Le nombre de migrants naufragés pris en charge par la France a triplé en 2021

Un jeune migrant est aidé à terre, après avoir été récupéré en mer alors qu'il tentait de traverser la Manche, à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 4 janvier 2022. (Ben Stansall / AFP)
Un jeune migrant est aidé à terre, après avoir été récupéré en mer alors qu'il tentait de traverser la Manche, à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 4 janvier 2022. (Ben Stansall / AFP)
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Publié le Lundi 10 janvier 2022

Le nombre de migrants naufragés pris en charge par la France a triplé en 2021

  • Parmi ces exilés, la part de personnes en famille ou «vulnérables» a doublé, passant de 1.158 à 2.273
  • Les associations qui viennent en aide aux migrants accusent régulièrement les autorités françaises de mener une politique dissuasive sur le littoral

PARIS : Le nombre de migrants naufragés secourus au large de Calais (nord) qui ont été pris en charge par la France a triplé en 2021, année record des tentatives de traversées clandestines de la Manche vers la Grande-Bretagne, a indiqué lundi l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii).

«Le nombre de personnes naufragées au large de Calais et mises à l'abri a été de 1.002 en 2021», contre 341 en 2020, soit une augmentation de 194%, a annoncé l'Ofii à l'AFP.

Fin novembre, 27 migrants qui tentaient de rejoindre les côtes anglaises à bord d'une embarcation de fortune ont trouvé la mort dans le naufrage le plus meurtrier sur cette voie maritime, suscitant une vague d'émotion autant qu'un regain de tensions entre Londres et Paris sur le dossier migratoire.

Seuls deux candidats à l'exil ont été rescapés lors de ce drame et font partie du millier de migrants pris en charge l'an dernier.

Cette prise en charge représente «un effort financier qui ne cesse d'augmenter», a déclaré le directeur général de l'Ofii, Didier Leschi.

Par ailleurs, le nombre de personnes vivant sur des campements de fortune sur le littoral nord dans l'espoir de passer vers la Grande-Bretagne et qui ont été «mises à l'abri et orientées dans le dispositif national d'accueil a été de 31.103» l'an dernier, en hausse de 239% par rapport à 2020 (9.172), a-t-on appris de même source.

Parmi ces exilés, la part de personnes en famille ou «vulnérables» a doublé, passant de 1.158 à 2.273.

Au total, souligne l'Ofii, 9.779 places d'hébergement ont été proposées en 2021 et 6.950 personnes ont été hébergées.

Les associations qui viennent en aide aux migrants accusent régulièrement les autorités françaises de mener une politique dissuasive sur le littoral: plusieurs militants avaient observé une grève de la faim entre octobre et la mi-novembre 2020, pour réclamer un moratoire sur les démantèlements quasi-quotidiens de campements et dénoncer le traitement «inhumain» réservé aux exilés.

«Ne pas prendre en compte les efforts de l'Etat pour prendre en charge la situation complexe de Calais, c'est participer de l'hystérisation des débats sur l'immigration», a rejeté Didier Leschi, qui mène depuis octobre dernier une mission de médiation à Calais pour le compte du gouvernement.


Entreprises: les gros retards de paiement augmentent en France selon une étude

Une entreprise française sur deux (49,3%) paie ses factures à l'heure, un ratio comparable à celui de l'Europe (49,9%). (AFP).
Une entreprise française sur deux (49,3%) paie ses factures à l'heure, un ratio comparable à celui de l'Europe (49,9%). (AFP).
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  • Les entreprises des trois régions de la façade atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle Aquitaine) ont des retards moyens inférieurs à 10 jours
  • L'Ile-de-France est "très au-dessus de la moyenne nationale, avec 17,4 jours

PARIS: Une entreprise française sur deux (49,3%) paie ses factures à l'heure, un ratio comparable à celui de l'Europe (49,9%) souligne mardi l'étude semestrielle Altares, mais les gros retards (plus de 30 jours) augmentent, comme dans le reste de l'Union.

Ainsi, la proportion des bons payeurs français "est à son plus haut historique", souligne Altares, mais les retards supérieurs à 30 jours sont passés de 5,7% à 7,6% en un an.

En particulier, "la situation se tend fortement chez les PME et les TPE": au cours du 1er semestre, les sociétés de 10 à 49 salariés sont restées sous 11,5 jours de délai, mais celles de 50 à 200 salariés ont allongé leurs retards de plus d'une journée (12,4 jours au deuxième trimestre contre 11,2 au T2 2022).

Chez les TPE, c'est l'inverse: les structures de plus de 3 salariés se maintiennent aux environs de 11,5 jours tandis que les plus petites repassent à 12,2 jours au 2e trimestre.

Les ETI (Entreprise de taille intermédiaire) et grandes entreprises de plus de 1.000 salariés "ne confirment pas" pour leur part l'amélioration engagée l'an dernier: les délais réduits à 16,5 jours à l'été 2022 avoisinent désormais 18 jours.

Les entreprises des trois régions de la façade atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle Aquitaine) ont des retards moyens inférieurs à 10 jours. Ces retards sont de 12,7 jours dans les Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, de 13,4 jours en Corse.

L'Ile-de-France est "très au-dessus de la moyenne nationale, avec 17,4 jours. Les entreprises des autres régions ont 10 à 12 jours de retard en moyenne.

L'étude constate par ailleurs qu'en Europe, "le plafond des treize jours de retard" en moyenne est "difficile à briser".

Altares distingue de "bons élèves", Pays-Bas et Allemagne, avec des retards moyens de respectivement 4,1 jours et 6,2 jours, et Belgique, qui accuse cependant une proportion de grands retardataires au plus haut (6,4%) depuis deux ans.

Les pays latins sont "à la traîne", indique l'étude, avec notamment 24 jours de retard moyen au deuxième trimestre au Portugal où plus de 15% des entreprises présentent des retards de plus de 30 jours.

Pour Thierry Millon, directeur des études d'Altares, "les entreprises européennes tentent de résister aux vents contraires" et "un clivage se creuse entre des entreprises plus nombreuses à tenir leurs engagements contractuels et d’autres plus nombreuses également à décaler leurs règlements de plus d’un mois".


Secret défense: Audience en appel mercredi sur les poursuites visant un journaliste

La chambre de l'instruction devrait examiner vers 16H00 la requête en nullité de ce journaliste de 64 ans ainsi que celle d'un autre mis en cause, l'ex-policier de la DGSI (renseignement intérieur) Malik Naït-Liman, 45 ans (Photo, AFP).
La chambre de l'instruction devrait examiner vers 16H00 la requête en nullité de ce journaliste de 64 ans ainsi que celle d'un autre mis en cause, l'ex-policier de la DGSI (renseignement intérieur) Malik Naït-Liman, 45 ans (Photo, AFP).
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  • La cour d'appel de Paris étudiera mercredi les poursuites pour divulgation du secret défense visant le journaliste Alex Jordanov
  • Deux anciens policiers, dont Malik Naït-Liman, désignés par l'enquête comme ses sources, ont aussi été mis en examen

PARIS: La cour d'appel de Paris étudiera mercredi les poursuites pour divulgation du secret défense visant le journaliste Alex Jordanov, auteur d'un livre sur le renseignement intérieur et qui demande leur annulation.

La chambre de l'instruction devrait examiner vers 16H00 la requête en nullité de ce journaliste de 64 ans ainsi que celle d'un autre mis en cause, l'ex-policier de la DGSI (renseignement intérieur) Malik Naït-Liman, 45 ans.

La justice reproche au premier, brièvement otage en Irak en 2004, d'avoir dangereusement levé le voile, dans son livre "Les guerres de l'ombre de la DGSI" (Nouveau Monde éditions), sur la cuisine interne du principal service de renseignement travaillant sur l'Hexagone.

Fin juin 2022, M. Jordanov avait été mis en examen par une magistrate instructrice parisienne pour diverses infractions, parmi lesquelles l'appropriation et la divulgation de secret défense.

Deux anciens policiers, dont M. Naït-Liman, désignés par l'enquête comme ses sources, ont aussi été mis en examen pour des infractions d'atteinte au secret de la défense nationale.

Dans sa requête en nullité, M. Jordanov dénonçait via son avocat William Bourdon "une atteinte non nécessaire et disproportionnée à la liberté d'expression, au droit à l'information sur des questions d'intérêt public majeur et au droit à la protection des sources journalistiques" de son client.

Pour l'avocat, les investigations menées, et notamment les perquisitions au domicile du journaliste, l'ont été principalement "dans le but d'identifier (ses) sources".

«Caractère de gravité»

Ce secret des sources est pourtant protégé de manière extensive. La loi de 1881 sur la liberté de la presse prévoit qu'il ne peut y être porté atteinte "directement ou indirectement" qu'en cas d'"impératif prépondérant d'intérêt public" et via des "mesures strictement nécessaires et proportionnées".

Dans ses réquisitions écrites, dont l'AFP a eu connaissance, le parquet général a requis la confirmation de la procédure, justifiant l'atteinte au secret des sources, via des perquisitions "essentielles pour la répression des infractions" et "indispensables à la manifestation de la vérité", car ce dossier a un "évident caractère de gravité".

Lors de sa mise en examen, le journaliste avait reçu un large soutien de la profession.

Le ministère public a également demandé la confirmation de la procédure concernant M. Naït-Liman qui dénonçait une démesure de moyens judiciaires dans le but de "le compromettre".

Mercredi, un juge doit par ailleurs se prononcer sur la validité de saisies réalisées, dans le cadre d'une autre affaire d'atteinte au secret défense, lors de la perquisition de la journaliste Ariane Lavrilleux, qui collabore pour le média d'investigation Disclose.


Carburants: L'exécutif maintient la pression sur les distributeurs

Au-delà de la vente à prix coûtant, qui pourrait rester limitée selon la filière, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction en 2024 de «l'indemnité carburant travailleur», non sans revenir sur quelques promesses (Photo, AFP).
Au-delà de la vente à prix coûtant, qui pourrait rester limitée selon la filière, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction en 2024 de «l'indemnité carburant travailleur», non sans revenir sur quelques promesses (Photo, AFP).
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  • Emmanuel Macron avait annoncé dimanche l'abandon de l'idée de vente à perte, rejetée par l'ensemble des distributeurs
  • Désireux de faire oublier au plus vite ce revers, le gouvernement entendait «battre le fer quand il était chaud», aux dires d'un conseiller ministériel

PARIS: A défaut de les convaincre de vendre à perte, le gouvernement maintient la pression sur les distributeurs de carburants en les réunissant mardi à Matignon pour leur demander de vendre "à prix coûtant" et alléger ainsi la facture des Français à la pompe, mais sa marge est étroite.

"Chacun doit prendre sa part", a insisté Elisabeth Borne qui a convié raffineurs, distributeurs et fédérations professionnelles rue de Varenne à 17H30 dans le but de "faire la transparence sur leurs marges et demander leur réduction".

Emmanuel Macron avait annoncé dimanche l'abandon de l'idée de vente à perte, rejetée par l'ensemble des distributeurs, et chargé sa Première ministre de réunir "cette semaine" les représentants de la filière.

Pourtant de l'aveu même des acteurs du secteur, l'impact de la vente à prix coûtant risque d'être "assez marginal", étant donné qu'elle est déjà pratiquée par les enseignes et que la grande distribution vend les carburants avec des marges de "quelques centimes", rappelle Patrice Geoffron, professeur à l'université Paris-Dauphine et directeur de l'équipe énergie-climat.

La tenue de cette rencontre, au lendemain d'un Conseil de planification écologique, illustre une nouvelle fois la difficulté de l'exécutif à concilier réduction des émissions polluantes et préservation du pouvoir d'achat grevé par la flambée des prix des carburants fossiles.

«Atterrissage»

Sur le pouvoir d'achat, "l'écologie est la réponse", a répondu Emmanuel Macron dimanche. Tout en affirmant que "la bagnole, (...) moi je l'adore".

Lundi, il a défendu une écologie "souveraine", "compétitive" et "juste", promettant de "reprendre le contrôle" du prix de l'électricité" face aux oppositions qui l'accusent de laisser la facture exploser, sans évoquer celle des carburants.

L'idée de vente à perte n'aura donc vécu qu'une semaine après son annonce par la Première ministre, accueillie avec circonspection voire réticence y compris au sein de la majorité.

Désireux de faire oublier au plus vite ce revers, le gouvernement entendait "battre le fer quand il était chaud", aux dires d'un conseiller ministériel, en conviant dès mardi les distributeurs.

Car "ce n'est pas le point d’entrée qui compte mais l'atterrissage", avance ce conseiller. "Si on trouve un calendrier, des volumes" lors de cette réunion à Matignon, "c’est positif", ajoute-t-il.

Mais "monter le ton" auprès de la grande distribution, réputée coriace dans les négociations, "est d'autant plus efficace que c’est crédible", prévient un autre conseiller.

Au-delà de la vente à prix coûtant, qui pourrait rester limitée selon la filière, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction en 2024 de "l'indemnité carburant travailleur", non sans revenir sur quelques promesses.

La mesure devrait d'abord coûter environ 500 millions d'euros, alors que le gouvernement présente mercredi un budget d'économies visant à désendetter le pays.

Cette aide n'a pas ensuite convaincu les opposants du chef de l’État, qui dénoncent une "politique du chèque" et réclament en chœur des baisses de taxes.

«Solidarité»

L'abandon de la vente à perte sonne aussi comme un désaveu du président à l'égard de sa Première ministre, avec laquelle il a déjà connu des frictions.

Une ministre évoque "un truc monté pour (contrarier) la Première ministre" mais n'exclut pas non plus que l'exécutif ait "voulu faire un coup en allant vite".

Mme Borne "a le cuir épais", assure un conseiller. Et "elle s’en sort pas trop mal du fait que ça n’a pas été très commenté" puisque les caméras étaient braquées la semaine dernière sur le roi Charles III et le pape, avance un autre.

Un cadre de la majorité ne voit pas de dissension entre les deux têtes de l'exécutif car la proposition de vente à perte était "forcément tamponnée par le président".

Ce n'est donc ni la défaite de Mme Borne ou de l'exécutif mais davantage "une défaite de la solidarité qu’on souhaite mettre en place face à l'inflation", selon lui.