par l'AFP.

"Je vous demande respectueusement de bien vouloir envisager de gracier Christophe, afin qu'il puisse retrouver sa liberté et sa famille", écrit Sylvie Godard dans cette missive du 10 décembre, assurant faire appel à la "haute bienveillance" du président algérien.

Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche.

Collaborateur des magazines français So Foot et Society, Christophe Gleizes a été arrêté le 28 mai 2024 en Algérie où il s'était rendu pour un reportage sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi-Ouzou, à 100 kilomètres à l'est d'Alger.

Le 3 décembre 2025, la Cour d'appel de Tizi-Ouzou a confirmé sa condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme". La justice algérienne lui reproche des contacts avec des personnes liées au mouvement séparatiste MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), classé terroriste en Algérie.

"La confirmation de la condamnation à sept années de prison ferme a été pour Christophe, comme pour moi et ma famille, un choc immense", indique Mme Godard dans sa lettre au chef de l'État algérien, qu'elle dit écrire "avec gravité et une profonde émotion".

"Cette sentence nous est incompréhensible au regard des faits et du parcours de mon fils", développe-t-elle. "Nulle part dans aucun de ses écrits vous ne trouverez trace d'un quelconque propos hostile à l'Algérie et à son peuple."

Deux jours après la décision en appel, le président français Emmanuel Macron avait jugé "excessif" et "injuste" le jugement prononcé contre Christophe Gleizes, se disant déterminé à trouver "une issue favorable".

"Grave injustice" 

Dans un communiqué publié lundi, l'association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce "afin de mettre fin à une grave injustice".

"Nous appelons désormais les autorités algériennes à prendre rapidement la seule décision possible dans ce dossier : libérer Christophe et lui permettre de retrouver les siens le plus rapidement possible", détaille Thibaut Bruttin, directeur général de l'association, cité dans le communiqué.

M. Gleizes est actuellement le seul journaliste français en détention à l'étranger.

Sa condamnation en première instance en juin 2025 avait été prononcée au pic d'une grave crise diplomatique entre la France et l'Algérie, marquée notamment par le retrait des deux ambassadeurs et des expulsions réciproques de diplomates.

Mais les relations bilatérales avaient semblé en voie d'apaisement après l'octroi d'une grâce et la libération par Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le 12 novembre

Selon son avocat français Emmanuel Daoud, Christophe Gleizes a, parallèlement au recours en grâce et au pourvoi en cassation, la possibilité d'adresser une demande de mise en liberté à la Cour Suprême, qui peut s'accompagner "d'une demande d'aménagement de sa peine".

"Il est aussi très important, psychologiquement, pour Christophe, de contester toute culpabilité car, comme il l'a dit à la Cour, il n'a fait que son métier et n'a, en aucune façon, enfreint la déontologie journalistique", assure l'avocat, cité dans le communiqué publié lundi.

 


Budget de l'Etat: au Sénat, la droite tentée par le compromis, mais pas à n'importe quel prix

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement met la pression sur la droite sénatoriale, devenue incontournable pour l’adoption du budget de l’État 2026
  • Malgré des tentatives de rapprochement en commission mixte paritaire, le risque d’échec demeure élevé ouvrant la voie soit à l’usage du 49.3

PARIS: Appelée par le gouvernement à se montrer constructive, la droite sénatoriale n'entend pas tourner le dos à un compromis sur le budget de l'Etat, mais sa fermeté vis-à-vis des socialistes risque de compliquer l'aboutissement de la discussion budgétaire avant 2026.

"La balle est aujourd'hui dans le camp du Parlement et significativement de la droite sénatoriale", a lancé mercredi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Une manière de mettre la pression sur la chambre haute et son alliance majoritaire droite-centristes. Elle détient à elle seule une grande partie des clés d'une équation jusqu'ici insoluble sur le projet de loi de finances pour 2026 (PLF).

En effet, si le compromis a été possible sans le Sénat sur le budget de la Sécurité sociale, les délais sur le budget de l'Etat sont tellement contraints que seul un accord entre les deux chambres du Parlement pourrait permettre l'adoption d'un budget avant le 31 décembre.

Le Sénat doit voter lundi sur l'ensemble du projet de budget, largement remanié par rapport à la version gouvernementale. Ensuite, une commission mixte paritaire (CMP), réunion de sept députés et sept sénateurs, sera chargée de trouver un terrain d'entente.

- CMP décisive -

Cette CMP est pour le moment fixée au vendredi 19 décembre, ce qui laisse encore quelques jours aux parlementaires pour négocier le périmètre d'un accord.

Si le gouvernement y croit, l'intransigeance de Bruno Retailleau, patron des Républicains et ténor de la droite sénatoriale, reste totale à ce stade.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", a-t-il fermement affirmé au Figaro.

Autre signe d'une droite sénatoriale inflexible: elle a rejeté d'emblée, vendredi, le budget de la Sécurité sociale dans sa version de compromis trouvée à l'Assemblée nationale, laissant le dernier mot aux députés.

Une issue différente sur le budget de l'Etat ? Le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson, martèle depuis plusieurs semaines sa conviction qu'une "voie de passage existe".

"Nous serons dans l'écoute et dans l'ouverture, mais pas à n'importe quel prix. Personne ne peut se permettre de viser une victoire politique sur ce budget", assure auprès de l'AFP celui qui pilote les débats budgétaires au Sénat.

Ce dernier a commencé, ces derniers jours, à rapprocher les points de vue avec son homologue de l'Assemblée nationale, Philippe Juvin (LR lui aussi). Une autre réunion est prévue dimanche entre ces deux responsables.

"Mon objectif, c'est bien de trouver un atterrissage", confirme Philippe Juvin à l'AFP. "Il me semble que c'est accessible".

Le président du Sénat Gérard Larcher, connu pour ses qualités de conciliateur, est lui aussi dans cette optique.

Mais le patron de la chambre haute, qui a échangé avec Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu jeudi, reste très agacé par le choix du Premier ministre de se tourner vers le Parti socialiste et lui reproche d'avoir "méprisé" le Sénat.

- "Pas prêt à se renier" -

"On est prêt à faire des efforts mais on n'est pas prêt à se renier", glisse un proche du président Larcher, pour qui "trop de concessions ont été faites à la gauche".

"Ce n'est pas à la droite sénatoriale d'aller parler au PS, c'est à Sébastien Lecornu d'aller voir les socialistes pour leur dire que maintenant ça suffit, qu'ils ont tout obtenu dans le budget de la Sécu", explicite Christine Lavarde, sénatrice LR qui devrait siéger en CMP.

Une commission mixte paritaire conclusive ne suffirait pas, néanmoins, car il faudrait ensuite que le texte de compromis soit adopté par l'Assemblée nationale, avec au minimum une abstention de la gauche qui paraît impensable à ce stade.

Et certains cadres du bloc central en appellent au retour du 49.3 pour valider cet hypothétique accord.

"Le 49.3 n'est pas une baguette magique, si le gouvernement l'utilise sans compromis préalable, il s'expose à une censure immédiate", a menacé le premier secrétaire du PS Olivier Faure dans Libération.

Lui, comme beaucoup, anticipe déjà l'alternative: l'adoption d'une loi spéciale avant le 31 décembre, afin de permettre la poursuite des activités de l'Etat, et la reprise des débats début 2026. Avec un nouveau casse-tête budgétaire en perspective...