L'extraction du lithium, espoir pour une région californienne en perdition

La vapeur s'élève d'une centrale géothermique le long de la côte de la mer de Salton près de Calipatria, en Californie, le 15 décembre 2021. (Photo, AFP)
La vapeur s'élève d'une centrale géothermique le long de la côte de la mer de Salton près de Calipatria, en Californie, le 15 décembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 08 janvier 2022

L'extraction du lithium, espoir pour une région californienne en perdition

  • Ce métal est l'un des plus convoités actuellement: l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que la demande mondiale de lithium augmentera de 42% d'ici 2040
  • Or à ce jour, les Etats-Unis ne comptent qu'un seul site de production de lithium, dans le Nevada voisin

SALTON SEA: Dans les années 1950, le gratin d'Hollywood se pressait sur les rives de Salton Sea, plus grand lac de Californie. Aujourd'hui en perdition, la région se prend à rêver d'un renouveau grâce aux gigantesques réserves de lithium qui dorment dans son sous-sol.

"C'est vraiment la plus grande réserve de lithium identifiée aux Etats-Unis", assure Jim Turner, responsable de la société Controlled Thermal Resources (CTR), en désignant le paysage désertique et ce grand lac salé.

Pour l'instant, la firme australienne n'en est qu'au stade des forages nécessaires à la construction d'une usine fonctionnant à l'énergie géothermique. Mais M. Turner assure que d'ici 2024, le site extraira du sol 20 000 tonnes de lithium par an, assez pour produire des batteries pour environ 400 000 voitures Tesla.

Ce métal est l'un des plus convoités actuellement: l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que la demande mondiale de lithium augmentera de 42% d'ici 2040.

Or à ce jour, les Etats-Unis ne comptent qu'un seul site de production de lithium, dans le Nevada voisin. 

L'usine CTR sera-t-elle la poule aux oeufs d'or pour les habitants de la région de Salton Sea, où le taux de chômage dépasse 15%, trois fois plus que la moyenne en Californie?

Ce ne serait pas le premier mirage à miroiter dans ce bout de désert avant de s'évanouir, relèvent certains.

Erreur d'ingénierie

Le plus grand lac de Californie a été créé par accident en 1905 à la suite d'une erreur d'ingénierie lorsque le fleuve Colorado a inondé un millier de kilomètres carrés de terres, une dépression située plusieurs dizaines de mètres en dessous du niveau de la mer.

D'abord utilisé par les agriculteurs, ce lac providentiel deviendra dans les années 1950 un site touristique très prisé, attirant pêcheurs, baigneurs et stars, jusqu'à Frank Sinatra et les Beach Boys.

Mais à partir des années 1970, sous l'effet de la sécheresse et sans apport d'eau extérieure, la Salton Sea s'évapore rapidement et la salinité augmente en flèche, tout comme la concentration en pesticides et autres polluants.

Les touristes désertent ses berges et les hôtels et bars ferment leurs portes, laissant derrière eux des décors dignes du film Mad Max.

Comme les poissons du lac, les quelques lieux de peuplement de la région s'asphyxient lentement et l'économie périclite chaque jour un peu plus.

"Nous avons besoin de choses ici. Nous sommes le comté le plus pauvre de Californie", souligne Ernie Hawkins, 79 ans, propriétaire du Ski Inn, le seul bar encore en activité à Bombay Beach.

Ce village de 300 habitants survit encore grâce aux artistes et curieux attirés par ce paysage de ville fantôme, entre bâtiments à l'abandon et carcasses de voitures rouillées. 

Pour M. Hawkins, l'extraction de lithium pourrait apporter "un petit peu plus de travail".

Mais à quelques kilomètres plus au nord, à Calipatria, on ne croit pas encore aux promesses du lithium. "On a entendu dire qu'il y aurait des emplois, que d'autres usines allaient ouvrir, mais pour l'instant on n'a pas vu de changement. On va attendre", lâche Juan Gonzalez, employé du magasin de pneus, seul commerce encore ouvert à Calipatria.

«Possibilités infinies»

Dans leur petit canot gonflable, Charlie Diamond et Caroline Hung, deux chercheurs de l'Université de Californie qui viennent régulièrement analyser les eaux du lac de Salton Sea, veulent croire à cette "occasion unique".

Pour M. Diamond, l'issue dépendra surtout du dialogue "entre les habitants et l'usine". Il espère que le projet fera de l'extraction du lithium "un modèle du développement d'une énergie alternative" plutôt qu'un énième accident industriel dans une région sinistrée.

Sa collègue souligne de son côté l'importance de prendre en compte l'impact environnemental de l'exploitation du lithium, particulièrement sur le lac.

M. Turner assure que la technologie novatrice mise en oeuvre par CTR, fondée sur l'énergie géothermique, sera plus écologique que les techniques d'extraction et d'évaporation utilisées jusqu'à présent.

Ernie Hawkins, le patron du bar de Bombay Beach, est déjà tout acquis à la cause du lithium et se prend à rêver: "Ici, je vais mettre une station de recharge pour voitures électriques. Quand ça aura commencé, les possibilités seront infinies." 


Kenya : scènes d'émeutes lors de manifestations contre l'inflation

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  • Des batailles rangées ont éclaté entre des manifestants jetant des pierres et les forces de l'ordre utilisant gaz lacrymogènes et canons à eau dans certains quartiers de la capitale et dans au moins une autre ville, ont constaté des correspondants
  • Ce mouvement de protestation contre l'inflation qui s'est élevée en février sur un an à 9,2% dans le pays d'Afrique de l'Est avait été interdit dimanche par les autorités

NAIROBI: Des affrontements ont éclaté lundi au Kenya entre protestataires et police lors de manifestations contre l'inflation, notamment devant des bureaux gouvernementaux à Nairobi, sur fond de conflit politique entre le président et son principal opposant.

Des batailles rangées ont éclaté entre des manifestants jetant des pierres et les forces de l'ordre utilisant gaz lacrymogènes et canons à eau dans certains quartiers de la capitale et dans au moins une autre ville, ont constaté des correspondants.

Les organisateurs de la manifestation avaient prévu de marcher vers State House, le palais présidentiel, dans le centre de Nairobi, où une vingtaine de manifestants ont été arrêtés. Parmi les personnes interpellées figurent deux parlementaires, Stewart Madzayo, chef de la minorité au Sénat, et le député Opiyo Wandayi, tous deux membres du parti de l'opposant Raila Odinga.

"Nous sommes venus ici pacifiquement, mais ils nous ont jeté des gaz lacrymogènes", a affirmé un manifestant, Charles Oduor. "Ils nous mentent tous les jours. Où est la farine de maïs bon marché qu'ils ont promise ? Où sont les emplois pour les jeunes qu'ils ont promis ? Tout ce qu'ils font, c'est embaucher leurs amis", a ajouté ce jeune homme de 21 ans.

Il s'agit des premiers troubles majeurs depuis l'élection à la présidence en août de William Ruto.

A Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, des manifestants ont mis le feu à des pneus et la police a utilisé des canons à eau, selon des journalistes de l'AFP.

Des affrontements se sont également produits à Kisumu, dans l'ouest du Kenya, autre bastion de Raila Odinga.

Flambée des prix 

"Notre victoire nous a été volée et nous sommes déterminés à la récupérer. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés alors que la vie devient de plus en plus difficile. Nous voulons Raila à State House", a lancé un manifestant à Kisumu, Kevin Ojwang.

Ce mouvement de protestation contre l'inflation qui s'est élevée en février sur un an à 9,2% dans le pays d'Afrique de l'Est avait été interdit dimanche par les autorités.

Les Kényans souffrent de la flambée des prix des produits de première nécessité, de la chute brutale du shilling par rapport au dollar américain et d'une sécheresse record qui a plongé des millions de personnes dans la famine.

La police avait reçu deux demandes de manifestations, dont l'une du parti Azimio la Umoja de M. Odinga. La police y a opposé une fin de non recevoir pour des raisons de "sécurité publique" et du fait du non respect du délai de dépôt.

Raila Odinga avait convoqué ces manifestations pour lundi, qualifié "jour du destin", afin de protester contre la "montée en flèche" du coût de la vie mais aussi l'élection "volée" du 9 août. William Ruto avait remporté ce scrutin très serré et son adversaire considère son gouvernement comme "illégitime".

Malgré l'interdiction, des manifestants se sont réunis pour protester contre le coût de la vie.

"La vie est si dure. Voyez ces jeunes hommes et femmes, nous n'avons pas de travail, les gens perdent leur emploi. C'est pourquoi nous venons parler de nos droits", explique Henry Juma, 26 ans, cireur de chaussures.

« Epreuve de force »

Le grand journal kényan The Standard a résumé la tension en titrant lundi : "Le jour de l'épreuve de force".

De nombreux commerces à Nairobi étaient fermés avant les manifestations et certaines entreprises avaient demandé à leurs employés de privilégier le télétravail.

Le chef de l'Etat s'était élevé ce week-end contre les appels à manifester de son opposant. "Vous n'allez pas nous menacer avec des ultimatums, du chaos et de l'impunité. Nous ne le permettrons pas", a dit William Ruto, demandant à Raila Odinga d'agir via des moyens "légaux et constitutionnels".

L'élection présidentielle reste un motif de conflit entre les deux dirigeants. Selon les résultats officiels, M. Odinga a perdu face à M. Ruto de quelque 233.000 voix, l'un des écarts les plus serrés de l'histoire du pays, et alors qu'il était soutenu dans ce scrutin par le président sortant Uhuru Kenyatta.

Le recours intenté par Raila Odinga, qui concourait pour la cinquième fois à la tête du pays et se plaignait de fraudes, a été rejeté par la Cour suprême.


Xi Jinping en visite d'Etat en Russie pour la «paix»

Dans cette photo d'archive prise le 23 octobre 2022, le président chinois Xi Jinping salue les médias lors de la présentation des membres du nouveau Comité permanent du Politburo du Parti communiste chinois, l'organe décisionnel suprême du pays, au Grand Palais du Peuple à Pékin. (Photo WANG Zhao / AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 23 octobre 2022, le président chinois Xi Jinping salue les médias lors de la présentation des membres du nouveau Comité permanent du Politburo du Parti communiste chinois, l'organe décisionnel suprême du pays, au Grand Palais du Peuple à Pékin. (Photo WANG Zhao / AFP)
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  • Cette visite d'Etat de trois jours en Russie, un pays avec qui la Chine a d'importants liens diplomatiques et économiques, est la première du dirigeant chinois chez son voisin depuis près de quatre ans
  • «J'ai hâte de travailler avec le président Poutine pour adopter ensemble une nouvelle vision» des liens bilatéraux, écrit notamment M. Xi.

PEKIN: Xi Jinping et Vladimir Poutine ont loué lundi la solidité de leur partenariat bilatéral, quelques heures avant l'arrivée du président chinois à Moscou pour un sommet avec son homologue russe, isolé sur le plan international en raison de l'invasion de l'Ukraine.

Cette visite d'Etat de trois jours en Russie, un pays avec qui la Chine a d'importants liens diplomatiques et économiques, est la première du dirigeant chinois chez son voisin depuis près de quatre ans.

Dans un article publié dans le journal russe Rossiyskaya Gazeta, Xi Jinping a présenté sa venue comme un "voyage d'amitié, de coopération et de paix", face à des Occidentaux qui regardent la relation sino-russe avec méfiance.

"J'ai hâte de travailler avec le président Poutine pour adopter ensemble une nouvelle vision" des liens bilatéraux, écrit notamment M. Xi.

Forte d'avoir facilité la récente réconciliation diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran, la Chine se positionne en médiatrice sur la guerre Russie-Ukraine et appelle notamment à des négociations de paix entre Moscou et Kiev.

Dans un article publié lundi dans un journal chinois, Vladimir Poutine salue "la volonté de la Chine de jouer un rôle constructif dans le règlement" du conflit et estime que "les relations russo-chinoises ont atteint le point culminant de leur histoire".

La visite de Xi Jinping intervient quelques jours après l'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président russe, accusé de crime de guerre pour "déportation illégale" d'enfants ukrainiens.

Coutumier des propos au vitriol, l'ancien président russe Dmitri Medvedev, actuellement vice-président du Conseil de sécurité nationale, a déclaré que la Cour de la Haye pouvait être la cible d'une frappe avec un missile russe.

"On peut très bien imaginer une frappe de haute précision avec un missile hypersonique russe Oniks depuis un navire russe en mer du Nord contre le bâtiment du tribunal à la Haye", a-t-il écrit sur Telegram, invitant les juges de la CPI à "regarder attentivement le ciel".

Autrefois figure plutôt libérale au sein du régime russe, M. Medvedev est devenu l'un des partisans les plus acharnés de l'offensive contre l'Ukraine, multipliant les déclarations au vitriol contre Kiev et ses alliés occidentaux.


Conférence internationale à Londres pour financer la CPI sur l'Ukraine

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan (Photo, AFP).
Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan (Photo, AFP).
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  • Pour mener ses investigations, la CPI a besoin de moyens financiers et techniques
  • Depuis le début de la guerre, le Royaume-Uni est le deuxième pays le plus impliqué financièrement en soutien à l'Ukraine

LONDRES: Plusieurs pays doivent annoncer lundi la mobilisation de moyens supplémentaires pour soutenir l'enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes de guerre présumés commis en Ukraine, à l'occasion d'une conférence internationale de ministres de la Justice à Londres.

La CPI, basée à La Haye, a engagé une enquête sur de possibles crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis dans le cadre de la guerre lancée par Moscou contre l'Ukraine le 24 février 2022, dont sont accusées les forces russes dans l'immense majorité des cas.

Vendredi, elle a émis un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine et la commissaire russe aux droits des enfants, Maria Lvova-Belova, pour le crime de guerre de "déportation illégale" d'enfants ukrainiens.

Pour mener ses investigations, la CPI a besoin de moyens financiers et techniques et en décembre dernier, son procureur Karim Khan, qui sera présent à la conférence de Londres, avait appelé la communauté internationale à augmenter son soutien à l'institution.

"Nous avons besoin des outils nécessaires pour faire le travail. Nous n'avons pas ces outils", avait-il déclaré.

Plus de 40 États seront représentés lundi à Londres lors de cette conférence organisée conjointement par le Royaume-Uni et les Pays-Bas, a indiqué le gouvernement britannique.

Londres a déjà annoncé un financement supplémentaire de près de 400.000 livres sterling (452.000 euros), portant son soutien total à un million de livres (1,13 million d'euros) depuis l'an dernier, pour financer le soutien psychologique des témoins et victimes de crimes ou encore le renfort d'experts britanniques auprès de la CPI.