L'énergie propulse l'inflation à un nouveau record dans la zone euro

Avant Noël, la BCE avait nettement relevé ses prévisions d'inflation en zone euro. (Photo, AFP)
Avant Noël, la BCE avait nettement relevé ses prévisions d'inflation en zone euro. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 08 janvier 2022

L'énergie propulse l'inflation à un nouveau record dans la zone euro

  • Jamais l'office européen des statistiques n'avait enregistré un tel chiffre depuis le début de ses estimations en janvier 1997 pour les 19 pays ayant adopté la monnaie unique
  • La BCE prévoit désormais une hausse des prix de 3,2% en 2022, contre 1,7%

BRUXELLES : Propulsé par la flambée des prix de l'énergie, le taux d'inflation dans la zone euro a atteint en décembre son plus haut niveau en 25 ans, à 5% sur un an, mais un reflux est attendu cette année.

Jamais l'office européen des statistiques n'avait enregistré un tel chiffre depuis le début de ses estimations en janvier 1997 pour les 19 pays ayant adopté la monnaie unique. En novembre, l'inflation de la zone euro avait déjà battu un record, à 4,9%.

L'indicateur dépasse largement l'objectif de la Banque Centrale Européenne (BCE) d'une inflation à 2% dans la zone euro. Mais, pour l'institution monétaire, cette hausse reste transitoire et devrait diminuer en 2023, après un pic en 2022.

L'envolée, constatée depuis des mois, s'explique avant tout par la hausse exceptionnelle des tarifs du gaz et de l'électricité.

En décembre, l'augmentation annuelle des prix de l'énergie a atteint 26%, loin devant les autres composantes, a indiqué Eurostat. Les tarifs de l'alimentation, alcool et tabac ont tout de même progressé de 3,2%, devant ceux des biens industriels (2,9%) et des services (2,4%).

Avant Noël, la BCE avait nettement relevé ses prévisions d'inflation en zone euro, invoquant les prix de l'énergie, mais aussi les difficultés d'approvisionnement dans l'industrie qui perturbent la production alors que la demande des consommateurs est particulièrement forte. 

La BCE prévoit désormais une hausse des prix de 3,2% en 2022, contre 1,7%. Elle anticipe seulement un retour sous le seuil de 2%, son objectif à moyen terme, en 2023, un horizon qui n'a cessé de s'éloigner ces derniers mois.

La présidente de l'institution, Christine Lagarde, a jugé "très improbable" un relèvement en 2022 de ses taux directeurs, actuellement à leur plus bas historique.

Incertitude Omicron

La flambée de contaminations à la Covid-19, provoquée par le nouveau variant Omicron, crée une incertitude supplémentaire pour l'économie européenne et mondiale.

"Après avoir atteint 5,0% en décembre, l'inflation en zone euro devrait baisser cette année en raison de la chute de la composante énergétique", prévoit Jack Allen-Reynolds, analyste pour Capital Economics.

"Encore un chiffre historique, mais il faut s'attendre à voir baisser les taux d'inflation à partir de maintenant, car la hausse de l'énergie va se calmer", a commenté Bert Colijn, économiste pour la banque ING.

La hausse des prix suscite l'inquiétude des ménages dont les revenus n'augmentent pas au même rythme.

L'angoisse est particulièrement palpable en Allemagne, première économie européenne, où la hausse des prix, au plus haut depuis 1992, a réveillé de vieilles peurs, et s'affiche à la Une des journaux : "quelle sera la valeur de mon argent à l'avenir ?", "La vague arrive pour les consommateurs"...

Parmi les grands pays de la zone euro, l'Allemagne (5,7%) ainsi que l'Espagne (6,7%) ont connu la plus forte inflation le mois dernier, dépassant la moyenne européenne. À l'inverse, les prix sont restés relativement sages en Italie (4,2%) et surtout en France (3,4%), selon les données européennes harmonisées calculées par Eurostat.

L'inflation a été particulièrement élevée dans les pays baltes, le plus haut niveau pour la zone euro étant enregistré par l'Estonie (12%), devant la Lituanie (10,7%), tandis que les hausses des prix les plus faibles ont concerné Malte (2,6%) et la Finlande (3,2%).

Mais la situation est encore plus tendue aux Etats-Unis. Les prix à la consommation y ont augmenté de 6,8% en novembre, un rythme inédit depuis juin 1982, soit près de 40 ans. Une bien mauvaise nouvelle pour le président Joe Biden, qui a promis d'inverser la tendance mais peine à faire adopter son plan de dépenses sociales et environnementales.

Les responsables de la banque centrale américaine (Fed) estiment qu'il pourrait être justifié de relever les taux d'intérêt plus tôt que prévu, surtout si Omicron renforce encore la hausse des prix, selon le compte-rendu de la dernière réunion monétaire, publié mercredi.

Comme la BCE, la Fed a relevé ses projections d'inflation. Elle a cependant retiré de son communiqué officiel l'adjectif "transitoire", utilisé depuis le début de la crise pour qualifier la hausse des prix.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Short Url
  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.