Net rebond en France des manifestations contre le pass vaccinal

Des manifestants se rassemblent contre le pass sanitaire et les vaccins Covid-19 après l'appel du chef du parti nationaliste français «Les Patriotes» Florian Philippot, place du Palais-Royal, Paris, le 8 janvier 2022. (Photo, AFP)
Des manifestants se rassemblent contre le pass sanitaire et les vaccins Covid-19 après l'appel du chef du parti nationaliste français «Les Patriotes» Florian Philippot, place du Palais-Royal, Paris, le 8 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 11 janvier 2022

Net rebond en France des manifestations contre le pass vaccinal

  • Le ministère de l'Intérieur a annoncé 105 200 participants dans toute la France, soit quatre fois plus que les 25 500 de la précédente mobilisation
  • À Paris, trois cortèges ont rassemblé 18 000 personnes, et ils étaient 87 200 dans la rue dans le reste du pays

 

PARIS: "Macron, on t'emmerde !": quelques jours après les déclarations fracassantes d'Emmanuel Macron, décidé à "emmerder" les non vaccinés, ces derniers et les opposants au pass vaccinal ont battu le pavé dans plusieurs villes de France, renouant avec des mobilisations d'ampleur.


Le ministère de l'Intérieur a annoncé 105 200 participants dans toute la France, soit quatre fois plus que les 25 500 de la précédente mobilisation, le 18 décembre.


A Paris, la manifestation la plus importante a rassemblé plusieurs milliers de personnes à l'appel des Patriotes du candidat pro-Frexit à la présidentielle Florian Philippot, retrouvant le niveau des mobilisations de cet été, lorsque avait été annoncé le pass sanitaire. 


"Macron, ton pass on n'en veut pas", "Touchez pas aux enfants", scandaient les manifestants, dont beaucoup arboraient un drapeau français, au milieu de quelques fleurs de lys.


"Si la loi passe, on ne pourra plus aller à l'école, on ne pourra plus travailler", a dit craindre dans la foule un jeune homme de 17 ans, proche des idées de Florian Philippot, qui ne veut pas "s'injecter un vaccin en cours d'expérimentation".
Une bibliothécaire de 57 ans, se déclarant plutôt "écolo" et mélenchoniste, se dit elle "dérangée" par la personne de M. Philippot. Mais elle a tenu à protester contre "le pass qui devient une obligation vaccinale déguisée", alors que les vaccins produisent selon elle "des effets secondaires".

Un retraité non-vacciné porte plainte contre Macron

TULLE : Un retraité français a symboliquement déposé une plainte contre le président Emmanuel Macron après ses propos controversés sur les non-vaccinés, se déclarant "choqué et blessé" par ces déclarations.

Des propos jugés "discriminatoires et insultants" par Didier Lalande, 63 ans, habitant de Rosiers-d'Egletons en Corrèze, dans le centre de la France.

Dès mercredi, il a déposé une plainte pour ce qu'il appelle de la "diffamation et menaces publiques par personne ayant autorité", a-t-il expliqué samedi, document en mains, confirmant une information du journal régional La Montagne.

Le retraité, non-vacciné contre la Covid-19, qui se dit "choqué et blessé" par cet entretien, revendique une démarche "symbolique", qui n'a pas de chance d'aboutir, le président de la République étant couvert par son immunité présidentielle.

"On m'impose des contraintes que je respecte" mais "je trouve cela insupportable de remettre en cause la citoyenneté des non-vaccinés", dit-il.


La manifestation partie de la place du Palais royal a pris place Vauban des allures de meeting politique, plusieurs personnalités d'extrême-droite venant apporter leur soutien aux manifestants: via message vidéo, la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal, le très conservateur Jean-Frédéric Poisson, soutien d'Eric Zemmour, ou l'ancien conseiller de Donald Trump Steve Bannon.


"Tout vacciné est un futur non vacciné" en raison de la nécessité d'effectuer un ou des rappels, "tout Français est dans le collimateur des folies liberticides de Macron le dingue", a fustigé dans son discours Florian Philippot.


Une source policière a qualifié ce rassemblement de "tendu". Tout comme celui tenu boulevard de l'Hôpital (dans le sud-est de Paris), à l'initiative de gilets jaunes, qui a lui aussi retrouvé des niveaux de mobilisation similaires à ceux du début de l'été.

«Vaccin du respect»
Le projet de loi sur le pass vaccinal, adopté par les députés jeudi, doit passer devant le Sénat la semaine prochaine. 


A Lyon, une petite foule de manifestants de tous âges et peu  masqués s'est rassemblée dans une ambiance bon enfant sur la place Bellecour, en centre ville. Slogans dénonçant "l'apartheid social" et huées contre le président Emmanuel Macron et son Premier ministre ont ponctué la manifestation.


Les manifestants étaient environ 500 à Dijon, 650 à Saint-Etienne, près de 500 au Puy-en-Velay, selon les autorités, des chiffres en nette augmentation par rapport aux précédentes mobilisations.


A Bordeaux, entre 500 et 1 000 personnes, selon la police, et 9 000 selon les organisateurs, ont manifesté malgré la pluie sous les cris de "Macron on t'emmerde". "A quand un vaccin du respect?", "Confiance rompue", pouvait-on lire sur les pancartes. 


Une manifestante bordelaise, non-vaccinée contre la Covid-19 "mais pas antivaccin", a dit défiler "pour la première fois de sa vie" car les propos du président de la République ont "fait déborder le vase". 


Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont émaillé la manifestation à Montpellier, qui a rassemblé 3 700 personnes selon la préfecture. A Toulouse, où des incidents se sont aussi produits, ils étaient 2 200 selon la préfecture.


Dans l'Est, 1 250 manifestants ont défilé à Colmar et 1 900 à Mulhouse, selon la préfecture du Haut-Rhin. Ils étaient 1 500 à Strasbourg, selon celle du Bas-Rhin.   


A Paris, trois cortèges ont rassemblé 18 000 personnes, selon le ministère qui a fait état de 10 interpellations et de trois membres des forces de l'ordre blessés. Dans tout le reste du pays, où il y a eu 24 interpellations et sept policiers blessés légèrement selon le ministère, ils étaient 87 200 dans la rue.


Le 11 septembre dernier, les autorités avaient dénombré 121 000 manifestants contre la vaccination et le pass sanitaire sur l'ensemble du territoire et quelque 237 000 participants le 7 août.


A Paris, une réunion des droites sous l'égide des médias Bolloré

Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
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  • Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné
  • Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama

PARIS: Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027.

Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné.

Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama. Huées puis rires quand il lance: "On sait quel article ils vont écrire, on l'a rédigé comme ça ils pourront aller au bistrot".

Apparaît Philippe de Villiers, largement promu par le groupe du milliardaire breton - il est chroniqueur chez Cnews et son dernier livre est publié chez Fayard, également dans la galaxie Bolloré.

Le souverainiste commence par "remercier Jean-Luc Mélenchon" - qui lui aurait inspiré son ouvrage - déclenchant une nouvelle bronca.

Puis, il sert son discours habituel sur une France "au bord de l'abîme", menacée par "un changement de peuplement" encouragé par "un parti sarrasin", et abandonnée par des "élites écartelées entre le wokistan et l'islamistan".

Pour le fondateur du Puy du Fou, la solution est simple: "la remigration ou la françisation". Nouvelle salve d'applaudissements, on entend quelques "Philippe président". L'hypothèse d'une candidature pour 2027 a encore été entretenue en une de Valeurs actuelles la semaine dernière, où l'intéressé affirme être "redescendu dans l'arène".

Il n'est pas le seul. Surgit l'animatrice Christine Kelly de Cnews, pour lancer une discussion sur "notre civilisation judéo-chrétienne" entre Michel Onfray et Eric Zemmour.

Au terme d'un échange théologique parfois confus, le président du parti Reconquête conclut que "la croisade a sauvé l'Occident" et qu'"à partir du moment où nous retrouverons notre identité, tout ira beaucoup mieux". L'ancien polémiste de Cnews, propulsé par l'empire Bolloré dans la course à l'Elysée en 2022, espère déjà rendosser son costume de candidat en 2027. En attendant, il reste lui aussi en tête de gondole chez Fayard.

"Le côté sans filtre" 

D'autres ne bénéficient pas de la même bienveillance. Comme Aurore Bergé, lors d'une tumultueuse séquence "insécurité" face à Claire Géronimi, devenue vice-présidente de l'UDR d'Eric Ciotti après avoir été victime d'un viol par un étranger sous OQTF.

La ministre déléguée à l'Egalité Femmes-Hommes, conspuée, reste combative: "Je suis venue pour accepter l'idée du débat (...) Ma ligne ne changera pas, quel que soit le public".

Plus en phase avec l'assistance, l'avocat Gilles-William Goldnadel fustige "le racisme anti-blanc" et le "féminisme d'extrême gauche".

Un discours familier aux oreilles de Philippe, 55 ans et sans emploi, qui a déboursé 25 euros pour "voir le côté sans filtre" de ces personnalités médiatiques dont il "partage les idées, sans ambiguïté". Plus intéressé par l'aspect politique, Foucauld, 24 ans, étudiant en école de commerce, reconnaît que l'événement "participe à faire avancer les pions vers l'union des droites".

Pourquoi pas avec David Lisnard? Invité à ouvrir le chapitre du "grand enjeu" des municipales de mars 2026, le maire de Cannes fait florès avec ses leitmotiv: "Vive la liberté" et "Afuera!" la "bureaucratie" et la "technocratie".

Lui succèdent une brochette de candidats plus ou moins déclarés, dont la députée RN Laure Lavalette déplorant qu'il y ait "autant de barbiers et de kebabs" dans sa ville de Toulon.

Signe d'un rapprochement entre le parti à la flamme et la galaxie Bolloré? Après tout, Jordan Bardella en est à son deuxième livre publié chez Fayard.

Mais c'est une autre étoile montante qui est mise à l'honneur mardi soir. Clou du spectacle, l'eurodéputée Reconquête Sarah Knafo vient délivrer un "message d'espérance" face à l'essayiste Eric Neaulleau, dans le rôle du décliniste persuadé que "tout est foutu" car "les lieux de pouvoir sont tous tenus par des gens animés d'une idéologie immigrationniste".

Au contraire, les idées infusent dans la société et "le combat de la lucidité est gagné", réplique la nouvelle coqueluche de la "bollosphère", qui assure "qu'on peut changer les choses, avec méthode, détermination et travail". Et quelques solides appuis.


Pour la présidente de l'Assemblée Braun-Pivet, une majorité absolue n'est plus «souhaitable»

Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
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  • "J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français"
  • Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées"

PARIS: Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi.

"J'ai une conviction personnelle forte qui est que nous n'aurons pas demain à nouveau une majorité absolue mais je pense surtout, et c'est ça ma conviction forte, c'est que ce n'est pas souhaitable pour notre pays", a-t-elle déclaré dans le podcast "Dans l'Hémicycle".

"Je suis convaincue que la délibération collective avec des groupes politiques qui ne partagent pas les mêmes orientations mais qui essayent de trouver des solutions, elle est bénéfique", a-t-elle poursuivi.

Depuis 2022, le camp présidentiel auquel appartient Mme Braun-Pivet ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Face à une fragmentation de l'hémicycle encore accentuée depuis la dissolution de juin 2024, de nombreux députés disent espérer le retour d'une majorité absolue après l'élection présidentielle de 2027. Mais pas la présidente de l'Assemblée.

"J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français", a-t-elle déclaré dans cette interview.

Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées, parce qu'autrement, ça ne passe pas", a-t-elle dit.

Cette situation force aussi à "inventer des nouvelles façons de faire", a-t-elle ajouté en donnant l'exemple des semaines dédiées aux textes proposés par les députés, auparavant dévolues à ceux de la majorité. Depuis 2022, ces semaines sont devenues "transpartisanes", avec des propositions soutenues par différents groupes.

Au moment où les débats budgétaires peinent à aboutir, Mme Braun-Pivet a toutefois estimé qu'il fallait encore "adapter" les règles de l'Assemblée à cette nouvelle configuration. Elle a rappelé avoir lancé une réflexion autour d'une modification du règlement de l'institution.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.