Irak: le Parlement réélit son président pendant une séance inaugurale houleuse

Une photo publiée par le bureau des médias du Premier ministre irakien le 9 janvier 2022 montre des députés irakiens assistant à la session inaugurale du parlement à Bagdad. (AFP)
Une photo publiée par le bureau des médias du Premier ministre irakien le 9 janvier 2022 montre des députés irakiens assistant à la session inaugurale du parlement à Bagdad. (AFP)
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Publié le Lundi 10 janvier 2022

Irak: le Parlement réélit son président pendant une séance inaugurale houleuse

  • La séance a été suspendue plus d'une heure, avant de reprendre
  • Avec 73 députés élus sur 329, Moqtada Sadr revendique la victoire et le droit de former une coalition «majoritaire» au Parlement

BAGDAD : Le nouveau Parlement irakien a réélu dimanche son président, le sunnite Mohammed al-Halboussi, lors d'une séance inaugurale marquée par des altercations entre députés, trois mois après les législatives remportées par le leader chiite Moqtada al-Sadr.

Depuis les législatives anticipées du 10 octobre dernier, l'Irak est traversé par de fortes tensions politiques et des épisodes de violences armées. 

Deux pôles chiites sont sur le devant de la scène depuis le scrutin: le courant de Moqtada Sadr et l'Alliance de la conquête, vitrine politique du Hachd al-Chaabi, une coalition d'anciens paramilitaires pro-Iran.

Avec 73 députés élus sur 329, Moqtada Sadr revendique la victoire et le droit de former une coalition "majoritaire" au Parlement, ce qui lui permettrait de désigner le Premier ministre et le gouvernement. L'Alliance de la conquête a encaissé une lourde défaite au scrutin mais conteste les résultats avec véhémence.

Dimanche, au cours de la séance inaugurale, les élus ont réélu l'influent député sunnite de la province d'Al-Anbar (ouest) Mohammed al-Halboussi à la présidence du Parlement. Hakim Zamili, un chiite, ainsi que le Kurde Chakhwan Abdallah ont été élus à la vice-présidence. 

Mais le vote a été précédé par des altercations dans l'hémicycle.

Selon le député kurde Muthana Amin, tout a "débuté normalement avec la prestation de serment" des élus. Puis, le Cadre de coordination – coalition regroupant plusieurs partis chiites, dont l'Alliance de la conquête – a revendiqué être l'alliance parlementaire la plus importante avec 88 députés. 

Mahmoud al-Machhadani qui présidait la séance en tant que doyen de l'assemblée "a alors demandé à ce que cette information soit vérifiée, après quoi il a été invectivé et des députés l'ont attaqué", a déclaré M. Amin sans préciser l'identité des agresseurs ni si son hospitalisation par la suite était directement liée à cette agression.

D'après une source parlementaire qui a requis l'anonymat, Mahmoud al-Machhadani "a perdu connaissance". Il a été "hospitalisé", a indiqué la télévision publique Iraqiya, l'agence de presse irakienne INA affirmant ensuite que son état était "stable".

Des vidéos manifestement filmées par des députés montraient des élus s'invectiver entre eux. De source parlementaire, les altercations ont mis aux prises les élus sadristes et leurs rivaux du Cadre de la coordination.

La séance a été suspendue plus d'une heure.

Le Cadre de coordination a dit ne pas reconnaître la réélection de M. Halboussi arguant dans un communiqué de l'absence du président de séance, Mahmoud Machhadani, lors du vote.

«Consensus de la majorité»

Le Parlement a désormais 30 jours pour élire le président de la République. Celui-ci devra ensuite désigner un Premier ministre, choisi par la plus grande coalition. Une fois désigné, le Premier ministre a 30 jours pour former un gouvernement. 

Certains experts et politiciens tablent sur une nouvelle équipe d'ici le mois de mars.

Avec 73 élus, Moqtada Sadr affirme être en mesure de construire une coalition "majoritaire". Il a laissé entendre que sa préférence allait à une alliance avec deux formations sunnites, Azm et Taqadom, et un parti kurde, le PDK.

Majoritaire à la Chambre, cette coalition pourrait alors nommer un Premier ministre, un poste qui va historiquement à un musulman chiite.

Ce format serait "nouveau" pour l'Irak, estime le politologue Ihsan al-Shammari, car basé sur le "consensus de la majorité", à l'inverse des précédents gouvernements auxquels tous les partis chiites participaient.

Toujours dans le camp chiite, l'Alliance de la conquête n'a remporté que 17 sièges contre 48 dans le Parlement sortant. 

Les responsables du parti affirment que le scrutin a été entaché de "fraudes", mais leur recours pour faire annuler les élections a été rejeté par la justice. L'Alliance peut encore compter sur le jeu des alliances. Un de ses partenaires, l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki, a effectué une percée notable avec 33 sièges. Il peut aussi s'allier à de plus petites formations.

La période post-électorale a été marquée par une instabilité teintée de violence armée. 

Les partisans du Hachd al-Chaabi ont manifesté leur colère devant l'ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad, qui abrite notamment des bâtiments gouvernementaux et l'ambassade américaine. 

Et le 7 novembre, une tentative d'assassinat non revendiquée aux drones piégés contre le Premier ministre Moustafa al-Kazimi à son domicile a encore un peu plus exacerbé les tensions.


Syrie: accord de cessez-le-feu entre jihadistes français et forces armées

Un membre des nouvelles forces de sécurité des autorités syriennes monte la garde devant un bureau de vote où les membres des comités locaux syriens ont voté dans le cadre du processus de sélection visant à désigner un parlement provisoire, à Damas, le 5 octobre 2025. (AFP)
Un membre des nouvelles forces de sécurité des autorités syriennes monte la garde devant un bureau de vote où les membres des comités locaux syriens ont voté dans le cadre du processus de sélection visant à désigner un parlement provisoire, à Damas, le 5 octobre 2025. (AFP)
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  • L'accord prévoit un cessez-le-feu entre les jihadistes retranchés dans un camp de la région de Harem, dan la province d'Idleb, près de la frontière turque, et les forces gouvernementales, selon le texte obtenu par l'AFP
  • Le cessez-le-feu est respecté depuis mercredi, selon un responsable local de la sécurité et une source des jihadistes français, contactés par l'AFP

IDLEB: Les autorités syriennes et les jihadistes français dirigés par Oumar Diaby sont parvenus à un accord pour mettre fin à leurs combats dans le nord-ouest de la Syrie, ont indiqué des sources concordantes jeudi à l'AFP.

L'accord prévoit un cessez-le-feu entre les jihadistes retranchés dans un camp de la région de Harem, dan la province d'Idleb, près de la frontière turque, et les forces gouvernementales, selon le texte obtenu par l'AFP.

Le cessez-le-feu est respecté depuis mercredi, selon un responsable local de la sécurité et une source des jihadistes français, contactés par l'AFP.

Mardi, les forces de sécurité syriennes avaient encerclé le camp, accusant Oumar Diaby, alias Omar Omsen, d'avoir enlevé une fillette et de refuser de se livrer aux autorités.

"Il y a eu un accord prévoyant un cessez-le-feu, le retrait des armes lourdes" et permettant aux autorités syriennes d'entrer dans le camp, a affirmé le responsable local de la sécurité qui a requis l'anonymat.

L'accord prévoit en outre que l'affaire de l'enlèvement de la fillette soit confiée au ministère de la Justice.

Les combats mardi étaient les premiers annoncés par les autorités avec des jihadistes étrangers depuis qu'elles ont pris le pouvoir en décembre 2024, après avoir renversé Bachar al-Assad.

Le gouvernement d'Ahmad al-Chareh, qui veut rompre avec son passé jihadiste, avait appelé tous les groupes armés à se dissoudre et intégrer la nouvelle armée.

Les jihadistes dirigés par Oumar Diaby, un ancien délinquant franco-sénégalais de 50 ans devenu prêcheur, sont estimés à quelques dizaines et sont retranchés dans le camp avec leurs familles.

Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des "jihadistes étrangers", en particulier d'Asie centrale, avaient "mené une médiation" mardi pour parvenir à une issue pacifique.

Les jihadistes français qui se font appeler "Firqat al Ghouraba" (le groupe des étrangers) constituent un rassemblement marginal et sans lien avec le groupe Etat islamique, qui avait régné par la terreur en Syrie et en Irak avant d'être défait.

Des milliers de jihadistes étrangers, dont des Occidentaux, avaient afflué en Syrie pendant la guerre civile qui a éclaté après la répression par l'ex-président Bachar al-Assad d'un soulèvement populaire en 2011.

Le conflit a pris fin en décembre 2024 avec la prise du pouvoir par une coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh.

 


Raids israéliens au Liban: quatre morts selon Beyrouth

Des frappes israéliennes ont fait quatre morts jeudi dans l'est et le sud du Liban, ont annoncé les autorités libanaises, tandis qu'Israël a affirmé avoir visé des objectifs du Hezbollah, dont un site de production de missiles de précision. (AFP)
Des frappes israéliennes ont fait quatre morts jeudi dans l'est et le sud du Liban, ont annoncé les autorités libanaises, tandis qu'Israël a affirmé avoir visé des objectifs du Hezbollah, dont un site de production de missiles de précision. (AFP)
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  • Dans l'est du Liban, des frappes ont touché la chaîne de montagnes de l'anti-Liban, près de la frontière avec la Syrie, une zone où le Hezbollah est bien implanté
  • "Les frappes de l'ennemi israélien ont fait deux morts, un à Janta et un autre à Chmestar", deux localités de la plaine orientale de la Békaa, selon le ministère

BEYROUTH: Des frappes israéliennes ont fait quatre morts jeudi dans l'est et le sud du Liban, ont annoncé les autorités libanaises, tandis qu'Israël a affirmé avoir visé des objectifs du Hezbollah, dont un site de production de missiles de précision.

Dans l'est du Liban, des frappes ont touché la chaîne de montagnes de l'anti-Liban, près de la frontière avec la Syrie, une zone où le Hezbollah est bien implanté.

Un journaliste de l'AFP a vu des colonnes de fumée blanche s'élever des zones montagneuses arides de cette région.

"Les frappes de l'ennemi israélien ont fait deux morts, un à Janta et un autre à Chmestar", deux localités de la plaine orientale de la Békaa, selon le ministère.

Une autre frappe dans le sud du Liban, aux environs de Nabatiyé, a fait deux morts, selon cette source. L'agence officielle Ani a indiqué que l'une de ces victimes était une femme âgée.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir visé "un camp d'entraînement" du Hezbollah où se trouvaient des membres du mouvement libanais soutenu par l'Iran.

Elle a ajouté avoir également frappé "des infrastructures militaires dont un site de production de missiles de précision" du Hezbollah.

L'armée a annoncé plus tard avoir frappé un entrepôt d'armes du Hezbollah dans le secteur de Nabatiyé.

Malgré un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmant viser le mouvement islamiste.

Israël continue en outre d'occuper cinq points en territoire libanais, alors que l'accord de cessez-le-feu prévoit son retrait.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis soumettent le gouvernement à une intense pression pour qu'il livre ses armes à l'armée libanaise, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Jeudi, le Premier ministre Nawaf Salam a de nouveau appelé Israël à se retirer du Liban et à "cesser ses attaques continues".

Dans une déclaration diffusée par son bureau, il a assuré que "le Liban est déterminé à achever le processus" de désarmement du Hezbollah "avant la fin de l'année au sud du fleuve Litani", en allusion à la première phase du désarmement qui concerne le sud du Liban, limitrophe du nord d'Israël.

Le 20 octobre, l'émissaire américain Tom Barrack avait averti, sur le réseau social X, que l'armée libanaise devait avoir le monopole des armes.

"Si Beyrouth continue à hésiter, Israël pourrait agir unilatéralement et les conséquences seraient graves", a-t-il souligné.


Soudan : attaque de drones sur la capitale Khartoum pour la troisième journée consécutive

Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde". (AFP)
Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde". (AFP)
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  • "À quatre heures du matin, j'ai entendu le bruit de deux drones passer au-dessus de nous, et peu de temps après, j'ai entendu le son de tirs de défense aérienne près de la Brigade militaire et l'unité médicale", a relaté un témoin du sud d'Omdourman
  • Un autre témoin dans le sud de la capitale a rapporté avoir vu des drones se diriger vers l'aéroport, cible d'attaques depuis trois jours consécutifs

KHARTOUM: Des drones ont visé jeudi la capitale soudanaise Khartoum et son aéroport, tenus par l'armée, pour la troisième journée consécutive, ont rapporté à l'AFP des témoins.

"À quatre heures du matin, j'ai entendu le bruit de deux drones passer au-dessus de nous, et peu de temps après, j'ai entendu le son de tirs de défense aérienne près de la Brigade militaire et l'unité médicale", a relaté un témoin du sud d'Omdourman.

Un autre témoin dans le sud de la capitale a rapporté avoir vu des drones se diriger vers l'aéroport, cible d'attaques depuis trois jours consécutifs.

"Après quatre heures, le bruit des drones était fort. Je les ai vus se diriger vers l'aéroport et j'ai entendu des explosions", a-t-il indiqué.

Depuis mardi, l'aéroport de la capitale, hors service depuis deux ans et sur le point de rouvrir, est en proie à des attaques de drones attribuées aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), engagées depuis avril 2023 dans une guerre pour le pouvoir contre l'armée régulière.

Sa réouverture, initialement prévue mercredi" a été suspendue "jusqu'à nouvel ordre, a déclaré à l'AFP un responsable de l'aéroport sous couvert d’anonymat.

Malgré la reprise de Khartoum par l'armée au printemps, la ville demeure largement dévastée, marquée par des coupures d'électricité récurrentes et des frappes de drones des FSR.

Plus d'un million de personnes déplacées y sont retournées au cours des dix derniers mois, selon l'agence des migrations de l'ONU.

Depuis quelques semaines, le gouvernement s'efforce d'y rétablir les services, dont l'aéroport, afin de relocaliser des institutions clés depuis Port-Soudan, port de la Mer Rouge, devenue capitale de facto depuis le début de la guerre.

Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".