Après un discours flamboyant sur la démocratie, Biden au défi des actes

La cote de confiance de Joe Biden oscille autour d'un maigre 43%. (Photo, AFP)
La cote de confiance de Joe Biden oscille autour d'un maigre 43%. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 08 janvier 2022

Après un discours flamboyant sur la démocratie, Biden au défi des actes

  • Après un début plutôt harmonieux, marqué par un redémarrage économique et une accalmie de la pandémie de Covid-19, Joe Biden est embourbé
  • Le président démocrate, qui affronte à l'automne des élections législatives de mi-mandat traditionnellement périlleuses pour la majorité en place, a décidé de changer de cap

WASHINGTON : Un discours flamboyant sur la démocratie, un réquisitoire contre Trump, et après ? Joe Biden veut galvaniser le camp démocrate et relancer une présidence embourbée, mais il prend un grand risque politique, si ses promesses s'avèrent creuses.

Le président démocrate de 79 ans a livré jeudi son allocution sans doute la plus forte à ce jour, pour commémorer l'assaut du Capitole par des partisans déchaînés de l'ancien président républicain.

Le Joe Biden habituellement débonnaire et terre-à-terre avait laissé la place à un chef de l'Etat grave, sombre même. Exit les blagues et expressions familières, place à un vocabulaire solennel.

"Je n'ai pas cherché ce combat" contre la violence politique et les tentations autoritaires, mais "je ne me défilerai pas", a dit Joe Biden.

«Taper fort»

Pour la première fois depuis l'investiture, il s'en est pris frontalement à Donald Trump, sans le nommer, mais en accusant "l'ancien président perdant" de "mettre le couteau sous la gorge de la démocratie" avec ses déclarations, infondées, sur un "trucage" de la dernière élection.

Joe Biden "était dans une situation impossible. Soit ne rien dire, et se retrouver sur la défensive. Soit taper fort" pour mobiliser son camp, mais en galvanisant aussi ses adversaires, commente David Schultz, professeur de sciences politiques à l'université Hamline (Minnesota).

Donald Trump comme d'autres ténors du camp républicain ont d'ailleurs tiré à boulets rouges jeudi sur le président, accusé d"'instrumentaliser" les événements du 6 janvier 2021.

Mais le président démocrate a besoin de relancer son mandat. Après un début plutôt harmonieux, marqué par un redémarrage économique et une accalmie de la pandémie de Covid-19, Joe Biden est embourbé.

Le retrait chaotique d'Afghanistan a laissé des traces, les Américains sont démoralisés par une poussée d'inflation et par la déferlante du variant Omicron. 

La cote de confiance de Joe Biden oscille autour d'un maigre 43%, un handicap de taille quand on doit composer, comme lui, avec un camp démocrate divisé et avec une majorité parlementaire très mince. Le président a dû renoncer à un immense projet de réformes sociales à cause d'un seul sénateur démocrate récalcitrant, Joe Manchin.

Alors Joe Biden, qui affronte à l'automne des élections législatives de mi-mandat traditionnellement périlleuses pour la majorité en place, a décidé de changer de cap.

Depuis quelque temps déjà, la Maison Blanche assure que l'urgence, ce n'est plus l'économie, mais de protéger les "voting rights".

Il s'agit de sanctuariser par deux lois fédérales l'un des grands acquis du mouvement des droits civiques: l'accès des minorités et notamment des Afro-américains au vote, accès aujourd'hui menacé par des réformes de certains Etats conservateurs.

«Trop peu, trop tard»

Joe Biden a fait "une grande promesse", juge David Schultz. Les démocrates "ont une très petite fenêtre de tir" pour passer ces textes, avant peut-être, dans quelques mois, de perdre le contrôle du Congrès.

"S'il échoue, ce sera un coup majeur porté à sa présidence", estime le politologue. Un premier vote, procédural, pourrait intervenir dès le 17 janvier. 

Certains activistes des droits civiques ont écouté avec scepticisme les grandes déclarations du président démocrate, qui a bénéficié pendant sa campagne du soutien jugé décisif de figures de la communauté afro-américaine.

"Est-ce que nous pensons qu'il a de bonnes intentions? Oui (...) Mais il n'a vraiment pas fait assez pendant son année au pouvoir pour l'accès au vote", privilégiant plutôt les sujets économiques, assène Cliff Albright, co-fondateur du Black Voters Matter Fund.

Avec cette organisation, il milite pour la participation électorale en Géorgie. Or c'est justement dans cet Etat du sud, emblématique de la lutte pour les droits des Afro-américains, que Joe Biden doit se rendre mardi.

"Cela semble trop peu, trop tard. Et il utilise la Géorgie comme un accessoire", critique Cliff Albright. Si, lors de son déplacement, le président "fait un discours sans une annonce majeure" sur les "voting rights", "alors le fait de venir c'est au mieux contre-productif, au pire, presque irrespectueux."


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"